Facebook a engagé l’ancienne directrice générale du ministère de la justice israélien comme membre de son nouveau conseil de surveillance. Cet organe déterminera effectivement les contenus à censurer ou à autoriser sur la plateforme de médias sociaux. Emi Palmor a dirigé le ministère de la justice de 2014 qu’elle ait été démise de ses fonctions l’année dernière.
Sous sa direction, le ministère israélien de la justice "a demandé à
Facebook de censurer le discours légitime des défenseurs des droits de
l’homme et des journalistes parce qu’il était jugé politiquement
indésirable", ont déclaré ce mois-ci des groupes de la société civile palestinienne.
Les groupes ont condamné
la sélection de Palmor par Facebook, mettant en garde contre son rôle
potentiel dans le musellement de la liberté d’expression et la censure
des défenseurs des droits de l’homme, en particulier les voix
palestiniennes, arabes et musulmanes sur la plateforme.
La Palestine Digital Rights Coalition, le Conseil des organisations
palestiniennes des droits de l’homme et le Réseau des organisations non
gouvernementales palestiniennes demandent instamment à Facebook de
"considérer les graves conséquences que l’élection d’Emi Palmor pourrait
avoir en particulier sur les défenseurs des droits de l’homme
palestiniens et sur la liberté d’expression en ligne pour la défense des
droits des Palestiniens".
Qui est Emi Palmor ?
L’époque de Palmor en tant que haut fonctionnaire du ministère de la
justice israélien a coïncidé avec le mandat d’Ayelet Shaked en tant que
ministre.
Ironiquement, Ayelet Shaked est devenue célèbre avant d’assumer ce rôle pour avoir publié sur Facebook un article incitant au génocide des Palestiniens.
Sous la supervision de Palmor, le ministère a formé une cyber-unité
qui a réussi à retirer des dizaines de milliers de messages palestiniens
des plateformes de médias sociaux
Adalah, un groupe qui défend les droits des Palestiniens en Israël, s’est opposé à la légalité des pratiques de l’unité.
Adalah, un groupe qui défend les droits des Palestiniens en Israël, s’est opposé à la légalité des pratiques de l’unité.
Selon Adalah,
l’unité adresse des demandes au procureur d’État israélien, faisant
appel à "Facebook et Google pour supprimer, restreindre ou suspendre
l’accès à certains contenus, pages ou utilisateurs".
Adalah affirme que cela se fait "sans aucune transparence ni
procédure légale, et sans cadre permettant aux utilisateurs de se
défendre contre les allégations selon lesquelles leurs posts sont
illégaux ou méritent d’être supprimés".
Facebook protège Israël
Les appels à la censure
des plateformes de médias sociaux se sont multipliés de la part des
élites médiatiques et politiques américaines, en particulier après
qu’elles aient fait état, sans preuves ou par fausses allégations,
d’un effort massif soutenu par la Russie pour utiliser les médias
sociaux afin d’influencer les élections présidentielles américaines de
2016 en faveur de Donald Trump.
L’Union européenne s’est engagée à aider Israël à lutter contre la liberté d’expression.
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, a témoigné devant le Congrès américain en octobre, où il a été invité à répondre aux allégations des politiciens.
Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, a témoigné devant le Congrès américain en octobre, où il a été invité à répondre aux allégations des politiciens.
La congressiste new-yorkaise Alexandria Ocasio-Cortez a ajouté sa
voix à un chœur bipartisan demandant à Facebook de mettre en place un
processus de vérification des faits pour les publicités politiques.
Mais nommer les entreprises de la Silicon Valley comme arbitres de la
vérité et décider du contenu "à retirer ou à laisser en place" servira
en fin de compte à écraser la dissidence et à censurer les voix les plus
vulnérables.
Les Palestiniens peuvent déjà en témoigner.
Facebook supprime régulièrement les pages des organisations de presse palestiniennes, souvent sans préavis ni justification.
Souvent, Facebook applique la censure au nom d’Israël, à la grande satisfaction des dirigeants israéliens de droite.
Il y a eu de nombreux exemples au fil des ans de plateformes de
médias sociaux qui ont fermé des comptes et des pages de sites
d’information palestiniens, de journalistes et d’activistes après avoir
cédé aux pressions politiques d’Israël.
La propre documentation de Facebook révèle qu’elle se conforme à la grande majorité des demandes de retrait du gouvernement israélien.
Le nombre de demandes du gouvernement israélien a fortement augmenté
au fil des ans, tout comme la volonté de Facebook de censurer ses
utilisateurs au nom d’Israël.
Par Tamara Nassar
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Hannibal GENSÉRIC
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