Quatre universitaires examinent la couverture médiatique des
affaires étrangères dans un article censuré (puis refusé) par une grande
publication libérale.
Quand Noam
Chomsky observa pour la première fois que les Etats-Unis avaient
attaqué le
Sud Vietnam, il ne faisait que souligner un exemple particulièrement
significatif du conformisme médiatique de l’époque, à savoir que l’Occident
combattait les communistes au Nord pour défendre Saigon. Cependant, le jeune
professeur avait spectaculairement raison. À la fin de la guerre, les deux
tiers des bombes américaines - deux fois plus que le total largué
pendant la Seconde Guerre mondiale - étaient
tombées sur le Sud.
L’historien
militaire Bernard Fall - qui croyait en la présence US sur place –
déclara à l’époque que ’le Vietnam en tant qu’entité culturelle et
historique... est menacé d’extinction...[car] la campagne meurt littéralement
sous les coups de la plus grande machine militaire jamais déployée sur une
région de cette taille’. Pourtant, comme Chomsky l’a fait valoir, les médias grand
public considéraient les actions des Etats-Unis au Vietnam soit « comme
une ’noble cause’ qui aurait pu être gagnée avec plus de dévouement »,
soit « comme ’une erreur’ qui s’est avérée trop coûteuse ».
Tel un
maelström, la guerre a tout engouffré : Le Vietnam, le Cambodge, le Laos,
et même Bernard Fall lui-même, tué par une mine.
Timor limitée
De même,
lorsque l’Indonésie
envahit le Timor
oriental en 1975, Chomsky et son co-auteur, Edward
S. Herman, furent bien seuls lorsqu’ils observèrent qu’une attaque
avait même eu lieu. Les bombardements aériens, les exécutions massives et la
famine forcée firent 200.000 morts, mais l’occupation ne fut pratiquement pas couverte
par les médias US.
Nous
avons constaté que les reportages sur le Timor oriental dans des journaux
canadiens comme le Globe and Mail diminuèrent
après l’invasion et ont pratiquement disparu lorsque les atrocités ont atteint
leur sommet en 1978. Deux décennies plus tard, le documentaire Bitter Paradise
http://www.elainebriere.ca/bitterparadise.html : The Sell-Out
of East Timor (1996) d’Elaine Brière raconta l’histoire,
mais fut à son tour acheté - puis
enterré - par un important média canadien.
L’autre
exception fut Death
of a Nation : The Timor Conspiracy (1994) de John Pilger,
diffusé en Grande-Bretagne par la chaîne ITV. Pilger, le réalisateur David
Munro et le journaliste Christopher Wenner entrèrent au Timor en se
faisant passer pour des représentants d’une agence de voyage et le film révéla
la complicité occidentale dans ce que la plupart des analystes considèrent
comme un
génocide.
Pilger
cita l’ancien officier de la CIA, C Philip Liechty, qui était en poste à
Jakarta, disant
que le président indonésien Suharto « a reçu le feu vert [des
États-Unis] pour faire ce qu’il a fait. Nous leur avons fourni tout ce dont ils
avaient besoin [des] fusils M16 [au] soutien logistique militaire américain...
Quand les atrocités ont commencé à apparaître dans les rapports de la CIA, la
réaction fut de les dissimuler le plus longtemps possible. »
Exemples jumelés
En tant
que spécialistes
des médias engagés de manière critique dans les travaux de Herman et
Chomsky sur la
propagande, nous nous intéressons particulièrement aux points
de vue ignorés dans
les
médias dominants, en particulier par les médias
les plus progressistes.
Au cours
des 10 dernières années, dans une
série d’études révisées par des pairs
sur les représentations médiatiques occidentales dans de nombreux pays, nous
avons observé que les
ennemis de l’Occident sont toujours représentés très
différemment de ses alliés,
comme les dictatures de l’époque de la guerre froide au Sud Vietnam et en
Indonésie.
Les
crimes commis par les régimes
’anti-occidentaux’ dans des pays comme la Serbie/Yougoslavie,
l’Afghanistan, l’Iran
et la Syrie suscitent régulièrement des campagnes
médiatiques pour une intervention extérieure. Si une telle indignation
morale peut se justifier, les
Etats-Unis et le Royaume-Uni - aux côtés d’alliés tels qu’Israël,
l’Egypte et la Colombie
- commettent des atrocités qui sont à peine mentionnées ou accompagnées d’une
interprétation positive.
Certains coups d’état sont cools
Par
exemple, notre travail montre comment le Venezuela a été
diabolisé dans les
médias en tant que ’dictature socialiste’ depuis l’élection
présidentielle de 1998 du très populaire Hugo Chavez.
Par
exemple, après un coup d’État au Venezuela en 2002, le New York Times approuva
une dictature de courte durée soutenue
par les États-Unis comme une ’manifestation
rafraîchissante de la démocratie’. Et la presse grand public - sans oublier
certains jeux
vidéo à vous glacer le sang - continua
de préconiser un
nouveau coup d’État contre le successeur de Chavez, Nicolás Maduro,
élu président en 2013, que les médias justifient par sa prétendue mauvaise
gestion économique.
Lorsque,
le 30 avril 2019, l’homme politique de l’opposition et président autoproclamé Juan
Guaidó appela l’armée vénézuélienne à renverser Maduro, les médias occidentaux se
montrèrent réticents à qualifier cet appel de tentative de coup d’État.
Une
étude réalisée par l’organisation de surveillance des médias américain, Fairness
and Accuracy in Reporting (FAIR), a révélé qu’aucun
commentateur
important américain ne s’est opposé à la tentative de coup d’Etat d’avril
2019, la décrivant comme un ’soulèvement’,
une ’protestation’
ou même un ’défi
lancé par l’opposition et soutenu par des militaires’.
De
nouvelles sanctions
américano-britanniques ont été célébrées dans les médias grand public,
alors même qu’elles exacerbent la crise. Les États-Unis ont bloqué l’importation d’insuline, des
appareils de dialyse, et de médicaments contre le cancer et le Sida, y compris
ceux que le Venezuela avait
déjà payés.
Selon un
rapport publié par d’éminents économistes du Center for Economic and
Policy Research, basé à Washington, 40.000 Vénézuéliens sont morts entre août 2017 et
décembre 2018 uniquement à la suite de ces sanctions. Le rapport établit
en détail comment, en l’absence de sanctions, un État disposant de « telles
réserves pétrolières aurait la capacité d’éviter ce type de crise économique ».
Dans le
cadre d’une délégation de Vétérans Pour la Paix au Venezuela en
mars 2019, Dan Shea,
un ancien combattant américain de Portland, Oregon, nous a demandé pourquoi,
« s’ils sont là
pour des raisons humanitaires, les États-Unis imposent-ils des sanctions aux
gens, pour les affamer, pour leur enlever leurs médicaments, pour leur
interdire de vivre ? Il est contraire aux Conventions de Genève d’empêcher
l’arrivée de fournitures médicales et de nourriture. Ils empêchent tout d’entrer,
puis les États-Unis se pointent et accusent le gouvernement Maduro de tout ça. »
Les
sanctions ont été formellement
condamnées aux Nations unies, où un ancien secrétaire du Conseil des droits
de l’homme de l’ONU les a
décrit comme un siège médiéval et un ’crime
contre l’humanité’. Aucune de ces informations n’a été publiée dans
une publication nationale grand public aux États-Unis ou au Royaume-Uni, à
l’exception d’un article dans le quotidien The Independent.
Guerre altruiste
Le
Venezuela n’est pas l’exception mais la règle. En février 2011, lorsque le
conflit éclata entre le gouvernement libyen et les groupes d’opposition, nos
médias ont décrit les actions du gouvernement libyen comme des crimes aveugles,
ordonnés par les plus
hauts niveaux du gouvernement. Toutefois, il s’est avéré que les forces de
sécurité libyennes n’avaient
pas ciblé les manifestants sans discernement après
tout, comme l’a confirmé plus tard la Chambre des communes du Royaume-Uni.
L’un des
deux seuls articles publiés par le New York Times qui critiquaient l’intervention
dirigée par la France de l’OTAN en Libye, cité dans une étude post
universitaire exhaustive, déplora la ’folie’ des ’guerres
altruistes sans fin’. Ces articles s’opposaient aussi à la guerre pour des
raisons tactiques tout en ignorant les points de vue des universitaires
qui critiquaient l’intervention pour des raisons beaucoup plus fondamentales.
Peu
importait donc aux médias que l’intervention de l’OTAN, selon une étude parue
dans la revue réputée International
Security, multiplia
au moins par sept le nombre de morts en Libye.
Meurtres au Moyen-Orient
En
Égypte, après le renversement par l’armée, le 3 juillet 2013, du premier
président démocratiquement élu du pays, Mohamed Morsi, des manifestants
occupèrent la place Rab’a al-Adawiya au Caire pour demander son rétablissement.
Le 14
août, les forces de sécurité égyptiennes du général Abdel Fatah al-Sissi
- un allié occidental précieux qui deviendra président en 2014 après un
coup d’État - tuèrent 817
personnes en dispersant le sit-in de Rab’a al-Adawiya.
Human
Rights Watch le
qualifia d’’un des plus grands assassinats de manifestants en une seule
journée dans l’histoire récente’ - mais il n’a donné lieu qu’à de légers
reproches dans les médias occidentaux et dans la communauté diplomatique.
Al-Sissi,
après tout, était considéré comme un dirigeant plus stable, dans le moule de
l’ancien président Hosni Moubarak. Aujourd’hui encore, le New York
Times s’abstient de qualifier al-Sissi de ’dictateur’ - bien qu’il ait
prévu de gouverner jusqu’en 2034 - et le qualifie plutôt de ’rempart
contre le militantisme islamiste’.
Ce n’est
pas que l’Occident soit opposé aux fondamentalistes islamiques en soi. Un autre
allié occidental clé, l’Arabie saoudite, ne fait que commencer à
s’empêtrer dans son discours sur les droits humains. La guerre
de l’Arabie saoudite contre le peuple du Yémen est devenue la pire crise
humanitaire au monde.
Dans le
même temps, les services
de renseignements US ont conclu que son émir dictateur avait ordonné le
meurtre de Jamal Khashoggi. L’assassinat et le démembrement sordide du
journaliste du Washington Post ont été largement rapportés et condamnés
dans les médias, mais la couverture de la guerre au Yémen a
été catastrophique, surtout dans les
premières années du conflit.
Dans une
incroyable tentative de justification qui n’a pas attiré de commentaires, le
ministre britannique des Affaires étrangères Jeremy Hunt a récemment
insinué, dans le magazine Politico, qu’en étant le deuxième plus
grand fournisseur d’armes à Arabie Saoudite, le Royaume-Uni était dans une
position unique pour aider à mettre
rapidement fin à la violence. D’une manière ou d’une autre, un jour ou
l’autre – après quatre ans...
En
effet, la guerre est la paix.
Le faux-fuyant
Et puis
il y a ’ Russiagate ’,
un récit à couper le souffle, longtemps promu par les Démocrates US, selon
lequel le président russe Vladimir Poutine contrôle secrètement le
président américain Donald Trump en menaçant de révéler ses secrets - et
s’est ingéré dans les urnes et les médias sociaux pour manipuler la politique
étrangère américaine et truquer le résultat de l’élection présidentielle
américaine de 2016.
Le
rapport tant attendu de Müller sur ces transactions présumées a considérablement
affaibli la théorie du complot entre Trump et la Russie, même si des
influences beaucoup plus évidentes, telles que les
grandes entreprises et le
gouvernement israélien et, en fait, l’énorme
influence des États-Unis eux-mêmes sur les systèmes démocratiques des autres
pays, ont été atténuées.
Le récit
du ’Russiagate’ s’effondre également lorsque l’on examine les données sur la
publicité à contenu politique. Selon Facebook, une entreprise russe, l’Internet
Research Agency, a dépensé environ $100.000 en publicité sur Facebook pendant la campagne
électorale présidentielle américaine de 2016. En revanche, les campagnes électorales
d’Hillary Clinton et de Donald Trump ont
dépensé ensemble $81 millions en publicité sur Facebook, soit 810 fois plus. Donc, pour Facebook le fait que l’Internet
Research Agency ait dépensé 0,01% du total dépensé par les candidats est
extrêmement grave et démontre que « Poutine a biaisé les élections » !!
De plus,
contrairement à l’agence russe, les équipes de la campagne Trump and Clinton
ont également travaillé avec les géants des médias sociaux pour améliorer leurs
performances en ligne. Facebook a même envoyé du personnel pour
aider la campagne Trump qui a dépensé des dizaines de millions sur la
plateforme.
Comme le
commentent Daniel
Kreiss et Shannon McGregor, spécialistes des communications : ’Le
rôle de Facebook pendant l’élection présidentielle de 2016 a fait l’objet d’un
examen extraordinaire... Mais notre recherche montre qu’un autre aspect, moins
discuté, de l’influence politique de Facebook a été beaucoup plus important
en termes de résultats électoraux. L’utilisation massive de Facebook par la
campagne de Trump et d’autres personnes - une grande partie des 1,1
milliard de dollars de publicité numérique payante au cours de la campagne
- a probablement eu beaucoup plus d’influence que les robots russes et les faux
sites d’information’. (Le montant de 1,1 milliard de dollars comprend les
dépenses des politiciens et des groupes en dehors des campagnes Trump et
Clinton.)
Pourtant,
la dernière fois qu’un sceptique de ’Russiagate’ a été autorisé sur MSNBC, la
chaîne de télévision la plus libérale des États-Unis, c’était en janvier
2017, au moment où Trump a pris ses fonctions.
« Russiagate »
a provoqué une
nouvelle guerre froide. De plus, l’obsession des médias à l’égard de la
Russie a détourné encore plus l’attention des autres
actions plus dangereuses de l’administration Trump sur des sujets tels que
le changement
climatique, le droit
à l’avortement et les cadeaux
fiscaux aux entreprises.
La valeur
d’une information n’est pas forcément déterminée par des forces puissantes.
Il n’est pas non plus surprenant ni nécessairement nuisible qu’un consensus se
forme autour de certaines idées. Mais le pouvoir joue à l’évidence un rôle clé
et les points de vue
consensuels sont clairement en phases avec les intérêts des élites.[1]
Alors
que des
mouvements de masse mondiaux réagissent aux multiples échecs de la
politique étrangère à une époque de mauvaise
gouvernance, les grandes institutions médiatiques continuent de soutenir les
lignes narratives officielles.
Distraction de masse
Le cas
le plus spectaculaire
a peut-être été celui de l’Irak
et du fiasco
des armes de destruction massive. D’importantes études sur la
couverture médiatique de la guerre en Irak par les médias
américains et britanniques
montrent que ces derniers reflétaient les opinions des élites politiques et
militaires. Il n’était guère
dans l’esprit des médias que l’invasion-occupation de l’Irak constituait
une agression, le crime international suprême en droit international.
Cela
dit, au moins les caméras tournaient lorsque l’invasion de 2003 a marqué le
début d’une campagne qui devait faire - même selon les estimations les plus basses - un nombre de morts
violentes qui se chiffre dans les centaines
de milliers.
On peut
se demander où étaient passées toutes les grandes voix occidentales au cours de
la décennie précédente, lorsque les
sanctions entraînèrent une
explosion de la mortalité infantile
- les chiffres font encore l’objet
de débats, mais les meilleures indications sont qu’ils étaient comparables
aux pertes extrêmement élevées causées par l’invasion de 2003 et l’occupation
qui a suivi.
De même,
nos
travaux indiquent que la guerre en Syrie a été rapportée d’une manière très
partisane, reflétant la piètre performance des médias pendant la guerre en
Irak. Selon Patrick
Cockburn [version française], correspondant chevronné, dans ce conflit ’les médias occidentaux se sont presque entièrement fié
aux rebelles ’.
Par
conséquent, selon M. Cockburn, ’dans le cas syrien, les nouvelles fabriquées et les
reportages unilatéraux ont dominé les informations à un degré probablement
jamais vu depuis la Première Guerre mondiale ’.
Mensonges en Syrie
Pour
ajouter un autre exemple : l’Organisation pour l’interdiction des armes
chimiques (OIAC) fut chargée d’enquêter sur les allégations d’attaques
chimiques dans le conflit syrien par l’intermédiaire de sa
mission d’établissement des faits (MEF).
En 2019,
des dénonciateurs anonymes de l’OIAC ont
divulgué des informations privilégiées sur le processus de collecte des
faits de la MEF, ainsi qu’une
évaluation technique qui semble avoir été censurée par l’OIAC.
Ces
fuites au « Working Group on Syria, Propaganda and Media »
(WGSPM) [Groupe de travail sur la Syrie, la propagande et les médias], basé au
Royaume-Uni, ainsi que d’autres
éléments rassemblés par le WGSPM, indiquent que certains rapports de l’OIAC
furent manipulés par le secrétariat technique qui dirige la MEF.
Un
rapport du WGSPM laisse entendre que le secrétariat technique est sous la
coupe d’une alliance d’États dirigée par la France, le Royaume-Uni et les
États-Unis.
Il
montre en outre que certains rapports de l’OIAC ont exclu ou ignoré des
éléments de preuve selon lesquels certaines des attaques chimiques présumées en Syrie auraient été
mises en scène.
Ces
révélations indiquent que les forces d’opposition syriennes auraient pu inventer
des atrocités pour inciter l’Occident à une intervention militaire
’humanitaire’.
En fait,
l’une des attaques chimiques présumées dont l’identité les auteurs est
aujourd’hui remise en cause est celle d’avril 2018 à Douma qui déclencha
une série de frappes militaires de la France, des États-Unis et du
Royaume-Uni.
L’histoire
des fuites de l’OIAC fit la une des médias indépendants, mais dans les grands
médias fut largement confinée dans les article de Peter
Hitchens dans le Daily Mail et de Robert
Fisk dans The Independent (France24/AFP
et Fox News en ont également parlé).
Des abus, pas la vérité
Partout
dans le monde, les systèmes médiatiques nationaux, au lieu de dénoncer les abus
des pouvoirs économiques et politiques, comme ils le prétendent
sans cesse, les
défendent régulièrement. C’est un problème à
la fois dans les autocraties et les démocraties,
à
l’Est comme à
l’Ouest. C’est une situation conforme aux prédictions avancées par le modèle
de propagande d’Herman et Chomsky en ce qui concerne les
modèles de performance des médias.
Des millions de gens meurent. Il s’agit de décès évitables causés par
des personnes et des institutions puissantes en Occident et par les
conséquences prévisibles des guerres économiques et militaires.
Sans
parler des flots de sang laissés dans le sillage de certaines industries obèses
et choyées qui opèrent à partir de nos contrées - notamment celles du tabac, des
mines et des armements, ou l’effet tout
à fait disproportionné produit par les armées occidentales sur la pollution
et le réchauffement climatique, ou de tout nouveau catastrophe qui pourrait
être déclenché à tout moment en
Iran, voire en
Chine ou en
Russie.
Des faits contraires incontestés, des analyses
fiables et des récits alternatifs bien
présentés peuvent être trouvés dans un large éventail de sources, telles que Media Lens, mais dans les médias commerciaux
même les plus louables, ils sont au mieux fragmentaires.
Les
médias sont complices. Et cela arrive tout le temps.
En fait,
cela vient tout juste d’arriver.
Comment cet article fut censuré
Au
printemps 2019, nous avions décidé d’écrire un article court et accessible pour
la presse grand public, qui critiquait la manière dont les médias traitent la
politique étrangère occidentale. Comme nous nous y attendions, nos efforts ont
été carrément ignorés.
Cependant,
le destin a voulu qu’une publication libérale [progressiste] de premier plan se
montra enthousiasmée par ce projet. De plus, ils ont travaillé en étroite
collaboration avec nous pendant plusieurs semaines pour créer une version de
l’article que nous avons tous trouvée exceptionnellement bien faite.
Un
rédacteur a même proposé un titre unique et brutal : ’Comment les médias occidentaux amplifient et justifient
la guerre et la violence d’État - alors que des millions de personnes meurent’.
L’article
devait être publié un jeudi matin d’avril, mais le rédacteur en chef est
intervenu au dernier moment. Une heure plus tard, le premier rédacteur nous a
appelés au téléphone pour nous dire qu’il y avait un problème et un retard.
« Alors que des millions de personnes meurent »
avait été supprimé du titre. Toutes
les références à la participation occidentale au Timor oriental, au Vietnam, en
Indonésie et au Venezuela avaient été supprimées. Nos références à Ed
Herman, Noam Chomsky, et même notre propre statut d’érudits de la propagande
avaient été supprimés.
Le
rédacteur en chef fut troublé par notre critique du New York Times. Il a
pensé que leur utilisation tordue de la critique de l’intervention de l’OTAN en
Libye (en déplorant la ’folie’ des ’guerres altruistes sans fin’) serait une
’bonne chose’ selon nos critères. Nous lui avons répondu en lui demandant si ce
serait une critique juste et légitime que de reprocher au ʺdictateurʺ Syrien,
par exemple, de poursuivre des ’guerres altruistes sans fin’.
Notre
paragraphe sur le bombardement de la Libye par l’OTAN fut annoté : « besoin
de précisions sur la nature du régime de Kadhafi. On ne peux pas ignorer ses
atrocités ». En réponse, nous avons observé que des sources
officielles ont clairement indiqué que c’était notre camp et nos ’rebelles’
en Libye, et non le gouvernement Kadhafi en particulier, qui avaient commis des
violations massives des
droits humains et des nettoyages ethniques - contre les Noirs africains.
Notre
article contenait de nombreux liens vers les sources les plus complètes et les
plus fiables disponibles, y compris nos propres articles originaux publiés dans
revues après examen par un comité de lecture. Nous avons répondu à toutes les
questions qui nous ont été posées et nous sommes restés en contact hebdomadaire
avec la publication pendant plus d’un mois avant qu’on nous dise enfin d’aller
le publier ailleurs.
Noam
Chomsky nous a écrit au fur et à mesure que les événements se
déroulaient :
« Une
sacrée histoire. Bien que ces déclarations [sur les crimes de guerre historiques
américains] aient été très controversées à l’époque, je pensais que les
médias dominants pourraient les tolérer aujourd’hui - les transmuant en une
histoire ancienne, à des erreurs, et ainsi de suite ». Au delà du
’choc’ et ’surprise’ de Chomsky devant la nature inhabituellement critique et
clairement documentée de notre expérience, il observa que ’malheureusement,
c’est la norme’.
Florian Zollman - Alan Macleod - Jeffery Klaehn -
Daniel Broudy - Matthew Alford
- Le Dr Matthew Alford enseigne les études américaines et les relations internationales à l’Université de Bath, au Royaume-Uni.
- Le professeur Daniel Broudy enseigne la linguistique appliquée à l’Université chrétienne d’Okinawa, au Japon.
- Jeffery Klaehn est un chercheur indépendant au Canada.
- Le Dr Alan MacLeod est journaliste pour Fairness and Accuracy in Reporting, au Royaume-Uni
- Le Dr Florian Zollmann enseigne le journalisme à l’Université de Newcastle, Royaume-Uni.
Source : le Grand Soir
NOTES
[1] Affaire Epstein: nouvelles révélations sur le vilain visage de l'élite
Les rajouts dans cette couleur sont d’H. Genséric
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