Le 9 avril 1938 est inscrit dans les mémoires comme la première grande manifestation où les Tunisiens ont réclamé un parlement et des réformes. En somme, un premier pas vers l’indépendance du pays sous protectorat français depuis 1881. L’histoire officielle a retenu la mobilisation populaire, la répression sanglante et la détermination de leaders de la lutte nationale tels que Ali Belhaouane ou Mahmoud El Materi.
Positions avant-gardistes
Mais elle oublie que les événements du 9 avril, qui ont fini dans un bain de sang et avec un coup de filet qui a tronqué la direction du Néo-Destour, ont débuté la veille, le 8 avril. Ce jour-là, pour la première fois de leur histoire, des Tunisiennes issues de tous les milieux ont défilé dans les rues et scandé les mêmes slogans que les hommes à leurs côtés.
Elles ne disposent alors que de peu de droits et sont maintenues en marge de la vie publique malgré quelques suffragettes qui soulèvent la question de l’émancipation de la femme en s’appuyant sur les positions avant-gardistes du penseur et syndicaliste Tahar Haddad. Son ouvrage, Notre femme dans la législation islamique et la société, qui démontrait en 1930 que le Coran ne s’oppose pas aux droits et libertés des femmes, avait suscité un tel tollé qu’il fut contraint à l’exil.
N’obéissant qu’à elles-mêmes, ces femmes sont aux premiers rangs de la mobilisation et brandissent le drapeau tunisien
N’obéissant qu’à elles-mêmes, le 8 avril 1938, ces femmes sont aux premiers rangs de la mobilisation et brandissent le drapeau tunisien. Dans les foyers, leur présence est abondamment commentée et suscite l’admiration.
Le lendemain, le 9 avril, du haut des balcons et des terrasses des femmes aideront les manifestants, de nouveau dans la rue, en leur lançant des ustensiles ménagers pour qu’ils puissent se défendre contre les forces de sécurité.
Dans cette atmosphère bouillonnante d’un entre-deux-guerres où la Tunisie n’espérait plus rien du Front populaire au pouvoir en France, les courants d’idées émancipatrices constituent alors le socle d’une lutte nationale devenue plus déterminée après la répression d’avril 1938.
Il faudra attendre le début des années 1950 et la structuration de la lutte nationale pour voir de nouveau les femmes dans la rue, comme à Béja en 1952, où Wassila Ben Ammar (future Madame Bourguiba) préside un meeting féminin après l’appel de Bizerte de Habib Bourguiba.
Mais certaines n’ont pas attendu que les associations et les mouvements féminins les mettent à contribution : sans être forcément érudites, ces anonymes ont joué dans les coulisses un rôle clé dans les actions des militants pour l’indépendance.
Ces militantes de l’ombre ne cherchaient ni la postérité ni la fortune
Mais d’elles, il reste peu de traces. « On les retrouve dans les mémoires familiales mais l’histoire officielle est plus masculine. Elles ont surtout été écartées sous l’effet d’un patriarcat qui n’accordait aucune considération aux femmes », commente l’historienne Kmar Bendana. De toute évidence, ces militantes de l’ombre ne cherchaient ni la postérité ni la fortune mais agissaient en patriotes. La mémoire populaire se souvient encore de quelques-unes de ses valeureuses.
Om Saad Ben Yahia en imposait même à Bourguiba qui la qualifiait de « zaïma », la leader |
Om Saad Ben Yahia (1898-1972), native d’El Metouia (Sud-Est), est le symbole féminin de la lutte nationale malgré les violences de son époux. C’est dans la chambre que sa famille occupait dans une oukéla – un logement collectif – à Bab Souika, un faubourg de Tunis, qu’elle abritait des fellagas ou des réunions clandestines d’activistes et entreposait des armes. Elle contribuait à la logistique de certaines opérations et a été arrêtée plusieurs fois sans jamais dénoncer ses camarades. Elle en imposait même à Bourguiba qui la qualifiait de « zaïma », la leader.
Majida Boulila (1931-1952), arrêtée à 20 ans pour ses activités au sein du Néo-Destour, est une figure emblématique de Sfax. Enceinte, elle n’en subit pas moins les violences policières et sera transférée dans un camp pénitentiaire. Ses conditions de détention et les sévices vécus l’empêcheront de survivre à son accouchement.
Un viol collectif devant sa famille, une manière de briser les fortes têtes selon les forces coloniales
Fatma Ben Boubaker (1919-1993), fille des montagnes de Bargou (Centre), a participé à la bataille qui a fait rage dans ce massif le 13 novembre 1954 et a été condamnée à trois mois de prison pour avoir transporté des armes dans son panier à légumes. Mais avant ce verdict, elle a été victime d’un viol collectif devant sa famille, une manière de briser les fortes têtes selon les forces coloniales.
Mabrouka Belgacem (1918-1990), native du Sud, a vécu aux côtés des fellagas et en a sauvé un bon nombre en déjouant une tentative d’empoisonnement d’un puits. Celle qui a été de toutes les manifestations à Remada et Tataouine, où la présence militaire française était importante, transportait des armes en les dissimulant sous les plis de son habit traditionnel.
Hania Latif a abrité chez elle les résistants échappés de la prison de Tunis en 1941 et 1951
Hania Latif (1918-1987), militante politique dès l’âge de 19 ans, a abrité chez elle les résistants échappés de la prison de Tunis en 1941 et 1951 et a assuré des livraisons d’armes et de médicaments aux fuyards. Aux côtés de Mosbah Jarbou – leader de la résistance armée dans le Sud – et de ses compagnons, elle participe aux manifestations de 1951, consécutives à la proposition française d’une souveraineté conjointe.
Mabrouka El Gasmi (1922-2002), née à Nefza (Nord), a mis au service de la résistance sa connaissance d’un terrain où les colons régnaient en maîtres. Agent de liaison entre les dirigeants du Néo-Destour et les résistants, elle a aussi contribué à leur fournir des caches et de la nourriture.
La commémoration de la « Journée des martyrs » – en souvenir de la répression sanglante par les troupes françaises d’une manifestation à Tunis le 9 avril 1938 – devait être pacifique. Mais la capitale tunisienne a connu des scènes de violences comme elle n’en a pas vu depuis plusieurs mois.
C’est vers 10 heures que tout a commencé avec un rassemblement sur l’emblématique avenue Bourguiba de plusieurs centaines de personnes, alors que toute manifestation y est interdite depuis le 28 mars par le ministère de l’Intérieur. Objectif des manifestants : réclamer la levée de cette décision en profitant d’une date symbolique.
Des jeunes gens, enroulés dans des drapeaux tunisiens ont remonté l’avenue en courant et criant : « Ni peur, ni terreur, l’avenue appartient au peuple ». La foule comptait des manifestants de tous âges. « C’est nous qui avons libéré la Tunisie, ils n’ont pas le droit d’interdire des marches pacifiques », a déclaré un septuagénaire, Mohsen Ben Henda. Puis les tirs nourris de lacrymogènes ont commencé à pleuvoir. Après des mouvements de panique, des groupes se sont rapidement reformés et la répression est encore montée d’un cran.
« Dégage! Dégage! »
« Dégage! Dégage! », ont alors scandé les manifestants en colère. « C’est affreux ce qui se passe aujourd’hui », s’est offusqué une avocate, Yamina. « Nous sommes pacifiques, et ils nous interdisent l’avenue Bourguiba alors qu’ils l’ont livrée aux salafistes », a-t-elle déclaré, au bords des larmes, en faisant référence aux récentes manifestations islamistes, dont les incidents ont justement conduit à l’interdiction des rassemblements sur l’avenue Bourguiba. Samedi déjà, une manifestation de diplômés chômeurs avait été violemment dispersée.
« Je suis consterné. Les gens que la révolution a amenés au pouvoir sont aujourd’hui ceux qui nous empêchent de manifester. C’est une journée vraiment triste », a ajouté de son côté l’ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, Mokhtar Trifi. « Regardez, c’est ça la Tunisie de la liberté, la Tunisie d’Ennahdha », lâchait un manifestant, dégoûté.
Journalistes molestés
Fumées de lacrymogènes, charges à moto ou en camion de policiers casqués et armés de matraques, manifestants interpellés brutalement, voire frappés… Deux journalistes, la correspondante de l’hebdomadaire français Le Point et la rédactrice en chef du site tunisien Kapitalis, ont été elles-aussi molestées par des policiers.
Le porte-parole du ministère de l’Intérieur, Khaled Tarrouche, a paradoxalement invoqué la menace de troubles pour justifier l’interdiction de manifester. « On ne va pas laisser s’installer le chaos. Les gens ont la possibilité de manifester ailleurs que sur l’avenue Bourguiba », a-t-il dit. Selon lui, en tirant des lacrymogènes, les forces de l’ordre « voulaient éviter de pires affrontements ».
Le leader des salafistes possède une fortune de 2'700 milliards de dinars, il voyage en avion privé, a des voiture de luxes, bref une vie de pacha. L'économie de la Tunisie descend la pente vers la faillite, mais les joutes politiques aux parlement ne cessent pas. Un président du pays qui dit non à tout. Voilà le résultat de la révolution du printemps arabe, c'est maintenant l'automne et bientôt l'hiver pour les habitants tunisiens, que fait l'armée rien tout comme en France.
RépondreSupprimerTout ce vous dites est exact. Mais la masse des déplorables qui soutiennent les islamistes et leur calife drogué, sont éduqués par les chaines satellitaires saoudiennes / qataris/ etc. pour les convaincre que, pour entrer au Paradis, il faut être fataliste. Si tu es pauvre et démuni, c'est la volonté d'Allah. Si d'autres sont multi milliardaires, c'est aussi la volonté d'Allah. On formate ainsi des "Jacques le fataliste" à la sauce arabo-islamiste, qui voteront islamiste quelles que soient les calamités qui leur tombent sur la tête...Ceux-ci constituent un 30/35% incompressible de TOUS les Tunisiens. Ce sont les mêmes qui, lors de leur décès, lèguent tout ce qu'ils ont à la construction de nouvelles mosquées. Vous connaissez la suite : on la constate en Libye, en Syrie, en Irak, ...
Supprimer