Il n’est plus un secret pour
personne que Daech et ses confrères sont des outils aux mains des Américains et
leurs alliés, employés pour des objectifs multidimensionnels. Au premier abord,
ces groupuscules terroristes créés par les États-Unis, comme l’affirme Hillary
Clinton, sont envoyés afin de déstructurer et détruire certains pays, notamment
arabes, soumettant leurs populations à des diktats qui ne respectent en aucun
cas la dignité humaine, ainsi spolier leurs richesses. Lorsque cette stratégie
échoue, comme c’est le cas en Syrie, les Américains et leurs alliés changent
leur fusil d’épaule et commencent à évoquer « la lutte contre le terrorisme ».
Ce concept devient actuellement sur le plan géostratégiques une arme de guerre
pour les mêmes objectifs que nous avons déjà cités. Cependant la question qui
se pose est comment ceux qui créent le terrorisme veulent en même temps le
combattre ?
La bataille contre Daech dans le
Baghouz, « dernier fief de Daech » à l’est de la Syrie, occupe une
grande place dans l’actualité et relève plusieurs ambiguïtés. Hakem Al-Zamili,
membre du mouvement Al-Sader en Irak, affirme dans un entretien pour la chaîne libanaise
Al-Mayadeen que l’or volé d’Irak en 2014 estimé à environ 50 tonnes, ainsi que
400 millions de dollars se trouvent dans le Baghouz. Ceci pose la question de
savoir si vraiment cette bataille a comme but d’en finir avec Daech, ou si
l’objectif des Américains et des forces kurdes est de récupérer le butin, ce
qui pourrait constituer en partie un trésor de guerre inestimable pour les
forces kurdes de Kassad, dans la suite de leurs projets d’autonomie et
d’indépendance.
Toutefois, la fin de Daech dans le
Baghouz est-elle réellement la fin pure et dure de cette organisation ?
Le président américain Donald Trump
a déjà déclaré le 6 février lors d’une réunion des pays membres de l’alliance
contre Daech, que ce dernier a été décapité et que les forces américaines
œuvrent afin de traiter « les résidus ». Toutefois, nous constatons,
notamment avec ce qui se passe actuellement dans le Baghouz, que Daech est
encore présent et d’une façon réelle et concrète. Ceci révèle les
contradictions stratégiques du président Trump et de son administration,
surtout au sujet de la lutte contre le terrorisme.
Dans son livre Conflits sur le
bord de l’Abîme, Alwan Alam Al-Din cite Brousse Hauffman
expert du terrorisme à l’université de Georges Town, qui affirme
que : « Malgré la mort d’un important nombre de terroristes
étrangers appartenant à Daech, des milliers ont pu fuir la Syrie, et
aujourd’hui, il est certain qu’un bon nombre d’entre eux se trouvent dans les
Balkans. Ils attendent sûrement l’occasion pour se faufiler clandestinement en
Europe. » (1)
Quant à Fidrane Dzihik,
expert des Balkans à l’institut international norvégien, affirme dans le même
ouvrage que : « Des salafistes djihadistes se trouvent dans
les Balkans et disposent de grands moyens. Ils ont dans leurs viseurs plusieurs
pays du continent européen. » (2)
Hormis que l’Europe est menacée de
nos jours depuis les Balkans, le président Trump à son tour la menace en
évoquant la libération de ses ressortissants qui se trouvent dans les prisons
des forces kurdes en Syrie et qui ont participé aux combats sous la bannière de
Daech en Irak et en Syrie. Ceci prouve deux choses :
- la première est le niveau du
partenariat amricano-kurde, faisant
carrément de Trump le porte-parole et le décideur au nom des forces kurdes
de la Syrie Démocratique ;
- la seconde chose est la guerre sécuritaire que risque de
déclarer Trump à l’Europe, après de lui déclarer la guerre économique.
Le ministre affaires étrangères
américain Mark Pompeo, a quant à lui déclaré au début du mois de février
que Daech fuit vers l’Afrique. La question que nous nous posons est comment Daech qui est encerclé à l’Est de la Syrie, par
ladite coalition internationale, commandée par les États-Unis et leurs alliés
kurdes peut aussi facilement partir vers l’Afrique ?
Y- a-t-il un lien entre l’arrivée de Daech sur le
continent africain et les troubles, agitations et tentatives de
déstabilisations qu’affrontent en ce moment certains pays africains ?
Ou cela relève-t-il uniquement de
l’ordre de la coïncidence ? Il convient de préciser que les forces de sécurités algériennes ont récemment arrêté un
groupuscule important de terroristes sur leur frontière avec le Niger, venant
de la banlieue nord d’Alep, tentant d’entrer en Algérie.
Des informations circulent en ce
moment qui consistent à affirmer que les convois de l’armée américaine qui se
retirent de la Syrie vers l’Irak rapatrient avec eux quelques 800 combattants
de Daech qui ont été prisonniers dans les geôles des forces kurdes de Kassad.
Donc si nous prenons en compte les
propos d’Hillary Clinton sur la contribution américaine, dans la
fabrication d’Al-Qaïda, puis de Daech, et les pratiques
politico-sécuritaires américaines, nous constatons que la plupart du temps, combattre le terrorisme signifie
le déplacer tout simplement d’un pays à un autre ou d’une région à une autre,
ou lui permettre de circuler librement tout en clamant le fait de le combattre.
Enfin rien n’empêche de voir Daech
ou des groupes extrémistes de même tendance islamiste ou chrétienne en Amérique
latine, dont le but est d’affronter le pouvoir au Venezuela et ses alliés.
Surtout que le scénario que préparent les États-Unis pour le Venezuela est
similaire à celui que la Syrie affronte depuis huit ans et qui a commencé sous la bannière
du « printemps arabes. »
Notes
1. A. N. AMINE EL-DINE, Conflits sur
le bord de l’Abîme, Beyrouth, 2019, p. 12 (En arabe)
2. A. N. AMINE EL-DINE, Conflits sur le bord de l’Abîme……Op.cit. p.13
2. A. N. AMINE EL-DINE, Conflits sur le bord de l’Abîme……Op.cit. p.13
La source originale de cet article
est Mondialisation.ca
Copyright © Antoine
Charpentier, Mondialisation.ca, 2019
Antoine Charpentier écrivain et analyste politique
spécialiste du Moyen-Orient
VOIR AUSSI :
https://mathaakoulo.blogspot.com/2019/04/le-mercenaire-oussama-ben-laden_6.html?spref=tw
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