ghouta civilians

Civils dans le village libéré de Kafr Batna dans l'est de la Ghouta.

La date fatidique du 18 Mars

Le site d'informations en ligne libanais al-Ahed News a obtenu ces révélations de la bouche des habitants qui venaient de sortir de la Ghouta.
Son correspondant en Syrie les a rencontrés dans le centre d'hébergement qui leur a été aménagé à Al-Harjalat, au sud de Damas.
« Tous sont d'accord sur une seule version des faits : les terroristes de la localité de Hamouriyat et des autres localités voulaient réaliser une mise en scène chimique, en même temps de la tenue du Conseil de sécurité le 18 mars écoulé, mais les habitants ont rejeté l'idée, refusant d'être ses comparses », écrit al-Ahed News, dans son édition de ce lundi 19 mars, rapportant les propos des gens qu'il a interviewés.
Ces derniers disent avoir maintes fois entendu les miliciens de Faylak al-Rahmane leur dire : « attendez le 18 mars... le Conseil de sécurité va se réunir. Et il interviendra militairement en Syrie parce que le régime va nous bombarder au chimique ».
L'un de ces habitants, Ahmad Toameh originaire de la localité de Zmelka , avoisinante de Hamouriyat , assure pour sa part avoir visionné une vidéo qui filme une attaque chimique soi-disant perpétrée dans sa localité.
Tout savoir sur la désinformation au sujet de la Ghouta orientale (Syrie)
« Je connais ma ville pouce par pouce. Ce film n'a rien à voir avec ce que prétendent ceux qui l'ont diffusé. Il a été filmé ailleurs, et ils voulaient le publier en même temps que la réunion du Conseil de sécurité. Les miliciens de Faylak al-Rahmane insistaient pour convaincre les habitants qu'il servira pour une frappe militaire occidentale contre la Syrie, qui puisse redistribuer les cartes de nouveau. Nous le savions par cœur que chaque fois que le Conseil de sécurité devait se réunir, il fallait qu'il y ait une petite attaque chimique », a-t-il dit.

Le siège secret

Selon Ahmad Roustom, un autre habitant originaire de Hamouriyat, des émanations chimiques ont bel et bien eu lieu.
« L'Armée a bombardé plusieurs sites du front al-Nosra et de Faylak al-Rahmane à Hamouriyat. Tout était normal. Jusqu'au jour où elle a frappé le siège-57 de Faylak al-Rahmane. C'était un siège gardé dans le plus grand secret. Personne n'était autorisé à s'en approcher. Il était formé de trois étages et de deux étages sous-sol. C'est alors qu'il y a eu des cas de suffocation au chlore parmi les civils et les combattants de Faylak al-Rahmane . Nous avons alors bien compris pourquoi il nous était interdit de s'en approcher. Les terroristes de Faylak al-Rahmane y avaient caché du gaz de chlore ».
Ces propos ont été confirmés par un autre citoyen syrien, Ahmad Khatib, également originaire de Hamouriyat.
Selon lui, « ce siège est lié au reseau des tunnels souterrains qui relient tous les QG des milices Faylak al-Cham, front al-Nosra, Liwa Abou Moussa al-Achaari, et dont les miliciens se comptent par plusieurs milliers.
« Je me suis bouché le nez avec mon pull. Et mon cousin de 12 ans l'a échappé par miracle », souligne-t-il.
«On était sûr que Faylak Al-Rahmane stockaient du gaz de chlore là-bas », a-t-il ajouté.

La magie s'est retournée contre le magicien

Omar Ibrahim Toamah raconte comment les miliciens faisaient chanter les habitants, pour les empêcher de sortir de la Ghouta.
Dans un premier moment, ils ont effectué des opérations d'exécution de ceux qui se sont aventurés les premiers à emprunter les couloirs humanitaires aménagés par l'armée syrienne.
Après l'échec de cette manœuvre meurtrière, le chef du Conseil révolutionnaire militaire de la Ghouta orientale Abdel Nasser Chamir leur a envoyé un émissaire.
« Mohammad al-Rayhani Abou Raad est venu un jour à six heures du matin. Il nous a rapporté qu'une attaque chimique allait avoir lieu bientôt et à l'issue de laquelle les États occidentaux allaient intervenir en Syrie. Et que des raids aériens s'en suivront contre des positions militaires de l'armée syrienne puis une offensive terrestre depuis la base d'al-Tanf à la frontière avec l'Irak et la Jordanie et qu'après nous allions reprendre le contrôle de toutes les régions que nous avions perdues ».
Ce plan machiavélique est finalement tombé à l'eau. Non seulement parce que les habitants ont refusé de le jouer, mais parce qu'ils ont surtout afflué par milliers vers les couloirs humanitaires de sortie, avant la date prévue de l'attaque.
Qui sait ? Peut-être ont-ils eu peur de payer les frais d'une nouvelle mise en scène chimique, comme cela s'était passé en 2013, chez eux, et à Khan Cheïkoune dans la province d'Idleb, en 2017. Ce qui veut dire en sorte que la magie s'est retournée contre le magicien.