samedi 31 octobre 2015

Syrie. Un accord sécuritaire Iran/Russie qui fait peur…



La coopération Iran/Russie dans le dossier de la lutte contre le terrorisme inquiète au plus haut point l’Occident et les régimes qui sont ses affidés. Mais pourquoi ?


A bien suivre le discours des officiels occidentaux, cette lutte ne devrait à aucun prix les inquiéter. En Irak, l’engagement iranien dans les combats qui ont fini par libérer 4 provinces à majorité chiite n’a d’ailleurs pas inquiété l’Occident. 
infoAlors pourquoi autant de susceptibilités dans le dossier syrien? 
En effet les États-Unis et leurs alliés se sentent préoccupés à l’idée d’une naissance, celle d’une alliance stratégique Iran/Russie. Une alliance qui déboucherait sur l’émergence d’un front uni, efficace au plan régional et international. L’Iran et la Russie sont deux États aux bordures "sensibles" : Moscou a sous son influence l’Asie centrale, le Caucase et l’Est de l’Asie. Quant à l’Iran, il chapeaute un nombre indéniable d’États et de mouvements anti hégémonisme. L’entrecroisement de ces deux pays en termes stratégiques pourrait nettement changer la donne dans une région aussi sensible que le Moyen Orient. De nombreuses raisons pourraient pousser aussi la Chine à rallier cette alliance. 

L’Occident est inquiet à plusieurs égards :


1) Après la signature de l’accord de Vienne le 14 juillet dernier, l’Occident a cru à une métamorphose de l’Iran. Cette "métamorphose" aurait dû faire passer l’Iran du camp "anti américain" à celui  des alliés des États-Unis ». Or rien ne s’est passé comme tel. En Syrie, l’accord sécuritaire irano-russe a pris corps plus rapidement que prévu. Cet accord sécuritaire a remis en cause la résolution 2231 du Conseil de sécurité, laquelle impose de strictes restrictions à l’extension de la puissance militaire iranienne. L’accord avec la Russie renforce quel que ce soit son niveau, la position de la Résistance.


2) En lançant des frappes contre Daech et les autres groupes  wahhabo-terrorsites en Syrie, la Russie a rendu un grand service à l’axe de la Résistance. Les frappes russes rendent caduques une nécessité, celle de l’engagement militaire direct de l’Iran en Syrie. Or cet engagement aurait pu constituer un atout pour l’Occident qui, surfant sur la vague du confessionnalisme, comptait accuser l’Iran de fratricide anti sunnite. L’Occident connaît bien les potentialités iraniennes à gérer des crises sécuritaires très complexes. L’Iran a su faire de son ennemi irakien un allié. Pour l’Occident, il ne pas fait l’ombre d’un doute que le rôle de l’Iran au sein de la coalition Iran/Russie/Irak/Syrie relève de la guidance.


3) la coalition anti terroriste Iran/Russie/Syrie/Irak a fait preuve de son efficacité. En cas de succès, elle pourrait même s’ériger en un modèle de lutte anti terroriste qui, en Occident, n’a jamais dépassé le stade de la parole. Une fois vaincu, le terrorisme ne saurait plus fournir le prétexte nécessaire à la présence militaire occidentale dans l’ouest de l’Asie. Ce point inquiète au plus haut point l’Occident d’où son tapage autour de la prétendue fragilité de l’accord sécuritaire Russie/Iran.


4) du point de vue occidental, l’alliance quadripartite Russie/Iran/Irak/Syrie a donné lieu à l’émergence d’un modèle de lutte anti terroriste qui ne distingue pas les bons des mauvais terroristes. Un tel front n’ira pas sans jeter un petit regard du côté du terrorisme d’état qu’exerce Israël : en effet, le renforcement d’Assad revient à renforcer "le seul État arabe anti israélien" au Moyen-Orient. Il  consolide la Résistance libanaise qui a fait de la Syrie un centre d’activités anti sionistes avec en toile de fond la concentration de ses combattants sur les hauteurs du Golan. Aucun contact téléphonique Poutine - Netanyahu, aucune assurance donnée par Moscou à Tel-Aviv ne pourra changer le fond des choses, la Russie agit en ce moment contre les intérêts d’Israël.


5) la coalition anti terroriste Iran/Russie/Syrie/Irak est bien populaire. Les peuples de la région en sont au point de bien reconnaitre amis et ennemis. La coalition pro Résistance ne trompera pas les peuples ; elle n’outrepassera jamais les considérations humanitaires.

Par Dany

NYT: de juteux contrats en vue pour la Russie

L’obtention de l’accord sur le nucléaire iranien ouvre la porte à la signature de contrats avantageux dans l’énergie nucléaire et l’armement entre la Russie et l’Iran, précise le New York Times. C’est pourquoi la Russie agit rapidement. Dès la fin des négociations entre l'Iran et le groupe des 5+1 sur le programme nucléaire iranien, qui ont abouti à un accord unanime, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré aux journalistes à Vienne: "Nous avons avec l’Iran de grands projets sur le développement de l’énergie nucléaire iranienne. Des accords sur la création de nouveaux blocs des centrales nucléaires ont d’ores et déjà été conclus".
La Russie possède une grande expérience dans le domaine de l’énergie nucléaire, note M.Herszenhorn. Elle aide à construire et exploiter des réacteurs atomiques en Iran depuis des années. Le géant nucléaire russe Rosatom a participé à la création de la centrale nucléaire de Bouchehr et a déjà signé des contrats sur son développement.
De plus, Moscou prévoit la fourniture de systèmes de missiles sol-air S-300 à Téhéran, ce qui permettrait d’élargir la collaboration russo-iranienne dans le domaine de l’armement. Les perspectives d’échanges commerciaux avec l’Iran pourraient apporter un certain soulagement à l’économie russe, malmenée par les sanctions internationales, indique l’observateur. Étant donné que de nombreuses entreprises russes sont coupées des relations commerciales avec l'Occident, M.Poutine regarde vers l'Est, en Asie, pour y trouver de nouvelles possibilités économiques, précise M.Herszenhorn.
Le New York Times cite la remarque exprimée par M. Lavrov à propos des sanctions occidentales: selon le ministre russe, elles ont "vraiment entravé nos pays au niveau des transactions financières et de la réalisation d'autres projets en collaboration avec nos partenaires iraniens".

L'Axe énergétique

À cela s’ajoute bien sûr le programme Pétrole contre nourriture , en vertu duquel la Russie achète 500.000 barils de pétrole iranien par jour.  Washington est évidemment furieux, car cet accord propulserait les exportations de pétrole iranien à plus d’un million de barils par jour, ce qui avait été convenu à Genève au départ.
Comme la Russie fait  aussi l’objet de sanctions imposées par les États-Unis et l’UE, l’Europe cherche désespérément à diversifier ses sources d’énergie pour être moins dépendante de Gazprom. L’Iran a tout ce qu’il faut pour vendre du gaz à l’Europe, qui transiterait principalement par la Turquie. Sauf que les écueils politiques et logistiques sont si nombreux, que ce scénario ne serait envisageable qu’à très long terme dans le meilleur des cas, sachant que l'Iran et la Turquie sont des "ennemis" sur le front du terrorisme.
D’après l’étude statistique de BP sur l’énergie mondiale (BP Statistical Review of World Energy), l’Iran a d’énormes réserves prouvées de gaz naturel de l’ordre de 33,6 milles milliards de mètres cubes, tandis que celles de la Russie sont de 32,9 milles milliards de mètres cubes. Comme moteurs de croissance, on fait difficilement mieux !
Le problème, c’est que l’Iran traîne loin derrière la Russie en matière d’investissement et de production. Il y a quelques années, à Téhéran, des experts en énergie ont fait le calcul qu’il faudrait 200 milliards de dollars pour moderniser l’industrie et investir dans l’infrastructure de transport intérieur et d’exportation.
Concrètement, la Russie va donc demeurer le principal fournisseur de gaz de l’UE dans un avenir prévisible et prédominera sur la valeur stratégique du gaz en provenance de l’Iran et de l’Asie centrale. Cela tient compte du fait que bon nombre de pays de l’UE soutiennent la construction du projet de gazoduc South Stream que favorise la Russie, et ce, malgré les incessantes manigances politiques qui se font à Bruxelles.
Par conséquent, la concurrence énergétique entre la Russie et l'Iran n'est pas à l'ordre du jour. L'Europe restera encore dépendante de Gazprom pour encore plusieurs années.
De plus, l'axe Iran-Russie-Irak-Syrie a intérêt à coopérer sur le pétrole et le gaz, comme il coopère aujourd'hui contre le terrorisme. Cet axe énergétique lutte contre les prétentions de l'autre axe énergétique Qatar-Arabie-Turquie-OTAN-Israël qui voudrait, par la guerre, détruire la Syrie et y imposer la construction d'oléoducs et de gazoducs qui exporteront le pétrole et le gaz qatari vers l'Europe.
Aujourd'hui, c'est l'Axe de la Résistance (Russie-Iran-Syrie-Irak) qui semble avoir le plus de cartes en mains, grâce aux coups de boutoir des armées russe et syrienne contre les mercenaires de la terreur de l'axe impérialisme-sionisme-islamisme.

Hannibal GENSERIC