Les États-Unis et l’Allemagne sont prêts à concevoir
un coup d’État en Grèce pour garder cet atout stratégique sur le flanc
sud-est vulnérable de l’Otan. L’experte en coups d’État Victoria Nuland est en
mission.
«Un putsch à
Athènes pour sauver l’allié grec de l’ennemi russe est en préparation par les
États-Unis et l’Allemagne, avec le soutien des exemptés fiscaux de la
Grèce – les oligarques, les armateurs anglo-grecs, et l’Église orthodoxe
grecque», écrit John Helmer, le seul correspondant étranger en
Russie, indépendant des médias système, en poste depuis si longtemps.
Le premier indice que quelque chose se
trame est la présence de Victoria Nuland ( (Fuck
the E.U. = j’encule l’U.E.), secrétaire d’État adjointe
pour les affaires européennes et eurasiennes, à Athènes en mars.
The Guardian a rapporté le 17 mars que Nuland «est
allée dans la capitale au moment où l’inquiétude des US montait à propos
de la grande crise de la dette de l’euro qui commençait à
représenter une menace géopolitique. La Grèce, autorisée à
déraper hors de contrôle, financièrement dépourvue et sans les liens
de l’UE qui la maintiennent à l’Ouest, pourrait se retrouver sous
l’influence de la Russie. Le flanc sud-est de l’Otan serait infiniment
affaibli au moment où grandissent les soucis globaux de sécurité face
aux fondamentalistes islamistes au Moyen-Orient».
Nuland et les États-Unis pourraient travailler en
étroite collaboration avec les militaires grecs pour fomenter un coup
d’État après le vote historique du référendum qui a répondu non aux
exigences des banksters.
La réputation de Nuland n’est plus à faire. Elle
est connue pour son rôle dans le renversement du gouvernement démocratiquement
élu de l’Ukraine et il semble maintenant qu’elle a été désignée pour une
répétition en Grèce. Helmer écrit :
Lorsque Nuland est venue à Athènes pour lancer un
ultimatum contre la rupture du régime des sanctions anti-russes, et que les
think-tanks anglo-américains ont emboîté le pas avec des avertissements
selon lesquels la marine russe faisait route vers le Pirée, le but du jeu
est devenu clair. Le but de l’opération Nemesis était de sauver la
Grèce, non pas d’elle-même ou de ses créanciers, mais de l’ennemi à Moscou.
La Russie pour arracher la Grèce aux griffes des banquiers
La Russie est prête à aider la Grèce dans sa
lutte contre les banksters de Wall Street et de Bruxelles. On pense qu’une
sortie de la Grèce de la zone euro la rapprochera de la Russie et
approfondira les divisions au sein de l’Otan.
Le Premier ministre grec Alexis Tsipras du parti socialiste Syriza a
déclaré à la mi-juin qu’un alignement avec la Russie était possible et a
laissé entendre que la Grèce était «prête à aller vers de nouvelles mers
pour atteindre de nouveaux ports plus sûrs».
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov et le
vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch ont déclaré, au cours du Forum
économique international de Saint-Pétersbourg, que la Russie envisagerait
d’accorder des prêts à la Grèce si nécessaire.
Les militaires grecs envoient un message clair
L’avant-veille du référendum, un certain nombre
d’officiers grecs ont publiquement appelé à voter oui.
«Le général en retraite Fragkoulis Fragkos, ancien
ministre de la défense et ancien chef d’état-major grec, a appelé à un oui fort
dimanche. En 2011, Fragkos a été destitué par le Premier ministre George
Papandreou au milieu de rumeurs de coup d’État», écrit Alex Lantier.
Faisant clairement référence à Tsipras, Fragkos a
déclaré que «les valeurs et les principes moraux, qui ont toujours
défini les Grecs, ne peuvent pas être négociés par un
politicien désemparé et historiquement ignorant qui avance les intérêts de
son propre parti».
Un groupe de 65 officiers de haut rang à la retraite a
publié un communiqué citant leur serment à la patrie et au drapeau et
avertissant: «En choisissant l’isolement, nous mettons la patrie et son avenir
en danger.»
Tsipras et Syriza se sont préparés pour un possible
coup d’État en janvier en remaniant le personnel militaire.
Selon les sources de Helmer, «La direction des
services militaires et de renseignement a été changée, mais pas
radicalement. Le ministre de la Défense (Panos Kammenos) est de droite donc il
n’y a pas de radicaux aux commandes».
Les militaires grecs sont un atout pour une Opération Gladio
L’intervention américaine en Grèce n’a rien de
nouveau. Entre 1987 et 1989 les États-Unis ont fait un effort concerté
visant à renverser le gouvernement grec élu du Premier ministre Andreas
Papandreou.
Avant cela, en 1967, l’armée grecque a installé la
dictature des colonels suite à un coup d’État.
L’armée grecque s’est trouvée sous le contrôle de
la CIA à la suite de l’entrée dans l’Otan de la Grèce en 1952. Les éléments de
l’armée grecque faisaient partie de stay-behind, le réseau clandestin de
la CIA dirigeant l’Opération Gladio, et ces éléments (spécifiquement LOK,
ou Lochoi Oreinōn Katadromōn, à savoir Mountain Raiding Companies) ont été directement impliqués dans
le coup d’État de 1967.