Lorsque Alexandre le
Grand mourut à Babylone, les généraux et compagnons qui avaient participé à
l'épopée se disputèrent sa succession. Appelés Diadoques, ils étaient souvent
déchirés entre deux visions. Ils avaient été membres à part entière de la
formidable aventure et en gardaient une réelle nostalgie, un certain panache,
tout en se préparant au nouveau monde qui émergeait : la division de l'empire
et la constitution sur ses décombres de royaumes neufs, bien plus modestes.
Leurs fils et successeurs, les Épigones, n'avaient pas ces scrupules. Jeunes
premiers nés dans la pourpre, n'ayant pas connu la gloire de la conquête
alexandrine, ils ne pensaient qu'à se tailler une part raisonnable de l'empire
finissant. Cela donna, entre autre, le royaume ptolémaïque d'Égypte, qui finira
tout de même en beauté avec la fameuse Cléopâtre.
Il arrive encore
parfois que les termes diadoque ou épigone soient utilisés pour
analyser une situation politique contemporaine. Cela sous-tend presque toujours
une sorte de jugement de valeur, l'épigone n'étant que l'écume du diadoque,
lui-même pâle comparaison d'Alexandre. Pour schématiser : De Gaulle >
Pompidou > Sarkozy, ou Mitterrand > Jospin > Hollande. Plus dure est
la chute...
Le système impérial américain n'est pas exempt de cet
abâtardissement et l'actualité nous en donne chaque jour des preuves.
Les Chroniques
se sont souvent penchées sur le cas de deux des plus grandes âmes damnées de
l'empire : Brzezinski, l'éminence grise, et le sénateur McCainistan. On retrouve ces pendards cyniques et
géniaux dans tous les mauvais coups de Washington, du soutien aux djihadistes
afghans à ceux de Syrie, du rapprochement avec les Khmers rouges au torpillage
du South Stream, en passant par un nombre incalculables de guerres,
d'invasions et de coups d'Etat. S'ils brûlent sûrement en enfer désormais, ils
peuvent toutefois se targuer d'avoir infatigablement mis leur maestria
diabolique au service de l'hégémonie US.
Apparemment, le passage
de génération a été cruel pour les deux familles... Leurs épigones restent
certes sur la même ligne néo-impériale que papa, mais le talent semble s'être
complètement évaporé. Nous sommes passés d'une superproduction hollywoodienne,
irritante mais bien ficelée, à un navet de troisième partie de soirée.
Mika est la fille de
Brzezinski. N'ayant pas la carrure de son père pour élaborer les dangereuses et
ingénieuses stratégies de Washington, elle se contente d'être un simple outil
de propagande pour la MSN. Présentatrice sur MSNBC, l'un des plus éclatants
fleurons de la presstituée, elle s'est fait connaître par un lapsus révélateur
il y a deux ans. Alors qu'elle se lançait dans une énième tirade contre le
grand méchant Donald, elle n'a pu s'empêcher de laisser échapper :
"Trump croit qu'il contrôle ce que pensent les gens, mais ça, c'est
notre boulot" :
Meghan McCain est elle aussi partie
intégrante des rouages médiatiques. Elle a fait la Une il y a quelques jours en
jouant la nunuche éplorée devant les "intolérables" propos d'une
députée Démocrate, Ilhan Omar [1] pour ne pas la nommer, sur la puissance du
lobby pro-israélien à Washington. De quoi faire couler de chaudes et
crocodilesques larmes sur le visage de la fifille McCain :
A pleurer... de rire !
Si les pères n'ont rien à redire sur le fond ressassé par leur progéniture (campagne anti-Trump, soutien à Israël et, en toile de
fond, évidemment, russophobie primaire et constante), ils doivent
quand même se prendre la tête à deux mains devant une telle niaiserie et un
manque de brio aussi flagrant.
Tout comme ils doivent
sentir les gouttes de sueur perler sur leur front devant la montée en puissance
de Tulsi [2]. Nous avons plusieurs fois évoqué la Représentante d'Hawaï et ses déclarations
tonitruantes propres à faire enrager le Deep State. Elle vient de
remettre ça en déclarant tout de go et publiquement que la CIA a utilisé l'argent public pour équiper Daech et Al
Qaida en Syrie ! Regardez la tête du journalope, ça vaut le
détour...
Le pire, c'est que la
belle semble sur la pente ascendante. Elle est dans le trio de tête chez les électeurs sans affiliation
politique et gagne des points pour la primaire Démocrate, même si elle est
encore en retard. Mais quand on sait que le Donald est parti à 2% avant de
remporter la manche Républicaine puis, donné perdant face à l'Hilarante, a finalement réussi à
entrer à la Maison Blanche, l'espoir reste de mise.
Reste à savoir si, même
dans l'éventualité qu'elle soit élue, elle pourra résister à l'Etat profond.
Ca, c'est une autre paire de manches et l'actuel occupant du Bureau ovale en
est une preuve vivante. S'il fait souffler le chaud et l'effroi dans les
travées du Deep State, il a indéniablement dû donner des gages à ce
dernier. Le cas vénézuélien en est la meilleure illustration.
Il semble que Washington ait passé la vitesse
supérieure dans sa tentative de prise de pouvoir à Caracas. C'est très
vraisemblablement un sabotage électromagnétique
qui a provoqué l'énorme coupure de courant qui a touché le pays en fin de
semaine dernière. Chose intéressante, Pékin, qui propose d'ailleurs d'aider Maduro
à restaurer l'électricité, parle ouvertement d'attaque cybernétique et accuse
indirectement les États-Unis. Le plan était d'ailleurs dans les tuyaux du Pentagone depuis quelques années.
Et maintenant, ce sont
des usines de retraitement d'eau et des terminaux pétroliers qui, par le plus
grand des hasards bien évidemment, se mettent à exploser. Les Follamour de Washington ont
une explication toute faite : c'est la corruption des années
Maduro qui est responsable de cette "dégradation". Douce coïncidence,
ces catastrophes ont lieu simultanément, les usines, centrales électriques et
dépôts pétroliers s'étant sans doute donné le mot pour arrêter de fonctionner
en même temps !
La guerre
semble déclarée. Après le flop de la pression "humanitaire", les bras
cassés américains ont passé la vitesse supérieure et entrepris une campagne de
sabotage, tactique quelque peu suicidaire s'ils veulent installer
l'auto-proclamé au pouvoir. La ficelle est en effet tellement grosse que leur
pion risque de voir sa légitimité torpillée dans la population vénézuélienne.
Même les euronouilles, l'air gêné, préfèrent regarder ailleurs, c'est dire...
Publié
le 13 Mars 2019 par Observatus
geopoliticus
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