23h23, le vendredi 13 novembre 2015. En deuil et en colère.
Depuis plusieurs années, j’ai pu
comprendre, étayer et documenter le fait que les réseaux jihadistes sont
non seulement des ennemis mortels des peuples à travers le monde, mais
qu’ils sont aussi des forces clandestinement utilisées
par les États occidentaux et leurs alliés du golfe Persique dans la
satisfaction d’intérêts profonds inavouables.
En mars dernier, dans un
important article intitulé « L’État islamique, cancer du capitalisme moderne
», Nafeez Ahmed avait résumé cette instrumentalisation récurrente de
milices jihadistes par les principales puissances de l’OTAN et leurs
partenaires afin de déstabiliser l’Afghanistan, la Bosnie, le Kosovo, la
Libye puis la Syrie. Comme l’a souligné le journaliste Marc de Miramon
dans L’Humanité en
juillet 2015, « [p]our Alain Chouet, ancien chef du service de
renseignements de sécurité à la DGSE, la “guerre de civilisation” et
celle contre le “terrorisme” brandies par le gouvernement [français]
comme par l’opposition de droite constituent une imposture qui en masque une autre, celle de l’alliance militaire entre les pays occidentaux et les parrains financiers du djihad. » Dans
le contexte de cette interview, Alain Chouet désignait les
pétromonarchies wahhabites, essentiellement l’Arabie saoudite et le
Qatar, auxquelles la France vend des armements sophistiqués malgré leur soutien notoire aux principaux réseaux jihadistes – et pas seulement en Syrie.
Soulignons-le : Monsieur Chouet est un ancien officier de renseignement
qui a travaillé de nombreuses années en tant que chef du
contre-terrorisme à la DGSE, les services secrets extérieurs français.
Cet homme plus que tout autre sait de quoi il parle lorsqu’il affirme
que nos « alliés » du Golfe sont « les parrains financiers du djihad ».
Ainsi, son constat est aussi alarmant que révoltant en ce funeste
13-Novembre, dans notre France déjà meurtrie par les attentats de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher et de Montrouge.
En janvier 2015, à la suite de ces attentats abominables, j’avais écrit dans un élan de rage et de tristesse
que « notre actuel ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a
ouvertement soutenu en décembre 2012 le Front al-Nosra – c’est-à-dire la
branche “syrienne” d’al-Qaïda. [À cette époque, cette organisation
incluait Daech, ces deux factions s’étant séparées en avril 2013]. (…) [S]elon les informations du journal Le Monde,
“la décision des États-Unis de placer Jabhat Al-Nosra, un groupe
djihadiste combattant aux côtés des rebelles, sur leur liste des
organisations terroristes, a été vivement critiquée par des soutiens de
l’opposition [en Syrie]. M. Fabius a ainsi estimé, mercredi, que “tous
les Arabes étaient vent debout” contre la position américaine, “parce
que, sur le terrain, ils font un bon boulot”. “C’était
très net, et le président de la Coalition était aussi sur cette ligne”, a
ajouté le ministre.” (…) Plus grave encore : en août 2014, le journal Le Monde a révélé
que le Président Hollande avait ordonné aux services spéciaux français
de livrer clandestinement des armes de guerre à des rebelles “modérés”
en Syrie – ce qui est contraire à la Charte des Nations Unies [et à
l’embargo sur les armes alors en vigueur]. Malheureusement, il s’est avéré [que, selon le Canard Enchaîné du 21 janvier 2015, la
plupart] des armements livrés par les services français sont – d’une
manière ou d’une autre – tombés entre les mains de groupes jihadistes,
qui se réjouissent aujourd’hui de la vague d’attentats qui déstabilise
la France en profondeur. » Et l’État français n’est pas le seul fautif dans ce fiasco syrien. Selon l’expert Joshua Landis, «
entre 60 et 80 % des armes que les États-Unis ont introduites en Syrie
[depuis 2011] sont allées à al-Qaïda et les groupes qui lui sont
affiliés ».
À partir de l’année 2014, deux
parlementaires de l’opposition ont successivement dénoncé le rôle
trouble des services spéciaux français dans ce conflit, l’un d’entre eux
ayant même déclaré en juin 2015 sur La Chaîne Parlementaire que « la France soutient al-Qaïda en Syrie ». En effet, d’après le député Claude Goasguen, « la
France [appuie] des rebelles syriens, qui sont soi-disant des rebelles
démocrates. (…) Qui a récupéré les rebelles syriens démocrates ? [Le
Front] al-Nosra. Qu’est-ce que c’est qu’al-Nosra, al-Nosra c’est pas
al-Qaïda ? (…) [C]ertains rebelles ont été récupérés par al-Qaïda avec
des armes françaises[.] (…) Monsieur [le député (PS) Olivier Dussopt],
nous continuons à fournir des armes à al-Nosra, par l’intermédiaire des
rebelles syriens ! Je le dis, je l’ai dit à Monsieur le Drian en
Commission de la Défense, je l’ai dit à Monsieur Fabius, comme tous les
autres députés [sic]. Il va falloir éclairer tout ça ! L’attitude de la
France en Syrie n’est pas nette ! » Comme je l’avais souligné à
l’époque, ces révélations fracassantes du député Goasguen ont été
quasiment ignorées par les médias français. J’avais également relevé le
fait que ce « député LR accus[ait] l’actuel gouvernement de soutenir
al-Qaïda en Syrie (Front al-Nosra), alors que la majorité précédente,
dont il est issu, s’était accommodée du fait qu’al-Qaïda en Libye (GICL) avait
été intégrée aux opérations de l’OTAN ! Voila à quel niveau notre État
s’est abaissé, depuis quelques années, dans sa post-“politique arabe de
la France”. Néanmoins, même en cas de changement de majorité, le
prochain gouvernement continuera certainement de vendre des armements
sophistiqués au Qatar et à l’Arabie saoudite – qui restent les principaux soutiens du jihadisme à travers le monde. »
Plus globalement, depuis le 11-Septembre, les intérêts profonds évoqués au début de cet article représentent un nombre inestimable de milliards de dollars de bénéfices pour différentes entreprises privées, principalement générés par la soi-disant « guerre “contre” le terrorisme ». Financées à perte par les contribuables occidentaux, ces interventions militaires catastrophiques et meurtrières ont engendré d’immenses profits
pour les multinationales impliquées dans ce désastre mondial – tout en
déstabilisant le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord et l’Asie centrale au
point que les groupes extrémistes qui y sévissent aujourd’hui semblent
inarrêtables. La catastrophe qu’a constitué jusqu’à présent cette
soi-disant « guerre “contre” le terrorisme » est sans précédent : elle
aurait tué au moins 1,3 millions de civils rien
qu’en Irak et en « AfPak » depuis 2001, les foyers jihadistes se sont
multipliés à travers le monde, et tant Daech qu’al-Qaïda semblent plus
menaçants, fanatiques et enracinés que jamais. Affirmons-le
clairement : dans le monde occidental, ce fléau jihadiste justifie des
guerres à la légalité, à l’efficacité et à la légitimité douteuses, tout
en accélérant un basculement autoritaire de nos États – ce qui s’est notamment traduit en France par la dangereuse « loi Renseignement ».
À l’heure où j’écris ces lignes, le Président Hollande vient de
décréter l’état d’urgence national, et nul doute qu’un durcissement
sécuritaire majeur est en vue – sans parler d’une escalade militaire qui
aggravera certainement ces conflits trop lointains et complexes pour
que les citoyens s’y opposent. Au vu de l’échec retentissant de la «
guerre globale “contre” le terrorisme », il serait peut-être temps de
réfléchir collectivement à son utilité, au lieu de céder à la tentation
de répondre à la violence par la violence.
Néanmoins, ces guerres auto-génératrices
ne doivent plus masquer une réalité aussi cruelle que scandaleuse
: depuis la fin des années 1970, des puissances occidentales majeures et
leurs alliés du Golfe ont soutenu l’essor des principaux réseaux islamistes
à travers le monde, que ce soit de manière directe ou non selon les
circonstances et les acteurs concernés. En octobre 2015, après qu’une
parlementaire états-unienne ait dénoncé sur CNN le soutien d’al-Qaïda par la CIA pour renverser Bachar el-Assad, un ancien officier de la CIA spécialisé dans le contreterrorisme m’a confirmé la
collaboration de l’Agence avec cette nébuleuse terroriste pour faire
tomber le gouvernement syrien. Récemment, j’ai étudié en profondeur l’implication massive et clandestine
des services spéciaux occidentaux et moyen-orientaux dans le soutien de
réseaux jihadistes combattant le régime el-Assad, dont la branche «
syrienne » d’al-Qaïda. Insistons sur ce point : cet engagement
clandestin de l’Agence et de ses alliés contre le gouvernement syrien
implique militairement la France. En effet, en la comparant à la guerre secrète de la CIA en Afghanistan, l’éditorialiste du Point Michel Colomès a récemment écrit que les « Américains et [les] Français, depuis l’entrée de la Russie dans la guerre syrienne, fournissent des armes à des islamistes réputés fréquentables.
Ils ont la mémoire courte ». D’autres « islamistes réputés
fréquentables » qui seraient revenus de Syrie sont-ils à l’origine de
ces terribles attentats du 13-Novembre ? Il est encore trop tôt pour
répondre à cette question, mais il est clair que ces terroristes ont agi
de façon coordonnée selon un mode opératoire clairement militarisé et
jihadiste – deux, voire trois kamikazes ayant actionné leurs bombes
devant notre Stade de France, symbole de l’unité, de la liesse populaire
et du rassemblement.
Dans notre pays meurtri par
ce funeste 13-Novembre, le fait que le gouvernement français soutienne
des jihadistes à l’étranger, et qu’il commerce sereinement
avec leurs principaux parrains étatiques est grave, dangereux et
inacceptable ! Aucune raison d’État, aucun intérêt supérieur, aucun
impératif économique, diplomatique ou géopolitique ne peuvent le
justifier. Ce constat doit susciter la mobilisation générale de tous les
citoyens français. Nous devons faire pression sur notre gouvernement
afin qu’il cesse d’armer et de soutenir les États qui répandent le fléau
jihadiste à travers le monde depuis des décennies, au premier rang
desquels l’Arabie saoudite et le Qatar.
En effet, comme l’avait déclaré Alain Chouet dans l’interview citée au début de cet article,
« ce que nous appelons “salafisme”, en arabe, cela s’appelle
“wahhabisme”. Et là nous sommes à contre-emploi de manière systématique
et dans toutes les situations d’affrontement militaire, puisqu’au
Moyen-Orient, au Sahel, en Somalie, au Nigeria, etc., nous sommes alliés
avec ceux qui sponsorisent depuis trente ans le phénomène terroriste. »
Mes chers compatriotes, je vous remercie d’envoyer massivement cet article au Président de notre République,
à nos élus et à votre entourage, puisque l’État français et ses alliés
occidentaux ne peuvent combattre le fléau jihadiste en soutenant ses
parrains du golfe Persique. Ils ne pourront pas non plus lutter
efficacement contre le terrorisme s’ils appuient clandestinement des
réseaux islamistes pour renverser des gouvernements étrangers, comme en
Libye, en Tunisie, en Égypte, en Syrie. Mobilisons-nous pour mettre en échec ces politiques
profondes dangereuses et inacceptables !
Maxime Chaix
http://maximechaix.info/?p=998
A NOS MORTS ... Texte d'Erwan Castel, engagé volontaire français au Donbass.
Erwan Castel
A NOS MORTS ...
Cette nuit Alexander, un camarade russe de l'unité est venu m'informer du carnage perpétré à Paris par une vague d'attentats terroristes. J'avoue que l'émotion suscitée par la nouvelle est aussi grande que l'absence de surprise de cet événement.
Nos élites risquent fort de s'épancher en larmes de crocodiles pour mieux noyer leur responsabilité dans ces massacres, qui de la Bagdad à Paris en passant par Donetsk et Beyrouth, ensanglantent les peuples en paix pour mieux les soumettre au Nouvel Ordre Mondial, qui parraine, soutient et finance ces armées islamistes et fascistes...
Le jour prochain où la vraie révolution des peuples renversera cette ploutocratie génocidaire, Il ne faudra pas les oublier ces faquins planqués dans leurs banques et leurs palais,car ces attentats ne sont que la conséquence de leur trahison au service d'un chaos mondial organisé....
Cette nuit Alexander, un camarade russe de l'unité est venu m'informer du carnage perpétré à Paris par une vague d'attentats terroristes. J'avoue que l'émotion suscitée par la nouvelle est aussi grande que l'absence de surprise de cet événement.
Nos élites risquent fort de s'épancher en larmes de crocodiles pour mieux noyer leur responsabilité dans ces massacres, qui de la Bagdad à Paris en passant par Donetsk et Beyrouth, ensanglantent les peuples en paix pour mieux les soumettre au Nouvel Ordre Mondial, qui parraine, soutient et finance ces armées islamistes et fascistes...
Le jour prochain où la vraie révolution des peuples renversera cette ploutocratie génocidaire, Il ne faudra pas les oublier ces faquins planqués dans leurs banques et leurs palais,car ces attentats ne sont que la conséquence de leur trahison au service d'un chaos mondial organisé....
Erwan Castel
La France avait pris le parti, avec les moyens dont elle dispose, de
participer aux opérations de bombardement menées depuis des mois dans le
ciel de l’Irak et de la Syrie par l’étrange coalition qui poursuit dans
le désordre et l’inefficacité des buts compliqués et des ennemis
variables au Moyen-Orient. On annonçait à son de trompe au début de
cette semaine le départ pour la région de notre unique porte-avions
flanqué d’une frégate britannique et d’un bâtiment belge. Pouvions-nous
imaginer que nos actions qui, pour limitées qu’elles soient, frappent à
quatre heures d’avion de Paris les positions djihadistes et leurs
alentours, resteraient indéfiniment sans réplique ? Pouvions-nous
imaginer que Daech ou Al Qaida, qui disposent en Europe d’une cinquième
colonne infiltrée dans la population n’exerceraient aucune représaille
contre notre pays ? Ce n’est ni dans leur caractère ni dans leurs
habitudes.
Nous nous sommes impliqués dans un conflit qui ne
connaît ni trêve ni frontières, où l’adversaire ne fait aucune
distinction entre le front et l’arrière, entre militaires et civils,
entre innocents et coupables. Nous nous retrouvons, hébétés, en première
ligne. Nous avons vécu la nuit dernière, pour la première fois, une
situation qui est depuis des années le quotidien de Bagdad, de Kaboul,
de Beyrouth, de Damas ou de Mogadiscio dont nous suivons distraitement
le martyre à travers les quelques lignes et les quelques secondes que
veulent bien leur accorder nos médias dès lors que le nombre des
victimes d’un attentat y dépasse les dizaines.
La guerre que nous
nous flattions de tenir à distance nous a rattrapés. Elle est sur nous,
nous sentons son haleine brûlante sur nos villes, nos aéroports, nos
gares, nos stades, nos théâtres, nos cinémas, nos cafés, nos
restaurants, nos écoles, nos collèges, nos lycées, nos facultés, nos
stades, nos métros, nos commissariats, nos avenues, nos rues. Les cibles
sont partout, nous sommes tous des cibles et les assassins sont parmi
nous, prêts à frapper où ils veulent, quand ils veulent. Il faut nous
rendre à l’évidence : nous ne pouvons faire la guerre au loin et avoir
la paix chez nous.