mercredi 26 juin 2019

Lettres persanes


Lorsqu'il publia son roman épistolaire en 1721, Montesquieu ne s'imaginait peut-être pas que sa chère Perse serait dans l'œil du cyclone géopolitique 298 ans plus tard... Beaucoup a déjà été dit, ici ou ailleurs, sur la crise du Golfe 3.0 ou 4.0 (on ne compte plus). Contentons-nous de revenir sur les tous derniers éléments pertinents.

Si beaucoup espéraient (du côté impérial) ou craignaient (du côté de la multipolarité) que Poutine "vende" l'Iran en échange de la Syrie, ils ont été déçus/soulagés. L'inédit sommet tripartite Russie-Israël-USA, lors duquel Washington et Tel-Aviv étaient censés convaincre Moscou de lâcher l'Iran, a accouché d'une souris.
 
Pire ! L’envoyé russe, Nikolaï Patrouchev, a renvoyé Bolton & Co dans les cordes :
« L'Iran a toujours été et demeure notre allié, avec qui nous développons nos relations dans un contexte aussi bien bilatéral que multilatéral. Nous croyons donc qu'il est inadmissible de qualifier l'Iran comme la principale menace de la région et de le mettre sur le même plan que l'Etat Islamique ou d'autres organisations terroristes. »
L'ami Nikolaï en a rajouté une couche en déclarant que, selon les données militaires russes, le drone US était bien dans l'espace aérien iranien et que les accusations américaines contre Téhéran concernant l'attaque de pétroliers étaient « de piètre qualité et peu professionnelles ». Pan, sur la moustache de Bolton qui, avec son siamois israélien, ne s'attendait visiblement pas à se faire reprendre aussi vertement. Voilà qui n'a pas dû lui arriver très souvent dans sa carrière...
Et encore, Patrouchev n'a-t-il pas élaboré sur le fait que les Iraniens auraient également pu descendre un P8 Poseidon, avion de patrouille maritime, avec 35 soldats US à bord. Message sublimal : Nous sommes restés très modérés mais on peut vous faire beaucoup plus mal. De fait, si l'armée iranienne souffrira énormément d'un conflit, elle peut infliger des dommages sévères aux bases US de la région et mettre le feu aux alliés pétromonarchiques de l'empire.
Et bien sûr, Téhéran est dans les starting blocks pour lancer sa guerre asymétrique sur deux axes. D'abord en actionnant une guérilla chiite qui embrasera le Moyen-Orient : Hezbollah vs Israël, Houthis vs Arabie saoudite, UMP irakiennes vs soldats américains. Ensuite, en fermant le détroit d'Ormuz pour faire exploser le cours du pétrole et amocher salement l'économie mondiale.
Les compagnies d'assurance ont déjà multiplié par dix (!) le prix de leur police pour un pétrolier naviguant dans le Golfe, ce qui se répercute sur le coût du baril. Mais ce n'est rien par rapport aux cours stratosphériques qu'atteindrait l'or noir si le détroit était réellement menacé de fermeture : 300$, 500$ voire même 1000$ selon des projections de Goldman Sachs. Les marchés mondiaux ne s'en remettraient pas et la crise de 1929 ferait figure d'aimable gaspillage.
Pas sûr dans ces conditions que le Cretinho de la Maison Blanche, qui prend apparemment aussi ses conseils de l'excellent Tucker Carlson mais aurait mieux fait d'écouter celui-ci avant d'engager les illuminés Bolton et Pompeo, pas sûr dans ces conditions, donc, que Cretinho franchisse le pas. Pour l'instant, la guerre des mots s'amplifie, Rouhani qualifiant l'administration US de "retardée mentale" et celle-ci menaçant de "faire disparaître" l'Iran. Ambiance, ambiance...
La toute dernière livrée des sanctions américaines ciblent symboliquement les leaders iraniens mais il ne faudrait pas y voir seulement un aveu d'impuissance. En menaçant de sanctionner Zarif, le ministre des Affaires étrangères, les petits génies du Potomac pensent couper toute possibilité de négociations diplomatiques. Stratégie de la tension, toujours. Le Pompée du Département d'Etat, lui, fait la tournée des popotes pétromonarchiques pour les engager dans une grande coalition. Mais les grassouillets (et fainéants) cheikhs sont aussi veules que riches et il n'est pas sûr qu'ils acceptent de s'engager. Déjà, les Émirats Arabes Unis, pourtant fanatiquement anti-iraniens, retournent leur keffieh à la vitesse de l'éclair, constatant soudain que la guerre, c'est dangereux. Il est très facile de payer des mercenaires au Yémen pour faire le sale boulot, mais se retrouver en première ligne, voilà qui est trop risqué pour ces chères pétronouilles.
Un dernier élément pour la compréhension des tenants et aboutissants persiques. Il se pourrait (mais l'info n'est pas sûre et reste au conditionnel) que les Russes aient envoyé des conseillers techniques afin d'améliorer la défense anti-aérienne iranienne. Si c'est confirmé (et c'est encore un gros si), au vu de ce qui s'est fait en Syrie avec les 2/3 des missiles US descendus ou détournés, la nouvelle n'est pas bonne pour la coterie américano-israoudienne...
Publié le 25 Juin 2019 par Observatus geopoliticus
-----------------------------------
COMMENTAIRE
En effet, ce 22 juin, alors que des sources iraniennes dignes de confiance affirmaient que le commandement du corps des Gardiens de la Révolution avait donné l’ordre d’orienter les plates-formes des missiles en direction de toutes les bases américaines implantées dans le Golfe, et informé les habituels messagers entre Téhéran et Washington que toute frappe sur n’importe quel site iranien sera considérée comme une déclaration de guerre, les débats à Washington tournaient autour de la façon d’éviter la guerre, ceux de la Maison Blanche portaient sur le moyen de sauver la face, tandis que les débats des dirigeants du Parti démocrate remettaient au premier plan l’Accord sur le nucléaire iranien signé par l’ex-président Barack Obama, considérant que le retrait de cet accord était une grave erreur et que celui qui en avait décidé a mis les États-Unis dans le pétrin, porté atteinte au prestige de son armée et donné à l’Iran l’occasion de s’illustrer en tant que maître de la situation.  H.G.

4 commentaires:

  1. je souhaite que cette guerre ait lieu , pour taire a jamais ces amerloques qui ont toujours ete des criminels a commence par leur cmassacres envers les vrais proprietaires de toute l'amerique du nord le massacre et vole des terres Amerindienes. ces anglais ont commences leur histoire en amerique dans la guerre et ils continuent encore a ce jour dans le monde .

    RépondreSupprimer
  2. @andre bora, je suppose que vous êtes prêt pour être en première ligne si la guerre éclate ?

    RépondreSupprimer
  3. Merci Bemo.

    André Boran, vous devriez étudier l'Histoire autrement que dans les livres de nos écoles. Vous en êtes encore à mettre des étiquettes sur des Peuples entiers? (Les Américains et/ou les Anglais sont les méchants, et les Amérindiens sont les bons).

    Que se passe-t-il dans nos sociétés actuelles? Il y a des satanistes qui s'ingénient à diviser, souiller et détruire, et il y a les humains (la majorité) qui suivent les commandements divins. Et ces deux factions se retrouvent dans TOUTES les sociétés. Comme elles se retrouvent en CHACUN d'entre nous.

    Quand vous appelez de vos voeux la guerre et la destruction d'un Peuple, à quelle faction rendez-vous allégeance?

    -*-

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C’est ce que beaucoup ne comprennent pas !! L’ennemi n’est ni Trump ni Xi, ni Poutine, mais la Cabale qui est en face !!!! Le clan lutte actuellement et conjointement pour en sortir !
      La Cabale ce n’est pas seulement un groupe de quelques poignées, ce sont des êtres reliées aux forces négatives qui contrôlent notre monde depuis des millénaires. Cependant cette idée
      reste pour beaucoup , un domaine réservé aux salles de cinema, alors qu’ils sont eux-mêmes actuellement acteurs dans le plus grand film de science-fiction que l’humanité n’ait jamais réalisé…

      Supprimer

Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric. Les commentaires par des Anonymes pourraient provenir de trolls, ils sont donc susceptibles d'être supprimés en cas de doute.