Hadji Firouz,
équivalent du Père Noël chrétien, reflète les ressemblances saisissantes des
cultures iranienne et occidentale. Toutes deux ont des liens aux mondes
grecs et romains.
A l’occasion du
Nouvel an iranien, nous entendons quelquefois l’œuvre des musiciens résonner
dans les rues de Téhéran. La figure noircie de suie, jouant d’un instrument de
musique et dansant, le personnage de Hadji Firouz entraine sur son chemin une
liesse populaire parmi les Iraniens, qu’ils soient adultes ou enfants.
L’historien
arabe Masoudi rapporte l’existence de cette tradition en Irak et en
Iran. Sinouhé, le médecin du pharaon, explique quant à lui que son
origine remonte à 3500
avant J.-C.
Il annonce
la venue du printemps. Par conséquent, du retour de la lumière et de la vie, le
Noël iranien est célébré en même temps que la fête de Norouz. Elle est
considérée comme l’une des plus anciennes fêtes en Iran et dans plusieurs pays
du Moyen-Orient.
KHANEH TARAHI KOUDAK (la Maison du dessin des enfants) célèbrent la fête de Hadji Firouz |
Père Noël Iranien,
Hadji Firouz, apparait au nouvel an iranien
A l’occasion du
Nouvel an iranien, on entend quelquefois le son des musiciens de rue résonner
dans les rues de Téhéran pour rendre joyeux les Iraniens. Cette année, au seuil
de la nouvelle année, les enfants de Khaneh Tarahi Koudak (la Maison
du dessin des enfants), située à Ekbâtân, un quartier de l’ouest de
Téhéran, ont rempli les rues de gaité. Ce centre éducatif et artistique, en
collaboration avec des musiciens ambulants, a organisé le carnaval d’Hadji
Firouz. L’équivalent
du Père Noël dans certains pays européens, il annonce l’arrivée du printemps et
de la nouvelle année en faisant de la musique et de la peinture.
Les musiciens de rue et KHANEH TARAHI KOUDAK (la Maison du dessin des enfants) célèbrent la fête de Hadji Firouz |
Considéré comme
l’une des plus anciennes fêtes en Iran et dans plusieurs pays du Moyen-Orient,
Norouz est fêté depuis longtemps à travers le monde, surtout par les Iraniens
qui respectent les traditions. D’après Omar Khayyâm, dans son
ouvrage intitulé Norouznameh (littéralement Lettre du Nouvel
An), Gayumarth, l’un des rois mythiques de l’Iran, établit la date de
Norouz au premier jour du mois de Farvardin (21 mars), jour de son
couronnement.
Adultes et enfants lors de la fête de Hadji Firouz |
Ce jour est
devenu le premier de l’année dans le calendrier iranien. Il avait demandé
qu’une fête soit célébrée à cette occasion chaque année. Ainsi, au fil du
temps, les traditions
autour de la célébration de Norouz se sont développées. Il est aussi relaté
que Norouz correspond au jour de l’accession au trône de Djam ou Djamshid,
l’empereur pishdadien d’Iran. D’autres sont d’avis que Norouz a sa racine dans
le jour de l’avènement au trône de Kay Khosro durant le règne au cours duquel
l’Iran est arrivé à son apogée.
Maître du Nouvel An ou Roi du
Nouvel An
Parmi les
anciennes traditions, la plus intéressante concernant Norouz est le choix du
« Maître du Nouvel An » ou « Roi du Nouvel An ». Elle
ressemble à la fête babylonienne de Sacaea sans que l’on sache d’ailleurs qui a
emprunté cette tradition à l’autre. Durant la fête organisée avant Norouz, on
choisissait une personne comme le roi ou le maître. Pour ce faire, chaque
région agissait à sa manière. Parfois c’était par tirage au sort, sous
certaines conditions particulières. Quelques fois, le choix se faisait parmi
les hommes ordinaires et quelquefois c’était une personne un peu folle qui
était désignée.
La nouvelle année
débute le jour de Norouz, fixé au 21 mars par le roi mythique Gayumarth. Cette
fête s’étale sur treize jours, durant lequel de nombreux symboles sont alors
célébré, à l’image du « Père Noël iranien » Hadji Firouz.
Considéré comme
un vrai roi, ses ordres devaient être exécutés. Les serviteurs du roi
l’accompagnaient dans les rues et les bazars du lever au coucher du soleil. Il
pouvait prélever une somme d’argent aux marchands et aux commerçants. Mais à la
nuit tombante, si on l’attrapait, on pouvait alors prendre sa revanche sur lui.
A la fin du jour, son règne s’achevait.
Que disent les historiens?
Selon Masoudi,
l’historien arabe, cette tradition existait en Irak ainsi qu’en Iran.
Mais,Sinouhé, le célèbre médecin du pharaon, pensait que son
origine remonte au moins à 3500 ans avant J.-C. A cette époque, en Egypte, des
célébrations comparables se déroulaient pendant une période de 13 jours.
Au cours de cette période la personne la plus idiote était choisie comme roi.
Il y a, de fait, de nombreuses raisons pouvant expliquer cette tradition. La
majorité des adultes considèrent que c’est un moyen de se changer les idées, de
se divertir et par là même d’avoir meilleur moral.
Les musiciens de rue célèbrent la fête de Hadji Firouz |
Les adultes et les enfants célèbrent ensemble
C’est le moment
où les adultes prennent part aux jeux des enfants. Ils peuvent se comporter
librement et faire des activités qui ne sont plus de leur âge. La théorie la
plus étrange est celle de l’anthropologue James George Frazer. Il affirme
qu’autrefois les horoscopistes, les astrologues et les voyants pensaient que le
roi terminerait son règne suite à un événement funeste. Donc, il n’était pas
possible d’échapper à son destin, à moins que quelqu’un d’autre ne s’assoit sur
son trône pendant ces jours précis pour que le malheur le frappe. Cela
permettait ensuite, après une durée déterminée, au vrai roi de remonter sur le
trône.
Hadji Firouz et le chanteur de
Norouz
A la base, Hadji
Firouz a la figure noircie avec de la suie, il joue seul en dansant et en
chantant et il entraîne petits et grands dans sa liesse à l’occasion du Nouvel
An. Il peut jouer d’un instrument de musique lui-même ou se faire accompagner
par un musicien. Hadji Firouz peut réciter des poèmes seul ou avec une autre
personne qui pose des questions auxquelles il répond.
Quoiqu’il en
soit de l’origine de ce personnage, on peut affirmer que son visage teint en
noir ne l’empêche pas d’être gai et victorieux, car il n’est pas noir de
nature, il est en fait blanc de peau. Ce sont peut-être les vicissitudes de la
vie qu’ils l’ont rendu noir. Cependant, il fait bonne contenance face au
destin en dansant sur la scène de la vie, il surmonte les difficultés et gagne.
De nos jours,
Hadji Firouz est aussi présent au théâtre où il joue plutôt le rôle d’un
serviteur noir. Censé amuser son roi ou son maître en faisant des farces
subtiles, il critique son maître pour ses erreurs. Ça l’irrite bien sûr. Ce
personnage noir de peau apparait aussi dans les spectacles de marionnettes sous
le nom de Mobarak et les enfants l’aiment beaucoup.
Son principal
compétiteur est le « chanteur de Norouz » qui entonne des chants
simples, en dialectes différents selon les régions, dans les quartiers et qui
reçoit des cadeaux des habitants. A la nuit tombée, ils cherchent le printemps
de tous côtés et ils chantent. Autrefois, les « chanteurs de Norouz »
fréquentaient beaucoup les villages situés au nord de l’Iran, mais actuellement
ces coutumes disparaissent et tombent dans l’oubli.
La présentation de Hadji Firouz |
Le
festival de Kusa
Les Azéris, eux
aussi, à l’occasion du départ de l’hiver et de l’arrivée du printemps,
organisent des festivals populaires riches de traditions. Ces festivals sont la
preuve que la fête de Norouz n’appartient pas uniquement aux Perses et aux
Aryens, bien que son origine soit ancrée dans ces communautés. L’un des
spectacles s’intitule « Kusa ». Ce groupe est constitué de musiciens
et d’acteurs dont le nombre varie selon les quartiers. Ce sont plutôt les
bergers de diverses parties de l’Azerbaïdjan qui dirigent ces représentations.
Le personnage
principal, vêtu d’un vêtement de laine et de peau et portant un chapeau sur
lequel deux cornes sont dressées, ressemble à un ogre, symbole de l’hiver.
L’ogre est en compagnie d’un musicien et d’une autre personne qui dirige le
groupe vers les maisons. Ce dernier est chargé d’intercéder en faveur des
familles auprès de Kusa et il reçoit des cadeaux. Si les cadeaux ne sont pas
suffisants, le personnage principal fait semblant de tomber évanoui et
l’entremetteur demande aux familles d’offrir plus de cadeaux. Il les montre à
Kusa.
Bien que son
origine soit perse et aryenne, la fête de Norouz trouve cependant son écho
parmi les nombreux peuples les côtoyant. Par exemple, les Azéris célèbrent eux
aussi le départ de l’hiver et la venue du printemps lors des festivals de Kusa.
Le personnage de Kusa
Celui-ci, excité
par les cadeaux, s’éveille, vérifie qu’ils lui conviennent et si tel n’est pas
le cas, il s’évanouit à nouveau. Enfin, les grands et les petits lancent des
boules de neige à Kusa, qui symbolise l’hiver et l’obscurité, afin de
l’éloigner pour accueillir le printemps. La raison pour laquelle les gens
offrent des cadeaux à Kusa n’est pas très claire. Soit ils les lui offrent
comme récompense de la représentation, soit c’est pour se débarrasser de l’ogre
de l’hiver ou peut-être les deux ! Certains festivals de Kusa sont plus
complexes et ce sont cinq acteurs ou plus qui jouent. Le premier, tenant un
bâton à la main, dirige le groupe en dansant.
Deux personnages
présente Kusa. Il s’habille en noir et a des cornes, et symbolise l’ogre
de l’hiver. L’autre, vêtu d’un habit blanc, vainc l’ogre, présente le
symbole du printemps. Il y a deux musiciens régionaux et parfois d’autres
acteurs les accompagnent. L’acteur le plus important est plutôt un berger qui
se déguise en femme en portant des vêtements féminins. Parfois, on casse de la
vaisselle usée pour éloigner l’hiver et chasser la mauvaise fortune. On frappe
Kusa qui symbolise la neige et le froid, on lui lance des boules de neige et
des cailloux. Kusa leur fait des grimaces et il se met en chemin vers les
montagnes couvertes de neige pour que Norouz arrive avec le retour du
printemps.
Les ressemblances du Père Noël avec Hadji Firouz
Lors d’une
interview, un professeur de littérature et iranologue, Mir Jalaleddin Kazzazi,
a comparé le Père Noël, symbole important de la fête de Noël, avec Hadji
Firouz, l’icône de Norouz. Il en a conclu que Hadji Firouz est l’équivalent du
Père Noël dans la culture persane. On sait que les Iraniens et les Européens,
ou plus précisément les Grecs et les Romains ont une même culture et une
histoire commune.
Issus d’une
histoire commune et d’une culture en découlant, les Iraniens et les Européens
entretiennent des mythes et des croyances dont les ressemblances sont bien
souvent étonnantes. Dans le cas du Père Noël et de Hadji Firouz, la couleur
rouge peut représenter le soleil, la chaleur, la lumière et la vie.
D’après le Livre des Rois
de Ferdousi, Fereydoun, un roi iranien mythique, avait partagé son royaume
entre ses trois fils, Salm, Tur et Iradj. La partie occidentale fut donnée à
Salm, l’est et le nord à Tur et la partie centrale à Iraj. Ce partage suscita
l’envie des frères d’Iraj, le fils le plus jeune qui avait hérité de la partie
préférée du royaume. En suite ils le tuèrent. Selon la mythologie persane, les
Touraniens qui habitaient en Transoxiane sont de la lignée de Tur, les Romains
et les Grecs sont issus de Salm et les Iraniens d’Iraj.
Hadji Firouz et Père Noël
C’est pourquoi,
dans cette optique, on peut trouver des ressemblances et des liens entre les
croyances et les mythes persans et ceux des Européens. Ainsi, dans cette
perspective, on peut mettre en balance Hadji Firouz et le Père Noël. Le Père
Noël porte un habit rouge et parfois un bonnet blanc, de même Hadji Firouz
qu’on peut voir dans les rues en Iran durant les derniers jours de l’année et
qui se promène et chante vêtu d’un habit rouge. Mais ce qui le distingue du
Père Noël, c’est la teinte noire de son visage.
La couleur rouge
est un point commun entre ces deux personnages. Cette couleur peut représenter
le soleil, la chaleur, la lumière et la vie. Hadji Firouz se manifeste lorsque
les jours sombres et froids se terminent et que les jours lumineux et plus chauds
arrivent. Le visage noir d’Hadji Firouz peut être le signe de la nuit. En
d’autres termes, la nuit représente l’effacement et la mise en veilleuse du
monde, alors que le jour symbolise la résurrection du monde. Le monde qui est
plongé dans l’obscurité et le froid est privé de vie, il vit au ralenti. Avec
l’arrivée du printemps, le monde s’anime car le soleil brille d’un vif éclat.
Le symbolisme de Noël et de la lumière
D’ailleurs, on
peut imaginer que la couleur blanche du visage et du bonnet du Père Noël
évoquent la clarté et la lumière. Mais ce qui différencie également ces deux
personnages, c’est le moment où ils se manifestent. Comme on l’a déjà
mentionné, Hadji Firouz se montre les derniers jours du mois d’Esfand et les
premiers jours du mois de Farvardin, alors que le Père Noël se présente au
moment de la commémoration de la naissance du Christ. Voici le pourquoi de
cette dualité temporelle. C’est la raison pour laquelle le Père Noël se révèle
les premiers jours de l’hiver. Il est une figure symbolique qui trouve son
origine dans la nuit de Yalda. On considère cette nuit comme le jour de la
naissance du soleil.
La fête de Yalda
Car du point de
vue sémiotique et mythologique, au cours de cette nuit qui est la nuit la plus
longue de l’année, on ressent plus que jamais la nécessité du soleil, de la
lumière, du jour et de la chaleur. On dirait que, au cours de cette nuit, le
soleil se dévoile. Il naît pour la première fois, il embellit le monde de son
éclat et de sa chaleur. Cette nuit la plus longue ressemble à un utérus étroit
et sombre dans lequel le soleil se développe.
Célébrée depuis
longtemps chez les Iraniens, la nuit de Yalda était la nuit de la naissance du
soleil. Autrefois, les Chrétiens l’ont reprise pour la relier à la
naissance du Christ. Cela est dû au fait que lorsque les Romains se sont
convertis au christianisme. Ils ne parvinrent pas à oublier le mithraïsme
auquel ils s’étaient convertis auparavant. Le mithraïsme apparut en Iran à
l’époque des Arsacides et s’y répandit.
Le mithraïsme,
apparu en Iran à l’époque des Arsacides, s’était rapidement répandu en
Occident. Il a connut une grande diffusion dans l’Empire romain. Se révélant
durant les premiers jours de l’hiver, le Père Noël devient une figure
symbolique. Il trouve son origine dans la nuit de Yalda.
Hadji Firouz en Occident
En peu de temps,
il pénétra en Occident. Tout de suite, il a connut une grande diffusion dans
l’Empire romain, ce qui étonna les historiens. Certains des empereurs romains
s’y convertirent. Un historien et anthropologue français, Joseph Ernest Renan
écrit que s’il y avait eu des obstacles à la diffusion du christianisme,
actuellement, tous les Chrétiens auraient le mithraïsme comme religion.
Les prêtres
chrétiens s’efforcèrent d’éviter que les Romains organisent la fête de la
naissance du soleil. Leurs efforts furent vains. Les Romains qui venaient de se
convertir organisaient cette célébration dans toute sa splendeur. C’est la
raison, en plus du symbolisme chrétien du retour de la lumière lorsque naît
Jésus-Christ, pour laquelle les prêtres décidèrent d’allier la fête de la
naissance du soleil avec celle de Christ.
La fête de la
naissance du soleil, appelée aussi la nuit de Yalda en Iran, se déroulait le 21
décembre en Rome antique. Mais à cause de certaines erreurs dans le décompte de
l’année bissextile, l’anniversaire de Mithra se trouva déplacé au 25 décembre.
Les Chrétiens commémorent désormais la naissance du Christ le 25 décembre.
Dans cette
optique, le Père Noël qui se manifeste pendant Noël en Occident, pourrait
symboliser le soleil. C’est le reliquat de cette ancienne fête païenne du
soleil, au moment où les Chrétiens célèbrent la naissance de Jésus. L’homologue
iranien du Père Noël pourrait donc être Hadji Firouz. L’un des symboles de la
fête de Norouz et une fête qui célèbre le soleil et la lumière comme la nuit de
Yalda. Norouz a lieu à l’équinoxe de printemps. Le premier jour du mois de
Farvardin, au moment où le jour et la nuit sont de même longueur. C’est un jour
de bon augure chez les Iraniens.
tout viens d'afrique noir, meme nous...
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