Le scoop a été décroché par les hackers
qui ont dépisté une conversation qui a eu lieu à huis clos, bien
entendu, entre l’ancien président de Géorgie Saakachvili, nommé gouverneur d’Odessa par le
Président ukrainien Porochenko, et de son
collègue, ancien ministre de la Défense de Géorgie. Le redoutable
Michiko (sobriquet gentil dont ses proches affublent Saakachvili) serait
le cerveau de cette cabale diabolique qui prévoyait d’envoyer les
lance-missiles de fabrication soviétique de type Stinger en Syrie pour
détruire plusieurs villages kurdes et semer la pagaille dans les rangs
de l’Armée syrienne. Les vétérans, des paras géorgiens – retraités, cela
s’entend, et en fuite de leur propre pays depuis belle lurette –
devaient organiser le tout. Dans la conversation dactylographiée « de
source sure » , Saakachvili se renseigne sur les détails de la
manipulation en expliquant que le commanditaire serait le sénateur
américain Mac Caïn. Ce dernier voudrait coûte que coûte « botter le cul
des Russes », histoire de faire bouger ce bon vieux Obama, toujours en
retard d’une guerre.
La bande de la conversation n’a pas été
encore rendue publique, mais le gouverneur d’Odessa clame haut et fort
son innocence. Selon lui, il s’agirait d’une provocation des barbouzes
moscovites.
Provocation ou pas, on ne se souvient
que trop bien de cette lugubre prophétie lancée devant le grand public
par Ashton Carter, ministre de la Défense des Etats-Unis. Il prétendait
que les Russes seraient bientôt victimes d’une attaque en Syrie, et
« auront de nombreux morts à déplorer». Ensuite les Américains et leurs
acolytes se sont arrangés pour publier des drôles d’informations sur les
soi-disant pertes du contingent russe, aussitôt démenties par la
Défense russe.
Quoi qu’il en soit, l’idée de
Saakachvili – s’il y en a une – a tout du doigté d’un maître-aventurier.
Si l’on applique les règles du « Grand Echiquier » de Zbiegniew
Brzezinski, on aura vite fait d’appréhender la conjoncture: il n’y a que
la Syrie qui fait barrage au plan « Nabucco », charpenté par Washington
pour pomper le pétrole centre-asiatique en transit via les ports de
Syrie [1] . Si Damas succombe à DAESH, le pipe-line serait mis en place, et
priverait la Russie de sa position de monopole sur le marché occidental.
Le pétrole pas cher inonderait l’Europe et ferait chuter le rouble
rattaché au pétro-dollar. Une telle perspective referait le scénario de
1991 pour faire éclater la Russie qui se retrouverait sans budget et
ferait vite faillite. Ensuite les hordes de DAESH attaqueront le Caucase
[2] pour déferler sur la plaine méridionale russe et drainer le flux des
immigrés du Proche-Orient et de l’Afrique en direction de la Russie –
chose positive pour les alliés européens de Washington. L’Europe s’en
retrouverait sauve et pourrait encore festoyer un siècle sur les débris
de l’immense Empire de Moscou.
Vladimir Poutine cherche à contrecarrer
cette Bérézina – raison suprême pour laquelle il a dépêché ses forces
navales et aériennes en Syrie. En fait, il défend davantage les
intérêts de la Russie que ceux de Bashar Assad. Il fait preuve d’un
pragmatisme parfaitement régalien et… gaullien. Mais s’il lâchait prise,
le plan américain retrouverait de l’allant. C’est pour cela donc que le
Président russe se montre si intransigeant. Il n’a aucun choix et, de
ce point de vue, le Pape François a parfaitement raison: la Troisième
Guerre Mondiale a bel et bien commencé. En bon stratège, Poutine cherche
à étouffer le danger dans son berceau, loin des frontières russes. Les
Américains, eux, tentent d’organiser une sorte de guerre subversive en
utilisant des pions du rang de Saakachvili.
En même temps, percevant clairement que
le véritable enjeu est le budget de la Russie, Vladimir Poutine fait de
son mieux pour détacher le rouble de la cote du pétro-dollar en brisant
ce duo infernal. Autrement dit, en organisant le deal fantastique avec
la Chine pour des livraisons de gaz et de pétrole, le Président de
Russie a démontré que l’on peut très bien comptabiliser en yuan sans
passer par le dollar. Si le plan de Poutine marche, le retournement de
la situation serait de 180 degrés. Privés de leur pouvoir financier, les
Américains s’en trouveraient déficitaires et sans argument militaire,
face à une Russie qui sait très bien se défendre.
Comme toujours, lorsque les enjeux sont
tellement cruciaux, les canons commencent à tonner. Et c’est bien ce qui
est en train de se passer sans que l’on puisse arrêter le train parce
que le frein est actionné depuis longtemps – l’ennui c’est seulement
qu’il ne marche plus.
[1] L'axe énergétique dans : Syrie. Un accord sécuritaire Iran/Russie qui fait peur
[2] DAECH prépare une Invasion de l’Asie Centrale
Alexandre Artamonov
Des Daéchiens transférés de Syrie vers l'Ukraine
Mikheil Saakachvili et John McCain à l’époque de leurs activités subversives en Géorgie. |
Comme
annoncé le 1er août 2015, la Brigade internationale islamique a été
constituée par la Turquie et l’Ukraine pour déstabiliser la Russie en
Crimée [1].
Durant les trois derniers mois, une base a été installée par l’Ukraine à Kherson, face à la Crimée. La Turquie y a organisé le transfert de plusieurs centaines de combattants de Daesh de Syrie en Ukraine.
Cependant, les jihadistes n’ont pas été acheminés en Crimée, mais au Donbass. Les bataillons Cheikh Manour et Djokhar Doudaïev, dont le New York Times avait révélé l’existence en juillet et qui avaient été presque immédiatement dissous ont été reformés [2].
Des membres des services secrets géorgiens, qui avaient joué un rôle central lors du développement de Daech durant le second semestre 2014 et avaient installé un camp de formation de jihadistes en Géorgie, ont été déployés en Ukraine. Ce sont eux qui assurent la liaison entre les deux champs de bataille d’Ukraine et du Proche-Orient.
Par ailleurs, le procureur général de Russie a ouvert une instruction, le 6 octobre 2015, à la suite d’un enregistrement d’une conversation entre le gouverneur d’Odessa (et ancien président de Géorgie en fuite) Mikheil Saakachvili, son ancien ministre de la Défense en Géorgie (également en fuite malgré la protection de la France), David Kezerachvili (qui loua en 2008 deux aéroports militaires à Israël pour attaquer l’Iran) le député ukrainien Anton Gerashchenko, et Ramzan Machelikashvili (cousin de Ruslan Machelikashvili, spécialiste géorgien de la lutte anti-aérienne, incorporé au sein de Daesh).
Selon ce document, les jihadistes auraient reçu instruction du sénateur John McCain d’organiser avec la CIA, depuis l’Ukraine, la destruction d’un avion US en Syrie et d’attribuer l’opération aux forces russes pour créer un conflit entre les deux pays [3]. L’opération a bien sûr été annulée après l’ouverture de l’enquête.
[1] « L’Ukraine et la Turquie créent une Brigade internationale islamique contre la Russie », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 12 août 2015.
[2] « Des bataillons islamistes contre Donetsk et Lougansk », Réseau Voltaire, 8 juillet 2015.
[3] “Top Ukraine official backs idea ’to help ISIS take revenge on Russian soldiers in Syria’”, Russia Today, October 7, 2015. Décryptage de l’enregistrement : “Саакашвили и Маккейн хотят столкнут США и РФ в Сирии ! Грузинские зенитчики уже в Латакии, ПЗРК Аваков доставил из Украины”, Wikileaks Center, 21 octobre 2015.
Durant les trois derniers mois, une base a été installée par l’Ukraine à Kherson, face à la Crimée. La Turquie y a organisé le transfert de plusieurs centaines de combattants de Daesh de Syrie en Ukraine.
Cependant, les jihadistes n’ont pas été acheminés en Crimée, mais au Donbass. Les bataillons Cheikh Manour et Djokhar Doudaïev, dont le New York Times avait révélé l’existence en juillet et qui avaient été presque immédiatement dissous ont été reformés [2].
Des membres des services secrets géorgiens, qui avaient joué un rôle central lors du développement de Daech durant le second semestre 2014 et avaient installé un camp de formation de jihadistes en Géorgie, ont été déployés en Ukraine. Ce sont eux qui assurent la liaison entre les deux champs de bataille d’Ukraine et du Proche-Orient.
Par ailleurs, le procureur général de Russie a ouvert une instruction, le 6 octobre 2015, à la suite d’un enregistrement d’une conversation entre le gouverneur d’Odessa (et ancien président de Géorgie en fuite) Mikheil Saakachvili, son ancien ministre de la Défense en Géorgie (également en fuite malgré la protection de la France), David Kezerachvili (qui loua en 2008 deux aéroports militaires à Israël pour attaquer l’Iran) le député ukrainien Anton Gerashchenko, et Ramzan Machelikashvili (cousin de Ruslan Machelikashvili, spécialiste géorgien de la lutte anti-aérienne, incorporé au sein de Daesh).
Selon ce document, les jihadistes auraient reçu instruction du sénateur John McCain d’organiser avec la CIA, depuis l’Ukraine, la destruction d’un avion US en Syrie et d’attribuer l’opération aux forces russes pour créer un conflit entre les deux pays [3]. L’opération a bien sûr été annulée après l’ouverture de l’enquête.
Source : Réseau Voltaire
[1] « L’Ukraine et la Turquie créent une Brigade internationale islamique contre la Russie », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 12 août 2015.
[2] « Des bataillons islamistes contre Donetsk et Lougansk », Réseau Voltaire, 8 juillet 2015.
[3] “Top Ukraine official backs idea ’to help ISIS take revenge on Russian soldiers in Syria’”, Russia Today, October 7, 2015. Décryptage de l’enregistrement : “Саакашвили и Маккейн хотят столкнут США и РФ в Сирии ! Грузинские зенитчики уже в Латакии, ПЗРК Аваков доставил из Украины”, Wikileaks Center, 21 octobre 2015.
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