"...La guerre avec la
Russie est notre avenir, à moins que la Russie n’accepte de devenir un État
vassal comme tous les pays d’Europe, le Canada, l’Australie, l’Ukraine et le
Japon... Si l’Amérique ne peut pas être la puissance unique qui dicte sa loi au
monde, mieux vaut tuer tout le monde. Au moins cela donnera une bonne leçon aux
Russes.» Paul Craig Roberts
Le Pentagone a publié sa Stratégie militaire nationale des
États-Unis d’Amérique 2015. Le document annonce un déplacement de
l’accent, jusque là focalisé sur les terroristes, vers
les acteurs étatiques qui contestent les normes internationales [US,
évidemment, NdT]. Il est important de comprendre ce que ces mots signifient.
Les
gouvernements qui contestent les normes internationales sont des États
souverains qui mènent des politiques indépendantes de celles de Washington. Ces
États révisionnistes sont des menaces, non parce qu’ils projettent d’attaquer
les États-Unis – le Pentagone admet que ni la Russie ni la Chine n’en ont
l’intention –, mais parce qu’ils sont indépendants. En d’autres termes, la
norme c’est la dépendance à l’égard de Washington.
Assurez-vous de bien comprendre ce point : la
menace est l’existence d’États souverains, dont l’indépendance d’action fait
d’eux des États révisionnistes. Autrement dit, leur indépendance n’est pas
en phase avec la doctrine néoconservatrice de la puissance unique qui déclare que
seul Washington a droit à l’indépendance. L’hégémonie conférée à Washington par
l’Histoire exclut qu’aucun autre pays ne soit indépendant dans ses actions.
Le rapport du Pentagone établit que les principaux États
révisionnistes sont la Russie, la Chine et l’Iran. L’accent est mis
prioritairement sur la Russie. Washington espère amadouer la Chine, malgré
la tension à propos de la région Asie-Pacifique provoquée
par celle-ci en défendant ses intérêts dans sa sphère d’influence,
une défense incompatible avec le droit international (cela vu de Washington, le
grand violeur du droit international), en tournant vers elle ce qui reste
du marché des consommateurs américains. Il n’est pas encore certain que l’Iran
ait échappé au destin imposé à l’Irak, à l’Afghanistan, à la Libye, à la Syrie,
à la Somalie, au Yémen, au Pakistan, à l’Ukraine et, en étant complice, à la
Palestine.
Le rapport du Pentagone est assez audacieux dans son
hypocrisie, puisque toutes les déclarations, qui émanent de Washington,
affirment que Washington et ses vassaux «soutiennent les institutions et les
processus établis dont le but est de prévenir les conflits, respecter la
souveraineté et promouvoir les droits de l’homme». Cela de la part de
l’armée d’un gouvernement qui a envahi, bombardé et renversé
onze gouvernements depuis le régime Clinton, et qui travaille actuellement
à renverser les gouvernements de l’Arménie, du Kirghizstan, de l’Équateur, du
Venezuela, de la Bolivie, du Brésil et de l’Argentine.
Dans le document du Pentagone, la Russie est dans le
collimateur pour ne pas agir conformément au droit international, ce qui
veut dire que la Russie ne suis pas le leadership de Washington.
Autrement dit, c’est un rapport de merde écrit par des
néocons dans le but de provoquer la guerre avec la Russie.
On ne peut rien dire d’autre sur le rapport du
Pentagone, qui n’est qu’une justification de la guerre, encore et toujours
plus de guerre. Sans guerre et sans conquêtes, les Américains ne sont pas en
sécurité.
Le point de vue de Washington sur la Russie est le
même que celui de Caton l’Ancien sur Carthage. Caton l’Ancien concluait chacun
de ses discours au Sénat romain, sur n’importe quel sujet, en déclarant «Il
faut détruire Carthage».
Ce rapport nous dit que la guerre avec la Russie est
notre avenir, à moins que la Russie n’accepte de devenir un État vassal comme
tous les pays d’Europe, le Canada, l’Australie, l’Ukraine et le Japon. Sinon,
les néoconservateurs ont décidé qu’il est impossible pour les Américains de
tolérer de vivre avec un pays qui prend ses décisions indépendamment de
Washington. Si l’Amérique ne peut pas être la puissance unique qui dicte sa loi
au monde, mieux vaut tuer tout le monde. Au moins cela donnera une bonne leçon
aux Russes.
Par Paul Craig Roberts Le 10 juillet 2015 – Source Strategic Culture
Commentaire d'Hannibal GENSERIC