La Chine est aujourd’hui présentée comme
le nouvel ennemi existentiel, tout comme l’islam l’a été il y a vingt ans. Tout
comme les attentats sous fausse bannière du 11/9 ont servi à déclencher les
guerres et les changements de régime contre le monde musulman en général et le
monde dit "arabe" en particulier, entraînant l’extermination de 20 millions de
musulmans, la CovidAranaque sert aujourd’hui à déclencher des attaques contre
la Chine. Comme pour la « guerre contre le terrorisme », la triade
anglo-sioniste d’États voyous (USA, GB, Israël) est à la pointe de ces attaques.
H. Genséric
Il y a un peu plus d’un quart de siècle, le
politologue américain Samuel Huntington écrivait son célèbre essai sur le « choc des civilisations ».
Celui-ci donna le ton à une série de guerres.
Huntington écrivait après la chute du mur de Berlin et
la fin de la guerre froide entre l’URSS et l’Occident. Plutôt qu’une ère de
paix, Huntington prévoyait une nouvelle lutte entre ce qu’il considérait comme
des ennemis irréconciliables : l’islam et l’Occident.
Huntington affirmait que l’identité, plutôt que
l’idéologie, était au cœur de la politique contemporaine. « Qu’êtes-vous
? », demandait-il. « Et comme nous le savons, de la Bosnie au
Caucase en passant par le Soudan, une mauvaise réponse à cette question peut
signifier une balle dans la tête. »
« L’islam a des frontières sanglantes », ajoutait-il. Des hommes politiques occidentaux
comme l’ancien président américain George W. Bush et l’ancien Premier ministre
britannique Tony Blair ont suivi l’exemple de Huntington. Au cours du dernier
quart de siècle, de nombreux pays musulmans ont été la cible des États-Unis et
de leurs alliés.
Pendant ce temps, les musulmans ont
souvent été dépeints dans les médias occidentaux comme des idéologues
radicaux et sans foi ni loi, ainsi qu’une menace existentielle pour le monde.
Cela a donné lieu à une islamophobie
virulente en Occident, et notamment à l’essor
de partis politiques d’extrême droite en Europe.
Je soutiens aujourd’hui qu’une
grande partie de cette hostilité nocive pourrait bientôt se résorber dans le
contexte de la tragédie du coronavirus.
C’est en partie parce que les sacrifices consentis par les musulmans sont si évidents et
ont été si importants (en particulier en Grande-Bretagne) qu’un changement
tardif pourrait subvenir dans les attitudes du public. Les quatre premiers médecins à mourir de l’épidémie au
Royaume-Uni étaient tous musulmans.
Il y a toutefois un deuxième facteur
à l’œuvre : la pandémie de coronavirus remodèle la géopolitique mondiale.
L’Occident aime – ou peut-être a besoin– d’un ennemi, et la dernière cible est
la Chine
« La menace
chinoise »
La Chine est présentée comme le
nouvel ennemi existentiel, tout comme l’islam l’a été il y a vingt ans. Et par
les mêmes personnes. Les mêmes chroniqueurs, les mêmes think tanks, les mêmes
partis politiques et les mêmes agences de renseignement.
Après le célèbre essai de Huntington
qui mena la charge contre les musulmans – ou ce qu’ils appellent souvent
l’islam radical –, ils ont maintenant tourné leur attention vers
l’Extrême-Orient.
Le président américain Donald Trump,
le casseur-de-musulmans-en-chef, s’en prend désormais à la Chine, assez
similairement à ce que Bush, son prédécesseur républicain, a fait en 2003 en
attaquant l’Irak ou encore « l’axe du mal » il y a vingt ans. Lors de
sa campagne électorale en 2016, Trump a accusé la Chine de « violer » l’économie américaine.
Cependant, depuis le début de la
pandémie de COVID-19, les attaques de Trump ont gagné en vitesse et en ampleur.
Il a accusé la Chine de dissimuler le virus et de mentir sur son
nombre de morts.
En avril, il a même mis un terme à
la contribution des États-Unis au financement de l’Organisation mondiale de la
santé (OMS), l’accusant d’être « centrée sur la Chine ». Les journaux
britanniques, qui ont abattu des forêts entières pour pouvoir déverser leur
bile contre les musulmans, ont désormais tourné leur attention vers la menace
chinoise.
The Sun – qui a battu les tambours de
guerre en faveur de l’invasion de l’Irak en 2003 – a publié un article sur un rapport alléguant que le virus
avait été délibérément développé par la Chine pour « prouver qu’elle était
plus efficace que les États-Unis pour lutter contre les maladies
mortelles ».
L’agence britannique de
renseignements étrangers, le MI6, qui a aidé à construire le dossier sur les armes de destruction massive ayant permis l’attaque calamiteuse de Blair contre l’Irak, a maintenant
la Chine dans son viseur.
S’exprimant sur l’émission
« Today » de la BBC, l’ancien chef du MI6, Sir John Sawers, m’a
beaucoup surpris en soutenant Trump dans sa décision de retirer la contribution
financière américaine à l’OMS. Il a déclaré : « Il y a une profonde colère
en Amérique à propos de ce qu’ils considèrent comme ayant été imposé à nous
tous par la Chine, et la Chine se soustrait à une grande partie de sa
responsabilité dans l’origine du virus, dans sa gestion initiale. »
En Grande-Bretagne, les discours
d’anciens chefs de l’espionnage sont toujours considérés comme représentant le
point de vue actuel à l’intérieur du MI6.
Pendant ce temps, le Premier
ministre britannique par intérim durant l’absence de Boris Johnson, Dominic
Raab, a déclaré qu’après le coronavirus, il n’y avait « aucun doute
» que les relations avec la Chine ne seraient plus comme avant. L’éditorialiste
Melanie Phillips, critique de longue date de l’islam dit radical, a récemment
utilisé sa chronique dans le Times
pour avertir que l’Occident ne pouvait plus « fermer les
yeux » sur la Chine.
Dissimulation
Bien sûr, il y a de bonnes raisons
de critiquer la Chine. Des preuves
suggèrent que Pékin n’a pas été transparent au cours des premiers stades de
l’épidémie ou concernant le nombre de cas qu’il a déclarés. D’un autre côté, de
nombreux autres pays (y compris la Grande-Bretagne) sont également coupables de
dissimulation et de supercherie.
C’est ce qui rend le changement
d’atmosphère autour de la Chine si remarquable. Même les think tanks néoconservateurs,
qui fulminent contre les manifestations de l’islam depuis si longtemps, ont
trouvé un nouvel opposant.
La Henry Jackson Society (HJS) a été
l’un des critiques les plus constants de ce que ce groupe de réflexion
néoconservateur qualifie d’islam radical ou d’islamisme. Maintenant, il ouvre
la marche avec une série de rapports et d’apparitions médiatiques attaquant la
Chine. De fait, les attaques de la HJS contre la Chine ces derniers mois ont
augmenté de façon exponentielle.
La dernière en date était un sondage
mené par le think tank qui a servi de base à un récent article du Times
révélant que « plus de 80 % des Britanniques veulent que Boris Johnson
fasse pression pour une enquête internationale sur la gestion par la Chine de
l’épidémie de coronavirus à son début ».
Le Dr John Hemmings, associé de la
HJS, a écrit un article dans le
Telegraph soutenant le retrait américain du
financement de l’OMS et mettant en garde contre l’augmentation de l’influence
« maligne » de la Chine.
Matthew Henderson, directeur de
l’Asia Studies Center de la HJS, a lancé une nouvelle série de vidéos en
partenariat avec The Sun
intitulée « Hot Takes ». Le premier épisode pose cette question :
« L’épidémie de coronavirus est-elle le Tchernobyl de la Chine ? »
C’est également un rapport de la HJS
qui a fourni la base d’un article du Mail on
Sunday suggérant que la Grande-Bretagne devrait poursuivre
Pékin devant les tribunaux internationaux pour obtenir une compensation de 351
milliards de livres sterling (437 milliards de dollars) en raison de
l’épidémie.
Le Gatestone Institute a fait la
comparaison entre la Chine et l’islam radical de manière plus directe encore.
Sans crainte du ridicule, il a décrit l’épidémie de coronavirus comme « un autre 11
septembre pour l’Occident ».
La nouvelle ligne de
fracture
On pourrait soutenir que depuis
l’effondrement de l’Union soviétique, l’Occident a besoin d’un ennemi de
remplacement.
Il se pourrait bien que l’Occident
se soit trouvé un nouvel ennemi. Si c’est le cas, les musulmans peuvent
respirer un peu plus librement
Gardez à l’esprit que le choc des
civilisations de Huntington, qui avertissait que « les lignes de fracture
entre les civilisations ser[aient] les lignes de bataille à venir », ne
concernait pas seulement la civilisation islamique.
LA TERREUR JAUNE DANS TOUTE SA GLOIRE |
Tout ne changera pas du jour au
lendemain. J’ai le sentiment que l’Iran restera dans le collimateur de la
Maison-Blanche, tant est fort le lien personnel qui unit Donald Trump et le
Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou.
Mais nous arrivons peut-être à la
fin de la longue période durant laquelle la principale « ligne de
fracture » était l’islam. Il se pourrait bien que l’Occident se soit
trouvé un nouvel ennemi. Si c’est le cas, les musulmans peuvent respirer un peu
plus librement.
Par Peter OBORNE
- Peter
Oborne a
été élu meilleur commentateur/blogueur en 2017 et désigné journaliste
indépendant de l’année 2016 à l’occasion des Online Media Awards pour un
article qu’il a rédigé pour Middle
East Eye. Il a reçu le
prix de Chroniqueur britannique de l’année lors des British Press Awards de
2013.
Source : Middle East Eye
-----------------------------------------------------------------
-----------------------------------------------------------------
Une PSYOP stratégique contre la Chine
Peut-être que la rengaine «C’est
la faute des Russes» est devenue obsolète. Ou peut-être que les
dirigeants de l’Empire ont finalement compris que la Chine était encore plus
dangereuse que la Russie. Mais mon intuition personnelle est simplement que les
anglo-sionistes paniquent d’avoir perdu la face « tous
azimuts » avec leur gestion catastrophique – médicalement et,
plus encore, politiquement – de cette crise socio-économique provoquée par
la pandémie, et qu’ils pointent maintenant le doigt vers à peu près tout
le monde – et même entre eux.
Bien qu’il ne reste que très peu de
gens vraiment intelligents au sein du gouvernement américain, il y en a encore
beaucoup «dans les strates
élevées» et il ne leur a pas fallu longtemps pour découvrir que
cette pandémie était une occasion
en or pour coller tous leurs propres échecs et erreurs sur le dos de
la Chine. Les arguments ? Vraiment facile :
1 – La propagande anti-chinoise a
une longue histoire aux États-Unis et il était vraiment facile de la rallumer.
2 – La plupart des Américains ont
une réaction complètement irrationnelle au mot «communiste», il est donc très facile, pour
tout organe de propagande américain de mentionner le PCC, de «mentir» dans la même
phrase, et de paraître crédible, indépendamment de ce que dit la phrase –
comme, par exemple, une preuve factuelle.
3 – La ploutocratie américaine est
terrifiée par la puissance économique et industrielle chinoise, d’où la
diffamation d’entreprises comme Huawei
ou DJI qui
sont déclarées menaçantes pour la sécurité nationale des États-Unis.
Blâmez tout sur les Chinois et les oligarques américains vont adorer !
4 – La Chine et la Russie sont dans
une relation plus profonde qu’une alliance. J’appelle cela une «symbiose» tandis que
les Chinois parlent d’un «Partenariat
stratégique global de coordination pour la nouvelle ère» et
les Russes d’une «alliance
cruciale». Les termes n’ont pas vraiment d’importance ici, ce qui
compte, c’est que la Russie et la Chine sont au coude à coude contre
l’Empire, c’est ce qu’ils veulent dire par «coordination», et que les tentatives
américaines – certes peu nombreuses et maladroites – pour briser cette
alliance ont totalement échoué.
5 – Comme pour toute nouvelle
pandémie, il a fallu du temps à la Chine pour comprendre la nature de ce qui se
passait et il était extrêmement facile d’accuser celle-ci
d’obscurcissement délibéré – tout en gardant à l’esprit le fait que la Chine a
informé le monde dès le 31 décembre, ce qui est évidemment omis, tout comme la
présence d’une délégation multinationale de l’OMS pour enquêter sur cette
question. En réalité, on pourrait aussi bien accuser la Chine d’être trop ouverte en
permettant à diverses estimations et hypothèses de circuler avant même que le
gouvernement chinois n’ait établi tous les faits. C’est un cas parfaitement
insoluble de double contrainte : condamné si vous le faites et condamné si
vous ne le faites pas.
6 – La culture politique américaine
est telle que 99,99% des Américains américains croiront littéralement tout mensonge, aussi
stupide soit-il, concernant le
reste du monde [comme
ils disent si joliment !, NdT], que d’accepter toute vérité
désagréable sur leur pays. Faire d’un autre pouvoir un bouc émissaire, en
particulier un pouvoir communiste, provoque une réaction instinctive
d’approbation de la part d’une grande majorité des Américains.
7 – Lorsque l’OMS n’a clairement
pas marché dans la propagande américaine [contre la Chine], ce fut une bonne
occasion pour Trump de supprimer son financement. Non seulement les
États-Unis devaient déjà des millions de dollars à l’OMS, de $50 à $200
millions, selon la personne à qui vous le demandez, mais le prétexte facile
pour ne pas payer était de l’accuser d’être pro-chinois. Il est évident que
Trump ne voit aucune utilité à l’ONU, à part en tant que punching ball, et
c’était une occasion parfaite pour s’entraîner une fois de plus.
8 – Comme pour tout événement effrayant,
un véritable tsunami de rumeurs complètement non fondées, et carrément
stupides, a commencé à se déverser dès qu’il a été clair qu’il s’agissait
d’un événement majeur. Tout ce que la machine de propagande américaine avait à
faire était de parler sérieusement de certaines de ces rumeurs, en
faisant croire que les médias ne faisaient que «rapporter» plutôt qu’inventer des
histoires.
9 – La Chine est également une
menace majeure pour les intérêts américains en Asie, et cette pandémie a fourni
à ces derniers une occasion parfaite pour présenter des rapports venant
de Taïwan comme des rapports venant de Chine – c’est une vieille astuce. Quant
au gouvernement taïwanais, il était plus qu’heureux de l’aubaine d’avoir un
autre prétexte pour haïr la Chine, rien de nouveau ici non plus.
10 – Enfin, les économistes
américains n’ont pas mis longtemps à comprendre que cette pandémie aurait un
effet dévastateur sur la «meilleure
économie de l’histoire de la galaxie», si bien que le fait de
rejeter la faute sur la Chine est le moyen idéal pour Trump et ses maîtres
néocons de dévier toute accusation lancée contre eux.
En outre, il est évident que les
politiciens américains ont très mal apprécié la situation en commençant
à dire que c’était un problème chinois ou que ce n’était « pas pire que la grippe
saisonnière », ou les deux. Ce n’est que le dernier exemple de
ce que j’appelle le «messianisme
narcissique américain», conduisant les dirigeants à croire en leur propre propagande,
pour finir par découvrir que la réalité existe toujours, et qu’elle est
radicalement différente des illusions de la plupart des Américains.
Maintenant, tous ces politiciens
américains – les Republicrates
autant que les Démoblicains –
doivent courir dans tous les sens en cherchant à
planquer collectivement leurs culs. Quelle meilleure façon d’y
parvenir que de rejeter la faute sur la Chine ?
Les États-Unis sont déjà coincés
dans une guerre impossible à gagner contre la Russie – comme je le rappelle
toujours à tout le monde, cette guerre est à 80% communication, 15% économique
et seulement 5% militaire. Ouvrir un «deuxième
front» à grande échelle est logique en termes d’opportunité
politique à court terme, en particulier pendant une année électorale, mais à
long terme, il est voué à un désastreux échec. En fait, s’il y a quelque chose que l’histoire nous
enseigne, c’est que l’ouverture d’un second front lorsque vous ne pouvez même
pas gérer le premier est suicidaire. Mais qui se soucie de
l’histoire, en particulier aux «États-Unis
d’Amnésiques» ?
Et puis, quand vous êtes en même temps exceptionnel et totalement
supérieur, pourquoi voudriez-vous vous soucier de l’histoire des peuples et des
nations «déplorables» ici
où là ? Appelez-les simplement «fosses
à purin» et agitez votre drapeau – de fabrication chinoise. C’est
ce qui suffit pour «paraître
présidentiel» de nos jours …
Demandez-vous ce qui est plus facile
pour un politicien : accepter que tout notre ordre socio-politique est
insoutenable et carrément dangereux – ou «déséquilibré» pour utiliser
l’expression de Garrett, ou rejeter la faute sur les cocos chinois et leur
programme «secret» de guerre biologique » ?
Je pense que la réponse va de soi.
Source : The Saker
VOIR AUSSI :
VOIR AUSSI :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.