Pour un petit pays
péninsulaire entouré de voisins hostiles, le Qatar résiste contre un axe
économique, militaire et diplomatique dirigé par l'Arabie saoudite et les
Émirats arabes unis.
Cette lutte à coup de
milliards de dollars s’étend un peu partout : au Moyen-Orient, en Europe,
au Soudan et surtout en Libye.
Initialement, le Qatar était
autrefois un membre estimé du Conseil de coopération du Golfe (CCG), une
organisation composée de monarchies du golfe Persique créées en 1981 comme
rempart contre la République islamique d’Iran. Le CCG est une alliance
exclusivement arabe composée de l'Arabie saoudite, des Émirats Arabes Unis, du
Bahreïn, du Koweït, du Qatar et d'Oman. De ce fait, l'Iran non arabe n'était
pas le bienvenu en tant que membre.
Cependant, des fissures entre le Qatar et les
Saoudiens ont commencé à apparaître en 1995, lorsque le nouvel émir du Qatar, Cheikh
Hamad bin Khalifa al-Thani, a décidé que le Qatar devrait avoir une
politique étrangère indépendante de celle des Saoudiens. Une première rupture des
relations a eu lieu en 2002, lorsque les Saoudiens ont retiré leur ambassadeur
de Doha, la capitale du Qatar, afin de punir le Qatar pour son indépendance. Le
Qatar a pu se défendre des Saoudiens en brandissant sa base aérienne Al-Odeid,
la plus grande base militaire des États-Unis au Moyen-Orient, abritant le siège
régional du commandement central des États-Unis (CENTCOM).
En 2014, une fissure majeure s'est développée au sein
du CCG. Le Qatar a été accusé par l'Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et
Bahreïn de soutenir des groupes tels que les Frères musulmans, le Hamas et
le Hezbollah libanais. Après l’investiture du président Donald Trump à
Washington, les Saoudiens et les Émiratis,
sentant que leurs
contributions illégales à la campagne Trump et à l’investiture présidentielle
devraient porter leurs fruits, ont décidé de mener une guerre
économique et politique drastique contre le Qatar. Au nom des Émirats arabes
unis et des Saoudiens, une coalition de lobbyistes dirigée par le coprésident
du Comité des finances du parti républicain et ami de Trump, Elliott Broidy,
et le conseiller du prince héritier d’Abou Dhabi, George Nader. On a découvert
par la suite que l'ambassadeur des Émirats arabes unis à Washington, Yousef Al-Otaïba, travaillait de concert avec la
fondation néo-con et la Fondation israélienne liée au lobby juif
pour « la défense des démocraties », autrefois connue sous le nom de
Projet du nouveau siècle américain (PNAC). – pour susciter la ferveur
anti-Qatar au sein du Congrès et de l’administration Trump. Rappelons que le PNAC était le lobby
judéo- néocon qui a poussé les États-Unis à faire la guerre à l’Irak.
La seule frontière terrestre du Qatar, sa frontière avec l’Arabie
saoudite, a été fermée. Les banques saoudiennes ont refusé de gérer les riyals
qataris et les EAU ont coupé le service postal avec le Qatar.
Ironiquement, les Saoudiens et les Émiratis ont accusé
le Qatar de soutenir l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL ou ISIS), alors qu'en
réalité, ISIS recevait davantage de soutien de la part des Saoudiens et des Émiratis
que du Qatar.
Sur le front diplomatique, le Qatar continue de
soutenir le gouvernement de Fayez al-Sarraj, président du Conseil des
présidents libyens, basé à Tripoli, contre les forces du gouvernement Haftar,
basé à Tobrouk. Un conflit similaire existe à Khartoum entre le gouvernement
militaire soutenu par l'Arabie saoudite qui a succédé au président soudanais Omar
al-Bashir après son éviction récente et un bloc d'opposition anti-saoudien/émirati
soutenu par le Qatar. Le Qatar mène également une bataille diplomatique
d'influence contre les Émirats arabes unis à Madagascar, en Algérie, en Tunisie
(le Qatar y finance sans retenue, Ennahdha, les frères musulmans qui y font la
pluie et le mauvais temps), au Kenya et en Éthiopie.
En novembre 2017, les Émirats arabes unis ont été
largement ridiculisés après que leur chef de la sécurité a demandé à l’axe
saoudien-EAU de bombarder le siège d’Al Jazeera à Doha. La dernière personne à
avoir appelé à un tel bombardement était le criminel de guerre George W.
Bush.
La guerre multi-fronts opposant l’axe Arabie/É.A.U
contre le Qatar est en panne depuis 2017. La Turquie, l’Iran et Oman ont
contribué à limiter les effets du blocus maritime, terrestre et aérien de cet Axe.
Les interdictions saoudienne et émirienne de recevoir des émissions d'Al
Jazeera sont inutiles grâce aux antennes paraboliques. Les banques HSBC et
Goldman Sachs ont défié les avertissements saoudiens et émiratis de restreindre
leurs services financiers avec le Qatar.
De son côté, la
Turquie a établi une base militaire au Qatar, ce qui a été interprété comme un avertissement direct aux Saoudiens
et aux Émiratis de ne pas penser à une action militaire contre le Qatar. La
France a livré 26 avions de chasse Rafale au Qatar malgré les avertissements
des Saoudiens à Paris.
Pour souligner le fait que le Qatar est loin d'être
vaincu par les Saoudiens, ses lobbyistes à Paris ont fait pression sur la
mairie de Paris pour qu'elle nomme une rue de la capitale française du nom de l’éditorialiste
du Washington Post, Jamal Khashoggi, qui a été assassiné et démembrée au consulat général
d'Arabie saoudite à Istanbul en octobre 2018. Pour les Qataris, ce serait « un
coup de grâce » porté à l'axe saoudien/EAU.
Libye. La Turquie et le Qatar contre l’Axe
émirati-Saoudien
"Lorsque
le vent et la mer se battent, ce sont les bateaux qui trinquent"
Proverbe tunisien
Outre la Syrie, le sinistre «Printemps arabe» d’origine
américano-islamiste a entraîné un chaos permanent en Libye, un État riche en
pétrole, disputé entre le GNA de Sarraj soutenu par les Frères Musulmans
(Turquie Qatar) et l’Armée nationale libyenne (ANL) de Haftar, soutenu par les Wahhabites, une autre
secte islamiste (Arabie, Saoudite, EAU).
Voulant occuper Tripoli depuis des mois, l'ancien lieutenant de Kadhafi, le général Haftar,
a subi un revers majeur le 27 juin lorsque la Force de protection de Tripoli du
GNA s'est emparée du siège de Haftar à Gharyane, forçant l’ANL à adopter une
posture défensive.
L’ANL de Haftar tente maintenant de reprendre son
ancien siège à Gharyane. Or, le revers de Haftar à Gharyane vient juste après
que la Turquie ait fourni des armes de renforcement au GNA de Sarraj, par
bateau et par air.
En vert ; régions contrôlées par Haftar En jaune : régions contrôlées par Tripoli |
La Turquie soutient le GNA en raison de ses
transactions pétrolières illégales à Misrata (pétrole offshore). La Turquie
achète du pétrole à Misrata avec un rabais important par rapport au prix standard
de la compagnie libyenne nationale du pétrole (NOC). Ceci est particulièrement
important pour la Turquie, puisque les USA menacent de sanctions la Turquie si
elle achète du pétrole iranien.
Alors que Haftar contrôle militairement une grande
partie de l’Est, y compris les principaux gisements pétroliers d’El Sharara et
d’El-Fil, il est obligé de laisser le produit de la production à la société nationale
National Oil Company (NOC). Le produit de ces ventes de pétrole revient
toujours à la Banque centrale de Tripoli, qui prétend distribuer équitablement
les revenus de pétrole aux deux parties. Mais Haftar n’est pas d’accord avec cette
déclaration équitable et a donc tenté de créer une NOC rivale. Il a rencontré
peu de succès.
Par conséquent, il est certain que la Turquie sera
forcée de payer beaucoup plus cher le pétrole de la NOC, au tarif standard, que
le pétrole qu’elle achète illégalement chez les terroristes islamistes (Frères
Musulmans) qui tiennent et rackettent Misrata. La Turquie a donc tout intérêt à voir
le départ de Haftar et de l’ANL loin de Misrata et de Tripoli.
Pour la Turquie, c’est cela le cœur du conflit libyen :
acheter du pétrole à prix cassé tout en renforçant les Frères Musulmans. C’est
exactement le même jeu qu’elle pratique depuis des années en Syrie.
Contrairement à la Syrie, où les États-Unis ont un
allié-chair-à-canons au sein des Kurdes YPG, les États-Unis n’ont aucune
présence politique réelle en Libye ni aucun allié préférentiel (puisque les
deux forces islamistes en présence sont des alliées des USA). Les USA fournissent
donc du matériel militaire aux deux parties,
s’assurant ainsi de se ranger de côté du vainqueur le moment venu. Nul doute
que la Fédération de Russie considère le vide de pouvoir en Libye comme une
opportunité, tandis que les dirigeants des États-Unis se tiennent debout
ailleurs.
Bien entendu, la Libye possède d’importantes réserves
de pétrole et si la Fédération de Russie parvient à se stabiliser et à soutenir
la faction la plus puissante en vue d’une victoire en Libye, ce serait
certainement un gouffre géopolitique.
Alors que les dirigeants russes ont soutenu Haftar
jusqu'à présent contre Sarraj et le GNA, Haftar est un homme assez âgé et contre
lequel la méfiance est grande dans l'ouest de la Libye. Cet article vieux de
sept mois postule un soutien
potentiel de la Russie à Saïf al Islam dans le cadre d'une candidature au
pouvoir libyen.
Personnage controversé, recherché pour être jugé en
Libye et par la CPI, Saif al Islam est néanmoins une personnalité
charismatique, avec une faction nombreuse - en particulier dans l'ouest de la
Libye - qui est disposé à soutenir son parti. Saif al Islam a appelé à des
élections nationales depuis le début de 2019, mais les élections ont été
retardées en raison de graves affrontements entre les factions politiques
libyennes.
Maintenant, avec la perte de Gharayan par l’ANL, la
guerre civile en Libye inspirée initialement par les États-Unis et la France, et entretenue ensuite par les émirs du Golfe, va continuer à faire rage.
Ce que les pays arabes du golfe
Persique devraient apprendre du leader nord-coréen
Source Press.tv
La façon dont le leader nord-coréen traite Donald
Trump devrait servir de leçon aux pays arabes du golfe Persique surtout
l’Arabie saoudite, écrit le journal Ral ai-Youm.
À la demande du président américain, Donald Trump et
Kim Jong-un se sont rencontrés le dimanche 30 juin dans la zone démilitarisée séparant
les deux Corées. Le nom de Donald Trump est donc enregistré dans les annales de
l’histoire en tant que le premier président des États-Unis à avoir mis les
pieds sur le territoire nord-coréen, en franchissant la ligne frontalière
qui relie la Corée du Sud à son voisin du Nord. Cette rencontre a eu lieu alors
que les deux précédentes rencontres des dirigeants américain et nord-coréen
n’ont donné aucun résultat tangible en raison des revendications maximalistes
de Donald Trump.
D’après le journal Rai al-Youm,
« le fait que le président US a proposé que cette rencontre ait lieu
montre que Donald Trump ne respecte que ceux qui l’ont humilié et qui n’ont
aucune peur de ses menaces de guerre."
« Ce ne serait pas pour obtenir un désarmement
nucléaire de la Corée du Nord que le nom de Donald Trump sera marqué dans
l’histoire ; c’est juste parce qu’il est le premier président des
États-Unis à avoir mis le pied sur le sol nord-coréen. Il paraît que le leader
nord-coréen maîtrise l’art de profiter des points faibles de Donald Trump. Kim
sait comment faire : organiser deux sommets avec le président US, sans
donner la moindre concession au sujet des revendications de Washington qui
exige de Pyongyang qu’il accepte le désarmement nucléaire et mette fin à ses essais
de missiles balistiques. »
« Sans abandonner sa vision stratégique reposant
sur la dissuasion nucléaire, le leader nord-coréen sait bien choisir ses mots,
lorsqu’il parle avec Donald Trump qui est d’ailleurs réputé pour avoir une
faible connaissance des relations internationales surtout la donne de l’Asie de
l’Est. »
D’après le journal arabophone, le leader nord-coréen
Kim Jong-un fournit le modèle idéal à l’Arabie saoudite et à d’autres pays
arabes du golfe Persique, pour apprendre comment il faudrait traiter Donald
Trump, « celui
même qui ne cesse de se moquer des pays arabes, qui leur propose des chantages
humiliants afin de leur extorquer des centaines de milliards de dollars, en
échange d’une promesse de les protéger face à de prétendus ennemis ».
« Nous savons bien que cette comparaison n’est
pas tout à fait exacte ; puisque la Corée du Nord dispose d’armes atomiques
et de missiles balistiques malgré les sanctions US, contrairement aux pays
arabes du golfe Persique qui malgré leurs
immenses revenus dus aux pétrodollars, n’ont obtenu aucun progrès tangible sur
le plan défensif, militaire ou scientifique et ne disposent d’aucune
arme dissuasive. »
Le leader nord-coréen est comme un « rocher
solide » dans son pays, écrit le journal.
« C’est le président américain qui se déplace
pour rendre visite au leader nord-coréen et l’inviter à venir à la
Maison-Blanche. Trump a l’habitude d’humilier de faibles pays se montrant
intéressés par des liens d’amitié avec lui. Par contre, face aux pays puissants
qui le méprisent et qui refusent d’accepter ses diktats, Trump finit par plier
l’échine », conclut l’article.
Hannibal GENSÉRIC
Trump se comporte avec peu de responsabilité , en n'acceptant que de faire plier ses interlocuteurs amis (UE et Japon) ou ennemis potentiels ( Russie-Chine- Iran , et même un peu la Turquie d'Erdogan!). Qui peut vraiment le prendre au sérieux alors qu'il vient de dénoncer tous les accords signés par ses prédécesseurs!?Il est clair qu'il ne croit qu'à la loi du + fort, celle de la jungle , qui , croit il, lui permettait " d'encaisser le beurre , l'argent du beurre et le c.. de la fermière"! S'il recherchait vraiment la paix , qu'il commence à œuvrer pour un désarmement général , à entreprendre au MO, incluant Israël, seule menace pour la paix mondiale!
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