L’argument
roi, qui permet subito d’incorporer Trump et Musk dans le camp de la
liberté – autant dire le nouveau camp du Bien - malgré les initiatives
brutales mises en œuvre par la nouvelle administration américaine, comme
la déportation de migrants dans le camp de concentration de Guantánamo,
la tentative de déménagement des habitants de Gaza, le tarissement des
programmes d’aide sociale, etc., est leur lutte féroce contre le
wokisme.
Ce
mouvement, qui a tant agité le bocal médiatique et la cervelle des
excités de l’imprécation semble maintenant devoir être abandonné dans
une décharge publique. Il fut pourtant le suprême chiffon rouge, qui
alimenta par exemple, il y a quelques années, d’interminables soirées
zemmouriennes sur Cnews. J’avoue m’y être laissé prendre.
Toutefois,
en se situant sur le terrain de l’antiwokisme, du combat contre le
lobby LGBT, contre un antiracisme dévoyé, contre l’inquisition de la «
diversité », tout en dénonçant le pouvoir du communautarisme (à
l’exception d’un seul), sans trop s’en apercevoir, on se trouvait
exactement dans cet espace d’ébullition qu’avait subtilement borné le «
groupe de réflexion » Terra Nova : débattre avant toute chose de
questions sociétales, tel était un projet, qui comportait l’inestimable
vertu de faire oublier les luttes sociales. On ne parla donc plus de
l’exploitation des ouvriers, des employés, de la misère des gens, bien
que des éruptions quasi insurrectionnelles vinssent, par moment,
rappeler la réalité.
Dans
le même temps, la droite dure se refaisait une beauté. Elle n’était pas
très bien perçue par l’opinion, depuis 1945. Voilà que, soudain, grâce
au remue-ménage américain, auquel on tend de plus en plus à participer,
comme si nous étions nous-mêmes des Yankees, la vieille droite
sécu-libérale, peu avare de poncifs simplets, se redonne un air de
jeunesse. S’élever contre le « totalitarisme », quelle aubaine !
L’anti-wokisme
est comme la paulette, cette "savonnette à vilains" du temps de Henri
IV. Je rappelle ce qu’elle était : une taxe facultative qui permettait
aux officiers (ceux qui occupaient des postes de responsabilité dans
l’État – administration, justice, etc.) qui la payaient de transmettre
automatiquement leur office. C’était donc une taxe, un impôt, qui
donnait un droit, lequel ouvrait la porte à la noblesse de robe. C’est
ainsi que les plus farouches anti-wokistes deviennent tout à coup des
champions de la liberté.
En
vérité, la caste transnationale n’est pas homogène. Plusieurs
stratégies sont opérées en son sein. Comme je l’ai dit, le bénéfice du
wokisme fut d’oblitérer la lutte de classes. Opération réussie ! Que ce
mouvement corresponde à une réalité, c’est une autre histoire. Mais il
est et restera minoritaire, encouragé certes par une société de
consommation toxique, et faisant son nid dans des classes moyennes
pléthoriques et hors sol. Mais les classes supérieures, dans leur
cynisme, n’ont eu garde de tomber dans ce délire, et une fois
l’opération terminée, on passe à un autre stade, celui du trumpisme, du
libertarianisme, du sécu-libéralisme extrême, du transhumanisme.
Pour
autant, le wokisme n'est pas incompatible avec le transhumanisme. Les
deux approches post-anthropologiques font tout autant violence à la
nature.
Comme
l’a fait remarquer Emmanuel Todd, le seul intellectuel à penser
sainement, ces derniers temps, le règne nihiliste de la caste supérieure
de l’Occident collectif est encouragé par l’effondrement de l’éthique
religieuse, l’adhésion à un courant spirituel ayant atteint le degré
zéro, y compris dans l’Amérique jadis réputée puritaine. Il est
prévisible qu’on aura la même évolution dans le reste du monde, dans le
siècle qui vient.
L’enjeu
est donc l’accession au pouvoir d’une classe dominante, dont le
transhumanisme, avec tout ce que cela comporte de férocité, y compris
l’esclavage ou l’élimination de larges pans de la population mondiale.
Ce programme n’est pas dénué de charge utopique. La conquête de Mars en
est une, l’Intelligence Artificielle et la Robotisation Universelle une
autre (sans omettre la dimension capitalistique, que rappellent souvent
comme un mantra nos libéraux, qui se sentent pousser des ailes). Là se
trouve le cœur du combat. Reste à savoir ce qu’on oppose à la barbarie.
Claude Bourrinet
Et le statut de la Fed... il y touche quand pour réduire le déficit et rendre sa souveraineté économique au peuple Américain notre brave Dr Trump...?
RépondreSupprimerAmérica corp first !