Lorsque le
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a été inculpé de plusieurs
crimes, nous avions prédit
qu’il deviendrait plus dangereux :
Netanyahu se battra bec et ongles
pour gagner et conserver son immunité. Il essaiera de délégitimer le juge et il
utilisera toutes les astuces disponibles pour rester en fonction.
Cela le rend encore plus dangereux
qu'il ne l'est habituellement.
Il pourrait même décider de faire
quelque chose, comme commencer une grande guerre, pour empêcher son éviction du
pouvoir.
Le Liban, la Syrie et l'Iran doivent
faire attention.
Maintenant,
l’ancien agent et diplomate du MI6, Alastair Crooke, détecte
une nouvelle tentative israélienne pour déclencher une guerre contre
l’Iran :
"Il s'agit d'une opportunité
historique", a chuchoté
cette semaine un des proches de Netanyahu à Ben Caspit - un grand
journaliste israélien : ...
Quelle sorte d'histoire cela
pourrait-il être ? Pourquoi six mois ? Eh bien, Caspit le
souligne : «Les fidèles de Netanyahu, dirigés par le ministre Yuval
Steinitz, déclarent clairement qu’une guerre généralisée est susceptible
d’éclater au cours des six prochains mois entre l’Iran et ses adversaires dans
la région, y compris Israël». Et le nouveau ministre de la Défense,
Bennett, menace l'Iran presque quotidiennement.
"Peut-être que Netanyahu a
simplement besoin d'une guerre avec l'Iran pour survivre politiquement", a déclaré l'un des dirigeants Bleus et
Blancs à Caspit : "C'est effrayant et dangereux ...".
Il n’y a
rien de nouveau à cela pourrait-on nous rétorquer. Netanyahu a depuis des
années comploté pour déclencher une guerre américaine contre l’Iran. Mais
jusqu’à présent, il n’y avait aucune raison pour que les États-Unis en fassent
une. La guerre a besoin d’un narratif, d’une histoire qui peut être vendue aux
gens qui devront payer pour cela. Crooke en voit une possible dans les récentes
émeutes en Iran et ailleurs :
Eh bien, voici le narratif : «Pendant
longtemps, il semblait que la propagation de l'influence iranienne à travers le
Moyen-Orient était imparable. Maintenant, toute l'entreprise d'hégémonie
iranienne est en danger. Des manifestations se déroulent en Irak et au Liban
depuis des semaines, mettant leurs économies à l'arrêt et forçant leurs
premiers ministres, adoubés par l'Iran, à démissionner. Il n'y a pas de fin en
vue pour les manifestations… ».
Et par conséquent, la poussée
israélienne - dirigée par le nouveau ministre de la Défense, Bennett, qui
prétend que c'est maintenant - précisément - le moment pour les États-Unis
d'agir contre l'Iran. Ceci est le narratif pour la guerre.
L’idée est
donc que les turbulences actuelles dans les pays de «l’axe de la résistance»
– Liban, Syrie, Irak et Iran – ont tellement affaibli l’Iran qu’il peut être
attaqué.
Mais un
regard sur chacun de ces pays montre que la véracité du récit est douteuse.
Le Liban traverse une crise monétaire parce que les
États-Unis ont sanctionné les envois de fonds des expatriés – environ 8
milliards de dollars par an – vers le pays. Cela a déclenché l’effondrement d’un stratagème
frauduleux, utilisé par les riches au Liban, pour augmenter la dette publique
tout en canalisant l’argent de l’État, via la Banque centrale du Liban, dans
leurs propres
poches :
La Banque du Liban a émis des bons
du Trésor à des taux d'intérêt très élevés ; la majeure partie de cette
dette a été achetée par d'autres banques libanaises. Jad Chaaban, professeur à
l'Université américaine de Beyrouth, a découvert que «des individus
étroitement liés aux élites politiques contrôlent 43% des actifs du secteur
bancaire commercial libanais». Il a également calculé que, pour prendre un
exemple, la famille Hariri avait gagné 108 millions
de dollars entre 2006 et 2015 sur les intérêts de la dette publique.
L’idée
derrière les sanctions américaines était de nuire économiquement au Hezbollah, de déclencher une
guerre civile contre lui et de l’évincer du gouvernement libanais. Mais
le plan a échoué.
Alors que la livre libanaise a perdu quelque 40% de sa valeur, le Hezbollah a
augmenté le salaire de ses militants :
Aujourd'hui, aucun citoyen libanais
n'est en mesure de disposer de sa propre épargne, ou des actifs de son
entreprise dans les banques, en raison de restrictions sur les retraits et d'un
«contrôle des capitaux» efficaces. Seuls de petits montants peuvent être
livrés aux titulaires de compte - environ 150 à 300 $ par semaine dans un pays
où les paiements en espèces prévalent. Personne n'est autorisé à transférer un
montant à l'étranger, sauf pour les frais universitaires ou les demandes
spéciales d'importation de biens de première nécessité.
Cependant, le Hezbollah, la principale cible américano-israélienne,
n'a pas été affecté directement par les sanctions américaines et par les
nouvelles restrictions financières. Les militants ont été payés, comme c'est le
cas mensuellement, en dollars américains avec une augmentation de 40% (en
raison de la dévaluation de la monnaie locale) avec les compliments de «l'Oncle
Sam».
Comme de
nombreuses banques et industries syriennes ont utilisé le système bancaire
libanais, la crise monétaire au Liban a également entraîné une forte baisse de
la livre syrienne. C’est un problème pour la Syrie, mais ses alliés aideront à
en atténuer les effets.
Les sanctions américaines contre le Liban n’ont pas eu
l’effet souhaité. Il n’y aura pas de guerre civile contre le
Hezbollah. Celui-ci, et son arsenal de missiles, qui agit comme dissuasion
contre Israël, sont toujours prêts.
Les
manifestations en Irak sont authentiques et ont fait tomber le gouvernement. Mais les
tentatives des États-Unis pour les utiliser
contre les Forces de mobilisation populaire (al-Ḥashd ash-Shaʿbi),
créées en 2014 par l’Iran pour vaincre État islamique, échouent également. La
position américaine en Irak est faible. Elle ne peut pas concurrencer l’influence de
l’Iran :
Le président Barham Salih a entamé
des pourparlers, immédiatement après la démission d'Abdul-Mahdi, avec
différents blocs politiques. Le général iranien Qassim Soleimani, chef de la
force d'élite iranienne Quds et architecte de son appareil de sécurité
régional, est également venu à Bagdad pour rencontrer des responsables clés.
Les bases militaires américaines en Irak subissent
de plus en plus d’attaques.
De sincères
protestations contre la hausse des prix du carburant en Iran ont été suivies un
jour plus tard par des attaques déclenchées prématurément par des groupes
clandestins contre les infrastructures et les banques du pays. L’Iran a
immédiatement réagi pour les éliminer. Comme Crooke le décrit :
Les forces de sécurité ont réagi
militairement - arrêtant et tuant de nombreux insurgés. Et oui - Internet a été
fermé. Mais pas l'internet iranien - seulement l'internet mondial. Ainsi,
l'équivalent iranien de WhatsApp et Telegraph, et les chaînes
d'information iraniennes étaient toujours accessibles - bien que l'internet
mondial ne l'était pas. La colère déclenchée à l'étranger par la fermeture de
l'Internet externe reflète peut-être la surprise et l'irritation que l'Iran ait
cette capacité. Probablement, ce n'était pas une capacité que l'Iran était
censé posséder.
Que se passait-il donc ? Le
gouvernement iranien, semble-t-il, avait déjà eu connaissance de plans visant à
organiser des attaques de «militants», dans le cadre d’un plan de
perturbation - établi et financé à l’extérieur. Mais le plan d'origine
indiquait que ces actions auraient lieu au début de l'année prochaine.
Ce qui semble s’être produit, c’est
que lorsque les manifestations de hausse de carburant ont commencé, ces «militants»
ont reçu le feu vert pour «saisir le moment». En d'autres termes, ils
ont activé prématurément tous leurs plans pré-préparés. C'était exactement ce
que les forces de sécurité iraniennes voulaient et avaient cherché. Cela leur a permis de «déjouer»
le complot et d'arrêter ou de tuer les chefs de file.
La
construction du réseau clandestin d’insurgés en Iran a dû prendre des années. Cela a probablement été fait par la
CIA en collaboration avec la secte MEK.
Les militants étaient censés être dirigés, comme les émeutiers de Hong Kong,
via des services de messagerie Internet. Lorsque ces lignes de commandement et
de contrôle ont été coupées, les services de sécurité iraniens n’ont eu, comme
nous l’avions prédit,
aucun problème pour éliminer les groupes militants.
Les
États-Unis ont tout essayé contre l’Iran, sauf mener une guerre pure et simple.
Mais leurs plans contre l’Iran et ses amis échouent partout.
Vendredi, la
campagne de pression des États-Unis contre l’Iran a fait l’objet d’une
conférence de presse du Département d’État au cours de laquelle Matt Lee
de Associated Press a contesté l’affirmation du secrétaire adjoint Schenker
selon laquelle la campagne était un succès :
Secrétaire adjoint
Schenker : Les
Iraniens ont souvent, ou ont certainement dans le passé, pris des mesures agressives
lorsqu'ils se sentent sous pression. On le voit
dans la réponse, par exemple, à la campagne de pression maximale qui a
fonctionné au cours des mois. Au cours des cinq ou six derniers mois, l'Iran
est devenu de plus en plus agressif. C'est une trajectoire,
vraiment, où ils ont d'abord augmenté le rythme opérationnel des Houthis contre
les Saoudiens, puis augmenté la rhétorique et fait monter la température
en Irak contre le personnel américain, passant, de là, à saborder des bateaux à
Fujairah, puis à les kidnapper, puis à tirer et abattre les drones américains
dans l'espace aérien international, et plus récemment Abqaiq, visant
directement avec leurs propres missiles les installations pétrolières
saoudiennes. ...
Question : Et vous semblez suggérer dès maintenant que la campagne de
pression maximale est un succès car elle a entraîné une plus grande agression
iranienne et abattu des drones américains.
Secrétaire adjoint
Schenker : Moi ? non.
Question : Eh bien, si -
Secrétaire adjoint
Schenker : C'est peut-être ce que vous avez
déduit.
Question : Non, non, non, c'est - c'est comme ça, eh bien, non, je pense
que c'est comme ça -
Secrétaire adjoint
Schenker : La campagne de pression
fonctionne. Ils sont clairement sous pression, ils ont peur, et ils se
déchaînent. Ils sont aussi -
Question : Oui, mais si c'est ça un succès, je veux dire -
Secrétaire adjoint
Schenker : Ils connaissent également une
croissance négative à deux chiffres.
Question : Très bien, et alors ...
Secrétaire adjoint
Schenker: Les gens
dans les rues protestent contre le régime pour sa corruption et sa mauvaise
gestion économique -
Question : Oui, mais il y a sûrement -
Secrétaire adjoint
Schenker : ... pour avoir dépensé tout
l'argent du peuple iranien dans des milices à l'étranger, comme dans -
Question : Sûrement le critère - sûrement le critère du
succès de la politique américaine, sa politique étrangère n'importe où, pas
seulement avec l'Iran, c'est que le pays - l'autre pays soit moins agressif et
moins susceptible d'abattre des drones américains ou d'attaquer des bases
américaines ou de menacer -
Secrétaire adjoint
Schenker : Il y a - non, Matt, il y a - pour
être juste, là - les choses empirent parfois
avant de s'améliorer en ces termes.
Les
États-Unis surestiment constamment leurs capacités à mettre l’Iran à genoux.
Alors que le PIB de l’Iran baisse par manque de ventes de pétrole, l’économie
interne est florissante et l’emploi est en hausse
alors que les importations sont remplacées par la production locale :
La hausse du dollar apporte un grand
changement dans la structure des prix en Iran, ouvrant des opportunités
substantielles pour une production rentable dans les secteurs non pétroliers qui emploient 99% de la
main-d'œuvre. Ce sont ces secteurs qui sont submergés par des
importations bon marché lorsque les revenus pétroliers abaissent leurs prix.
Ainsi, à contrario, et comme le disent
les manuels économiques, lorsque les revenus du pétrole baissent et que les
prix des importations augmentent, la demande passe des produits étrangers aux
produits domestiques, encourageant les entreprises à embaucher des travailleurs
et à accroître la production. Par exemple, lors de mes précédentes visites en
Iran, j'aurais peut-être acheté une boîte de céréales Kellogg parce qu'elle
avait meilleur goût que la marque iranienne et n'était que deux fois plus
chère. Mais l'été dernier, la dévaluation ayant augmenté le ratio des prix à
quatre ou cinq, j'ai décidé d'acheter la marque iranienne. Étonnamment, elle
avait meilleur goût, soit parce que la qualité s'était améliorée, soit parce
que les prix déterminent le goût des habitants d'Ispahan !
L’inflation
en Iran, causée par les sanctions américaines, revient à des niveaux
supportables. Le nouveau
budget du gouvernement devrait dépendre
pour moins de 10% des ventes de pétrole :
Rouhani a déclaré au Parlement que
le budget de 4 845 milliards de rials, soit 36 milliards de dollars au
taux actuel, avait été conçu pour aider le peuple iranien à surmonter les
difficultés. ...
Rouhani a déclaré qu'en dépit des
sanctions américaines, son gouvernement s'attendait à gagner près de 455
milliards de rials - 3,4 milliards de dollars - grâce aux exportations de
pétrole.
Mais il a également déclaré que
l'économie iranienne non pétrolière serait "en croissance"
l'année prochaine.
Alors que l’Iran et ses alliés sont sous pression, ils ne risquent
certainement pas de s’effondrer. Le narratif israélien pour une guerre est
frauduleux.
Netanyahu
peut vouloir une guerre, ne serait-ce que pour éviter la prison. Mais la guerre
n’est pas populaire aux États-Unis et Trump n’en déclenchera pas une au cours
d’une année électorale.
Ce dont
Trump a besoin, c’est d’une sortie de son agression ratée contre l’Iran. Il a
besoin de pourparlers avec l’Iran mais le pays insiste sur le fait qu’il doit
d’abord lever les sanctions.
Je m’attends
à ce qu’il ne le fasse qu’après sa réélection.
Par Moon of
Alabama − Le 9 décembre 2019
via le Saker
Francophone
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