mercredi 13 mars 2019

USA. Le prix de la “protection mafieuse” grimpe en flèche

Il n’y a pas que la mafia qui demande une rançon en échange de sa “protection”.Les pays riches que nous protégeons -a prévenu Trump de façon menaçante dans un discours au Pentagone- sont tous avertis: ils devront payer notre protection”.
Le président Trump [1] -révèle Bloomberg- va présenter le plan “Cost Plus 50” qui prévoit le critère suivant : les pays alliés qui hébergent des forces USA sur leur territoire en devront couvrir entièrement le coût et payer aux USA un supplément de  50% en échange du “privilège” de les héberger et d’être ainsi “protégés” par eux.

Le plan prévoit que les pays hébergeurs payent aussi les salaires des militaires USA et les coûts de gestion des avions et des navires de guerre que les États-Unis gardent dans ces pays. L’Italie devrait donc payer non seulement les salaires d’environ 12.000 militaires étasuniens basés chez elle, mais aussi les coûts de gestion des chasseurs F-16 et des autres avions déployés par les USA à Aviano et Sigonella, et les coûts de la Sixième Flotte basée à Gaeta. Selon le même critère nous devrions payer aussi la gestion de Camp Darby, le plus grand arsenal étasunien hors de la mère-patrie, et l’entretien des bombes nucléaires USA stockées à Aviano et Ghedi.


On ne sait pas combien les États-Unis entendent demander à l’Italie et aux autres pays européens qui hébergent leurs forces militaires, puisqu’on ne sait même pas combien ces pays payent actuellement. Les données sont couvertes par le « secret défense ». Selon une étude de la Rand Corporation, les pays européens de l’Otan prennent en charge en moyenne 34% des coûts des forces et bases USA présentes sur leurs territoires. Mais on ne sait pas quel est le montant annuel qu’ils payent aux USA : la seule estimation -2,5 milliards de dollars- date de 17 ans.
Le chiffre payé par l’Italie est donc secret aussi. On n’en connaît que certains postes : par exemple des dizaines de millions d’euros pour adapter les aéroports d’Aviano et Ghedi aux chasseurs étasuniens F-35 et aux nouvelles bombes nucléaires B61-12 que les USA commenceront à déployer en Italie en 2020, et environ 100 millions pour des travaux à la base aéronavale de Sigonella, à la charge aussi de l’Italie. À Sigonella seule la Nas I, la zone administrative et de détente, est exclusivement financée par les USA, tandis que la Nas II, des départements opérationnels, et donc la plus coûteuse, est financée par l’Otan, donc  aussi par l’Italie.
Il est en tous cas certain -prévoit un chercheur de la Rand Corp.- qu’avec le plan “Cost Plus 50” les coûts pour les alliés “vont grimper en flèche”. On parle d’une augmentation de 600%. Ils s’ajouteront à la dépense militaire, qui en Italie se monte à environ 70 millions d’euros par jour, destinés à grimper jusqu’à environ 100 selon les engagements pris par les gouvernements italiens au siège de l’Otan.
Il s’agit d’argent public, qui sort de nos poches, soustrait à des investissements productifs et à des dépenses sociales. Mais il est possible que l’Italie puisse payer moins pour les forces et bases étasuniennes déployées sur son territoire. Le Plan “Cost Plus 50” prévoit en effet une “ristourne pour bon comportement” en faveur des “alliés qui s’alignent étroitement sur les États-Unis, en faisant ce qu’ils  demandent”.
On est sûr que l’Italie va profiter d’une forte ristourne parce que, de gouvernement en gouvernement, elle est toujours restée dans le sillage des États-Unis.
Dernièrement, en envoyant des troupes et avions de guerre dans l’Est de l’Europe au prétexte de contenir la “menace russe” ; et en favorisant le plan étasunien d’enterrement du Traité FNI [2] pour déployer en Europe, Italie comprise, des sites de missiles nucléaires pointés sur la Russie.
Ceux-ci étant la cible de possibles représailles, nous aurons besoin de “protection” d’autres forces et bases USA. Que nous devrons payer, nous, mais toujours avec la ristourne.
Mondialisation.ca, 12 mars 2019
NOTES

Commentaire
Le pizzo est une forme de racket pratiqué par les mafias italiennes envers les commerçants locaux, une « protection » dans le jargon. 3 Notes et références
Ceux qui ne s’exécutent pas peuvent être ruinés. En échange, une protection est assurée, des mafieux locaux peuvent passer outre la bureaucratie et mettre un terme à des conflits avec d’autres entreprises. La collecte du pizzo permet à la Mafia de rester en contact avec la collectivité et de lui permettre d’exercer un contrôle sur son territoire.
Résultat de recherche d'images pour "protection mafieuse"La Mafia extorque plus de 160 millions d’euros par an à des commerçants ou des entrepreneurs dans la région de Palerme, soit dix fois plus pour l’ensemble de l’île selon les estimations résultant d’enquêtes. Le pizzo concerne à peu près 80 % du commerce de la Sicile. Selon l’université de Palerme, le pizzo s’élève à 457 euros par mois pour un commerce de détail et 578 euros pour les hôtels et restaurants, mais les entreprises de bâtiment sont sollicitées à hauteur de 2 000 euros par mois selon le quotidien Il Sole 24 Ore.
Mafia New new-yorkaise
En mai 1929, en pleine période de la Prohibition, Lucky Luciano et Meyer Lansky fondèrent le syndicat du crime. A la tête de cette organisation ultraviolente, ils contrôlèrent les trafics, rackettèrent les bars et les commerces et mirent New York en coupe réglée. Une histoire digne d’un roman noir.
Avec la Seconde Guerre mondiale prend fin l’incroyable roman noir de ce syndicat du crime qui a régné durant plus de dix ans sur New York. Mais les cinq grandes familles de la mafia new-yorkaise, les Bonanno, Colombo, Gambino, Lucchese et Genovese, qui ont supplanté progressivement les Irlandais et les juifs, gardent le contrôle de la ville. A la suite de la condamnation de Luciano, le procureur Thomas Dewey s’était vanté, un peu hâtivement, d’avoir « tranché la tête de la pieuvre ». Il ne connaissait pas Bush ou Trump, qui sont la preuve évidente que la Mafia  a non seulement survécu, mais qu'elle est au sommet de l'état. Certains la surnomment parfois, avec ironie, « le 52e État de l’Union ».


Hannibal GENSÉRIC

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