jeudi 7 mai 2020

La Chine remplace l’islam en tant qu’ennemi de l’Occident



La Chine est aujourd’hui présentée comme le nouvel ennemi existentiel, tout comme l’islam l’a été il y a vingt ans. Tout comme les attentats sous fausse bannière du 11/9 ont servi à déclencher les guerres et les changements de régime contre le monde musulman en général et le monde dit "arabe" en particulier, entraînant l’extermination de 20 millions de musulmans, la CovidAranaque sert aujourd’hui à déclencher des attaques contre la Chine. Comme pour la « guerre contre le terrorisme », la triade anglo-sioniste d’États voyous (USA, GB, Israël) est à la pointe de ces attaques. H. Genséric
Il y a un peu plus d’un quart de siècle, le politologue américain Samuel Huntington écrivait son célèbre essai sur le « choc des civilisations ». Celui-ci donna le ton à une série de guerres.
Huntington écrivait après la chute du mur de Berlin et la fin de la guerre froide entre l’URSS et l’Occident. Plutôt qu’une ère de paix, Huntington prévoyait une nouvelle lutte entre ce qu’il considérait comme des ennemis irréconciliables : l’islam et l’Occident.
Huntington affirmait que l’identité, plutôt que l’idéologie, était au cœur de la politique contemporaine. « Qu’êtes-vous ? », demandait-il. « Et comme nous le savons, de la Bosnie au Caucase en passant par le Soudan, une mauvaise réponse à cette question peut signifier une balle dans la tête. »
« L’islam a des frontières sanglantes », ajoutait-il. Des hommes politiques occidentaux comme l’ancien président américain George W. Bush et l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair ont suivi l’exemple de Huntington. Au cours du dernier quart de siècle, de nombreux pays musulmans ont été la cible des États-Unis et de leurs alliés.

Pendant ce temps, les musulmans ont souvent été dépeints dans les médias occidentaux comme des idéologues radicaux et sans foi ni loi, ainsi qu’une menace existentielle pour le monde. Cela a donné lieu à une islamophobie virulente en Occident, et notamment à l’essor de partis politiques d’extrême droite en Europe.
Je soutiens aujourd’hui qu’une grande partie de cette hostilité nocive pourrait bientôt se résorber dans le contexte de la tragédie du coronavirus. C’est en partie parce que les sacrifices consentis par les musulmans sont si évidents et ont été si importants (en particulier en Grande-Bretagne) qu’un changement tardif pourrait subvenir dans les attitudes du public. Les quatre premiers médecins à mourir de l’épidémie au Royaume-Uni étaient tous musulmans.
Il y a toutefois un deuxième facteur à l’œuvre : la pandémie de coronavirus remodèle la géopolitique mondiale. L’Occident aime – ou peut-être a besoin– d’un ennemi, et la dernière cible est la Chine
« La menace chinoise »
La Chine est présentée comme le nouvel ennemi existentiel, tout comme l’islam l’a été il y a vingt ans. Et par les mêmes personnes. Les mêmes chroniqueurs, les mêmes think tanks, les mêmes partis politiques et les mêmes agences de renseignement.
Après le célèbre essai de Huntington qui mena la charge contre les musulmans – ou ce qu’ils appellent souvent l’islam radical –, ils ont maintenant tourné leur attention vers l’Extrême-Orient.
shutterstock_1411143851-600x338Le président américain Donald Trump, le casseur-de-musulmans-en-chef, s’en prend désormais à la Chine, assez similairement à ce que Bush, son prédécesseur républicain, a fait en 2003 en attaquant l’Irak ou encore « l’axe du mal » il y a vingt ans. Lors de sa campagne électorale en 2016, Trump a accusé la Chine de « violer » l’économie américaine.
Cependant, depuis le début de la pandémie de COVID-19, les attaques de Trump ont gagné en vitesse et en ampleur. Il a accusé la Chine de dissimuler le virus et de mentir sur son nombre de morts.
En avril, il a même mis un terme à la contribution des États-Unis au financement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’accusant d’être « centrée sur la Chine ». Les journaux britanniques, qui ont abattu des forêts entières pour pouvoir déverser leur bile contre les musulmans, ont désormais tourné leur attention vers la menace chinoise.




The Sun – qui a battu les tambours de guerre en faveur de l’invasion de l’Irak en 2003 – a publié un article sur un rapport alléguant que le virus avait été délibérément développé par la Chine pour « prouver qu’elle était plus efficace que les États-Unis pour lutter contre les maladies mortelles ».
L’agence britannique de renseignements étrangers, le MI6, qui a aidé à construire le dossier sur les armes de destruction massive ayant permis l’attaque calamiteuse de Blair contre l’Irak, a maintenant la Chine dans son viseur.
S’exprimant sur l’émission « Today » de la BBC, l’ancien chef du MI6, Sir John Sawers, m’a beaucoup surpris en soutenant Trump dans sa décision de retirer la contribution financière américaine à l’OMS. Il a déclaré : « Il y a une profonde colère en Amérique à propos de ce qu’ils considèrent comme ayant été imposé à nous tous par la Chine, et la Chine se soustrait à une grande partie de sa responsabilité dans l’origine du virus, dans sa gestion initiale. »
En Grande-Bretagne, les discours d’anciens chefs de l’espionnage sont toujours considérés comme représentant le point de vue actuel à l’intérieur du MI6.
Pendant ce temps, le Premier ministre britannique par intérim durant l’absence de Boris Johnson, Dominic Raab, a déclaré qu’après le coronavirus, il n’y avait « aucun doute » que les relations avec la Chine ne seraient plus comme avant. L’éditorialiste Melanie Phillips, critique de longue date de l’islam dit radical, a récemment utilisé sa chronique dans le Times pour avertir que l’Occident ne pouvait plus « fermer les yeux » sur la Chine.
Dissimulation
Bien sûr, il y a de bonnes raisons de critiquer la Chine. Des preuves suggèrent que Pékin n’a pas été transparent au cours des premiers stades de l’épidémie ou concernant le nombre de cas qu’il a déclarés. D’un autre côté, de nombreux autres pays (y compris la Grande-Bretagne) sont également coupables de dissimulation et de supercherie.
C’est ce qui rend le changement d’atmosphère autour de la Chine si remarquable. Même les think tanks néoconservateurs, qui fulminent contre les manifestations de l’islam depuis si longtemps, ont trouvé un nouvel opposant.
La Henry Jackson Society (HJS) a été l’un des critiques les plus constants de ce que ce groupe de réflexion néoconservateur qualifie d’islam radical ou d’islamisme. Maintenant, il ouvre la marche avec une série de rapports et d’apparitions médiatiques attaquant la Chine. De fait, les attaques de la HJS contre la Chine ces derniers mois ont augmenté de façon exponentielle.
La dernière en date était un sondage mené par le think tank qui a servi de base à un récent article du Times révélant que « plus de 80 % des Britanniques veulent que Boris Johnson fasse pression pour une enquête internationale sur la gestion par la Chine de l’épidémie de coronavirus à son début ».
Le Dr John Hemmings, associé de la HJS, a écrit un article dans le Telegraph soutenant le retrait américain du financement de l’OMS et mettant en garde contre l’augmentation de l’influence « maligne » de la Chine.
Matthew Henderson, directeur de l’Asia Studies Center de la HJS, a lancé une nouvelle série de vidéos en partenariat avec The Sun intitulée « Hot Takes ». Le premier épisode pose cette question : « L’épidémie de coronavirus est-elle le Tchernobyl de la Chine ? »
C’est également un rapport de la HJS qui a fourni la base d’un article du Mail on Sunday suggérant que la Grande-Bretagne devrait poursuivre Pékin devant les tribunaux internationaux pour obtenir une compensation de 351 milliards de livres sterling (437 milliards de dollars) en raison de l’épidémie.
Le Gatestone Institute a fait la comparaison entre la Chine et l’islam radical de manière plus directe encore. Sans crainte du ridicule, il a décrit l’épidémie de coronavirus comme « un autre 11 septembre pour l’Occident ».
La nouvelle ligne de fracture
On pourrait soutenir que depuis l’effondrement de l’Union soviétique, l’Occident a besoin d’un ennemi de remplacement.
Il se pourrait bien que l’Occident se soit trouvé un nouvel ennemi. Si c’est le cas, les musulmans peuvent respirer un peu plus librement
Gardez à l’esprit que le choc des civilisations de Huntington, qui avertissait que « les lignes de fracture entre les civilisations ser[aient] les lignes de bataille à venir », ne concernait pas seulement la civilisation islamique.
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LA TERREUR JAUNE DANS TOUTE SA GLOIRE
Huntington mettait en garde contre une deuxième civilisation « challenger » outre l’islam. Selon lui, la Chine était la menace à long terme la plus puissante pour l’Occident.
Tout ne changera pas du jour au lendemain. J’ai le sentiment que l’Iran restera dans le collimateur de la Maison-Blanche, tant est fort le lien personnel qui unit Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Mais nous arrivons peut-être à la fin de la longue période durant laquelle la principale « ligne de fracture » était l’islam. Il se pourrait bien que l’Occident se soit trouvé un nouvel ennemi. Si c’est le cas, les musulmans peuvent respirer un peu plus librement.
Par Peter OBORNE
Peter Oborne a été élu meilleur commentateur/blogueur en 2017 et désigné journaliste indépendant de l’année 2016 à l’occasion des Online Media Awards pour un article qu’il a rédigé pour Middle East Eye. Il a reçu le prix de Chroniqueur britannique de l’année lors des British Press Awards de 2013.
Source : Middle East Eye 
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Une PSYOP stratégique contre la Chine

Peut-être que la rengaine «C’est la faute des Russes» est devenue obsolète. Ou peut-être que les dirigeants de l’Empire ont finalement compris que la Chine était encore plus dangereuse que la Russie. Mais mon intuition personnelle est simplement que les anglo-sionistes paniquent d’avoir perdu la face « tous azimuts » avec leur gestion catastrophique – médicalement et, plus encore, politiquement – de cette crise socio-économique provoquée par la pandémie, et qu’ils pointent maintenant le doigt vers à peu près tout le monde – et même entre eux.
Bien qu’il ne reste que très peu de gens vraiment intelligents au sein du gouvernement américain, il y en a encore beaucoup «dans les strates élevées» et il ne leur a pas fallu longtemps pour découvrir que cette pandémie était une occasion en or pour coller tous leurs propres échecs et erreurs sur le dos de la Chine. Les arguments ? Vraiment facile :
1 – La propagande anti-chinoise a une longue histoire aux États-Unis et il était vraiment facile de la rallumer.
2 – La plupart des Américains ont une réaction complètement irrationnelle au mot «communiste», il est donc très facile, pour tout organe de propagande américain de mentionner le PCC,  de «mentir» dans la même phrase, et de paraître crédible, indépendamment de ce que dit la phrase – comme, par exemple, une preuve factuelle.
3 – La ploutocratie américaine est terrifiée par la puissance économique et industrielle chinoise, d’où la diffamation d’entreprises comme Huawei ou DJI qui sont déclarées menaçantes pour la sécurité nationale des États-Unis. Blâmez tout sur les Chinois et les oligarques américains vont adorer !
4 – La Chine et la Russie sont dans une relation plus profonde qu’une alliance. J’appelle cela une «symbiose» tandis que les Chinois parlent d’un «Partenariat stratégique global de coordination pour la nouvelle ère» et les Russes d’une «alliance cruciale». Les termes n’ont pas vraiment d’importance ici, ce qui compte, c’est que la Russie et la Chine sont au coude à coude contre l’Empire, c’est ce qu’ils veulent dire par «coordination», et que les tentatives américaines – certes peu nombreuses et maladroites – pour briser cette alliance ont totalement échoué.
5 – Comme pour toute nouvelle pandémie, il a fallu du temps à la Chine pour comprendre la nature de ce qui se passait et il était extrêmement facile d’accuser celle-ci d’obscurcissement délibéré – tout en gardant à l’esprit le fait que la Chine a informé le monde dès le 31 décembre, ce qui est évidemment omis, tout comme la présence d’une délégation multinationale de l’OMS pour enquêter sur cette question. En réalité, on pourrait aussi bien accuser la Chine d’être trop ouverte en permettant à diverses estimations et hypothèses de circuler avant même que le gouvernement chinois n’ait établi tous les faits. C’est un cas parfaitement insoluble de double contrainte : condamné si vous le faites et condamné si vous ne le faites pas.
6 – La culture politique américaine est telle que 99,99% des Américains américains croiront littéralement tout mensonge, aussi stupide soit-il, concernant le reste du monde [comme ils disent si joliment !, NdT], que d’accepter toute vérité désagréable sur leur pays. Faire d’un autre pouvoir un bouc émissaire, en particulier un pouvoir communiste, provoque une réaction instinctive d’approbation de la part d’une grande majorité des Américains.
7 – Lorsque l’OMS n’a clairement pas marché dans la propagande américaine [contre la Chine], ce fut une bonne occasion pour Trump de supprimer son financement. Non seulement les États-Unis devaient déjà des millions de dollars à l’OMS, de $50 à $200 millions, selon la personne à qui vous le demandez, mais le prétexte facile pour ne pas payer était de l’accuser d’être pro-chinois. Il est évident que Trump ne voit aucune utilité à l’ONU, à part en tant que punching ball, et c’était une occasion parfaite pour s’entraîner une fois de plus.
8 – Comme pour tout événement effrayant, un véritable tsunami de rumeurs complètement non fondées, et carrément stupides, a commencé à se déverser dès qu’il a été clair qu’il s’agissait d’un événement majeur. Tout ce que la machine de propagande américaine avait à faire était de parler sérieusement de certaines de ces rumeurs, en faisant croire que les médias ne faisaient que «rapporter» plutôt qu’inventer des histoires.
9 – La Chine est également une menace majeure pour les intérêts américains en Asie, et cette pandémie a fourni à ces derniers une occasion parfaite pour  présenter des rapports venant de Taïwan comme des rapports venant de Chine – c’est une vieille astuce. Quant au gouvernement taïwanais, il était plus qu’heureux de l’aubaine d’avoir un autre prétexte pour haïr la Chine, rien de nouveau ici non plus.
10 – Enfin, les économistes américains n’ont pas mis longtemps à comprendre que cette pandémie aurait un effet dévastateur sur la «meilleure économie de l’histoire de la galaxie», si bien que le fait de rejeter la faute sur la Chine est le moyen idéal pour Trump et ses maîtres néocons de dévier toute accusation lancée contre eux.
En outre, il est évident que les politiciens américains ont très mal apprécié la situation en commençant à dire que c’était un problème chinois ou que ce n’était « pas pire que la grippe saisonnière », ou les deux. Ce n’est que le dernier exemple de ce que j’appelle le «messianisme narcissique américain», conduisant les dirigeants à croire en leur propre propagande, pour finir par découvrir que la réalité existe toujours, et qu’elle est radicalement différente des illusions de la plupart des Américains.
Maintenant, tous ces politiciens américains – les Republicrates autant que les Démoblicains – doivent courir dans tous les sens en cherchant à planquer collectivement leurs culs. Quelle meilleure façon d’y parvenir que de rejeter la faute sur la Chine ?
Les États-Unis sont déjà coincés dans une guerre impossible à gagner contre la Russie – comme je le rappelle toujours à tout le monde, cette guerre est à 80% communication, 15% économique et seulement 5% militaire. Ouvrir un «deuxième front» à grande échelle est logique en termes d’opportunité politique à court terme, en particulier pendant une année électorale, mais à long terme, il est voué à un désastreux échec. En fait, s’il y a quelque chose que l’histoire nous enseigne, c’est que l’ouverture d’un second front lorsque vous ne pouvez même pas gérer le premier est suicidaire. Mais qui se soucie de l’histoire, en particulier aux «États-Unis d’Amnésiques» ? Et puis, quand vous êtes en même temps exceptionnel et totalement supérieur, pourquoi voudriez-vous vous soucier de l’histoire des peuples et des nations «déplorables» ici où là ? Appelez-les simplement «fosses à purin» et agitez votre drapeau – de fabrication chinoise. C’est ce qui suffit pour «paraître présidentiel» de nos jours …
Demandez-vous ce qui est plus facile pour un politicien : accepter que tout notre ordre socio-politique est insoutenable et carrément dangereux – ou «déséquilibré» pour utiliser l’expression de Garrett, ou rejeter la faute sur les cocos chinois et leur programme «secret» de guerre biologique » ?
Je pense que la réponse va de soi.

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