Le pays
est prêt pour la guerre et exerce une « pression maximale » sur Trump
Tôt ce
matin, la défense aérienne iranienne a abattu un drone de reconnaissance américain volant à
haute altitude.
DUBAI (Reuters) - Les troupes d'élite des
Gardiens de la révolution iraniens ont abattu un drone "espion" américain dans la province
méridionale d'Hormozgan, située sur le Golfe, a déclaré jeudi le site
d'information de la Garde, Sepah News.
L'agence de presse d'État IRNA a publié le même
rapport, identifiant le drone comme étant un RQ-4 Global Hawk.
"Il a été abattu lorsqu'il est entré dans l'espace aérien
iranien près du district de Kouhmobarak, dans le sud", précise le site Web
des Gardes.
Une déclaration ultérieure de l’IRGC décrit
en détail l’incident :
Le drone américain a décollé d'une base
américaine dans le sud du golfe Persique à 00h14 aujourd'hui et, contrairement
aux règles suivies dans l'aviation, il a éteint tout son équipement
d'identification et s'est rendu du détroit d'Ormuz à Chabahar en vol caché.
L'avion téléguidé, alors qu'il revenait vers
l'ouest de la région en direction du détroit d'Ormuz, a violé l'intégrité
territoriale de la République islamique d'Iran, a commencé à recueillir des
informations et à espionner.
À 4 h 55 du matin, lorsque le drone est, de
manière agressive, entré sur le territoire de notre pays, il a été pris pour
cible par les IRGC et abattu.
Les États-Unis affirment
que le drone était un MQ-4C Triton, la variante marine du type Global
Hawk spécialisée dans la surveillance maritime à grande distance. Ils
affirment que le drone se trouvait dans l’espace aérien international lorsque
les Gardiens de la révolution iraniens l’ont abattu.
(Il est intéressant de noter qu’aucun MQ-4C n’est censé
se trouver au Moyen-Orient. Le déploiement a du se faire dans le secret. Mise à
jour : Ce drone spécifique semble être arrivé au Qatar il y a seulement cinq
jours. Des détails supplémentaires sont discutés
ici.)
Drone de type Global Hawk – Agrandir
L’incident est une autre preuve que la
campagne de « pression maximale » de Trump contre l’Iran
se retourne maintenant contre lui.
Trump aurait
dit à son personnel de cesser de parler de guerre contre l’Iran :
Deux hauts fonctionnaires et trois autres
personnes ayant une connaissance directe de la stratégie de l'administration
dans la région ont dit au Daily Beast
que le président avait demandé aux fonctionnaires de modérer leur rhétorique
sur l'Iran ...
Trump ne veut pas entamer un conflit militaire contre
l’Iran. Mais il mène déjà une brutale guerre économique contre l’Iran et le
pays se défend. Trump veut négocier sans arrêter de sanctionner ce pays. L’Iran
n’est pas d’accord.
Ce que Trump veut n’importe plus. L’Iran est parvenu à
dominer l’escalade de la violence. Ce pays peut causer une myriade d’incidents
qui forceront Trump à réagir. Il peut alors soit déclencher une guerre et
risquer ainsi sa réélection, soit réduire les sanctions à l’encontre du peuple
iranien. S’il ne réagit pas, d’autres piqûres d’épingle suivront et deviendront
plus coûteuses avec le temps.
Abas Aslani @AbasAslani - 7:29 UTC - 20 juin 2019
#Iran's #IRGC commandant Salami : Tirer sur ce
drone américain était un message fort et clair qui veut dire que nous réagirons
fermement contre toute attaque contre le pays. Les frontières sont notre ligne
rouge. Nous ne cherchons la guerre contre
personne, mais nous y sommes prêts. Le message de l'incident
d'aujourd'hui est clair.
La perte du drone Global Hawk est importante. Ces
énormes oiseaux, dont l’envergure est supérieure à celle d’un Boeing 737, sont
considérés comme des atouts stratégiques. Ils ont été construits pour remplacer
les fameux avions espions U-2. Ils transportent des capteurs de grande valeur
et coûtent plus de 120 millions de dollars l’unité.
Cette perte peut donc être, avec certitude, attribuée
à l’Iran. Mais pour pouvoir accuser l’Iran, les États-Unis devront prouver que
leur drone n’est pas entré dans l’espace aérien iranien. Il y a seulement deux
jours, la Federal Aviation Authority a émis un
avertissement pour les avions volant dans la région.
Les drones américains ont déjà violé l’espace aérien
souverain de l’Iran à plusieurs reprises. En 2011, l’Iran a
capturé un drone RQ-170 furtif, qui volait en provenance d’Afghanistan, en
manipulant ses signaux de commande. En 2012, l’Iran a
abattu un autre drone américain, un Boeing Scan Eagle, qui venait du golfe
Persique. De nombreux autres drones américains ont été
abattus au-dessus du territoire iranien :
En
janvier[2011], l'Iran a déclaré qu'il avait abattu deux drones conventionnels
(non-furtifs), et en juillet, l'Iran a montré aux experts russes plusieurs
drones américains - dont un qui surveillait l'installation souterraine
d'enrichissement d'uranium à Fordo, près de la ville sainte de Qom. ...
Le 13 décembre, le secrétaire à la Défense, Leon
Panetta, a déclaré à Fox News que les États-Unis poursuivraient "absolument" la campagne de drones au-dessus
de l'Iran, à la recherche de preuves d'un quelconque travail sur les armes
nucléaires. Mais une telle surveillance fait monter les enchères car,
maintenant, l'Iran peut apparemment perturber le travail des drones américains.
Les chats persans sont maintenant bien entraînés
contre les drones.
Comment Trump réagira-t-il à cet incident ? Le président
John Bolton exigera une action militaire contre l’Iran pour se venger. Il
ne manquera pas non plus d’insister pour que des troupes supplémentaires soient
envoyées au Moyen-Orient.
Trump peut à nouveau minimiser l’incident, comme il
l’a fait récemment avec l’attaque
du pétrolier qu’il a considéré comme « très mineur ».
Mais les faucons de guerre des médias et du Congrès, de même que l’Iran, lui
mettront plus la pression. D’autres incidents suivront sûrement.
Trump a une issue. Il pourrait accorder des
dérogations aux sanctions pour permettre à la Chine, au Japon, à la Corée du
Sud, à l’Inde et à d’autres pays d’importer à nouveau du pétrole iranien. Cela
permettrait de retirer le mot « maximal » de sa campagne de « pression
maximale » qui est en train d’échouer et pourrait être un moyen
d’entamer des négociations.
Mise à jour
à 14 h 00.
Le Pentagone vient de tenir une très courte conférence
de presse. Par téléphone, le lieutenant-général Joseph T. Guastella, du
Commandement central des États-Unis, a fait une très brève déclaration. Aucune
question n’était autorisée.
Il a déclaré que le drone se trouvait dans l’espace
aérien international, à haute altitude, et à « 34 kilomètres du point
le plus proche de la côte iranienne » quand il a été abattu.
C’est de la triche ou, si vous préférez, de la
trigonométrie.
Une attitude élevée signifie que le drone volait à une
hauteur d’environ 60 000 pieds, soit plus ou 20 kilomètres. Même en survolant
directement la côte iranienne, il serait « à 20 kilomètres du point le
plus proche de la côte iranienne ».
Les 34 kilomètres sont la longueur de l’hypoténuse AC
du triangle rectangle. La hauteur est l’opposé de AB. Ce que nous devons
trouver, c’est la longueur CB. adjacente.
? = racine carrée de ( 34 x 34 – 20 x 20) = 27,5
kilomètres
Les zones maritimes nationales et la zone aérienne
nationale sont mesurées en milles marins : 27 km / 1,852 = 14,85 milles marins.
La longueur du BC adjacent, c’est-à-dire la distance
légale du drone à la côte iranienne, était de 14,85 milles. C’est du moins ce
qu’en dit la tête parlante du CENTCOM.
La zone maritime nationale de l’Iran, qui équivaut à
la limite de l’espace aérien national, se trouve à 12 milles marins de ses
côtes. La marine américaine prétend que son drone était un peu plus loin.
Cette carte a été montrée lors du briefing du Pentagone.
Comparez-la maintenant avec cette carte qui montre les
frontières maritimes de l’Iran, d’Oman et des Émirats arabes unis dans le
détroit d’Ormuz.
Il n’y a pas d’espace aérien international dans la
partie nord la plus étroite du détroit d’Ormuz. Il n’y a que l’espace aérien
national de l’Iran et d’Oman. Si la carte CENTCOM montre l’emplacement
correct du drone, qui venait du sud, il était au milieu d’un cul de sac de
l’espace aérien international, volant vers son extrémité.
Le drone était un RQ-4N BAMS-D. C’est un prototype,
pour la marine américaine, du nouveau type MQ-4C
Triton du Global Hawk qui est actuellement en construction. Le RQ-4N était
unique. Il utilisait un vieux Global Hawk rempli de nouveaux équipements
électroniques. Il servait de banc d’essai pour le gigantesque aspirateur de
données que sera le Triton. Mais c’était aussi un équipement difficile à
entretenir et qui avait rempli sa fonction. Les premiers drones seront livrés
cet été. Le RQ-4N était sans doute extensible.
L’IRGC iranien dit que le drone avait éteint son
transpondeur peu après le décollage. Un coup d’œil sur les sites habituels de
trafic aérien en direct confirme que le drone n’a pas été suivi par les
systèmes de l’aviation civile qui surveillent les signaux des transpondeurs.
L’armée de l’air américaine, qui effectue chaque jour
des missions de reconnaissance à proximité de pays potentiellement hostiles,
garde toujours ses transpondeurs allumés. Le signal du transpondeur démontre
qu’il n’y a aucune intention hostile. Il prévient les engagements accidentels
de défense aérienne. Cela permet également de prouver qu’on reste en dehors
d’un espace aérien national étranger.
Les États-Unis menacent l’Iran d’une guerre et d’un
changement de régime depuis une quarantaine d’années. Il y a actuellement une
crise causée par Trump et sa violation de l’accord nucléaire avec l’Iran. Si
l’affirmation du CENTCOM est correcte, le drone de la Marine volait très près
de la frontière iranienne, à quelques secondes d’y pénétrer, d’une manière que
l’Iran avait des raisons d’interpréter comme pouvant être hostile. L’Iran a
publié une vidéo
qui est censée montrer le tir.
L’Iran dit que le drone est entré dans l’espace aérien
iranien. J’estime que c’est probablement exact. CENTCOM n’est pas connu
pour dire la vérité et la liste des entrées de drones hostiles prouvées dans
l’espace aérien iranien est assez longue.
Trump vient de tenir une conférence de presse dans le
bureau ovale. Il semble vouloir minimiser (vidéo)
l’événement. Il a insisté sur le fait que le drone était sans pilote. Il a dit
qu’il avait « un très, très fort sentiment » que « quelqu’un
avait fait une erreur », qu’« un général iranien a
probablement fait une erreur ». Cela signifie qu’il n’accuse pas le
gouvernement iranien d’avoir abattu le drone, mais un individu qui « aurait
pu faire une erreur ».
Cette déclaration lui donne la possibilité d’éviter
d’importantes représailles.
Quelqu’un a fait une erreur ? Et alors.
Par Moon
of Alabama − Le 20 juin 2019
Le Saker
Francophone
L'Iran va mettre Trump sous
pression
L'Iran
continuera à mettre Trump sous pression. Comme il veut éviter une guerre qui
compromettrait ses chances de réélection, l'Iran utilisera d'autres moyens pour
faire pression sur lui.
La
discussion sur la décision de Trump de ne pas "riposter" à l'Iran -après
la destruction d'un drone américain-continue de dominer les médias américains.
Les récits des différentes "sources" se contredisent. Très
probablement, Trump a vu le piège d'un conflit militaire toujours plus intense
et ne s'est pas laissé faire. Le Pentagone a préparé un plan de frappe comme il
le fait toujours, mais Trump n'a jamais approuvé son exécution.
Un
nouveau détail sur la discussion à la Maison Blanche a été révélé dans un
article du New York Times sur la question. Le Pentagone et la Maison Blanche ne
savent pas exactement où le drone Global Hawk a été abattu. Ils ne
croient pas que le commandement central américain leur dit toute la vérité:
Vendredi
soir, le Pentagone a confirmé la présence d'un deuxième avion de surveillance,
un P-8A Poseidon de la Navy, qui aurait pris des photos du drone abattu.
Mais un haut responsable de l'administration Trump a déclaré que le
gouvernement américain s'inquiétait de savoir si le drone, ou un autre avion de
surveillance américain, ou même l'aéronef P-8A piloté par un équipage
militaire, avait violé l'espace aérien iranien à un moment donné. Le
responsable a déclaré que le doute était l'une des raisons pour lesquelles M.
Trump avait annulé la frappe.
Une
version antérieure de la même histoire du NYT, citée
ici, incluait ceci:
Le
retard pris par le commandement central des États-Unis dans la publication des
coordonnées GPS du drone lors de son abattage - quelques heures après que
l'Iran l’a annoncé- et les erreurs d'étiquetage de la trajectoire de vol du
drone lors de la publication des images ont contribué à ce doute, ont indiqué
des responsables.
Selon
un responsable de la défense, l'absence de "preuves tangibles"
prouvant l'emplacement du drone lorsqu'il a été touché a mis l'administration
dans une position délicate pour décider d'une nouvelle guerre avec un
adversaire ayant une capacité prouvée à riposter.
Le
ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif, a ajouté au doute
lorsqu'il a précisé le point exact où le drone était visé:
Javad Zarif @JZarif - 18:20 utc · 20 Jun
2019
À 00h14, un drone américain a décollé
des EAU en mode furtif et violé l'espace aérien iranien. Il était visé à 04h05
aux coordonnées (25 ° 59'43 "N 57 ° 02'25" E) près de Kouh-e Mobarak.
Nous avons récupéré des sections du
drone militaire américain dans NOS eaux territoriales où il a été abattu.
Peu
de temps avant que Zarif ait posté ce qui précède, l’agence de presse iranienne
Fars a diffusé une vidéo de
l’abattage du drone et une heure plus tard, une vidéo
montrant la trajectoire de vol du drone américain. Hier, l’Iran a récupéré les
débris du drone et en a distribué des photos.
Les experts ont déclaré que ces données diffusées sont authentiques.
Aujourd'hui,
Javiad Zarif a publié une trajectoire de vol encore plus détaillée du drone:
Javad
Zarif @JZarif - 14:01 utc - 22 Jun 2019
Pour
plus de détails visuels sur le trajet, l'emplacement et le point d'impact du
drone militaire américain que l'Iran a abattu jeudi, et des eaux sur lesquelles
il volait, voir ces cartes et coordonnées.
Il
ne fait aucun doute sur le lieu où se trouvait le drone au moment où il a été
abattu.
LÉGENDE:
bleu = drone; ligne jaune = FIR iranien; ligne rouge = eaux territoriales
iraniennes; ligne verte = eaux de base internes; points jaunes = avertissements
radio iraniens envoyés; point rouge = point d'impact.
(FIR
est la région
d'information de vol)
Il a
joint sept photos:
Les
données affichées sur ces cartes sont cohérentes avec la vidéo de la
trajectoire de vol fournie il y a deux jours.
Zarif
a ajouté une autre carte qui fait ressortir un bon argument.
Javad
Zarif @JZarif - 2:18
utc - 22 Jun 2019
Un
dernier visuel: le point rouge est le point d’impact du drone intrus à travers
la frontière iranienne; et la frontière des États-Unis.
La distance
entre Palmdale en Californie, où le drone Global Hawk a été construit, et
le port de Bandar Abbas dans le détroit d'Hormuz est de 13.134 kilomètres ou 8.161
milles. Dans cet esprit, il semble un peu ridicule de déterminer si le drone
américain se trouvait à un kilomètre à l’intérieur de la frontière ou un
kilomètre de l’espace aérien de l’Iran.
Les
États-Unis mènent une guerre économique totale contre l'Iran. Ils ont bloqué
les exportations iraniennes de pétrole, d'acier, d'aluminium, de cuivre et de
produits pétroliers. Ils entravent les importations en Iran en bloquant ses
connexions bancaires. Tout cela a des effets extrêmement durs sur la
population iranienne:
Je
vis dans la rue 30 Tir, dans le sud de Téhéran, le cœur de la ville. Le
labyrinthique bazar de Téhéran est à quelques pas. Il y a des ministères, des
bibliothèques, des églises, une synagogue qui fonctionne et un lycée
zoroastrien à proximité.
C'est
le Téhéran qui attirerait les touristes, mais il y en a peu. L'impact
dévastateur des sanctions américaines est omniprésent: les magasins sont
souvent vides; les restaurants, pour la plupart déserts. Sur l'avenue adjacente
Hafez, un silence assourdissant règne dans le complexe commercial spécialisé
dans la vente de téléphones mobiles.
L'un
des rares magasins de la rue 30 Tir qui attire encore des clients est géré par
Abbasi, un officier de l'armée à la retraite qui répare les gadgets domestiques
- les gens ne peuvent pas se permettre d'acheter de nouveaux articles. "Alors,
n'est-ce pas déjà la guerre?" Demanda-t-il, sans beaucoup de rancœur.
C’est une question que beaucoup d’Iraniens se posent ces jours-ci.
L'idée
est que les sanctions rendront l'Iran beaucoup plus faible au fil du temps. Ils
faciliteront beaucoup les tentatives futures de changement de régime, par la
guerre ou par d'autres moyens.
L'Irak,
voisin de l'Iran, a été soumis pendant plusieurs années à un régime de
sanctions similaire. 500 000 enfants irakiens sont morts et la secrétaire
d'État américaine de l'époque, la judéo-sioniste Madeleine Albright, a déclaré
que cela en valait la
peine (vid). L’Iran a vu et sait ce que les sanctions peuvent faire avec le
temps et reconnaît qu’il doit les combattre rapidement et par tous les moyens.
L'Iran
mènera cette guerre contre son étranglement économique du mieux qu'il pourra. Les
États-Unis dépensent 100 fois plus que
l'Iran pour ses questions militaires. L'Iran ne peut pas et ne veut pas attaquer
les États-Unis. Il doit mener cette guerre par des moyens asymétriques.
Un
tiers de la production mondiale de pétrole doit transiter par le détroit
d’Hormuz pour atteindre ses clients. L’Iran peut facilement mettre en péril
l’économie mondiale. Il peut fermer le détroit ou gêner le trafic. Il peut
saboter ou détruire les capacités de production de pétrole des producteurs
arabes hostiles à proximité.
L’Iran
utilise maintenant ces moyens pour faire pression sur Trump. Il ne veut pas
aller à la guerre? Bien, comment aimera-t-il un prix du pétrole au nord de 100
dollars le baril?
La
semaine prochaine, nous verrons probablement davantage d’attaques clandestines
visant des pétroliers, des ports de chargement situés dans des pays arabes du
Golfe ou leurs champs pétroliers côtiers. L’Iran niera avoir causé cela. Mais
le message est clair: si l'Iran ne peut pas exporter de pétrole, aucun autre
pays de la région du Golfe ne pourra exporter de pétrole.
Trump
peut soit lever les sanctions contre l'Iran, soit mener une guerre militaire
contre lui et en supporter les conséquences. Il n'a pas d'autre choix.
Trump
offre des pourparlers et des négociations. Mais l'Iran ne tombera pas (encore)
dans ce piège. Les États-Unis ont montré qu’ils sont, comme le disent les
Russes, «incapables de conclure un accord».
L’Iran
augmentera progressivement sa pression sur Trump en allant à l’encontre de
cibles plus grandes et plus importantes.
Se
coucher et faire le mort n'est pas une option pour l’Iran. L'Iran n'a d'autre
choix que de riposter. Rapide et par tous les moyens possibles.
Publié
par le 22 juin 2019 Par Moon of Alabama
Traduction : Hannibal Genséric
Analyse après autopsie
La semaine dernière a vu une évolution importante,
peut-être bien décisive pourquoi pas, dans l’affrontement entre les
USA et l’Iran. Il s’agit, selon un jugement porté après des réflexions
contradictoires, d’une séquence complète, que j’estime donc achevée, – d’où les
enseignements pouvant en être tirés. Mon constat théorique est qu’il y a eu
suffisamment d’“actions”, de commentaires, de communication, de réactions et
d’absence de réactions, de ce qu’on nomme un “événement”, pour qu’on puisse
considérer qu’il y a là une “séquence” complète et achevée. Un jugement est
donc possible, effectivement par “autopsie” puisque le “cadavre”
est encore chaud.
Bien entendu, cette séquence achevée n’achève
absolument rien de la crise elle-même ; au
contraire, elle lui fait franchir un palier supplémentaire.
Elle débouche sur l’inconnu, y compris et surtout l’inconnu des
intrigues et complots divers et extrêmement nombreux du côté américaniste :
la crise est beaucoup plus à Washington qu’entre Washington et Téhéran. Enfin,
pour ceux qui suivent ces événements de préférence aux réflexions de leur smartphone,
cette séquence fixe la crise iranienne dans sa véritable dimension
tragique.
L’épisode de la destruction du Global
Hawk a mis en évidence, “en circonstances réelles” comme on dit “en
temps réel”, les situations des uns et des autres dans une séquence d’une si
extrême intensité qu’elle se rapproche de ce que serait le
“climat” de la communication en cas d’ouverture des hostilités. Une
remarque préliminaire porte, si l’on considère comme c’est très probable que
l’on a frôlé la possibilité d’une attaque US, sur l’extraordinaire différence
de l’atmosphère, de l’état d’esprit, du comportement, de l’organisation, bref
de l’ordre et du rangement du côté US, entre la confrontation avec l’Irak de
mars 2003 dont j’ai le plus vif souvenir et l’épisode dont nous avons tous eu
le spectacle la semaine dernière. (Iran-Irak, les deux cas sont souvent
rapprochés.) En mars 2003, tout était aligné, rangé, ordonné du
côté US et derrière les USA, aux ordres ; en juin 2019, tout le contraire.
Un point important concerne effectivement l’attitude
internationale. A part l’usual-culpritqui n’a même pas besoin de
parler (l’axe Israël-Arabie-UK), il y eut un silence général ou son équivalent
(revenant à psalmodier “Il faut tout faire pour apaiser la tension”), – à
part, là encore, la sortie de Poutine répondant à une question sur l’éventuel
rapprochement de la Russie de la position US contre l’Iran, par un sec “pas
question”. Ce quasi-silence dans les circonstances de la destruction d’une
machine de l’US Navy par l’Iran n’est pas indifférent :
il indique ce que disait in
fine l’UE, savoir que dans cette affaire les torts
originels sont du côté US et que cela doit être absolument pris en compte.
Malgré de multiples tournées de Pompeo, les pressions
des militaires sur leurs collègues et “alliés” étrangers, la démonstration est
faite que la puissance US, ou ce qu’il en reste, ne règle plus les
comportements. L’on peut s’interroger sur ce que serait l’inévitable “coalition
du Bien” dont les publicistes américanistes ne peuvent se passer dans toutes
leurs expéditions, en cas d’expédition contre l’Iran. Des
surprises ne seraient pas exclues, et même recommandées…
La destruction
du RQ-4C par les Iraniens a constitué clairement un événement inattendu pour
Washington, où la quincaillerie militaire
joue un rôle politique important. (Le RQ-4C, dernière version du Global
Hawk, un énorme drone [taille d’un Boeing 737] de plus
de $200 millions, considéré comme le système aérien d’intervention le plus
avancé de l’arsenal US.). Cela rappelle un peu la destruction de l’U-2 de
Gary Powers supposé hors de portée de la défense aérienne, par un SA-2
soviétique le 1ermai 1960 au-dessus de l’URSS, déclenchant une crise
de première ampleur au sommet de Paris.
Soudain, le Pentagone s’est trouvé avec la perte de RQ-4C devant l’inconnu
(quant aux capacités iraniennes), devant la perspective d’affronter une
force aux capacités inconnues mais supérieures très probablement à ce qui était
planifié. Toute l’évaluation des forces iraniennes est à revoir à
partir de cet incident et les hypothèses à cet égard (les capacités iraniennes)
volent désormais très
haut.
Pour cette raison (la surprise de la destruction du
RQ-4C), il semble qu’on puisse dire que ce vol n’était pas vraiment ni tout à
fait une provocation US mais une mission “normale” de reconnaissance
électronique, et sans doute dans l’espace aérien iranien du fait de
l’invincibilité supposée de l’engin. On ne lance pas une provocation passant
par la destruction d’un de ses propres systèmes, avec un système
de cette capacité et de cet avancement technologique. Les 24 heures de
silence qui ont suivi la destruction du RQ-4C avant les menaces, les anathèmes
et les reculs, mesurent sans doute la
paralysie et l’incertitude de la surprise US. Cet événement a
largement influé sur l’attitude des militaires, le président du JCS (Général
Dunford) en tête, se prononçant contre une riposte armée parce que ses effets « pourraient
mettre en danger les forces américaines », – effectivement, crainte
justifiée mais tout de même curieux argument pour le chef de forces dont le
destin est de faire la guerre et donc d’être “mises en danger”.
Encore tout cela, toutes ces remarques,
répondent-elles jusqu’ici à un certain ordre, à une logique de situation. Mais
au-delà, quel chaos, quel manque de
préparation, quel goût singulier
pour la contradiction et le désaccord, quelle improvisation et quel amateurisme dans la brutalité et l’impulsion ! L’effondrement en cours de l’Empire, –oui,
oui, soyez-en sûr, – s’accompagne d’une
incroyable médiocrisation du personnel de direction, de
l’abaissement abyssal de la qualité, de l’ampleur du regard. On a pu le mesurer
dans les divers débats, postures, déclarations, contradictions, accompagnant la
possibilité d’une frappe, devenue probabilité, et soudain annulée, et suivie
des explications alambiquées de Trump, des confirmations de leur
entêtement obtus de la part des faucons.
Le sommet de cette stupéfiante agitation de la
direction américaniste se trouve sans doute dans la longue
explication de Trump sur ses désaccords avec Bolton, sur
l’extrémisme paranoïaque de Bolton qu’il ne partage pas du tout (lui, Trump),
sur ses tendances prédatrices exceptionnelles, etc. (« Si l’on écoutait Bolton, on
combattrait le monde entier, okay ? ») Bolton reste
tout de même un type magnifique, qui reste en fonction, dans tous les cas pour
les prochaines heures ; Trump est très content d’avoir comme conseillers
des faucons et des colombes (lesquelles ?), sans trop s’attacher au
constat, –mais sans doute en fait-il partie ? – qu’il s’agit d’abord de fous et d’esprits totalement
corrompus dans tous les sens.
Il n’empêche : les gens les plus sensés, y
compris parmi les partisans de Trump comme Tucker Carlson, jugent que si Trump ne s’est pas débarrassé
de Bolton dans les prochaines semaines, et par conséquent s’il
en perd le contrôle, il perdra les élections USA-2020, – bien sûr, si le
monde n’est pas détruit d’ici là par un conflit devenu planétaire. Les
explications de Trump non suivies d’effets alors qu’il a montré sa capacité et
sa dextérité à se débarrasser de ministres et de conseillers constituent
certainement la phase la plus folle et la plus énigmatique de la séquence. Elle
résume, synthétise et symbolise l’incontrôlabilité de l’événement qui vient de
se passer, et en général de l’environnement crisique où nous évoluons
désormais.
C’est comme si les Iraniens, fermement campés
sur une
résolution sans faille, étaient devenus à la fois les
spectateurs et le sparring-partners un
brin deus ex machina de cet exercice
cosmique d’autodestruction de l’Empire.
Source : Dedefensa.org
la technologie usa est obsolete dmeme la plus recente se fait terrasser par un faible ennemi suppose par ces memes criminels usa , leur fin est proche , vive l'Iran.
RépondreSupprimerIl faut vraiment être un super dégénéré pour mener une telle "politique" et avec tout ce qu'elle suppose de dépravation mentale et vouloir la continuer en se représentant aux élections présidentielles !
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