L’ancienne Route de la Soie était
une ancienne route commerciale qui reliait l’Empire romain à la Chine, d’où
venait la soie. On l’appelait ainsi parce que la soie était au cœur du
commerce. La soie arrivait en Europe, l’or et les produits de luxe en partait.
La soie était importante parce que les vêtements de soie portés contre la peau
empêchaient les poux sur le corps, et les riches citoyens romains étaient prêts
à payer avec de l’or pour cette soie, parce que l’alternative était de regarder
leurs femmes et concubines se gratter.
En plus de porter de la soie, les
Romains construisaient des bains, ainsi que des aqueducs pour les
approvisionner. La procédure romaine d’épouillage consistait à se faire épiler
tous les poils de son corps (ouch !), à s’huiler, à transpirer en faisant
semblant de se reposer, puis à se gratter la peau avec un outil en forme de
faucille appelé strigile.
Ensuite, ils trempaient dans un bain chaud, enfilaient des sous-vêtements de
soie et restaient exempts de démangeaisons jusqu’au lendemain du bain.
Les Romains dépensaient tellement
d’or pour la soie chinoise qu’il ne leur resta plus assez d’or pour payer leurs
légionnaires, ce qui provoqua de nombreuses révoltes et révolutions, et
finalement ils durent diluer leur monnaie, qui, à la fin de l’Empire, contenait
surtout du cuivre. L’or a fini en Chine, où il a causé une corruption sans fin,
parce que les fonctionnaires impériaux, qui recevait l’or en échange de la
soie, qu’ils obtenaient de la paysannerie qui élevaient eux le ver à soie,
l’utilisaient pour s’enrichir plutôt que pour augmenter le trésor impérial.
Après avoir expérimenté l’exécution de fonctionnaires corrompus, on a découvert
qu’ils enterraient toujours leur trésor par anticipation, afin que leurs
familles puissent le récupérer après leur exécution. Le plan B a donc été
d’exécuter tous les membres des familles de ces fonctionnaires. Cette situation
a entraîné à son tour une grave pénurie de fonctionnaires impériaux. Ainsi, le
commerce de la soie provoqua l’effondrement de deux empires – le Romain et le
Chinois – le premier par manque d’or, le second par excès, et tout cela à cause
d’un certain parasite de la peau.
La Route de la Soie originale,
établie entre la dynastie Han en Chine et l’Empire romain en Europe vers 130
av. J.-C., avait les Sogdiens
comme intermédiaires. Finalement, l’empire sogdien s’effondra et les Sogdiens
furent remplacés par des Juifs
khazariens, qui finirent aussi par avoir une fin difficile vers 965 après
J.-C. des mains de Sviatoslav,
prince de la Rus’ de
Kiev. Plus tard, une percée technologique dans le domaine des voiliers
océaniques a permis d’éviter la nécessité d’une route commerciale terrestre et
les caravanes traversant le continent eurasiatique ont pris fin.
Mais aujourd’hui, la Route de la
Soie est ressuscitée en tant que Nouvelle Route de la Soie, qui reliera à
nouveau la Chine à l’Europe, avec l’Union européenne à la place de l’Empire
romain et la Fédération de Russie à la place des Sogdiens ou des Khazars. Elle
n’aura plus grand-chose à voir avec la soie, puisqu’il existe désormais des
moyens beaucoup plus efficaces de lutter contre les poux que les sous-vêtements
en soie, un traitement quotidien avec un strigile et une plongée dans le caldarium. Mais, comme
auparavant, la Nouvelle Route de la Soie aura pour but de contrôler
l’infestation d’un certain parasite – ou, dans ce cas-ci, de tout un pays de parasites : les États-Unis.
Certains disent que les États-Unis
sont la plus grande économie du monde, mais je ne suis pas d’accord. Faisons
quelques calculs simples pour trouver un déflateur raisonnable du PIB pour
l’économie américaine. Une appendicectomie (l’opération la plus courante) coûte
environ 60.000 $ aux États-Unis. Elle coûte environ 8000 roubles, soit 123
dollars en Russie. La différence est un facteur de 60.000/123 soit environ 500.
En supposant que tout le reste aux États-Unis – non seulement la médecine, mais
aussi l’éducation, les services juridiques, les services professionnels,
l’immobilier, les dépenses de défense, les campagnes électorales et toutes les
autres escroqueries et rackets américaines combinés – est tout aussi
ridiculement surévalué, le PIB américain en 2019 serait estimé à 42 milliards
de dollars, bien plus petit que celui de la Russie avec 1.649 milliards.
Certains disent que les États-Unis
représentent une part importante de l’économie mondiale avec de nombreuses
exportations essentielles. Si l’on examine le commerce entre les États-Unis et
la Chine, la Chine tire l’essentiel de ses bénéfices de l’exportation
d’ordinateurs, de matériel électrique, de chaussures, de meubles, de vêtements,
de plastiques et de métaux, de voitures et de matériel optique et
photographique. Pendant ce temps, les exportations américaines les plus
rentables vers la Chine sont le soja, le blé, les aliments pour animaux, la
viande, le coton, le minerai métallique, la ferraille, les peaux animales, la
pâte, les cigarettes, l’or, le charbon, le carburant, le riz, le tabac, les
engrais et le verre. Vis-à-vis de la Chine, les États-Unis ressemblent à une
possession coloniale européenne typique du XIXe siècle. Les États-Unis ont un
déficit commercial permanent et très important avec la Chine, et tout comme une
colonie serait obligée d’emprunter la différence, les États-Unis sont obligés
d’en faire autant. Ce qui lui permet d’être un parasite, c’est de le faire dans
sa propre monnaie, qu’il peut imprimer à volonté, et de forcer d’autres pays à
y investir à bas taux d’intérêt, tout cela parce qu’il a su dominer
militairement les routes commerciales maritimes et punir ceux qui refusaient de
jouer ce jeu, soit financièrement (par la destruction de leur monnaie), soit
politiquement (en renversant leurs gouvernements et en y mettant quelqu’un qui
ne peut rien leur refuser), soit militairement (en les faisant sauter).
Pendant ce temps, un peu comme sur
la Route de la Soie originale, l’or a coulé des États-Unis vers la Chine. Les
États-Unis prétendent toujours avoir les plus grandes réserves d’or sur terre
sur le papier, mais les pays qui ont stocké leur or aux États-Unis et qui ont
demandé qu’il le leur soit rendu ont été soit déboutés, soit forcés d’attendre,
pour que leur l’or leur soit rendu. Il ne serait donc pas surprenant de
découvrir, lorsque toutes les autres options seront épuisées et qu’il faudra
ouvrir les chambres fortes où l’or est stocké, que l’or qu’elles sont censées contenir n’est plus là.
Il est facile de s’arrêter à
l’analogie géographique entre la Route de la Soie originale et la nouvelle :
elles traversent toutes les deux la même étendue géographique. Mais pourquoi
s’arrêter là, alors qu’il y a une analogie plus profonde évidente qui se cache
juste sous la surface : ces deux Routes de la Soie étaient ou sont des efforts
pour contrôler un parasite. Pourquoi la nouvelle Route de la Soie est-elle une
Route de la Soie alors que la soie elle-même n’est qu’une petite partie du
commerce ? Parce que ça sonne bien ? Ou parce que la soie contrôle les
parasites ?
Par Dmitry Orlov – Le 4 juillet 2019 – Source le Saker Francophone
Le livre de Dmitry Orlov
est l’un des ouvrages fondateur de cette nouvelle « discipline » que l’on nomme
aujourd’hui : « collapsologie » c’est à-dire l’étude de l’effondrement des
sociétés ou des civilisations.
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Hannibal GENSERIC
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