«...Eh
bien, en échange du pétrole, du gaz et de l’uranium russes, les pays occidentaux
paient la Russie en dollars, dont le pouvoir d’achat est exagérément gonflé par
rapport au pétrole et à l’or. Mais Poutine utilise ces dollars uniquement pour
retirer de l’or-métal de l’Ouest, dont le prix est sous-évalué par rapport au
dollar. Merci l’Occident !»
1. Les cours du pétrole ont baissé de moitié
La Russie a vu fondre ses revenus tirés de
l’exportation de pétrole et de gaz. Résultat, le budget russe, d’excédentaire,
est devenu déficitaire. L’Occident, mené par les États-Unis, a donc privé la
Russie de la possibilité de continuer à augmenter ses réserves d’or, comme
c’était le cas grâce aux exportations d’hydrocarbures à bon prix. L’afflux de
devises étrangères en Russie a été stoppé. Et le rouble a chuté, entraînant le
doublement des prix des importations russes de biens manufacturés. Ce plat de
sanctions aux mille ingrédients a été minutieusement concocté par les chefs de
Washington, pour la Russie, coupable d’avoir osé défier la domination du
dollar. La Russie a refusé de continuer à emprunter aux États-Unis, en
rachetant des Bons du Trésor, ce qui a été considéré à Washington comme un acte
de guerre.
Washington sait mieux que quiconque que le fait de
remplacer systématiquement les actifs libellés en dollars américains par de
l’or, dans la structure des réserves russes, va miner le monopole de facto que
les Américains exercent sur la finance mondiale.
2. Seule une poignée d’observateurs avertis
l’a noté, la baisse des cours du pétrole et celle du rouble ont masqué le fait
que le ratio des prix pétroliers et de l’or, exprimés en dollars, a baissé de
plus de 50%.
Si au début de 2014, 13 barils de pétrole
correspondaient, en dollars, à une once d’or, aujourd’hui il faut 29 barils de pétrole
pour une once d’or. Autrement dit, avant, la Russie devait exporter 13 barils
de pétrole pour pouvoir acheter une once d’or. Aujourd’hui, il lui faut
exporter 29 barils de pétrole pour se procurer la même quantité d’or. Ce que
l’on voit clairement sur ce schéma :
Comme vous le savez, les prix du gaz baissent en même
temps que les prix du pétrole, puisque le cours du gaz est basé sur celui du
pétrole.
En divisant les cours du pétrole par deux, Washington bloque les capacités de la Russie d’acheter de l’or en échange de ses ressources énergétiques, bradées grâce aux efforts des Occidentaux. Bien sûr, cette tentative de l’Ouest n’a pas atteint son but. La chute des cours du pétrole et la dépréciation du rouble n’ont pas ralenti les achats d’or sur le marché intérieur par la Banque de Russie. En plus, la Chine a aussitôt profité de l’occasion pour reprendre la première place mondiale des achats d’or à l’Inde.
En divisant les cours du pétrole par deux, Washington bloque les capacités de la Russie d’acheter de l’or en échange de ses ressources énergétiques, bradées grâce aux efforts des Occidentaux. Bien sûr, cette tentative de l’Ouest n’a pas atteint son but. La chute des cours du pétrole et la dépréciation du rouble n’ont pas ralenti les achats d’or sur le marché intérieur par la Banque de Russie. En plus, la Chine a aussitôt profité de l’occasion pour reprendre la première place mondiale des achats d’or à l’Inde.
3. Réalisant soudain qu’on décrit Poutine
comme le grand maître des échecs qui met l’Occident mat, la Maison Blanche
a tenu à réfuter cette information publiquement.
Lors d’un entretien donné à CNN, le Président Barack
Obama a déclaré : «Je ne pense pas que Poutine soit un maître qui puisse
me battre.» Pour appuyer ses dires, Obama a souligné la chute du rouble et les
problèmes causés à l’économie russe par les sanctions occidentales.
Avec cette affirmation, Obama a reconnu publiquement
que tout ce qui affecte l’économie mondiale et celle de la Russie, loin d’être
un hasard, est l’œuvre des manipulations décidées par les hommes du pouvoir
financier de Washington. Dans la langue utilisée par nous autres humbles
mortels, cette déclaration d’Obama signifie qu’il va faire rentrer le dissident
Poutine dans le droit chemin, et que la Russie va à nouveau frapper à la porte
de l’Église washingtonienne des Témoins du Dollar. La mesure ultime que devrait
prendre Poutine quand il se repentira sera de vendre son or, selon les docteurs
de la loi de l’Église washingtonienne des Témoins du Dollar. De nombreux
organes de presse influents en Occident ont déjà signalé que la Russie avait
commencé à le vendre. Une fausse information, dans la plus pure tradition
démocratique des médias de masse occidentaux.
4. En dépit des sanctions occidentales et de
cette baisse du cours du pétrole par rapport à celui de l’or, la Russie a
continué à augmenter ses réserves d’or jusqu’à la fin de 2014.
En décembre 2014, la Banque de Russie a ajouté 19
tonnes d’or à ses réserves. Et 2014 fut une année record pour les achats d’or,
si on prend les 25 dernières années. Autant dire, un record dans toute
l’histoire de la Fédération de Russie. Durant l’année 2014, la Banque de Russie
a acheté 171 tonnes d’or. En 2014, les achats d’or par la Russie ont représenté
un tiers des achats des banques centrales du monde, c’est le Financial Times
qui le dit, citant une étude de Thomson Reuters GFMS.
5. Fin 2014, encore une
révélation désagréable pour l’Église washingtonienne des Témoins du
Dollar : la Russie est devenue le deuxième producteur mondial d’or,
seulement dépassée par la Chine – aïe! un membre des BRICS et de l’Organisation
de sécurité de Shangaï.
Une vérité qui donne des sueurs froides aux
Américains, parce que l’axe Russie-Chine pourrait bien créer sa propre monnaie
de référence sur des fondations solides – l’or, devise internationale – devise
qui serait utilisée par les BRICS comme une devise de paiement universelle et
un véritable étalon de mesure.
6. Et il y a les députés russes!
Les grands-prêtres du dollar hégémonique n’en peuvent
plus : depuis le début de 2015 les députés de la Douma de la Fédération de
Russie ont à plusieurs reprises et lors de débats très animés discuté de
l’introduction de l’or comme nouvelle devise de paiement international. Nouvelle
devise, ou plutôt devise temporairement oubliée, sous la forme du Rouble d’Or
de Russie.
Tout ces préparatifs forment une véritable menace
contre le dollar, en tant qu’instrument du monopole financier global américain.
Cette évolution oblige Washington à adopter des mesures urgentes et
extraordinaires contre la Russie rebelle de Poutine.
7. Washington a toujours voulu éliminer par
la guerre tous ceux qui ont tenté d’arrêter d’utiliser le dollar américain
comme moyen de paiement et, plus grave (que Dieu leur pardonne !), comme
mesure-étalon.
Les vraies raisons de l’agression militaire
occidentale, cornaquée par les États-Unis, contre l’Irak et la Libye sont à chercher dans le souhait de leurs leaders
d’abandonner le dollar. Toutes les autres raisons : manque de
démocratie en dépit des richesses générées par les hydrocarbures, manque
d’empressement à suivre les sacro-saintes valeurs de l’Occident, etc. sont
uniquement des prétextes de propagande nécessaires pour cacher les vraies
raisons de la guerre et justifier l’agression militaire.
La vraie raison pour la guerre contre l’Irak et la
Libye fut le souhait légitime de leurs leaders d’abandonner le dollar pour
l’or. Les événements d’Ukraine sont la manifestation de la guerre américaine
non déclarée contre la Russie, par Ukrainiens interposés. Ou, comme on le dit
maintenant, les événements d’Ukraine sont une guerre de vassaux contre la
Russie. Et tout le monde l’a bien compris. Que ce soit aux États-Unis, en
Russie ou en Europe.
Nous sommes donc devant la panoplie complète des
mesures punitives traditionnelles contre un pays qui a osé défier la domination
financière américaine sur le monde. Si nous laissons de côté les habituels
propos moralisateurs sur les valeurs démocratiques, toutes ces mesures font
partie de l’opération obliger la Russie à vendre son or. Mais l’appui chinois à
la Russie annule tous les efforts de Washington à ce sujet. Donc, Washington a
besoin d’améliorer ses relations de toute urgence avec la Chine, et c’est
devenu la priorité n°1 pour l’Amérique. Mais même si la Russie est obligée de
vendre son or, elle le vendra à la Chine, ou il restera au sein de l’Alliance
de l’Or sino-russe. Obama a invité plusieurs fois, et de manière pressante, Xi
Jinping à se rendre en visite officielle à Washington : ce sont des
tentatives pour briser l’alliance sino-russe. Si Washington réussit, l’Occident
doublera ses chances transformer la Russie en colonie minière et d’étrangler la
Chine via ses approvisionnements énergétiques.
La première chose que la Russie ferait, une fois
assujettie à l’Ouest, serait d’arrêter tout approvisionnement énergétique et en
matières premières à la Chine, sur commande de Washington. Coloniser la Russie
est le premier pas pour coloniser la Chine. Xi Jinping, si on observe ses
discours et ses actes, comprend cela mieux que quiconque. Les espoirs de la
Maison Blanche de persuader le leader chinois d’abandonner l’alliance avec la
Russie ne valent pas plus que ceux de le voir acquiescer à la colonisation de
la Chine.
Cette fois, pas de solution militaire habituelle
américaine. La Russie n’est pas l’Irak, ni la Libye ni même le Vietnam.
Un acte de guerre direct contre un pays comme la
Russie pourrait signifier la fin des États-Unis. Aussi Washington essaie-t-il
de faire des Européens de la chair à canon, les poussant fermement à la guerre
contre la Russie. La dernière fois, les États-Unis avaient réussi leur coup,
via leur protégé Hitler, littéralement installé au pouvoir par les
représentants de Wall Street.
La Seconde Guerre mondiale a permis aux États-Unis de
sortir de la Grande Dépression, mais aussi de devenir la nation la plus riche
du monde, vendant des équipements militaires aux deux camps.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis
avaient augmenté leurs réserves d’or de 60%, ce qui a permis au dollar de
devenir la monnaie mondiale de référence, en 1944.
Aujourd’hui les États-Unis ont épuisé toutes les
richesses qu’ils avaient gagnées lors de ce conflit. L’Amérique est à nouveau
en dépression et a besoin d’une grande guerre à ses confins – en Europe.
L’Europe résiste encore et refuse de lancer une guerre
contre la Russie, au nom des intérêts américains. Vous comprenez que lorsque nous
disons Europe, nous ne parlons pas des Européens. Nous parlons d’un petit
groupe de personnes qui détiennent le pouvoir en Europe.
Ce qui veut dire que la possibilité d’une nouvelle
guerre dépend de la résistance individuelle et de la volonté politique d’une
très petit nombre de responsables, que l’on peut compter sur les doigts de la
main. Des millions de gens, en Europe et en Russie, peuvent seulement espérer
que ces personnalités sont sans peur, immortelles, incorruptibles et ne se
jettent pas sur les femmes de ménage entre deux âges, dans les hôtels
américains. Le souhait de voir la Russie réduite à l’état de colonie minière
est l’intérêt commun des États-Unis et de l’Europe. Mais le souhait des
États-Unis de voir l’Europe se lancer dans une guerre contre la Russie pour
réaliser ce but divise les deux compères : ce n’est certes pas l’intérêt
de l’Europe de risquer d’être complètement détruite !
En Occident, comme avant le début de l’opération pour
forcer la Russie à vendre son or, personne ne comprend ce que Poutine fait
maintenant ni ce qu’il fera demain. Pour un non-grand maître touché par les
sanctions, Poutine semble bien sûr de lui et sourit un peu trop souvent.
Il sourit, comme s’il pouvait détruire l’Otan et
tout le système financier occidental n’importe quand. Ce dont Paul Craig
Roberts ne doute pas, alertant
l’Administration américaine : «Les
ruines, c’est notre futur».
Beaucoup se demandent : «Peut-être Poutine
bluffe-t-il seulement et fait-il contre mauvaise fortune bon cœur?
» Peut-être.
Mais rappelez-vous le nombre de fois où l’on a cru que Poutine bluffait. Et
combien dure, à chaque fois, a été la désillusion. Donc, si ce n’est pas du
bluff, quel sera le prochain coup du grand maître Poutine et de son homologue
Xi Jinping ?
Source : lesakerfrancophone.net
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