Pour ceux d’entre
nous qui suivent l’Internet russe, il y a un phénomène très visible qui est
assez surprenant : il y a beaucoup de vidéos anti-Poutine publiées sur YouTube
ou ses équivalents russes. Non seulement cela, mais une vague de chaînes
câblées est récemment arrivée, qui semble avoir fait du dénigrement de Poutine,
et de son premier ministre Mishustin, une activité à plein temps.
Bien sûr, il
y a toujours eu des vidéos anti-Poutine et anti-Medvedev dans le passé, mais ce
qui rend cette nouvelle vague si différente, c’est qu’elle attaque Poutine et
Mishustin non pas à partir de positions pro-occidentales, mais de positions soi-disant
patriotiques russes. Même le supposé (faux) «conseiller personnel» de
Poutine, un national-bolchevique (exact), Alexandre Dougine a rejoint ce
mouvement – voyez ici si vous comprenez le russe.
Il s’agit
d’un phénomène nouveau, intéressant et complexe, et je vais essayer de
l’expliquer ici.
Tout
d’abord, nous devons nous rappeler que Poutine a extrêmement bien réussi à
détruire l’opposition pro-occidentale qui, bien que diffusée quotidiennement à
la télévision russe, représente au maximum 3 à 5% de la population. Vous pourriez vous demander
pourquoi ils sont si fréquents à la télévision, la raison est simple : plus ils parlent, plus ils sont
détestés.
Aparté
Loin de faire taire l'opposition,
le Kremlin ne lui donne pas seulement du temps d'antenne, il paie même les
représentants les plus médiatiques de l'opposition pour participer aux débats
télévisés les plus populaires. Voir ici et ici pour plus de
détails
Vraiment, la
réputation de l’opposition pro-occidentale «libérale» – au sens russe du
terme – est désormais cuite en Russie. Oui, il y a un noyau de Russes russophobes qui détestent la
Russie avec passion – ils sont qualifiés de «Rashka» -et
leur haine pour tout ce qui est russe est si évidente qu’ils sont
universellement méprisés dans tout le pays, la seule grande exception étant Moscou
où il y a une opposition «libérale» beaucoup plus forte qui obtient le
soutien de tous ceux qui ont pris beaucoup de
plaisir à piller la Russie dans les années 1990 et qui détestent
maintenant Poutine pour avoir mis fin à leurs méfaits.[1]
Quant à l’opposition
de la Douma, le Parlement russe, elle n’est une opposition que de nom. Ils font
du bruit, ils râlent ça et là, ils condamnent ceci ou cela, mais au bout du
compte, ils ne représentent pas du tout une opposition crédible.
Pourquoi ?
Eh bien,
regardez cette capture d’écran que j’ai prise sur un site de sondages russe :
Le graphique
est en russe, mais il est également extrêmement simple à comprendre. Sur l’axe
des ordonnées, vous voyez le pourcentage de personnes qui «font totalement
confiance» ou «font principalement confiance» aux six
politiciens, dans l’ordre : Poutine, Mishustin, Zhirinovskii, Ziuganov,
Mironov et Medvedev. Sur l’axe des abscisses, vous voyez la période allant
de juillet 2019 à avril 2020.
La seule
chose qui compte vraiment est la suivante : malgré tous les problèmes
objectifs et subjectifs de la Russie, malgré une réforme des retraites
largement impopulaire, malgré toutes les sanctions occidentales et malgré la
pandémie, Poutine est toujours seul sur un roc –
une position solide : il a le soutien écrasant du peuple russe. Cette
seule cause explique à peu près tout le reste dont je parlerai aujourd’hui. [2]
Comme la
plupart d’entre vous s’en souviennent probablement, il y a déjà eu dans le
passé plusieurs vagues de PSYOPs anti-Poutine pour essayer de changer le
régime, mais elles ont toutes échoué pour des raisons très simples :
1.
La plupart des Russes se souviennent des horreurs des
années 1990 lorsque les «libéraux» pro-occidentaux étaient au pouvoir.
2.
Le peuple russe a pu observer comment l’Occident a mis
au pouvoir à Kiev, de bonne foi, des nazis enragés et russophobes . Les libéraux ont exprimé
une grande sympathie pour le régime Ukronazi. Peu de Russes doutent que
si les «libéraux» pro-occidentaux arrivaient au pouvoir, ils
transformeraient la Russie en quelque chose de très similaire à l’Ukraine
d’aujourd’hui.
3.
Ensuite, les Russes ont pu suivre, jour après
jour, comment l’Ukraine a implosé, traversé une guerre civile sanglante, subi
une désindustrialisation presque totale et s’est retrouvée avec un véritable
bouffon comme président – Zelenskii vient de nommer, je ne plaisante pas,
Saakashvili en tant que vice-premier ministre de l’Ukraine – c’est tout ce
que vous devez savoir pour obtenir la pleine mesure du genre d’imbécile qu’est
Zelenskii ! Non seulement les libéraux accusent la Russie de ce qui
est arrivé à ce malheureux pays , mais ils soutiennent ouvertement
Zelenskii.
4.
La plupart, pour ne pas dire toutes, les «ONG»
pro-occidentales, je mets des guillemets parce que ces organisations
présumées non gouvernementales sont entièrement financées par les gouvernements
occidentaux, principalement américains et britanniques. Elles ont été
légalement obligées de révéler leurs sources de financement, suite à cela la
plupart d’entre elles ont été répertoriées comme «agents étrangers».
D’autres ont tout simplement été expulsées de Russie. Ainsi, il est devenu impossible pour
les anglo-sionistes [3] de déclencher ce qui semblait
être des «manifestations de masse» dans ces conditions.
Vous devez comprendre, les chefs bolcheviques qui ont gouverné la Russie n'étaient pas Russes. Ils haïssaient les Chrétiens. Sous l'emprise d'une haine ethnique, ils ont torturé et massacré des millions de Russes sans aucun remords. Sans exagérer, les Bolcheviks ont perpétré le plus grand massacre de tous les temps. Le fait que la majorité des gens dans le Monde ignorent et ne donnent pas d'importance à ce terrible crime est la preuve que les grands médias sont aux mains des mêmes perpétrateurs. Alexandre Soljenitsyne |
5.
Il existe un solide mouvement «anti-Maïdan» en
Russie – y compris à Moscou ! -qui est prêt à «s’insurger» –
politiquement – en cas de mouvement de type Maïdan en Russie. Je soupçonne
fortement que le FSB entretient une collaboration chaleureuse mais non
officielle avec ce mouvement.
6.
Les services de sécurité intérieure russes – FSB,
FSO, Garde nationale, etc. – ont connu un renouveau majeur sous Poutine et
ils sont maintenant non seulement plus puissants que par le passé, mais aussi
beaucoup mieux organisés pour faire face à la subversion. Quant aux
forces armées, elles sont solidement derrière Poutine et Shoigu, le
ministre de la Défense. Alors que dans les années 1990, la Russie était
essentiellement sans défense, elle est aujourd’hui un morceau très
difficile à avaler pour les opérations de subversion occidentales, les PSYOPs.
7.
Enfin et surtout, les libéraux russes
appartiennent si évidemment à la classe que Alexander Soljenitsyne appelait «obrazovanshchina», un mot difficile à
traduire mais qui signifie, à peu près, «faire semblant d’être instruit» [Des
précieux ridicules] : ces gens se sont toujours considérés comme très
supérieurs à la grande majorité du peuple russe et ils ne peuvent tout
simplement pas cacher leur mépris pour «les gens ordinaires», très
comparables aux «deplorables» d’Hillary (Hillary a qualifié les
électeurs de Trump de déplorables). L’homme ordinaire s’en rend pleinement
compte et, logiquement, se méfie profondément et déteste même les libéraux.
Il
y eut un moment où les sponsors occidentaux de la 5ème colonne
russe se sont rendus compte que traiter Poutine de tous les noms dans la
presse occidentale, ou l’accuser publiquement d’être un « despote
sanguinaire » et un « tueur du KGB » pouvait
peut-être fonctionner auprès d’un public occidental crédule, au cerveau
bien lavé, mais n’a eu absolument aucun succès en Russie.[4]
Et puis,
quelqu’un, quelque part – je ne sais, ni qui, ni où – a eu une idée
vraiment brillante : accuser
Poutine de ne pas être un patriote et déclarer qu’il est une marionnette aux
mains de l’Empire anglo-sioniste. Ce n’était rien de moins que brillant,
je dois l’admettre.
Premièrement,
ils ont essayé de vendre l’idée que Poutine était sur le point de «vendre»
– ou «brader» – la Novorussie. Une théorie voulait que la
Russie regarderait ailleurs, pendant que les Ukronazis envahiraient
la Novorussie. Une autre était que les États-Unis et la Russie concluraient un
accord secret et «donneraient» la Syrie à Poutine, s’il «donnait»
la Novorussie à l’Empire. Alternativement, il y avait la version que la Russie « donnerait »
la Syrie à Trump et celui-ci « donnerait » la Novorussie à
Poutine. La vérité n’a pas d’importance. Ce qui importe beaucoup,
par contre, c’est que Poutine n’a pas été présenté comme le «nouvel Hitler»
qui envahirait la Pologne et les pays baltes, qui empoisonnerait les Skripals,
qui piraterait les serveurs du parti Démocrate US et «mettrait Trump au
pouvoir». Ces simples
contes de fées – occidentaux – stupides
n’avaient aucune crédibilité en Russie. Mais que Poutine «a vendu»
la Novorussie était beaucoup plus crédible, surtout après qu’il était clair que
la Russie ne permettrait pas aux forces novorusses DNR / LNR de s’emparer de
Mariupol.
Aparté
Je reste convaincu que c'était la
bonne décision. Pourquoi ? Parce que si les forces DNR / LNR étaient
entrées dans Mariupol, leurs lignes d'approvisionnement critiques auraient été
coupées par une manœuvre d'enveloppement des forces ukrainiennes. Oui, les
forces DNR / LNR avaient la capacité militaire pour prendre Mariupol, mais
elles auraient fini encerclées par les forces Ukronazi dans une situation de
type «chaudron» qui aurait forcé la Russie à intervenir ouvertement pour soutenir ces
forces. Ce n'était pas sorcier en termes militaires, mais en termes
politiques, cela aurait été un désastre pour la Russie et un rêve devenu
réalité pour les anglo-sionistes qui pourraient -enfin ! - «prouver» que la Russie était dans le coup depuis le début. Les
gens de l'état-major russe sont clairement beaucoup plus intelligents que les
généraux d'opérette dans leurs fauteuils qui accusaient la Russie de trahison
pour avoir laissé Mariupol libre.
Finalement,
les récits de la «Syrie et la Novorussie vendues ou bradées» ont
perdu leur pouvoir d’attraction et les spécialistes occidentaux des PSYOPs en ont essayé un autre : la
Russie est devenue un larbin obéissant d’Israël, et Poutine, à titre personnel,
celui de Netanyahou. Les arguments étaient très semblables : Poutine n’a
pas autorisé les Syriens – ou les Russes – à abattre des avions israéliens
au-dessus de la Méditerranée ou du Liban, Poutine n’a pas utilisé le célèbre
S-400 pour protéger les cibles syriennes des frappes israéliennes et Poutine
n’a pas envoyé une division aéroportée en Syrie pour s’occuper des Takfiris [Daech et autres Frères Musulmans aka islamo-sionistes].
Et peu importe ici le fait que les objectifs officiellement déclarés de la
Russie en Syrie ne visaient qu’à «stabiliser l’autorité légitime et créer
les conditions d’un compromis politique» – voir ici pour plus de détails. La simple vérité est
que Poutine n’a jamais
dit qu’il libérerait chaque mètre carré de terre syrienne de la présence des
Takfiris, ni promis de défendre la Syrie contre Israël !
Pourtant,
pendant un certain temps, Internet a été inondé d’articles affirmant que
Poutine et Netanyahou coordonnaient étroitement chacune de leurs étapes et que
Poutine était un pote d’Israël.
Finalement,
ce canard a également perdu beaucoup de crédibilité. Après tout, la plupart des
gens sont assez intelligents pour se rendre compte que, si Poutine voulait
aider Israël, tout ce qu’il avait à faire était … tout simplement … ne rien faire
: les Takfiris prendraient Damas, ce serait «game over» pour une Syrie
civilisée, et les Israéliens auraient eu un prétexte parfait pour intervenir.
Aparté
Comme je l'ai déjà mentionné dans un article
précédent, voici les objectifs israéliens originaux en
Syrie :
1. Faire tomber
un État arabe laïc fort avec sa structure politique, ses forces armées et ses
services de sécurité.
2. Créer un chaos
et une horreur totale en Syrie justifiant la création d'une «zone de
sécurité» par Israël non seulement dans le Golan, mais plus au
nord.
3. Déclencher une
guerre civile au Liban en déchaînant les Takfiris fous contre le Hezbollah.
4. Laisser les
Takfiris et le Hezbollah se saigner mutuellement à mort, puis créer une «zone de
sécurité», mais cette fois au Liban.
5. Empêcher la
création d'un axe chiite Iran-Irak-Syrie-Liban.
6. Diviser la
Syrie sur des bases ethniques et religieuses.
7. Créer un
Kurdistan vassal qui pourrait ensuite être utilisé contre la Turquie, la Syrie,
l'Irak et l'Iran.
8. Permettre à
Israël de devenir le courtier énergétique incontesté au Moyen-Orient et obliger
l'Arabie Saoudite (KSA), le Qatar, Oman, le Koweït et tous les autres à passer
par Israël pour tout projet de gazoduc ou d'oléoduc.
9. Isoler
progressivement, menacer, subvertir et éventuellement attaquer l'Iran avec une
large coalition régionale de forces.
10. Éliminer tous
les centres de pouvoir chiites au Moyen-Orient.
De nos jours, il est assez facile de prouver les deux thèses
suivantes : premièrement Israël a
lamentablement échoué dans tous les objectifs fixés ci-dessus, et deuxièmement l'intervention
russe est le seul et plus important facteur qui a empêché Israël d'atteindre
ces objectifs - le second plus important était le
soutien héroïque de l'Iran et du Hezbollah qui, littéralement, «ont
sauvé la situation», en particulier au cours des premières phases de
l'intervention russe. Seule
une personne ignorante ou malhonnête pourrait sérieusement prétendre que la
Russie et Israël travaillent ensemble alors que la Russie, en réalité, a
complètement vaincu Israël en Syrie.
Pourtant, alors que la première PSYOP : Poutine le nouveau Hitler, a
échoué, et tandis que la deuxième PSYOP : Poutine le traître vendu,
a également échoué, les spécialistes des PSYOPs en Occident ont concocté une nouvelle
opération PSYOP beaucoup plus dangereuse et efficace.
Mais
d’abord, ils ont fait quelque chose de vraiment brillant : ils ont réalisé
que leurs meilleurs alliés en Russie ne seraient pas les «libéraux» –
franchement, sans aucune idée – mais qu’ils trouveraient un «allié»
beaucoup plus puissant chez les nostalgiques de l’Union soviétique. Je dois
expliquer cela en détail.
Premièrement, il y a une
chose dans la psychologie humaine que j’ai observée toute ma
vie : nous avons tendance à nous souvenir du bien et à oublier le mal.
Aujourd’hui, l’essentiel des souvenirs de mon camp d’entraînement militaire en
Russie, et même de la «semaine de survie», ressemble à des moments
amusants. La vérité est que dans le camp d’entraînement, je détestais presque
chaque journée. De la même manière, beaucoup de Russes ont développé une sorte
de nostalgie de l’ère soviétique. Je peux comprendre cela. Après tout, au cours
des années 50, l’URSS a connu une renaissance vraiment miraculeuse, puis dans
les années 60 et 70, elle a connu beaucoup de vrais triomphes. Enfin, même
dans les années 80 tellement décriées, l’URSS a réussi des choses absolument
spectaculaires, en science, technologie, etc.. Tout cela est vrai. Ce qui est
souvent oublié, c’est qu’en même temps, la société soviétique était oppressive,
le PCUS corrompu, et peuplé de gérontocrates, qui dirigeaient tout et
étaient en grande partie détestés, le peuple russe avait peur du KGB et ne
pouvait pas jouir des libertés que les Américains ou les Européens avaient à
l’époque. En vérité, c’était du lard ou du cochon, mais il est
facile de se souvenir uniquement des bonnes choses.
De plus,
beaucoup de gens qui occupaient des postes élevés pendant l’ère soviétique ont
tout perdu. Et maintenant que la Russie connaît objectivement divers
procès difficiles, ces gens ont reconnu «l’odeur du sang» et ils
espèrent clairement que, par miracle, Poutine sera renversé. Cela ne se fera
pas, ne serait-ce que pour les raisons très basiques suivantes :
1.
Le type d’appareil d’État qui protège Poutine
aujourd’hui peut facilement faire face à cette nouvelle « pseudo »
opposition patriotique , j’expliquerai plus loin pourquoi je dis pseudo.
2.
Dans les rangs de cette opposition, il n’y a
absolument aucun leader crédible rappelez-vous le graphique ci-dessus !
3.
Cette opposition se plaint de tout, mais n’offre pas
de vraies solutions.
Le noyau de cette opposition est formé de communistes
et de sympathisants communistes qui détestent absolument Poutine pour
son anticommunisme – tout à
fait sincère et franc. Appelons-les «nouveaux communistes» ou «néo-communistes».
Et voici ce qui les rend beaucoup plus dangereux que l’opposition «libérale» :
les néo-communistes ont souvent raison.
La triste
réalité, à mon avis, est que, malgré toutes ses immenses qualités, Poutine est,
en un sens, un libéral, du moins économique. Cela se manifeste de deux manières
très différentes :
1.
Poutine n’a
toujours pas viré du pouvoir tous les membres de la 5ème colonne – alias «Intégrationnistes Atlantiques» ou
aussi «Washington consensus». Oui, il a abandonné Medvedev, mais
d’autres – Nabiulina, Siluanov, etc. – sont toujours là.
2.
Poutine a hérité d’un très mauvais système dans lequel
presque tous les acteurs clés étaient dans la 5ème colonne. Pas
seulement quelques individus fameux – ou infâmes – mais une classe
entière -au sens marxiste du terme – de personnes qui détestent tout ce
qui est «social» et qui soutiennent les idées «libérales» afin de
pouvoir se remplir les poches.
Voici le
paradoxe : l’URSS est morte en 1991-1993, Poutine est anti-communiste, mais il y a toujours une
Nomenklatura –
de
style soviétique – en Russie, sauf que, pour le moment,
ils sont souvent appelés «oligarques» – ce qui est incorrect parce
que, disons, l’oligarque ukrainien décide vraiment du sort de sa nation
alors que cette nouvelle Nomenklatura russe ne décide pas du sort de la Russie
dans son ensemble, mais
elle a une influence majeure dans le secteur financier, c’est à
dire ce qui leur tient le plus à cœur.
Nous avons
donc une espèce de tempête, peut-être pas tout à fait «parfaite», mais
toujours très dangereuse qui menace la Russie. Comment ? Considérez
ceci :
Sous la
direction de Poutine, la politique étrangère russe a été un tel succès que
même les libéraux russes, admettent, à contrecœur, qu’il a fait du très
bon travail. Cependant, les politiques internes,
principalement financières, de la Russie ont été un désastre. Un
seul exemple, le fait que les grandes banques russes soient gavées de
leurs immenses revenus, n’a pas empêché des millions de Russes de vivre dans la
pauvreté et des centaines de milliers de petites entreprises familiales russes
de sombrer en raison de taux d’intérêt très élevés.
Un problème
clé en Russie est que la Banque centrale et les grandes banques commerciales ne
se soucient que de leurs bénéfices. Ce dont la Russie a vraiment besoin, c’est
d’une banque d’État pour le développement , dont le but ne serait pas des
millions et des milliards pour quelques-uns, mais qui permettrait à la
créativité du peuple russe de s’épanouir véritablement. Aujourd’hui, nous voyons
exactement le contraire en Russie.
Alors, quel
est mon problème avec cette opposition sociale, à défaut d’être tout à
fait «socialiste» ?
Elle est
tellement concentrée sur ses revendications étroites qu’elle rate
complètement la vue d’ensemble du tableau. Laissez-moi expliquer.
Premièrement,
la Russie est en état de guerre larvée avec les États-Unis + l’UE +
l’OTAN depuis au moins 2015. Oui, cette guerre est à 80% communication, 15% économie et seulement 5%
militaire. Mais c’est néanmoins une guerre bien réelle. La principale
caractéristique d’une véritable guerre est que la victoire n’appartient qu’à
une partie, l’autre est entièrement vaincue. Ce
qui signifie que la guerre avec l’Empire anglo-sioniste est
existentielle : un parti gagnera et survivra, l’autre disparaîtra et sera remplacé par une société et
une politique qualitativement nouvelle. L’opposition russe néo-communiste
prétend fermement qu’il n’y a pas de guerre, et que toutes les pertes, économiques
et humaines, ne sont que le résultat de la corruption et de l’incompétence
russe. Ils oublient que lors de la dernière guerre entre la Russie et
l’«Ouest-uni» les chars allemands étaient dans les faubourgs
de Moscou.
Et bien
sûr, ils le savent. Mais ils font semblant de ne pas le savoir. Et c’est
pourquoi je les considère comme la 6ème colonne, par opposition à la
5ème, ouvertement libérale et pro-occidentale.
Deuxièmement,
bien que cette opposition soit, à mon avis, tout à fait correcte en déplorant
l’apparente croyance de Poutine, selon laquelle suivre les conseils de ce que
j’appellerais «les types du FMI» est plus sûr que de suivre les
recommandations de ce que l’on pourrait vaguement appeler les «économistes
de l’opposition» – et là je pense à Glaziev, dont je soutiens
personnellement les vues. L’opposition ne réalise pas les risques liés à la
mise hors-jeu des «types du FMI». La triste vérité est que les
banques russes sont très puissantes et qu’à bien des égards, l’État ne peut pas
se permettre de se les aliéner totalement. À l’heure actuelle, les banques
ne soutiennent Poutine que parce qu’il les soutient. Mais si Poutine décidait
de suivre les conseils, par exemple, de Glaziev et de ses partisans, les
banquiers russes réagiraient par une «guerre totale» contre Poutine.
Si vous
étudiez l’histoire de la Russie, vous vous rendrez vite compte que la Russie
s’est superbement conduite avec ses ennemis sur le plan
militaire, mais a été moyenne dans ses efforts diplomatiques – qui ont
souvent annulé les victoires militaires – et complètement nulle avec ce
que nous pourrions appeler «l’opposition interne».
Permettez-moi
donc de le répéter ici : je ne considère pas l’OTAN ou les États-Unis comme des
menaces militaires crédibles contre la Russie, à moins qu’ils décident
d’utiliser des armes nucléaires, auquel cas la Russie et l’Occident
souffriraient terriblement. Mais même dans ce scénario, la Russie prévaudrait,
elle a un avantage de 10 à 15 ans contre les États-Unis dans les
technologies nucléaires civiles et militaires, et la société russe est beaucoup
plus préparée à survivre – si ce sujet vous intéresse, lisez simplement
les livres de Dmitry Orlov qui l’expliquent mieux que jamais.
J’ai toujours pensé, et je continue de penser, que le véritable danger pour Poutine et ceux qui
partagent son point de vue est l’opposition interne, souvent menée par
des « initiés » au cœur du système politique en Russie. Ils
ont toujours représenté la plus grande menace pour tout dirigeant russe, des
tsars à Staline.
Cette
nouvelle 6ème colonne néo-communiste est cependant une menace
beaucoup plus dangereuse pour l’avenir de la Russie que la 5ème colonne
pro-occidentale. Certaines de leurs tactiques sont extrêmement sournoises. Par
exemple, l’une des choses que vous entendez le plus souvent chez ces gens
là est la suivante : «À moins que Poutine ne fasse ceci, cela, ou
encore ça, il y a un risque de révolution sanglante». Après avoir écouté
plusieurs dizaines de leurs vidéos, je peux vous dire en toute sécurité que
loin de craindre une révolution sanglante, ces gens rêvent en réalité de la
voir arriver.
«Trop souvent dans notre histoire, nous avons vu qu’au lieu d’une opposition au gouvernement, nous sommes confrontés à une opposition à la Russie elle-même. Et nous savons comment cela se termine: avec la destruction de l’État en tant que tel » Vladimir Poutine. |
Maintenant, si vous pensez comme un vrai patriote russe, vous devez
vous rendre compte que la Russie a souffert non pas d’une, mais de deux
révolutions terribles : en 1917 et 1991. Dans chaque cas, les
conséquences de ces révolutions – quelle que soit la justification
apparue à l’époque – étaient vraiment horribles, tant en 1917 qu’en
1991, la Russie a presque complètement disparu en tant que pays et des
millions de personnes ont énormément souffert. Je soutiens
maintenant qu’il est devenu axiomatique que rien ne serait pire pour la
Russie que n’importe quelle révolution, quelle que soit l’idéologie qui
l’alimenterait ou l’apparence dramatique du «régime au pouvoir».
Poutine en est parfaitement conscient à voir son attitude sur l’image.
Ces néo-communistes seraient en profond désaccord avec moi.
Ils «mettent en garde» contre une révolution, tout en essayant en réalité de créer les conditions de celle-ci.
Maintenant, laissez-moi être clair : je suis absolument convaincu qu’aucune révolution, néo-communiste
ou autre, n’est possible en Russie. Plus précisément, même si je crois
qu’une tentative de révolution pourrait se produire, je pense que tout
coup d’État révolutionnaire contre Poutine est voué à l’échec.
Pourquoi ? Revoyez le sondage en début de cet article.
Même si par un affreux miracle, il était possible de vaincre ou
neutraliser la puissance combinée du FSB + FSO + Garde nationale +
Forces armées – ce que je ne crois pas possible – ce «succès» serait limité à Moscou ou, tout au plus , l’oblast de Moscou. Au-delà, tout est «territoire de Poutine».
En termes de puissance de feu, l’oblast de Moscou a beaucoup d’unités
de premier ordre, mais il n’est même pas proche de ce que le «reste de la Russie» pourrait engager, à elle seule la 58ème armée
du sud serait imparable. Mais même cela n’est pas vraiment crucial. La
chose vraiment cruciale après tout coup d’État serait les 70% et plus de
Russes qui, pour la première fois depuis des siècles, croient vraiment
que Poutine défend leur intérêt et qu’il est «leur homme». Ces
gens n’accepteront jamais aucune tentative illégale d’évincer Poutine du
pouvoir. C’est la raison principale pour laquelle aucune révolution
réussie n’est actuellement possible en Russie.
Mais alors que toute révolution ou coup d’État seraient voués à
l’échec, cela pourrait très bien entraîner un bain de sang beaucoup plus
important que ce qui s’est produit en 1993, où les militaires
n’étaient, pour la plupart, pas impliqués dans les événements.
Maintenant, résumons le tout.
Il y a une opposition interne très vive à Poutine en Russie, qui a
très peu de chances d’obtenir un véritable soutien populaire, mais qui
pourrait éventuellement unir suffisamment de nostalgiques de l’ère
soviétique pour créer une véritable crise.
Cette opposition interne affaiblit clairement, et objectivement,
l’autorité et la réputation de Poutine, qui est le principal objectif
bricolé par l’État profond occidental depuis que Poutine est arrivé au pouvoir.
Cette opposition interne, principalement nostalgique de l’ère
soviétique, ne recevra aucun soutien officiel de l’Occident, mais elle
bénéficiera d’un soutien secret maximum de l’État profond occidental.
Enfin, cette opposition néo-communiste ne prendra jamais le
pouvoir, mais elle pourrait créer une crise politique interne très
réelle qui affaiblira beaucoup Poutine et les souverainistes eurasiens.
Donc, quelle est la solution ?
Poutine doit anticiper toute agitation civile. Retirer Medvedev et le
remplacer par Mishustin était la bonne décision, mais c’était aussi
trop peu et trop tard. Franchement, je pense qu’il est grand temps que
Poutine rompe enfin ouvertement avec les types du « consensus de Washington » et écoute Glaziev qui, lui au moins, n’est pas communiste.
La Russie a toujours été une société où le collectif est important,
et elle doit cesser de s’excuser, même mentalement, pour cela. Au lieu
de cela, elle devrait embrasser ouvertement et pleinement sa culture et
ses traditions collectivistes et montrer la porte aux types du «consensus de Washington».
Oui, les élites de Moscou seront furieuses, mais il est également
grand temps de dire à ces gens qu’ils ne possèdent pas la Russie et que,
même s’ils étaient prêts à provoquer un massacre en se prostituant à
l’Empire, la plupart des Russes ne veulent pas d’eux.
Le résultat est le suivant : Poutine représente quelque chose
d’unique et de très précieux, c’est un vrai patriote russe, mais il
n’est pas nostalgique de l’époque de l’Union soviétique. À l’heure
actuelle, il est le seul, ou l’un des rares, politiciens russes à
revendiquer cette qualité. Il doit anticiper la crise que les néo-communistes
pourraient déclencher, non pas en les faisant taire, mais en se rendant
compte que sur certaines questions le peuple russe est en fait d’accord
avec eux, même s’il n’est pas disposé à appeler à une révolution.
Cela vous semble-t-il compliqué, ou tiré par les cheveux ? Si c’est
le cas, c’est parce que c’est comme ça. Mais malgré toutes les nuances,
nous pouvons discerner une certitude : cela ne vaut pas la peine de
réussir, ni même d’échouer, si cela affaiblit ou menace la Russie. À
l’heure actuelle, l’opposition néo-communiste est,
objectivement, une menace pour la stabilité et la prospérité de la
Russie. Cela ne signifie pas, cependant, que ces gens ont toujours tort.
Ils sont souvent pertinents, 100% corrects.
Poutine doit leur prouver qu’ils se trompent en les écoutant, et en faisant ensuite ce qu’il faut.
Difficile ? Oui. Faisable ? Oui. Il doit donc le faire.
Par The Saker − Le 30 avril 2020 − Source Unz Review via thesaker.is
via le Saker Francophone
NOTES de H. Genséric
- USA.
L’intouchable Browder, ou comment les oligarques juifs ont pillé la Russie et
attaquent Poutine
Hannibal GENSÉRIC
j'ai un doute mais Putin etant chretien et je 'lespere fortement
RépondreSupprimervaincra les sataniques juifs et le peuple Russe s'en sortira vainqueur .