Dans
une interview à la chaîne suisse RTS, Vladimir Poutine a une nouvelle
fois appelé les pays européens à montrer plus d’indépendance par rapport
aux États-Unis.
Préambule
Lorsque
j'étais enfant, il existait encore, à l'école primaire, une matière joliment
appelée Leçons de choses. Cette discipline, ouverte à l'imagination, au parfum
de poésie, parlait de choses simples de la vie, des abeilles et des moissons,
des sciences naturelles, de l'eau qui bout et qui gèle, de baromètres,
d'hygromètres, de nuages, de dinosaures et autres mystères d'adultes, évidents
pour un enfant, des effets et des causes des phénomènes, de la logique et de
ses conséquences, etc. en somme le b.a-ba d'une tenue digne du monde d'alors,
dans ce monde là.
C'était
l'époque où il y avait encore des écrevisses dans nos ruisseaux et des
lance-pierres dans nos besaces de gosses. Où l'on apprenait à l'école primaire
ce qu'est un PPCM ou un PGCD. Il semblerait qu'il faille, aujourd'hui, attendre
d'être en troisième, au collège, pour goûter à ces friandises, alors que d'autres
appâts, moins revêches, sont déjà à nos mains.
Progrès,
quand tu nous tiens !
En
écoutant parler Poutine, j'ai le sentiment de revenir à ces temps simples où
les mots enveloppaient harmonieusement les choses, sans entourloupe.
Retour
vers un futur espéré : écoutez une leçon de choses de Poutine, une de plus.
Question : Une nouvelle guerre en Europe est-elle possible ?
Vladimir Poutine, président russe (V.P.) :
J’espère que non. Mais il faudrait que l’Europe manifeste davantage son
indépendance et sa souveraineté et qu’elle soit capable de défendre ses
intérêts internationaux, les intérêts de ses peuples et de ses pays.
…L’équilibre
stratégique, c’est ce qui a garanti la paix dans le monde et n’a pas
permis aux grands conflits militaires d’éclater en Europe et dans le
monde entier. Et quand les États-Unis sont sortis de l’accord, ils ont
dit : nous créons un système antimissile, pas contre vous, nous voulons
développer notre force de frappe, faites ce que vous voulez, nous
partons du principe que ce n’est pas contre vous.
Nous faisons ce que nous avons toujours dit. Le système global de défense antimissile coûte cher. Et on ne sait toujours pas aujourd’hui dans quelle mesure il est effectif. Nous développons des systèmes de frappes capables de surmonter n’importe quel système de défense antimissile. Ce que j’ai annoncé il n’y a pas longtemps est dans nos plans depuis quelques années. Cela avait été annoncé il y a longtemps.
Nous faisons ce que nous avons toujours dit. Le système global de défense antimissile coûte cher. Et on ne sait toujours pas aujourd’hui dans quelle mesure il est effectif. Nous développons des systèmes de frappes capables de surmonter n’importe quel système de défense antimissile. Ce que j’ai annoncé il n’y a pas longtemps est dans nos plans depuis quelques années. Cela avait été annoncé il y a longtemps.
Question :
Vous avez dit que vous voudriez que l’Europe soit plus indépendante.
Par exemple, en ce qui concerne l’Europe de l’époque de Gaulle, de
Mitterrand. Quelle est votre attitude envers ce que se passe sur ce plan
?
V.P. : Je finis quand même la question précédente.
Toutes
nos actions dans le domaine de la défense stratégique sont tout à fait
conformes aux obligations internationales russes, notamment dans le
cadre de l’accord avec les États-Unis sur l’armement stratégique.
Maintenant
à propos de la souveraineté. L’adhésion à toute organisation
politico-militaire, à un bloc politico-militaire, implique un refus
volontaire à une certaine partie de sa souveraineté.
Je pense que
la France est sortie de l’organisation militaire de l’Otan à l’époque
afin de garder sa souveraineté dans le cadre du bloc militaire. Analyser
la politique extérieure des pays européens n’est pas notre affaire.
Mais convenez que si nous devons discuter des affaires européennes avec
les partenaires européens à Washington, ce n’est pas intéressant.
Question :
Monsieur le Président, un changement assez ironique intervient pour
l’instant dans l’histoire. Les forces européennes de droite ou même
d’extrême droite vous soutiennent plus que les forces de gauche. C’est
par exemple, Marie Le Pen en France, l’UDC en Suisse. Qu’en pensez-vous ?
V.P. :
Je pense que ce n’est pas un soutien pour ma personne mais la
conscience de leur propre intérêt national , tel que ces forces
politiques le conçoivent.
Dans le monde et dans les pays
européens, certains mouvements tectoniques se sont produits dans la
conscience collective pour protéger les intérêts nationaux. Regardez
comment l’Europe fait face à un problème concret, les flux de migrants.
Est-ce que l’Europe a pris des décisions qui ont finalement abouti à
cette situation ? Il faut être franc et honnête : ces décisions ont été
prises outre Atlantique et c’est l’Europe qui doit faire face au
problème.
Question : Vous voulez dire les États-Unis ?
V. P. :
Bien sûr. C’est un exemple, il y en a beaucoup. Mais cela ne signifie
pas, je l’ai déjà dit, que nous devons et ce n’est pas ce que je
cherche, diaboliser la politique des États-Unis. Ils mènent leur
politique comme ils le jugent nécessaire pour leurs intérêts.