Les
récentes turbulences financières sur les marchés pétroliers et la dépression
mondiale auront un impact important sur les conflits au Moyen-Orient.
En Irak
La nuit
dernière, le Parlement irakien a élu un nouveau Premier ministre. Mustafa
al-Kadhimi est considéré comme un technocrate avec de bons antécédents et
politiquement neutre par toutes les parties. Son cabinet comprend un certain
nombre de personnes expérimentées qui sont connues pour leur travail efficace.
Étonnamment, les
États-Unis et l’Iran ont tous deux soutenu Kadhimi.
Secrétaire Pompeo
@SecPompeo -
Je
suis heureux de m'entretenir aujourd'hui avec le nouveau Premier ministre
irakien Mustafa al-Kadhimi. Il s'agit maintenant de mettre en œuvre les
réformes exigées par le peuple irakien, un travail urgent et difficile. Je me
suis engagé à l'aider à mettre en œuvre son programme audacieux pour le bien du
peuple irakien.
Javad Zarif @JZarif -
Félicitations
au Premier ministre @MAKadhimi, à son cabinet, au Parlement et surtout au
peuple irakien pour avoir réussi à former un nouveau gouvernement.
L'Iran
est toujours aux côtés du peuple irakien et de l'administration qu’il se
choisit.
Kadhimi a beaucoup
de travail qui l’attend. Le faible prix du pétrole signifie que le budget
irakien sera fortement déficitaire. Il devra emprunter beaucoup d’argent, très
probablement au FMI. L’argent pourrait venir avec les conditions américaines.
Il y a eu
récemment une vague de petites attaques lancées par État Islamique (EI). Les
djihadistes étaient équipés de dispositifs de vision nocturne. Il est fort
probable que les États-Unis utilisent à nouveau EI pour faire pression sur le
gouvernement.
Les États-Unis
veulent que l’Irak prenne position contre l’Iran et la milice irakienne que
l’Iran parraine. Mais Kadhimi ne peut pas le faire sans perdre le soutien du
Parlement. L’Irak dépend également de l’énergie iranienne.
En Syrie
La situation
militaire en Syrie a peu changé. Le cessez-le-feu dans le gouvernorat d’Idleb
semble tenir. Les troupes russes et turques patrouillent sur certaines parties
de l’autoroute M4 après que la Turquie a eu des échanges difficiles avec les
djihadistes de Hayat Tahrir al-Sham qui essayaient de bloquer les patrouilles.
La Turquie devra se débarrasser des djihadistes qui ont mené
la guerre contre la Syrie depuis le tout début, d’une manière ou d’une autre.
Tout au long des
derniers mois, les hauts responsables de la politique étrangère et les
oligarques russes ont publié des
essais qui soutenaient que le gouvernement syrien devait se pencher
davantage sur la situation économique en Syrie, qui est très mauvaise, au lieu
de pousser à des solutions militaires. Ce qu’ils visent n’est pas très clair.
Puis un conflit
entre le président Assad et un important oligarque syrien, Rami Makhlouf, a
éclaté au grand jour. Danni Makki enquête
sur cette saga. Makhlouf est un cousin maternel d’Assad. Celui qui voulait
faire des affaires en Syrie pendant la guerre devait passer par lui. Il a
parrainé sa propre milice et sa propre association caritative. Makhlouf,
l’homme le plus riche de Syrie, qui est propriétaire de Syriatel et de
nombreuses autres entreprises, a maintenant été écarté. Mais il cherche à se
défendre.
Makhlouf a peu
de chances de gagner. En 2017, les frères Jabar, eux aussi des oligarques ayant
leur propre milice, s’intéressaient trop à leurs profits personnels et à leur
pouvoir. Riam Dalati raconte
leur histoire et comment ils ont été écartés sans cérémonie.
La position
d’Assad est désormais plus
forte que jamais et les entreprises russes seront désormais heureuses de
faire des affaires en Syrie sans un Monsieur Cinq pour cent entre les
deux.
En Libye
La Turquie, en
collaboration avec le Qatar, a engagé quelque 10 000 « rebelles »
syriens pour combattre en Libye aux côtés du gouvernement d’union national et
de ses milices djihadistes. Les troupes du GNA ont été écrasées par l’armée
nationale libyenne du général Haftar. La Turquie a également envoyé ses propres
troupes avec des drones de fabrication turque pour attaquer la position de
Haftar. Mais la plupart des drones ont été abattus immédiatement. Les EAU, qui
soutiennent la LNA de Haftar, ont maintenant envoyé six avions de chasse
Mirage en Égypte et les utilisent pour bombarder la GNA et les positions
turques à Tripoli et Misrata.
Les « rebelles »
engagés par la Turquie ont subi de nombreuses pertes mais n’ont pas reçu
l’argent promis. Cette nouvelle est parvenue à Idleb et rend les efforts de
recrutement par la Turquie plus
difficile.
En Turquie
La livre turque
continue de chuter. La Banque centrale, sous le contrôle du sultan Erdogan, a
dépensé plus de 25 milliards de dollars pour empêcher la livre de franchir la
barrière des 7 lires par dollar américain. Elle a pourtant atteint 7,2 lires/$
US et continue de s’enfoncer. Le ministre turc des finances, Berat Albayrak, 44
ans, est le beau-fils d’Erdogan et n’est pas
qualifié pour ce poste. La Fed a rejeté une demande de la Turquie pour un
accord de swap qui aurait permis au pays de disposer de plus de dollars
américains. Il est urgent d’y
remédier :
S&P
Global a estimé mercredi que l'économie turque a besoin de refinancer près de
168 milliards de dollars au cours des 12 prochains mois. Cela équivaut à 24% du
PIB du pays.
La
faiblesse record de la lire rend le remboursement de la dette en dollars plus
coûteux pour le gouvernement et les entreprises du pays. Ces 168 milliards de
dollars de dette extérieure à court terme et seulement 85 milliards de dollars
de réserves brutes de change signifient que le "ratio
de couverture" n'est que d'environ 50 %, l'un des plus faibles
de toutes les économies de marché émergentes.
Erdogan peut
(encore) demander à l’émir du Qatar d’intervenir, mais la somme dont il a
besoin est plus importante que ce que le Qatar pourrait être prêt ou capable de
fournir. Il ne lui reste plus que le FMI pour s’en sortir. Mais après
l’expérience des précédents prêts du FMI à la Turquie et les mesures
d’austérité sévères qui les accompagnent, toute discussion sur les prêts du FMI
à la Turquie est un poison politique et un moyen sûr de perdre les élections.
Erdogan devra
réduire ce qu’il dépense en Libye et en Syrie car ces conflits sont devenus
économiquement insoutenables.
Au Liban
Le schéma de
Ponzi que la Banque centrale du Liban a utilisé pendant 30 ans pour lier la
livre libanaise au dollar américain s’est finalement effondré. En quelques
mois, la monnaie est passée de 1500 Livres par dollar US à plus de 4000 Livres par
dollar US. Tous ceux qui avaient de l’argent dans une banque libanaise en ont
perdu la majeure partie. Les richesses du Liban de ces 30 dernières années ont
disparu. Le pays a besoin d’un nouveau modèle économique qui sera difficile à
trouver. Ehsani explique
comment le pays en est arrivé là.
En Arabie Saoudite
Aujourd’hui, les États-Unis ont annoncé
qu’ils retiraient leurs missiles Patriot du pays. Deux
escadrons de chasseurs parqués dans la région vont également partir. La marine
américaine va rappeler certains navires postés dans la région du Golfe
Persique. Début avril, Trump avait
menacé les Saoudiens de prendre de telles mesures s’ils ne parvenaient pas
à réduire leur production de pétrole et à augmenter ainsi son prix
mondial. Une partie de la production a été réduite, mais les prix
continuent de baisser par manque de demande.
Sans la protection des États-Unis,
la guerre saoudienne contre les Houthis au Yémen deviendra
intenable.
Tous les pays
susmentionnés sont également massivement touchés par la pandémie actuelle.
Moins par le nombre de morts dans leurs populations relativement jeunes que par
les conséquences économiques qui entraîneront davantage de pauvreté et de faim.
S’il y a un pays
qui tire avantage de toutes ces crises dans la région, c’est surtout
l’Iran.
Note du Saker
Francophone
Un
des signaux faibles à surveiller, c'est le moment ou des pays comme la Turquie
ou l'Iran vont refinancer leur dette en yuan et non plus en dollar.
Par
Moon
of Alabama − Le 7 mai 2020
Via
le Saker
Francophone
A mon avis l'Iran est aussi durement touché par la crise économique. Intrigue avec la Syrie et Israël en Libye ces deux pays aident le Maréchal Haftar contre la Turquie et la Qatar. L'Arabie Saoudite a toujours un pacte de défense avec Israël.
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