Le 11 décembre 1981, au Salvador, un escadron
militaire salvadorien entreprit de massacrer jusqu’au dernier les habitants d’un
village isolé, appelé El Mozote. Avant de les mettre à mort, les soldats violèrent
à de multiples reprises les femmes et les filles, dont certaines n’avaient que dix
ans, tout en riant de leur préférence pour celles âgées de douze ans. Un
témoin décrivit un soldat qui jetait en l’air un enfant de trois ans pour qu’il
s’empale sur sa baïonnette. Le bilan final s’éleva à plus de 800 morts.
Le lendemain, 12 décembre, Elliott Abrams
commençait son travail en tant que secrétaire d’État adjoint à la démocratie,
aux droits humains, et au travail, de l’administration Reagan. Abrams passa
aussitôt à l’action, au sein de l’équipe dirigeante chargée d’étouffer le
massacre. Devant le Sénat, Abrams affirma que les bulletins d’informations
relatifs aux évènements n’étaient « pas crédibles », et que les guérillas
anti-gouvernementales avaient « outrageusement dévoyé » toute l’affaire à des
fins de propagande.
Vendredi dernier, le Secrétaire
d’État Mike Pompeo nommait Elliott Abrams au poste d’envoyé
spécial du gouvernement des EU, en charge du Venezuela. Selon Pompeo, Abrams « aura
la responsabilité de tout ce qui a trait à nos efforts pour restaurer la
démocratie », dans la nation riche en ressources pétrolières.
L’envoyé spécial de Donald Trump pour le
Venezuela, Elliott Abrams (au centre), réuni avec l’équipe de Juan Guaido à New
York le 26 janvier 2019.
Le choix d’Abrams est un message clair, envoyé au
Venezuela, mais aussi au reste du monde : l’administration Trump a bien l’intention de brutaliser
le Venezuela, tout en déversant un flot de rhétorique onctueuse à base d’amour
de l’Amérique pour la démocratie, et les droits de l’homme. La
combinaison de ces deux facteurs – la brutalité, l’onctuosité – constitue la
compétence principale d’Abrams.
Auparavant, Abrams a occupé, au sein des
administrations Ronald Reagan, puis George W. Bush, une multitude
de postes, dont les intitulés mentionnaient souvent leur objectif moral. Il fut
d’abord secrétaire d’État adjoint aux organisations internationales (en 1981) ;
puis il occupa le poste « droits de l’homme » du Secrétariat d’État, mentionné
plus avant (1981-1985) ; celui de secrétaire d’État adjoint aux affaires
inter-américaines (1985-1989) ; de directeur principal en charge de la
démocratie, des droits humains, et des opérations internationales, pour le
Conseil National de Sécurité (2001-2005), avant de finir conseiller délégué à
la sécurité nationale, responsable de la stratégie
pour la démocratie dans le monde, de George W. Bush (2005-2009).
Chacun de ces postes permit à Abrams de jouer un rôle dans certaines des plus épouvantables
opérations étasuniennes de politique étrangère des 40 dernières
années, période au cours de laquelle il ne cessa de déclarer à quel point il se
préoccupait du sort de ces étrangers que lui et ses amis assassinaient. Avec le
recul, la présence quasi-systématique d’Abrams lors des
interventions étasuniennes les plus sordides, a quelque chose d’inouï.
Abrams fut d’abord diplômé du premier cycle de la
Faculté des arts et sciences de Harvard, puis de la Faculté de droit de la même
université, avant de rejoindre l’administration Reagan en 1981, à l’âge de 33
ans. Il bénéficia rapidement d’une promotion, suite à un coup de chance :
Reagan voulait nommer Ernest Lefevere au poste de secrétaire d’État adjoint aux
droits de l’homme et aux affaires humanitaires, mais la nomination de Lefever
se fracassa contre les révélations de deux de ses propres frères, selon
lesquels il était convaincu de « l’infériorité, sur le plan intellectuel », des
Afro-Américains. Déçu, Reagan se retrouva dans l’obligation de faire appel à
Abrams, sa solution de remplacement.
À l’époque, l’Amérique Centrale était au centre des
préoccupations de l’administration Reagan – notamment quatre nations voisines :
le Guatemala, le Salvador, le Honduras, et le Nicaragua. Depuis leur
fondation, toutes subissaient la domination cruelle d’une élite blanche
ultra-minoritaire, soutenue depuis un siècle par l’interventionnisme étasunien.
Dans tous ces pays, les familles au pouvoir considéraient les autres
habitants de la société comme des animaux à forme humaine, qu’elles
pouvaient exploiter, voire tuer, en fonction de leurs besoins.
Mais lorsque Reagan entra en fonction, une révolution
socialiste venait de renverser Anastasio Somoza, dictateur du Nicaragua et
allié des États-Unis. En toute logique, les partisans de Reagan interprétèrent
ce renversement comme une menace pour les gouvernements des voisins du
Nicaragua. Dans tous ces pays, les populations étaient nombreuses et, tout
comme celle du Nicaragua, supportaient mal leur destin d’ouvriers agricoles
exploités jusqu’à la mort sur les plantations de café, et de parents, dont les
enfants succombaient sous leurs yeux à des maladies auxquelles un traitement
simple aurait dû leur permettre de survivre. Certains prendraient les armes,
d’autres se contenteraient de faire profil bas, mais, du point de vue des
soldats de la Guerre Froide en place à la Maison Blanche, tous étaient des «
communistes » potentiels, obéissant à des ordres en provenance de Moscou. Il
convenait de leur donner une leçon.
El Salvador
L’extermination des villageois de El Mozote fut une
simple goutte, dans le fleuve des événements qui eurent lieu au Salvador
pendant les années 80. Environ 75000 Salvadoriens périrent au cours de ce
que l’on appelle une « guerre civile », même si c’est bien le gouvernement qui
– avec la complicité d’escadrons de la mort – perpétra la quasi-totalité des
crimes.
Mais les chiffres seuls ne racontent pas toute
l’histoire. Le Salvador est un petit pays, dont la taille est comparable à
celle du New Jersey. À l’échelle de la population des États-Unis, ce chiffre
correspond à un total de 5 millions de morts. Par ailleurs, le régime en
place au Salvador s’engagea dans une série ininterrompue d’actes de barbarie,
dont le degré d’atrocité n’a pas d’équivalent contemporain, à l’exception
peut-être de celui des crimes perpétrés par l’état islamique. Un prêtre
catholique fit le récit de l’un d’entre eux : afin de pouvoir s’absenter
quelques instants, une paysanne avait confié la garde de ses enfants à sa mère
et sa sœur ; à son retour elle découvrit les cinq corps, que la Garde Nationale
du Salvador avait décapités. On les avait assis autour d’une table, et leurs
mains reposaient sur leurs têtes placées face à eux, « comme si chaque corps
caressait sa propre tête ». La main d’une enfant, très jeune, n’avait
semble-t-il pu tenir en place sur sa petite tête, de sorte qu’on avait fini par
la clouer dessus. Au centre de la table, il y avait un grand bol, rempli de
sang.
À l’époque, les critiques de la politique étasunienne
ne provenaient pas uniquement de la gauche. C’est au cours de cette période que
Charles Maechling Jr., qui avait travaillé au Département d’État dans les
années 60, en tant que responsable de la planification des
contre-insurrections, écrivit dans le Los Angeles Times que les États-Unis soutenaient des «
oligarchies mafieuses » au Salvador et ailleurs, et se rendaient
coupables de complicité active « envers des méthodes dignes des escadrons
d’extermination de Himmler ».
Abrams fut l’un
des architectes de la politique de soutien inconditionnel au gouvernement
salvadorien, menée par l’administration
Reagan. Il était dépourvu de tout scrupule à ce sujet, et n’éprouvait pas la
moindre pitié pour quiconque réussissait à s’évader de l’abattoir salvadorien.
En 1984, il tint des propos – dont l’écho retentit aujourd’hui lors des prises
de parole des membres de l’équipe Trump – visant à expliquer que les
Salvadoriens entrés illégalement aux États-Unis, ne sauraient bénéficier d’un
statut exceptionnel. Devant la Chambre des Représentants, il déclara : « Certains
groupes prétendent que lorsque nous renvoyons les immigrés clandestins
salvadoriens chez eux, ils y font l’objet de persécutions, et deviennent
souvent la cible d’assassinats. Si nous accordions le moindre crédit à ces
affirmations, nous ne les expulserions pas, cela semble évident ».
Même après avoir quitté ses fonctions, alors que 10
ans s’étaient écoulés depuis le massacre de El Mozote, Abrams continuait à mettre
en doute la survenue là-bas du moindre événement fâcheux. En 1993, année où une
Commission des Nation-Unies pour la Vérité conclut que 95 pour cent
des actes de violence commis au Salvador depuis 1980, l’avaient été par les
amis d’Abrams au sein du gouvernement salvadorien, il qualifia ce
que lui et ses collègues de l’administration Reagan avaient accompli, de « réussite
fabuleuse ».
Guatemala
Au cours des années 80, la situation au Guatemala
était très semblable, et les initiatives d’Abrams le furent également. Après
que les États-Unis eurent orchestré, en 1954, le renversement du président élu
démocratiquement, le pays vécut un cauchemar, dans lequel des dictatures
militaires se succédaient comme dans un jeu de chaises musicales. Entre 1960 et
1996, au cours d’une « guerre civile » de plus, 200.000 Guatémaltèques
furent assassinés, soit 8 millions de morts, à l’échelle des EU. Par la
suite, une commission des Nations-Unies conclut à la responsabilité de l’état
guatémaltèque, dans 93 pour cent des cas de violations des droits de l’homme.
En 2013, Efraín Ríos Montt, qui présida le
Guatemala au début des années 80, fut reconnu coupable, par la justice de son
pays, du génocide de la population maya indigène. Pendant le mandat de Ríos
Montt, Abrams demanda la levée de l’embargo sur les livraisons d’armes des
États-Unis au Guatemala, au nom des « progrès considérables » auxquels Ríos
Montt avait « contribué ». Selon Abrams, il était du devoir des États-Unis de
soutenir le gouvernement du Guatemala, car « si nous adoptons la posture ‘ne
nous approchez pas avant d’avoir atteint la perfection, nous ne traiterons pas
le problème avant que le Guatemala ne présente un bilan immaculé en matière de
droits de l’homme’, cela signifie que nous allons laisser en plan celles et
ceux qui, là-bas, cherchent à améliorer les choses ». D’après lui, Ríos
Montt était l’un de ceux qui ne ménageaient pas leurs efforts. Grâce à Ríos
Montt, « un changement spectaculaire s’est produit, que l’on constate en
particulier dans l’attitude du gouvernement vis-à-vis de la population indienne
». (Par la suite, la plus haute cour civile du Guatemala annula la condamnation
de Ríos Montt, qui mourut avant la conclusion de son nouveau procès.)
Nicaragua
Mais c’est sa participation enthousiaste aux efforts
entrepris par l’administration Reagan pour renverser le gouvernement sandiniste
révolutionnaire, qui fit accéder Abrams à la notoriété. En 1983, juste après
l’assaut victorieux des États-Unis contre le micro-état insulaire de la
Grenade, il plaida pour une invasion totale du Nicaragua. Lorsque le
Congrès mit fin au financement des Contras, un corps de guérilleros
anti-sandinistes, que les États-Unis avaient créé, Abrams réussit à persuader
le sultan de Brunei, de se délester de 10 millions de dollars pour leur cause.
Abrams opérait sous le nom de code « Kenilworth », mais malheureusement pour
lui, le numéro de compte bancaire en Suisse qu’il communiqua au sultan n’était
pas le bon – la chance venait de sourire à l’heureux bénéficiaire de ce dépôt du
hasard.
Abrams fut l’objet de questions du Congrès sur le
sujet des Contras, auxquelles il répondit par une montagne de mensonges. Par la
suite, il plaida coupable pour deux chefs d’accusation de rétention
d’informations. L’un concernait le sultan et son argent, l’autre reprochait à
Abrams d’avoir eu connaissance de l’existence d’un avion de ravitaillement des
Contras, un C-123 abattu en 1986. Comme s’il avait préparé une jolie rime
historique pour sa nouvelle fonction au sein de l’administration Trump, Abrams
avait négocié auparavant avec l’armée vénézuélienne la fourniture de deux
C-123, destinés aux Contras.
Abrams fut condamné à une peine de 100 heures de
travaux d’intérêt général, mais éprouva le sentiment d’avoir été, dans toute
cette histoire, la victime d’une immense injustice. Il ne tarda pas à écrire un
livre, dans lequel il s’adressait à ses accusateurs sous forme de monologue
intérieur, ce qui donnait à peu près ceci : « propres à rien, salauds,
dégueulasses, parasites ! ». Il bénéficia ensuite du pardon du président George
H.W. Bush, au moment où celui-ci prenait la porte, après sa défaite aux
élections de 1992.
Panama
Bien que cela soit aujourd’hui tombé dans l’oubli,
Manuel Noriega avait été un allié proche des États-Unis, avant qu’ils n’envahissent
Panama en 1989 pour l’évincer du pouvoir – et ce en dépit du fait que
l’administration Reagan n’ignorait rien de ses activités de baron de la drogue.
En 1985, Hugo Spadafora, personnalité appréciée au
Panama dont il fut un temps vice-ministre de la santé, crut détenir la preuve
de l’implication de Noriega dans la contrebande de cocaïne. Il était à bord
d’un bus, en route vers Panama City où il devait faire une allocution publique
sur le sujet, lorsqu’il fut capturé par les hommes de main de Noriega.
Si l’on en croit le livre Renversement, de
l’ancien correspondant du New York Times Stephen Kinder, les
renseignements étasuniens enregistrèrent le moment où Noriega donnait à ses
sous-fifres le feu vert pour abattre Spadafora, comme « un chien enragé ». Ils
le torturèrent pendant toute une nuit, avant de le décapiter, à la scie, alors
qu’il vivait encore. Lorsque le corps de Spadafora fut découvert, le sang qu’il
avait avalé remplissait son estomac.
Une telle horreur finit par attirer l’attention. Mais Abrams
s’empressa de prendre la défense de Noriega, et fit barrage à l’ambassadeur
au Panama, l’empêchant d’accentuer la pression sur le dirigeant panaméen.
Lorsque le frère de Spadafora persuada Jesse Helms, sénateur républicain hyper-conservateur
de Caroline du Nord, de tenir des audiences sur le Panama, Abrams fit savoir à
Helms que Noriega leur était « d’une grande utilité », et ne posait pas « un
problème si grave. … Les Panaméens ont promis de nous aider à combattre les
Contras. Si vous organisez ces audiences, ils nous deviendront hostiles. »
… mais ce
n’est pas tout
Abrams fut
également l’auteur de méfaits gratuits,
sans autre raison apparente que le désir de se maintenir en forme. En 1986, les
États-Unis invitèrent Patricia Lara, une journaliste colombienne, à un
dîner en l’honneur des écrivains qui avaient contribué aux progrès de « l’entente
entre nations du continent américain, ainsi que de la liberté d’informer ».
À son arrivée à l’aéroport de New York, Lara fut placée en garde à vue, avant
d’être renvoyée chez elle par le premier avion. Peu de temps après, Abrams
participa à l’émission « 60 minutes », au cours de laquelle il prétendit
que Lara était membre des « comités directeurs » du M-19, un mouvement de
guérilleros colombiens. Toujours selon Abrams, elle était par ailleurs un «
agent de liaison actif » entre le M-19 et la « police secrète cubaine ».
Étant donnée la fréquence à laquelle les journalistes
colombiens sont victimes de la violence des organisations paramilitaires
d’extrême-droite, proférer ces accusations revenait à tracer une cible dans le
dos de Lara. Rien ne prouvait alors la véracité des allégations de Abrams – en
fait, le gouvernement conservateur colombien les démentit – et rien n’est venu
la prouver depuis.
La longue litanie des mensonges éhontés d’Abrams vint à bout de la patience les journalistes
étasuniens. « Ils affirmaient que noir, c’était blanc », ainsi
que l’expliqua par la suite Joanne Omang, du Washington Post, en
évoquant Abrams et Robert McFarlane, son collègue à la Maison Blanche. « J’avais
fait appel à toutes mes compétences professionnelles, mais malgré cela, j’avais
induit mes lecteurs en erreur ». L’expérience épuisa Omang, jusqu’à la
faire changer de métier ; elle essaya de mettre en mots, non plus le monde
réel, mais un univers de fiction.
Après sa
condamnation, beaucoup considérèrent Abrams comme une marchandise avariée, dont le retour au gouvernement était inenvisageable.
Ils le sous-estimaient. En 1989, un affrontement violent opposa Abrams à
l’amiral William J. Crowe Jr. – qui fut un temps Chef d’État-Major des armées,
avec pour objet la conduite à tenir par les États-Unis envers Noriega, qui
avait perdu toute valeur à leurs yeux, pour devenir une source d’ennuis. Crowe
s’opposa avec force à l’idée lumineuse que soumettait Abrams : il s’agissait
pour les États-Unis d’installer un gouvernement en exil sur le sol panaméen,
sous la protection de milliers de soldats étasuniens. Crowe fit remarquer la
stupidité vertigineuse d’une telle proposition, mais Abrams n’en tint aucun
compte. Crowe exprima sur Abrams une opinion, qui fait aujourd’hui figure
d’avertissement prémonitoire : « Ce serpent a la
peau dure ».
Dès l’entrée de George W. Bush à la Maison Blanche,
Abrams revint aux affaires, ce qui eut le don de surprendre les plus naïves des
personnes en place à Washington. Obtenir du Sénat qu’il ratifie la nomination
d’un parjure – devant le Congrès – n’aurait sans doute pas été chose aisée,
raison pour laquelle Bush lui trouva une niche au Conseil National de Sécurité
– où les nominations ne nécessitent la ratification d’aucune branche
législative. Tout comme 20 ans auparavant, Abrams hérita d’un portefeuille dont
l’intitulé mentionnait « la démocratie » et « les droits de l’homme ».
Venezuela
Au début de l’année 2002, Hugo Chavez,
président du Venezuela, était déjà devenu un motif d’agacement profond pour la
Maison Blanche de Bush, peuplée d’anciens combattants des guerres des années
80. En avril de cette année-là, un coup d’état soudain, venu de nulle part,
évinça Chavez du pouvoir. On ne sait toujours pas aujourd’hui si les États-Unis
furent impliqués, ni sous quelle forme ; il faudra pour cela attendre la
déclassification des documents pertinents, qui n’interviendra sans doute pas
avant quelques dizaines d’années. Mais si l’on se fie au siècle précédent,
apprendre que l’Amérique ne joua aucun rôle en coulisses, constituerait une
surprise de taille. Chacun en pensera ce qu’il voudra, mais à l’époque,
l’Observer de Londres affirma que « À la périphérie du coup d’état, Abrams
était le personnage principal, », celui qui « avait donné le feu vert aux
conspirateurs » . Quoi qu’il en soit, le soutien populaire permit à Chavez de
se ressaisir, et de reprendre ses fonctions au bout de quelques jours.
Iran
Par contre, lorsque l’Iran fit une offre de paix en
2003, peu après l’invasion de l’Irak par les États-Unis, il semble bien
qu’Abrams ait joué un rôle dans l’histoire de son étouffement. Le fax de la
proposition était destiné à Condoleeza Rice, qui conseillait alors Bush
en matière de sécurité nationale, mais il devait d’abord passer par Abrams.
Pour une raison ou pour une autre, il n’atterrit jamais sur le bureau de Rice.
À une question qui lui fut posée plus tard le sujet, le porte-parole d’Abrams
répondit qu’il « n’avait pas le moindre souvenir d’un fax de cette nature
». (Nombreux sont ceux qui, comme Abrams, évoluent comme des poissons dans
l’eau aux échelons les plus élevés du monde politique, mais souffrent d’une
mémoire labile pour tout ce qui touche à la politique. En 1984, Abrams affirma
devant Ted Koppel qu’il ne pouvait se rappeler avec certitude si les États-Unis
avaient déclenché des enquêtes, à la suite des rapports faisant état de
massacres au Salvador. En 1986, la Commission Sénatoriale Permanente sur le
Renseignement, qui l’interrogeait sur la levée de fonds destinés aux Contras,
lui demanda s’il avait eu des discussions à ce sujet, avec un membre quelconque
du Conseil National de Sécurité. Là encore, sa mémoire lui fit défaut.)
Israël et la
Palestine
En 2006, Abrams se retrouva à nouveau au centre d’une
nième tentative de remise en cause du résultat d’une élection démocratique.
Bush avait fait pression pour la tenue d’élections législatives en Cisjordanie
et à Gaza, afin que le Fatah, l’organisation palestinienne corrompue jusqu’à la
moelle du président Mahmoud Abbas, successeur de Yasser Arafat, en retire la
légitimité qui lui faisait cruellement défaut. À la surprise générale, la
victoire revint à l’adversaire du Fatah, le Hamas, ce qui lui donna le droit de
former un gouvernement.
L’administration Bush, au premier rang de laquelle se
trouvaient Rice et Abrams, ne pouvait accepter cette irruption malvenue de
démocratie. Le plan qu’ils élaborèrent prévoyait la formation d’une milice du
Fatah chargée de prendre le contrôle de la Bande de Gaza, en écrasant le Hamas
sur son propre territoire. D’après un reportage de Vanity Fair, un usage
abondant de la torture et des exécutions était envisagé. Mais le Hamas eut
lui-même recours à l’ultraviolence, et prit le Fatah de vitesse. David Wurmser,
un néo-conservateur qui travaillait alors pour Dick Cheney, confia au magazine
: « Il me semble que ce qui eut lieu ne fut pas tant un coup d’état du Hamas,
qu’une tentative de coup du Fatah, mise en échec de manière préventive. Ce qui
n’empêche pas les médias étasuniens de publier depuis des récits alternatifs de
ces événements, dans lesquels ils font jouer au Hamas le rôle de l’agresseur ».
Le plan des États-Unis ne fut sans doute pas couronné
du succès espéré, mais du point de vue américano-israélien, il n’échoua pas non
plus sur toute la ligne. La guerre civile entre Palestiniens fit de la
Cisjordanie et de Gaza deux entités distinctes, gouvernées par des rivaux.
Depuis 13 ans, rares furent les signes annonciateurs de l’unité politique dont
les Palestiniens ont besoin, s’ils veulent se donner les moyens d’accéder un
jour à des conditions de vie décentes.
Abrams quitta ses fonctions un peu plus tard, lorsque
Bush fit sa sortie. Mais aujourd’hui il revient, pour effectuer un troisième
tour le long des allée du pouvoir – prêt aux mêmes machinations que celles
mises à exécution lors des deux premiers.
Avec le recul, la vie d’Abrams semble être un tissu de
mensonges et d’actes de cruauté, dont on se demande bien comment il pourrait
les justifier. C’est pourtant ce qu’il fait – à l’aide d’une stratégie de
défense efficace.
The year was 1995. A young
Elliott Abrams taught us how to laugh. Maniacally. When Allan Nairn brought up
his involvement in the mass murder and torture of indigenous people in
Guatemala.
C’était en 1995. Le jeune Elliott Abrams nous donna
une leçon de rire. Hystérique. Lorsque Allan Nairn aborda le sujet de son rôle
dans le massacre et les tortures dont furent victimes les peuples indigènes du
Guatemala.
pic.twitter.com/N2nfDQAUrf
— Allen Haim
(@senor_pez) January 25, 2019
En 1995, Abrams fit une apparition sur le plateau du «
Charlie Rose Show », face à Allan Nairn, l’un des journalistes
américains les plus au fait de la politique étrangère des États-Unis. Nairn fit
remarquer que Bush avait un jour émis l’hypothèse de faire passer Saddam
Hussein en jugement pour crimes contre l’humanité. D’après Nairn, il s’agissait
d’une bonne idée, mais « pour être pris au sérieux, il faut faire preuve
d’équité » – à savoir poursuivre également en justice des hauts fonctionnaires
comme Abrams.
Le ridicule d’une telle suggestion fit glousser
Abrams. D’après lui, cela reviendrait à « placer sur le banc des accusés,
tous les hauts fonctionnaires américains ayant contribué à gagner la Guerre
Froide ».
Abrams avait en grande partie raison. Aussi dérangeante
soit-elle, la vérité oblige à dire qu’il n’a rien d’un franc-tireur marginal ;
il est au contraire un membre honorable, respecté, du centre-droit de l’élite
de la politique étrangère des États-Unis. Avant d’entrer dans le gouvernement
Reagan, il commença par occuper deux postes, au service de deux sénateurs
démocrates, Henry Jackson puis Daniel Moynihan. Il fut senior fellow au CFR ,
classé au centre. Il est membre de la Commission des États-Unis sur la Liberté
Religieuse dans le Monde, et siège depuis peu au conseil d’administration de la
Fondation Nationale pour la Démocratie. Il donne des cours à la future
génération de hauts fonctionnaires en politique étrangère, à l’École de
Diplomatie de l’université de Georgetown. Ni Reagan, ni Bush, ne furent ses
dupes, en aucune manière – ils recherchaient exactement ce qu’Abrams était en
mesure de leur fournir.
Peu importent, en fin de compte, les détails sordides
de la carrière d’Abrams, ce qu’il faut garder à l’esprit – au moment où les
serres acérées de l’aigle étasunien accentuent leur pression sur un pays
latino-américain de plus – c’est qu’Abrams n’a rien d’exceptionnel. Il n’est
qu’un des rouages d’une machine. Le problème, ne vient pas des pièces
malveillantes qui la composent, mais bien de la machine elle-même.
Jon
Schwarz
Traduction originale d’Hervé Le Gall pour Le Grand
Soir
Le 30 janvier 2019
Source :Venezuela info, John Schwarz, 05-03-2019
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Source: Zero Hedge, le 13 février 2019 – Traduction Nouvelordremondial.cc
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Elliott Abrams
perd son sang-froid lors d’un échange tendu avec la représentante Ilhan Omar
L’élue à la
Chambre des représentants Ilhan Omar s’est heurtée au nouvel envoyé du
Venezuela, Elliott Abrams, lors d’une audience mercredi devant la Commission
des relations étrangères de la Chambre des représentants, au cours de laquelle
il a discuté du rôle de l’armée américaine en Amérique centrale.
“M. Abrams,
en 1991, vous avez plaidé coupable à deux chefs d’accusation pour avoir caché
au Congrès des informations concernant votre implication dans l’affaire
Iran-Contra, pour laquelle le président George H.W. Bush vous a gracié par la
suite”, a commencé Omar. “Je ne comprends pas pourquoi les membres de ce comité
ou le peuple américain devraient trouver véridiques les témoignages que vous
faites aujourd’hui.”
“Si je
pouvais répondre à ça…” a interjeté Abrams.
“Ce n’était
pas une question”, a rétorqué OMAR.
Après un bref
échange au cours duquel Abrams a protesté : “Ce n’était pas juste !”
Omar a coupé la parole à Abrams en disant : “Merci pour votre participation.”
Omar : “Le
8 février 1982, vous avez témoigné devant la commission sénatoriale des
relations étrangères sur la politique américaine au Salvador. Lors de cette
audition, vous avez qualifié de propagande communiste un rapport sur le
massacre d’El Mozote dans lequel plus de 800 civils – y compris des enfants d’à
peine deux ans – ont été brutalement assassinés par des troupes formées par les
États-Unis. Au cours de ce massacre, certaines de ces troupes se sont vantées
d’avoir violé des filles de 12 ans avant de les tuer. Vous avez dit plus tard
que la politique américaine au Salvador était une ‘fabuleuse réussite’.”
“Oui ou
non, le pensez-vous encore ?” a demandé Omar.
Abrams a
répondu : “Depuis le jour où Duarte a été élu lors d’élections libres
jusqu’à ce jour, le Salvador est une démocratie. C’est un exploit fabuleux.”
Omar a riposté
: “Oui ou non, pensez-vous que ce massacre a été une fabuleuse réussite sous
notre surveillance ?”
Abrams a
protesté : “C’est une question ridicule—“
…suite à quoi
Omar a riposté, “Oui ou non”, en lui coupant la parole.
Abrams s’est
exclamé : ‘Non, je ne vais pas répondre à ce genre d’attaque personnelle, ce
qui n’est pas une question.’“
Omar a repoussé
: “Oui ou non, soutiendriez-vous une faction armée au Venezuela qui se
livrerait à des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité ou un génocide,
si vous croyez que cela servirait les intérêts américains comme vous l’avez
fait au Guatemala, en El Salvador et au Nicaragua ?“
“Je ne vais
pas répondre à cette question, je suis désolé. Je ne pense pas que toute cette
série de questions soit censée être de vraies questions, et je ne répondrai
donc pas”, a dit Abrams.
Source: Zero Hedge, le 13 février 2019 – Traduction Nouvelordremondial.cc
Piégé, Elliott Abrams dévoile les projets de son pays concernant le Venezuela
Deux prankeurs russes se sont entretenus
avec l’envoyé spécial des États-Unis pour le Venezuela, Elliott Abrams.
Interrogés par Sputnik, ils précisent ce qu’ils ont appris sur les
projets d’invasion américaine au Venezuela, le gel des comptes de
Nicolas Maduro en Suisse et les mécanismes secrets de la politique.
Croyant s’entretenir avec le Président
suisse, Ueli Maurer, le représentant spécial des États-Unis pour le
Venezuela, Elliott Abrams, a insisté sur le gel des comptes de sociétés
et fonctionnaires vénézuéliens et aidé à organiser une attaque
médiatique contre une fondation choisie au hasard par des prankeurs, a
expliqué à Sputnik l’un des organisateurs du canular téléphonique,
Alexeï Stoliarov.
Les imitateurs russes Vladimir
Kouznetsov, alias Vovan, et Alexeï Stoliarov, alias Lexus, ont contacté
le bureau de M.Abrams le 19 février, dans l’espoir d’apprendre le rôle
de Washington dans le coup d’État au Venezuela et les projets du
département d’État concernant ce pays. Se faisant passer pour le
Président suisse, M.Stoliarov a annoncé à M.Abrams que des personnes de
l’entourage du Président Maduro ainsi que la société pétrolière
vénézuélienne PVDSA avaient des comptes en Suisse.
Hannibal GENSERIC
Et les frères Dulles don't 2 chef de la C. I. A en annees 1950 pour préserver les maxi bénéfices de la United Fruit Company au Guatemala 🇬🇹 ??? 🌧️🌧️🌧️🦊🦓
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