Dans un récent article évoquant les tenants et aboutissants de la boucherie de vendredi, j’avais envisagé deux types de dénouement : l’un d’eux prévoyait la création d’une coalition russo-française anti-EI/Daech (mais aussi plus largement anti-salafiste). Il semble, nous en sommes tous bien aise, que cette option ait eu raison des versatilités auxquelles sont sujettes des élites politiques ô combien frileuses. Il semble aussi que ce passage à l’acte, réprouvé par Obama et son équipe, se double d’un début ou du moins d’une tentative de nettoyage des réseaux islamistes éparpillés à travers les villes européennes. Molenbeek-Saint-Jean, naguère bercail d’un Philippe Vandermaelenn, récemment celui d’un Coulibaly, en est un exemple frappant. Consternant. Une quasi-hypertrophie du 93 avec tout le venin de l’anti-France qui berce la nécropole sacrée des rois de France.
Veut-on dire que jusqu’ici Molenbeek n’était pas nettoyable ?
Que ces pauvres gamins qui y naissent et se disent aujourd’hui mûrs pour le jihad ne sont que des paumés ?
De nouveaux Misérables dont Hugo, s’il fut de ce monde, aurait dénoncé l’injuste Misère ? Allons donc ! Il n’y a que les niais et les autruches pour y croire. Ces gens-là ne sont pas des paumés mais des créatures qui se retournent ostensiblement contre leur créateur selon la très juste comparaison d’un amie facebookien. Le problème, c’est que l’abcès gonfle et suppure en France depuis les années Mitterrand. Que l’ennemi est enraciné dans une terre qu’il rejette depuis des décennies et dont il veut maintenant disposer à sa convenance. Le problème, c’est que la politique étrangère à la fois idiote et criminelle qui a été menée après la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN sert aujourd’hui de prétexte au soulèvement des quartiers dits chauds de même qu’à la progression des zones grises à travers le pays. La France est un pays bien riche en centrales nucléaires (19 au total) c’est-à-dire en poudrières potentielles. Que faire ?
En principe :
- il faudrait sortir de l’UE, vu que l’annulation provisoire de Schengen n’a pas grand sens.
- Il faudrait aussi sortir de l’OTAN vu que l’un des trois piliers de la souveraineté d’un pays tient à sa capacité de décider de la paix ou de la guerre.
- Il faudrait liquider tous les nids islamistes dispersés à travers la pays, tous sans exception, fermer les mosquées salafistes, interdire formellement des organisations telles que les Frères Musulmans, renforcer les contrôles d’identité, supprimer les allocs à vie et forcer une jeunesse vicieusement désœuvrée à travailler.
- Enfin il faudrait réaffirmer, en théorie autant qu’en pratique, la prédominance historique et culturelle du christianisme en France en arrêtant la démolition des églises et en réformant des programmes scolaires lèche-culs et mondialistes.
Combien de morts faudra-t-il encore pleurer, en France tout comme en Syrie ou ailleurs – hier, au Mali – pour que l’Europe pèse enfin les conséquences de ses leurres et de ses traîtrises ?
Les il faudrait que je viens d’égrener sont d’une banalité redondante et affligeante. Ce que l’on constate cependant, c’est que ni les Fabius, ni les Valls, ni même Hollande en personne ne veulent avoir conscience de ces urgences. Pour une raison très simple : pour qu’ils le fassent, la France devrait reprendre la maîtrise de sa diplomatie et de son territoire. Il en va de même de tous les États constitutifs de l’UE.
Après avoir versé des larmes hypocrites sur les martyrs de la sottise dirigeante, Obama a réitéré un ultimatum encore plus hallucinant : soit Assad reste au pouvoir et la Syrie s’enfonce dans un chaos abyssal, soit le pouvoir de Damas démissionne et cède la place à un gouvernement de coalition nationale composé de différentes fractions opposantes. Simultanément, Erdogan fait des siennes en menaçant la France d’attentats encore plus meurtriers si elle n’arrête pas ses frappes contre « les militants [dits] modérés » (voir entretien accordé au journal Ar-Rayah). Daesh y est présenté sous une sauce lénifiante voire hallucinogène : sa cause, mêlée à celle des militants syriens pour la libération du peuple – duquel ?! – donne une image d’ensemble en accord avec celle d’une ASL, on s’en souvient, littéralement glorifiée par les autorités françaises. Bruxelles n’a jamais condamné les agissements de la Turquie. Au mieux pourrait-on entendre de la part de politiques qui ne sont plus au pouvoir qu’Ankara joue un rôle dangereusement ambigu et qu’il conviendrait peut-être d’élucider cette ambiguïté.
Selon des sources alternatives foisonnantes, Moscou ne fait pas vraiment confiance à Paris pour ce qui est de son intention de pulvériser l’EI. Vous me direz : et le porte-avions Charles de Gaulle ? Et le bombardement du centre d’approvisionnement pétrolier près de Deir Ezzor ? Et le plan de soutien de la Russie à la marine française sur le terrain ?En réalité, nul besoin d’aller piocher dans une presse alternative parfois en effet peu fiable pour tirer le même type de conclusion.
La vive émotion du vendredi dernier passée, il serait bon de revenir aux révélations d’Eric Denécé, ancien officier du renseignement et de Bernard Squarcini, ancien directeur de la DCRI : les deux viennent tout juste d’être publiées, à titre préventif, j’imagine, étant donné que le renseignement aurait à répondre de ce qui s’est passé vendredi 13.11.
- Selon M. Denécé, les services secrets n’ont jamais reçu d’ordres spécifiques par rapport aux jihadistes français revenant en France. Curieux, n’est-ce pas, surtout après la boucherie de janvier ?
- Selon M. Squarcini, Manuel Valls aurait refusé de prendre en compte la liste de jihadistes français combattant en Syrie au seul motif que la France refusait de collaborer avec le renseignement syrien tant que Bachar el-Assad resterait au pouvoir. C’était il y a certes deux ans. Personne ne pouvait imaginer le janvier noir de Charlie et le 13 novembre lugubre du Bataclan.
Mais alors que d’attentats avaient pu être déjoués sans que les Français ne le soupçonnent ! Si M. Squarcini dit vrai – et une personne d’un tel acabit ne saurait mentir surtout que le (les) coupable (s) est (sont) pointé (s) du doigt – devrait-on qualifier la réaction de M. Valls de crime de haute trahison ? Lorsque le Premier ministre belge, C. Michel, propose aux éléments radicalisés (= jihadistes en puissance) le port de bracelets électroniques, je me demande également si nous avons affaire à un cas clinique ou à un cas de haute trahison.
Des litres d’encre ont déjà été déversés sur la lâcheté et la pseudo-incompétence d’élites pseudo-représentatives alors autant arroser le tout d’une liste de faits expliquant en quoi est-ce que Moscou aurait raison de ne pas faire confiance ou de faire modérément con-fiance à la France. Nous avons plus d’une fois insisté sur le côté mythique ou factice de l’ASL (Armée syrienne libre). La réunion de Vienne qui s’est tenue le 14 novembre a débouché sur deux impératifs pour le peu aberrants mais formellement acceptés par la Russie en accord, visiblement, avec Damas vu qu’aux dernières nouvelles Assad conditionnerait son départ à une victoire totale sur l’EI.
Ces deux impératifs, les voici :
1- Formation d’un gouvernement de coalition nationale – visant, mettons-le donc entre parenthèses, à coaliser moultes fractions de l’opposition –
2- Réforme de la Constitution existante.
Que la Syrie ne soit pas sous protectorat ou sous mandat n’inquiète a priori personne alors passons. Par contre, et c’est là qu’il y a du très mauvais sang à se faire, il faut savoir que le pays est déchiré entre 7000 groupes et groupuscules salafistes. C’est sans compter qu’il y a un pacte de non-agression entre l’ASL et le Front al-Nosra et c’est aussi sans compter que les protégés de nos preuses démocraties ont enfin pris la parole et ne se cachent plus d’être ce qu’ils sont.
C’est ainsi qu’Ahmad Rahal, ex-commandant syrien de la Marine de Guerre et actuellement représentant des forces dites d’opposition de l’ASL reconnaît combattre l’armée gouvernementale aux côtés de Jaabat al-Nosra.Il a accordé une interview exclusive au journal russe Vesti.Nous ne pouvons pas faire la guerre à al-Nosra, dit-il, bien qu’il s’agisse en effet d’une organisation terroriste affiliée à Al-Qaïda. Notre priorité pour le moment c’est le Hezbollah, les Irakiens, les Iraniens [et l’Armée arabe syrienne] qui combattent le peuple syrien.
S’il est vrai que nous n’en sommes plus à une incohérence près, celle de M. Rahal est débordante d’humour. Si même on croit à la sincérité de ses propos, ceux-ci sont aussi injustifiables que ceux de Vlasov qui avait pactisé avec les nazis non point par solidarité pour leur idéologie mais par haine des Rouges. Quelques lignes plus loin, ce Vlasov syrien nous apprend que les Américains auraient favorisé l’essor de l’islamisme plus de 70.000 anciens militaires ayant fui le pays par leur grâce.
Moins conciliant que son frère d’armes mais semblerait-il plus crédible, Abdul Jabbar al-Oqaidi, ancien colonel de l’Armée arabe syrienne et commandant de l’ASL extrêmement médiatisé par les USA, indique sans équivoque que l’opposition en question (ici, l’ASL) bénéficie, de un, d’un soutien massif de la part des USA et de la Turquie (revoir menaces récentes d’Erdogan), coordonne son action avec al-Nosra, de deux, estime que l’EI est un ennemi secondaire dont la barbarie n’est liée qu’aux lacunes culturelles de ses membres, de trois. Qui plus est, renchérit-il à titre personnel, il n’y aurait pas de conflit avec les leaders de l’EI, une organisation « frère » malgré les erreurs tactiques qui la compromettent. Lorsqu’un journaliste de Vesti lui demande en quoi est-ce que les méthodes auxquelles l’ASL a recours diffèrent de celles auxquelles a recours l’EI, al-Oqaidi ne trouve rien à répondre.
A moins de supposer que ces deux individus mentent platement – ce qui n’expliquerait pas les accolades d’al-Oqaidi avec l’ancien ambassadeur US à Damas, Robert Stephen Ford, en 2013, ou la rencontre en Turquie d’Adam Kinzinger, membre du Congrès, avec des représentants de l’ « opposition modérée » – il devient clair que le ministère des Affaires étrangères français continue à rouler dans l’ornière étasunienne et impose à la Syrie baasiste une alternative purement salafiste. Le drame du Bataclan, celui du Stade de France, des cafés et des trottoirs parisiens n’aura servi à rien.
Nous aimerions croire aux succès pratiques mais aussi hautement symboliques d’une coalition russo-française du genre Normandie-Niemen mais les faits énoncés ont raison de nos attentes.
- On notera ainsi qu’en Syrie les objectifs de la France et de la Russie divergent. Paris espère renverser Assad. Les autorités françaises – atlantistes jusqu’à la moelle des os – ne sont pas (encore) prêtes à rejeter les injonctions des States. Quand bien même l’EI et al-Nosra seront pourchassés, l’ASL n’est nullement visée. La Russie aspire à pourchasser toutes les fractions islamistes combattant un pouvoir légitime, sans distinction de couleurs et/ou de discours. Elle bénéficie en cela du soutien de l’Iran et de la Chine.
- Si Assad a conditionné son départ à la défaite de l’EI, c’est bien qu’il ne croit pas que la libération viendrait de la coalition occidentale et que celle-ci s’allierait à la Russie. Si donc la libération du sol syrien viendrait de l’armée syrienne, de la Russie, de l’Iran et de la Chine, Assad n’aurait aucune raison de démissionner étant donné qu’il a été réélu par le peuple syrien en 2014 (résultats confirmés par un grand nombre d’observateurs parmi lesquels pas mal d’Occidentaux) et que les trois Etats mentionnés ne demandent pas son départ par respect pour la souve-raineté du pays. On ne juge pas les vainqueurs qui ont naturellement le dernier mot.
- Malgré la teneur pessimiste des deux précédents points, je pense, nous pensons tous, en tout cas pour la plupart d’entre nous, que l’Europe n’a rien perdu de son potentiel guerrier. « Guerrier » dans tous les sens du terme, pas seulement martial. Cela ne concerne pas les élites actuelles mais le peuple qu’elles ne représentent pas. Je songe avant tout à la France. Le combat sera long et il n’est pas certain que les urnes soient une solution à l’heure qu’il est. Lorsque les Russes écrivent sur les missiles qu’ils larguent copieusement sur les positions de l’EI et de ses sosies « Pour les nôtres, pour Paris » (SIC), c’est bien qu’ils croient à ce peuple de France qui n’a rien à voir avec les Hollande, les Valls, les Fabius et leurs larbins boboïsés que la mort de millions de personnes depuis l’Afghanistan et l’expansion de l’anti-France ne regardent manifestement pas.
Françoise Compoint
http://novorossia.today/asl-al-nosra-ei-meme-combat-memes-sponsors-fin-de-la-comedie/
SCANDALE D’ÉTAT CONFIRMÉ et amplifié : Le gouvernement est-il prêt à nous sacrifier par idéologie ?
Voici donc un des grands scandales de la Ve République, qui n’intéresse presque personne.
En effet, le gouvernement a refusé la liste des djihadistes français ayant opéré en Syrie proposée par le gouvernement syrien – celui-ci demandant qu’on arrête d’appeler à l’assassinat de Bachar-al-Assad, et qu’on rouvre notre ambassade à Damas (comme le font tous les autres pays de l’Union Européenne…).
Rappel Épisode 1
En fait, je viens de voir que tout a commencé dès le 16 novembre, sur
Radio Classique, où l’ancien chef de la DST/DCRI balance sévèrement : Vidéo
Squarcini : Surtout, surtout, nous n’avons plus aucun contact avec les services secrets syriens, où tout se passe !
Durand : C’est ça la faille ?
Squarcini : Ben, il y a un problème opérationnel ! Vous ne pouvez pas connaitre le nom des Français qui sont en Syrie si vous ne discutez pas avec vos homologues syriens !
Durand : Donc ce qui fait que cette affaire n’a pas pu être empêchée, c’est l’absence d’informations à la source ?
Squarcini : Je pense qu’il a une faille au niveau de la source. […] il a manqué beaucoup d’éléments […]
Durand : Mais quand on entend ce qui a été dit aux jeunes gens au Bataclan, on a clairement entendu « C’est à cause de l’intervention française en Syrie que vous allez tous mourir ! »
Squarcini : C’est aussi dans le communiqué [de revendication de Daech], où le Président est ciblé nommément, et nos frappes également. Mais lorsqu’on va faire la guerre à l’extérieur, on rassure d’abord et on met des sacs de sable d’un certain niveau sur notre territoire national pour que les Français puissent vivre au quotidien sans aucun problème !
Traduction : “Sombre idiot, quand tu vas bombarder des terroristes,
que ça va fâcher, assure-toi d’avoir mis toutes les chances du côté de
ta population en récoltant le maximum de renseignements”.
J’imagine que Squarcini s’est attendu à une polémique, et/ou, vu le
choix du lieu assez confidentiel et la mesure de ses propos, à avoir
rapidement des signes d’une évolution de l’exécutif, façon “je préviens
gentiment, mais bougez vite”.
Rappel Épisode 2
On comprend avec le recul que le gouvernement a dû refuser toute évolution la semaine passée, d’où le fait que Squarcini sorte la sulfateuse jeudi dans Valeurs actuelles :
Vous avez proposé à votre ancien service il y a deux ans de lui transmettre une liste des Français qui combattent en Syrie. Pourquoi a-t-il refusé ?
Il y a déjà deux ans, les services syriens m’avaient effectivement proposé une liste des Français combattant en Syrie. j’en avais parlé à mon ancien service qui en a rendu compte à Manuel Valls. La condition des Syriens était que la France accepte de coopérer à nouveau avec leurs services de renseignements. On m’a opposé un refus pour des raisons idéologiques.
C’est dommage car la proposition était une bonne amorce pour renouer nos relations et surtout, pour connaître, identifier et surveiller tous ces Français qui transitent entre notre pays et la Syrie. Résultat : on ne sait rien d’eux et on perd beaucoup de temps en demandant des informations aux agences allemandes, qui sont toujours restées sur place, mais aussi jordaniennes, russes, américaines et turques. On n’est absolument plus dans le concret.
Accusations gravissimes confirmées par un ancien ponte de la DGSE (ces gens là essayant de nous protéger, eux, que voulez-vous…).
Précision : des indiscrétions laissent à penser (et c’est
logique), que Valls a d’abord accepté, mais que finalement, c’est
Ayrault qui, forte sur pression de Fabius, a refusé, obligeant Valls a
refuser. C’est Fabius qui depuis le début tient ces positions talibanesques délirantes
– ce type n’a rien à faire au Quai d’Orsay, où il est évidemment
largement “déploré”. Hollande est dans cette histoire comme habitude,
insignifiant.
Rien d’étonnant sur le fond, c’était fièrement proclamé par Fabius, si on sait lire entre les lignes :
Mais sommes-nous tous d’accord ?
(d’autant que M. Fabius semble surtout avoir choisi les deux quand il copine les Dictatures de l’Arabie ou du Qatar qui soutiennent le terrorisme…).