Moins de 24 heures après sa nomination à la tête du Conseil
militaire de transition au Soudan, le général Ibn Auf a démissionné à la
surprise générale vendredi soir 12 avril. Il a été remplacé par
l'ancien chef d'état-major Abdel Fattah Abdelrahman Burhan.
Les médias "mainstream" en sont désormais à voir à travers lui un
"personnage plus consensuel" surtout qu'il n'est pas connu du grand
public et qu'on ne lui connait aucune appartenance politique, souligne
l'AFP qui affirme qu'il n'est pas issu du parti au pouvoir. Certains
commentateurs n'ont cessé de souligner le rôle joué par l'axe Riyad-Le
Caire-Abou Dhabi dans le renversement du général El-Béchir, hypothèse
qui, vu les événements en cours en Libye, pourrait ne pas être
totalement dénuée de sens. Al-Binna retient cette piste.
Selon al-Binna, journal libanais, les récentes évolutions au
Soudan semblent avoir été au moins en partie orchestré par Riyad qui
souhaite exploiter l’armée régulière soudanaise dans le sens de leurs
propres intérêts. Sous l'intitulé, « D'Hormuz à Gibraltar et en Corne de
l'Afrique… l'Amérique est derrière la porte », le journal écrit :
« Après le cuisant échec subi par les États-Unis dont les plans
impérialistes sont tous tombés à l’eau dans le monde musulman, les
Américains ont allumé la mèche d’une série d’actes de déstabilisation en
Afrique du Nord et en Corne d’Afrique. Voilà le nouveau plan de
Washington : confisquer les armées régulières arabes notamment celle de
l'Algérie, de la Libye (s'il est vrai qu'il n'existe pas une armée
régulière en Libye, mais les forces de Haftar constituent le corps armé
le plus efficient, NDLR) du Soudan, les impliquer dans un processus
politique trop complexe et aux multiples facettes, au risque
de discréditer ces mêmes forces armées aux yeux de leur propre
population, et ce, pour s'en servir par la suite dans le sens de leurs
propres intérêts. Que l'armée des pays précités réussisse ou pas à
calmer la situation, cela revient au même, elles seront fragiles et
ouvertes aux propositions voire aux diktats occidentaux », indique al-Binaa.
Le quotidien libanais évoque ensuite le rôle joué par le prince
saoudien Mohammed ben Salmane dans les récentes évolutions au Soudan et
écrit : « Le coup d’État au Soudan a eu lieu très probablement suite à
une série de coordinations entre le prince saoudien Mohammed ben Salmane
et le ministre soudanais de la Défense Aouad Ibn Aouf qui s’était
rendu, quelques jours auparavant avant le coup de force, à Riyad pour
prendre part à une réunion de “l’OTAN arabe”. En effet, le coup d’État
au Soudan constitue en effet un pas préventif destiné à étouffer tout
autre mouvement de protestation de nature populaire dont le succès
pourrait entraîner la fin de l’implication des mercenaires soudanais
largement impliqués dans les conflits au Yémen et ce, au profit de
l’Arabie saoudite ».
L’Arabie saoudite, disposant d’une armée désintégrée aux faibles
capacités militaires, vise effectivement à bénéficier de l’absence
d’Omar el-Béchir, qui s’opposait à l’engagement militaire "trop vaste"
de son pays dans les conflits au Yémen bien que les mercenaires
soudanais se battent depuis longtemps contre les forces yéménites. Riyad
croit pouvoir désormais compter sur l’armée régulière soudanaise, l'une
des plus puissantes de toute l'Afrique et la déployer plus efficacement
contre les forces yéménites qui continuent à avancer sur tous les
fronts et progressent même dans le sud de l'Arabie saoudite. Ce plan B
intéresserait Riyad qui commence à perdre le soutien de ses alliés
occidentaux à sa guerre génocidaire. Mais avec l'appui soudanais,
l'Arabie saoudite pourrait-elle changer la donne?
Al-Binna écrit : « la tâche est loin d'être facile. Même avec la
totalité des soldats soudanais engagés dans la guerre aux côtés de Riyad
et Abou Dhabi, il serait difficile de gagner la guerre contre
Ansarallah et d'imposer une emprise US/monarchie arabe sur Bab el-Mandeb
ou encore sur Gibraltar. Depuis 5 ans, les mercenaires soudanais n'ont
pas pu offrir à Riyad une quelconque victoire et rien ne dit qu'a
partir d'aujourd'hui les choses changeront, surtout que la force armée
soudanaise, comme d'ailleurs celle de l'Algérie, est engagée malgré elle
sur un terrain bien accidenté. Même l'Égypte d'Al-Sissi qu'on
qualifie d'un des soutien du coup d'État au Soudan ne voit d'un bon œil
les évolutions au Soudan. Le risque d'instabilité est trop grand », a
conclu le quotidien libanais.
Réaction d'Ansarallah
Le président du Comité révolutionnaire du Yémen a réagi, de son côté,
à la destitution du président soudanais; El-Béchir et aux récentes
évolutions dans ce pays africain.
Mohammed Ali al-Houthi a déclaré, vendredi 12 avril, dans un
communiqué, que la "révolution" au Soudan ne priverait pas le peuple
soudanais de son droit de reprendre l'initiative et de mettre un terme
au régime despotique d’Omar el-Béchir. Et puis, l’état d’urgence,
décrété par l’armée soudanaise, montre que celle-ci traite le peuple
comme son ennemi. Une vraie révolution n’a pas peur de la nation et ne
fait pas appel à l’instauration de l’état d’urgence », fait remarquer
Mohammed Ali al-Houthi.
Le ministre soudanais de la Défense Aouad Ibn Aouf a annoncé, dans un
communiqué, la destitution d’Omar el-Béchir, ajoutant que celui-ci
avait été arrêté et qu'il était détenu dans un lieu sûr. Aouad Ibn Aouf a
également décrété l’état d’urgence pour une durée de trois mois avant
de renoncer à la direction du conseil de transition vendredi. À Sanaa,
les évolutions en cours au Soudan sont suivis à la lettre près. Un
pouvoir civil à la tête du Soudan pourrait se solder par un changement
de donne dans le camp saoudien puisque géo-stratégiquement parlant, le
Soudan n'a aucun intérêt à participer à la guerre contre le Yémen.
Algérie, Libye, Soudan : à qui le tour maintenant ?
Les analystes politiques de tout bord le prévoyaient : les événements qui ont secoué ces deux derniers mois l'Algérie n'iraient pas sans faire la tache d'huile sur les pays voisins : à commencer par la Libye où le général Haftar mène la vie dure à son rival Serraj, bénéficiant d'un soutien militaire bien structuré que d'aucuns attribuent à l'axe Riyad-Abou Dhabi (avec la bénédiction de USA-France) mais qui pourrait ne pas être totalement étranger à Moscou.
Le coup d'État qui vient d'avoir lieu au Soudan fait de ce pays ultra stratégique de la corne d'Afrique, la scène d'un scénario plutôt proche du cas algérien. Depuis que, comme pour l'Algérie, la foule largement manipulée par les médias occidentaux s'est dirigée vers le QG d'état-major, l'armée a compris qu'en continuant à rester "neutre", elle risque de voir le pays plonger pour de bon dans la guerre civile, projets sur lesquels travaillent depuis bien fort longtemps les occidentaux, c'est à dire depuis que le fameux "Darfour case" est devenu le choux gras des médias "mainstream" avec en toile de fond, les risques d'introduction de Béchir devant la CPI, estime Reza Kheyri, l'analyste iranien de l’Afrique, selon lequel, il a fallu que l'ex homme fort de Khartoum fasse d'humiliantes concessions genre, amputer le Soudan du sud pétrolifère, couper ses liens avec la Résistance, participer à la terrible guerre génocidaire contre le Yémen pour qu'"on" le laisse provisoirement tranquille. Provisoirement, puisque Béchir a mené sournoisement son travail de sape dans un sens qui n'a pas toujours répondu aux intérêts de l'Occident: avec les Sud-soudanais, il a tissé des liens propres à contrer les projets pétrogaziers des Occidentaux et surtout il fait le choix de jouer sur le terrain russe. Le stratégique Soudan a ainsi ouvert ses portes aux pétroliers de Poutine, à ses centrales et est allé jusqu'à vouloir doter la Russie de sa première base dans la corne de l’Afrique où les Américains travaillent d'arrache-pied à l'émergence d'un bloc anti sino-russe.
Dans le même temps on ne peut commenter la situation indépendamment de ce qui se passe en Libye: suivant les plans américains, les parties liées aux Frères musulmans devraient perdre du terrain dans la corne d'Afrique et en Afrique du nord ( Serraj et Béchir en font partie) mais je suis loin de penser que les USA veuillent voir l'armée les remplacer. Les Américains et leurs alliés saoudien et émirati sont plutôt pour des pions comme le Premier ministre éthiopien. Avec l'intervention de l'armée, Il y a au Soudan, à mon avis un contre-scénario, qui vicie un peu les plans américains, un contre-scénario sino-russe? il est encore tôt pour le savoir", affirme Reza Kheyri, l'analyste iranien de l’Afrique au micro de PressTV.
En Algérie et au Soudan, des mouvements de protestation populaire sont potentiellement aptes à être détourné par les États-Unis, estime le Hezbollah, qui y voit des manipulations destinées à préparer le terrain dans le sens des objectifs expansionnistes d’Israël
« Les États-Unis cherchent à exploiter les mouvements populaires au Soudan et en Algérie en vue de semer la sédition dans ces pays, tout comme l’ont déjà fait dans d’autres pays », a affirmé le vice-président du conseil exécutif du Hezbollah.
« Les États-Unis et son président, Donald Trump, poursuivent leurs agressions contre les peuples et les pays de la région », a déploré le cheikh Ali Damouche, vice-président du conseil exécutif du Hezbollah.
Source : Press.tv
Algérie, Libye, Soudan : à qui le tour maintenant ?
Les analystes politiques de tout bord le prévoyaient : les événements qui ont secoué ces deux derniers mois l'Algérie n'iraient pas sans faire la tache d'huile sur les pays voisins : à commencer par la Libye où le général Haftar mène la vie dure à son rival Serraj, bénéficiant d'un soutien militaire bien structuré que d'aucuns attribuent à l'axe Riyad-Abou Dhabi (avec la bénédiction de USA-France) mais qui pourrait ne pas être totalement étranger à Moscou.
Le coup d'État qui vient d'avoir lieu au Soudan fait de ce pays ultra stratégique de la corne d'Afrique, la scène d'un scénario plutôt proche du cas algérien. Depuis que, comme pour l'Algérie, la foule largement manipulée par les médias occidentaux s'est dirigée vers le QG d'état-major, l'armée a compris qu'en continuant à rester "neutre", elle risque de voir le pays plonger pour de bon dans la guerre civile, projets sur lesquels travaillent depuis bien fort longtemps les occidentaux, c'est à dire depuis que le fameux "Darfour case" est devenu le choux gras des médias "mainstream" avec en toile de fond, les risques d'introduction de Béchir devant la CPI, estime Reza Kheyri, l'analyste iranien de l’Afrique, selon lequel, il a fallu que l'ex homme fort de Khartoum fasse d'humiliantes concessions genre, amputer le Soudan du sud pétrolifère, couper ses liens avec la Résistance, participer à la terrible guerre génocidaire contre le Yémen pour qu'"on" le laisse provisoirement tranquille. Provisoirement, puisque Béchir a mené sournoisement son travail de sape dans un sens qui n'a pas toujours répondu aux intérêts de l'Occident: avec les Sud-soudanais, il a tissé des liens propres à contrer les projets pétrogaziers des Occidentaux et surtout il fait le choix de jouer sur le terrain russe. Le stratégique Soudan a ainsi ouvert ses portes aux pétroliers de Poutine, à ses centrales et est allé jusqu'à vouloir doter la Russie de sa première base dans la corne de l’Afrique où les Américains travaillent d'arrache-pied à l'émergence d'un bloc anti sino-russe.
Dans le même temps on ne peut commenter la situation indépendamment de ce qui se passe en Libye: suivant les plans américains, les parties liées aux Frères musulmans devraient perdre du terrain dans la corne d'Afrique et en Afrique du nord ( Serraj et Béchir en font partie) mais je suis loin de penser que les USA veuillent voir l'armée les remplacer. Les Américains et leurs alliés saoudien et émirati sont plutôt pour des pions comme le Premier ministre éthiopien. Avec l'intervention de l'armée, Il y a au Soudan, à mon avis un contre-scénario, qui vicie un peu les plans américains, un contre-scénario sino-russe? il est encore tôt pour le savoir", affirme Reza Kheyri, l'analyste iranien de l’Afrique au micro de PressTV.
En Algérie et au Soudan, des mouvements de protestation populaire sont potentiellement aptes à être détourné par les États-Unis, estime le Hezbollah, qui y voit des manipulations destinées à préparer le terrain dans le sens des objectifs expansionnistes d’Israël
« Les États-Unis cherchent à exploiter les mouvements populaires au Soudan et en Algérie en vue de semer la sédition dans ces pays, tout comme l’ont déjà fait dans d’autres pays », a affirmé le vice-président du conseil exécutif du Hezbollah.
« Les États-Unis et son président, Donald Trump, poursuivent leurs agressions contre les peuples et les pays de la région », a déploré le cheikh Ali Damouche, vice-président du conseil exécutif du Hezbollah.
Source : Press.tv
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.