Pour Daech, le vrai prochain combat se déroule en Libye, où il mobilise aujourd’hui une bonne partie de ses troupes. Le
groupe État islamique s’intéresse peu aux pays occidentaux, sauf pour
faire diversion. Son objectif principal consiste à islamiser les pays
musulmans, en particulier les pays faibles ou en phase de décomposition [1]. Ainsi en est-il de la Tunisie, qui est considérée comme conquise, car les islamistes daéchiens sont au pouvoir, et il suffit d'un petit signal de leur chef local, Ghannouchi, pour que les non islamistes soient définitivement hors jeu. En Libye, la coalition internationale (OTAN+Daech) prépare l'invasion du gros morceau : l'Algérie. Quant au Maroc, il est considéré comme conquis, comme le sont les pays du Golfe : ils appartiennent de facto à la "coalition internationale". Hannibal GENSERIC
Les experts israéliens sont convaincus que les attentats de Paris
tendent à détourner l’attention des Occidentaux sur ce qui se trame en
Libye depuis quelques mois. Les attentats en Europe lui servent aussi de vecteurs de
publicité pour attirer à lui de nouveaux candidats au djihad à la
recherche d’un idéal ou d’aventures de drogue, de sexe et de sang [2]. Les terroristes éliminés
en France, très dangereux parce qu’incontrôlables, sont cependant des
petits délinquants à la kalachnikov facile. Ils représentent des
troisièmes couteaux suffisamment fous, hâbleurs et habiles pour
occuper l’espace médiatique tandis que les vrais chefs expérimentés,
issus de l’armée et des services de sécurité de Saddam Hussein, sont aux
commandes. D’ailleurs, les tueurs de Paris ont montré leurs limites et
leur manque d’expérience puisqu’ils ont laissé des traces qui ont mené
la police vers leur refuge. Ils ont été sacrifiés pour que la police n'aille pas chercher les vrais commanditaires des massacres [3].
Créer les structures d’un État
La diversion semble fonctionner. Les djihadistes ont d’abord attaqué
les centres-villes de la Libye pour mobiliser les dirigeants locaux
tandis que la périphérie devenait une proie facile. La deuxième
phase consiste à se lancer dans des massacres d’une rare sauvagerie pour
forcer les populations à rejoindre les djihadistes en croyant qu’ils
sont ainsi les seuls à rétablir la paix civile face à des gouvernements
locaux qui ont échoué. La cruauté n’est pas gratuite mais efficace pour
mener à la victoire. Les djihadistes utilisent ensuite leurs techniques
barbares en Libye pour asservir les récalcitrants en décapitant et en
accrochant à des croix douze combattants locaux, dont des salafistes,
qui voulaient les déloger de Syrte. L’exemple marque; les civils
tremblent et les moins téméraires se rallient en nombre.
Daech recherche, enfin, le rétablissement du califat qui prône le
rejet de la démocratie, du nationalisme. Il ne touche ni à l’Occident, ni à Israël car DAECH est l'outil de destruction massive utilisé par l'Empire anglo-sioniste pour asservir des pays arabes laïques . Daech ne touche pas non plus aux pays déjà asservis : Arabie, Maroc, Jordanie, Pays du Golfe.
Fondé sur un
islam talmudique, il pourra alors s’installer dans la durée en créant les
structures d’un État qui s’appuie sur de nouveaux juges et une nouvelle
police. En contrepartie, il organise la vie sociale et les aides à une
population soumise par la force et qui, de toute façon, se contente de
dons matériels à défaut de liberté. Cependant, les dirigeants
occidentaux parlent de démonstration de force pour détruire Daech en
faisant allusion à la Syrie et à l’Irak envahie par les djihadistes.
Mais ils négligent l’impact des filiales autonomes de l’État islamique
installées au Yémen, dans la péninsule du Sinaï, et en Algérie même,
faisant d’ailleurs concurrence à Al-Qaïda qui perd de plus en plus de
son influence.
La plaque tournante du djihadisme mondial
En Libye, trois provinces ont déjà été envahies par des combattants
aguerris qui n’ont rien à voir avec les «petites frappes» de Paris.
En fait, l’État islamique profite des divisions politiques et du chaos
généralisé pour renforcer sa présence à l’est et à l’ouest du pays. Un
an après l’allégeance d’un petit groupe islamiste libyen au «califat»,
les djihadistes sont à présent bien implantés. Ils représentent
les nouvelles structures d’un État qui a disparu dans les décombres de
la guerre civile. Les arsenaux de Kadhafi, dont il reste encore quelques
fusils à roquette, aident les terroristes dans leur conquête.
L’Occident considère que cette avance irrémédiable est neutralisée
par les combats entre factions rivales. Or, Daech puise auprès de
combattants désarçonnés un nouveau vivier de jeunes subjugués par sa
réussite qui fait la une des medias internationaux. Les
groupes islamistes concurrents se vident alors de leurs meilleurs
éléments qui rejoignent les vainqueurs.
Daech contrôle Syrte et une grande partie de la côte-est. Cette ville
côtière, qui comptait 75.000 habitants et où était né Kadhafi, est aux
mains de Daech depuis juin. Il a réussi à diviser la ville de Benghazi
en se substituant aux autres groupes extrémistes. D’ailleurs, l’État
islamique conforte son implantation dans le pays en y envoyant toutes
ses nouvelles recrues étrangères venant de Syrie et d’Irak. La Libye
devient la plaque tournante du djihadisme mondial dans l’indifférence
totale de l’Occident. Il dispose d’une forte capacité de nuisance auprès
du monde musulman, tout en étant à quelques centaines de kilomètres de
l’Europe. Si ce monde explose ou se décompose, les conséquences
rejailliront sur tout le continent européen, sans compter l’envoi de
terroristes déguisés en migrants qui affluent pour constituer la
cinquième colonne. Daech a compris que celui qui contrôle les côtes
libyennes contrôlera en fait le flux migratoire vers l’Occident.
Ne pas répéter l’abandon kurde
Mais l’Europe ne sera que secondairement touchée. Daech utilisera la
tête de pont libyenne pour menacer les pays voisins faibles comme la
Tunisie et d’une certaine manière l’Algérie. D’ailleurs, il est déjà
établi que les terroristes qui ont attaqué les centres
touristiques tunisiens ont été formés en Libye, dans les camps
djihadistes. L’Occident, s’il le décide, n’a qu’un seul moyen pour
freiner l’expansion en Libye en soutenant les nombreuses tribus
qui constituaient jadis l’ossature du régime de Kadhafi. Elles ne sont
pas prêtes à abandonner leur mainmise sur les zones dont elles ont le
contrôle. Cette structure clanique, qui a freiné l’unité du pays, est la
seule aujourd’hui qui pourrait s’opposer à l’État islamique pour
l’instant rejeté.
Mais encore faut-il que l’Occident se comporte mieux qu’avec les
Kurdes qu’il a abandonnés alors qu’ils étaient les seuls à occasionner
des pertes sévères aux djihadistes. Les tribus libyennes ont beaucoup
appris du déroulement des faits en Syrie. Ils veulent à présent protéger
avec toute leur énergie les puits de pétrole pour empêcher le
financement des troupes de Daech. Seul le chaos en Libye pourrait servir
de catalyseur à l’État islamique pour s’emparer du pays à moins que les
Occidentaux n’aident ces tribus par des frappes aériennes plus
nombreuses et plus ciblées. Mais pour l’instant les Rafale visent les
bases de Daech en Syrie en occasionnant peu de pertes puisqu’elles sont
toutes souterraines.
Plus de 5.000 combattants
Les Américains, qui se sont brusquement réveillés de leur léthargie,
ont bien lancé le 13 novembre 2015 un raid aérien contre Daech, à Derna
dans l’Est-libyen, qui a permis d’éliminer le chef local de l’État
islamique, l’irakien Wissam Najm al-Zoubaïdi (Abou Nabil), ancien membre
d’Al-Qaïda. Mais l’effet est temporaire. Sa mort va certes réduire la
capacité de l’organisation à procéder en Libye au recrutement de
nouveaux membres, à la création de nouvelles bases et à la planification
d’attentats à l’extérieur. Mais cela ne dissuadera pas l’implantation
de Daech en Libye puisque les rangs des djihadistes, qui ne cessent de
grossir, compteraient aujourd’hui plus de 5.000 hommes, avec des
combattants étrangers venus de Tunisie, du Soudan et du Yémen.
Un rapport de l’ONU du 16 novembre 2015 précise que «des groupes
armés ayant prêté allégeance à Daech ont pris le contrôle et consolidé
leur emprise sur des portions du territoire libyen commettant des abus
graves dont des exécutions sommaires sur la base de leur religion». Un proverbe tunisien de circonstance prétend que «ne ressent la brûlure de la braise que celui qui marche dessus». La brûlure n’a pas encore atteint les Occidentaux.
Source : Slate, Jacques Benillouche 24-11-2015
«Daech» a
construit à Syrte, ville littorale dans le nord de la Libye, sa nouvelle
base militaire.
Le groupe terroriste a appelé
ses partisans éparpillés en Syrak à rejoindre la Libye. Suite à cette annonce, le flux des
francs-tireurs étrangers en Libye s'est massivement accru ces 15
derniers jours.
Les terroristes vont s'emparer
par la suite des gisements de pétroles et des raffineries situés à
proximité de Syrte, ce n'est qu'une question de temps, craignent les
autorités libyennes.
«Daech» contrôle actuellement
plus de 150 kilomètres du littoral méditerranéen en Libye, souligne New
York Times. Une fois chassés de Syrie et d'Irak, les terroristes
prévoient d'utiliser Syrte comme base militaire, estiment les forces
spéciales occidentales.
«La subdivision de Daech en
Libye nous préoccupe au plus haut point. C'est le point crucial d’où ils
étendent leur zone d'influence sur toute l'Afrique du nord», a rapporté
l'analyste principal du service du renseignement du ministère américain
de la Défense, Patrick Pryor.
Hannibal GENSERIC
Au milieu de citations de sourates du Coran et de photos de
victimes torturées, pendues ou décapitées, plusieurs citations
détaillent la vision du monde voulu par Daech. C’est un monde bipolaire
où l’on trouve :
- d’un côté, les gens du califat, que Daech considère comme les vrais musulmans ;
- et de l’autre, les croisés – les Occidentaux.
- entre les deux, il y a la "zone grise" : elle contient la masse des musulmans (plus de 99% des musulmans) qui non seulement ne se reconnaissent pas dans ce califat, mais qui le combattent parce qu'ils en sont les principales victimes. Ce sont eux la véritable cible de DAECH.