Dans ce remarquable reportage, nous
allons voir quatre exemples concrets d’opérations terroristes voir
carrément de coup d’Etat qui ont été menés à bien par les réseaux Stay
Behind. Ce réseau de l’OTAN, plus communément appelé Gladio, nom qui
désigne le réseau italien qui a fait le plus parler de lui, a
considérablement débordé de sa mission première de résistance contre le
communisme pour s’adonner à plusieurs attentats terroristes pendant la
période de la guerre froide en se servant de la stratégie de la tension.
La première chose qui saute aux yeux est que les dérives du réseau Stay
Behind n’ont été ni cantonnées à un seul pays ni une exception. Ce
reportage évoque l’implication de la France, la Belgique, l’Allemagne et
l’Italie dans des activités terroristes, ce dernier pays ayant
carrément organisé plusieurs attentats dans les années 80. Plusieurs
décennies après, toute la lumière sur ce réseau n’a toujours pas été
faite. Le réseau Stay Behind est à la fois un secret d’Etats et un
complot par la terreur à l’encontre du peuple européen.
* France
Du
21 au 26 août 1961. Les généraux Maurice Challe, André Zeller et Edmond
Jouhaud tentent un putsch en Algérie. Le putsch ayant échoué, Challe et
Zeller se rendent au bout de quelques jours. Salan devient le chef
de l’Organisation de l’armée secrète (OAS), une organisation qui lutte
pour le maintien du statu quo de l’Algérie française en toute
clandestinité.
Jouhaud devient l’adjoint du général
Salan à la tête de l’OAS, responsable de la région d’Oran. Les attentats
de l’OAS viseront des personnalités politiques et administratives du
gouvernement légal français, des intellectuels ou des organes de presse
favorables à une négociation avec le FLN, en Algérie comme en métropole,
ainsi que la population musulmane, soupçonnée de soutenir le FLN. Ses
commandos prendront également pour cible les policiers, les enseignants,
les fonctionnaires de l’administration fiscale, les commerçants
musulmans.
Selon un article publié le 6 avril 1992
dans le journal américain The Nation, l’amiral Pierre Lacoste, qui
dirigea les services secrets militaires de 1982 à 1985, indiqua après le
dévoilement en 1990 du réseau italien Gladio que certaines « actions
terroristes » dirigées contre de Gaulle et son plan pour mettre fin à
la guerre d’Algérie avaient été le fait de groupes incluant « un nombre
limité de personnes » appartenant aux réseaux Stay-behind français. L’armée
secrète française est notamment impliquée, avec le soutien de la CIA,
dans le Putsch des généraux d’Alger et dans des tentatives de
déstabilisation du général De Gaulle. La forte présence américaine
en France et les tentatives de déstabilisation par les services
américains, au travers des « stay-behind », et notamment de l’OAS,
seraient à l’origine de la sortie de la France de l’OTAN en 1966. (pour en savoir plus sur cet épisode de l’histoire et le rôle du Stay Behind français).
* Allemagne
L’attentat
de l’Oktoberfest à Munich du 26 septembre 1980 a été perpétré par
Gundolf Köhler, un terroriste d’extrême droite allemand. La bombe placée
au niveau de l’entrée principale de la fête a fait 13 morts et 211
blessés, dont 68 graves. L’enquête est rapidement noyautée. Un an après
l’attentat, il est relié à un immense réseau de cache d’armes géré par
un certain Heinz Lembke, un extrémiste allemand qui faisait partie du
Stay Behind. A noter que ce réseau était composé d’au moins un quart
d’anciens officiers SS. Des informations révéleront ultérieurement
qu’une taupe provenant du contre-espionnage allemand avait infiltré le
groupe d’extrême droite dont faisait partie le poseur de bombe.
L’ancienne ministre de la justice de l’époque
voudrait rouvrir l’enquête. Elle indique notamment que « durant la
guerre froide, tous les services secrets ont fait des choses
abominables ». Les choses ont-t-elles réellement changé aujourd’hui? On
peut en douter.
* Belgique
Les
Tueries du Brabant de 1982 à 1985 désignent une série de crimes et plus
spécialement de braquages sanglants qui eurent lieu entre autres en
Belgique. L’enquête finit par remonter à une stratégie de la tension
organisée par les armées secrètes de l’OTAN avec la complicité de
certaines autorités du gouvernement belge. En Belgique, il existait une
branche militaire (SDRA 8) et une autre civile (STC/MOB) du Stay Behind,
toutes deux inféodées à l’OTAN. Une fois encore, ces deux armées
secrètes ont entretenu des liens ambigus avec des groupes d’extrême
droite belges, notamment le Westland New Post, un groupe néo-nazi aux
aspirations terroristes dirigé par Paul Latinus, proche des services
secrets. Il s’est avéré que le WNP était impliqué dans la première
vague de Tueries du Brabant.
Le journaliste Guy Bouten qui a
repris l’enquête confirme cette piste de commanditaires provenant de
l’Etat et de criminels qui sont payés pour exécuter des contrats, sans
avoir connaissance des commanditaires. Un ancien agent ayant fait parti
d’une structure parallèle non officielle du Stay Behind révèle
d’ailleurs qu’il était en charge des « sales besognes » des services de
renseignement. Ce doublement de l’armée secrète se retrouvait aussi
dans la branche militaire du Stay Behind belge pour les même raisons:
faire le sale boulot. Cela consistait notamment à effectuer des attaques terroristes avec l’aide des américains via cette sorte de Stay Behind bis.
Ces opérations terroristes de déstabilisation avaient pour but de
renforcer les services d’ordre du pays car les américains considéraient
la Belgique comme le ventre mou de l’Europe. Ces attentats exécutés par
la branche bis ont eu l’effet escompté.
* Italie
L’Attentat
de la gare de Bologne, le 2 août 1980 est « l’une des plus importantes
attaques terroristes que l’Europe a eu à subir au cours du xxe siècle »
et la plus meurtrière des années de plomb italiennes. L’attentat fit 85
morts et blessa plus de 200 personnes. L’enquête est rapidement
parasitée par de fausses pistes et des gesticulations des services
secrets notamment du SISMI (l’ancien nom des services secrets militaires
italiens) qui était aux mains de la loge maçonnique P2 comme tous les
services secrets du pays à cette époque. Le groupe NAR (Noyaux Armés
Révolutionnaires) finit par être inculpé pour avoir commis ces
attentats mais les commanditaires ne seront jamais inquiétés. Pourtant la
piste remonte jusqu’au Gladio, la loge P2 et son chef Licio Gelli
(ancien nazi et membre de la CIA) qui auraient manipulé ces néo-nazis
afin qu’ils commettent ces attentats.
L’enquête à sans cesse été sabotée afin de protéger les commanditaires. Les
services secrets connaissaient parfaitement à l’avance ce qui allait se
passer. Ils le savaient dès la veille de l’attentat et n’ont rien fait
pour arrêter les assassins. ça ne vous rappelle pas quelque chose?
D’autres attentats ont suivi notamment exécuté par Francesco Pazienza,
ancien du SISMI, de la CIA…et de la DGSE. L’Italie, la Belgique et la
Suisse sont les seuls pays ayant mené une commission d’enquêté sur le
réseau Stay Behind. Certains exécutants ont été punis en Italie un temps
mais les réels commanditaires (notamment politiques et militaires) des
attentats n’ont été et ne seront sans doute jamais punis.
Conclusion
A l’époque, les services de
renseignements utilisaient des groupes armés d’extrême droite pour mener
à bien des attaques terroristes visant à fortifier leur légitimité
politique, distraire l’attention du public et renforcer les moyens à
leur disposition. La stratégie de la tension a fonctionné ainsi pendant
des décennies…et ça n’a pas changé d’un iota à la différence
qu’aujourd’hui, ce sont les groupes islamistes qui sont utilisés pour ce
même complot contre les peuples.
Le juge Imposimato qui a travaillé sur le dossier Gladio a d’ailleurs indiqué son intention de porter plainte devant la Cour Pénale Internationale de La Haye contre certaines personnalités de la CIA et de l’administration Bush car il considère que le 11 septembre a également fait l’objet de cette même stratégie de la tension visant à envahir l’Afghanistan et l’Irak (sans parler de toutes les lois ultérieures qui ont permis aux Etats-Unis de renforcer leur Etat policier.)
D’après le juge Imposimato, Gladio
continue à ce jour et son but se résume en une phrase: « Déstabiliser
l’ordre public pour stabiliser l’ordre politique ». Il indique dans
cette autre vidéo que, d’après un document qu’il a en sa possession, le
groupe Bilderberg est également responsable de la stratégie de la
tension et des attentats en Italie.
Lorsque des attentats surviennent en
occident, la question qu’il convient de se poser est donc « qui a laissé
faire »? La question de savoir pourquoi on a laissé faire a déjà trouvé
une réponse.