Au moins 30 agents "neutralisés", des dizaines d'autres démasqués. La CIA a payé un lourd tribut au renseignement entre 2009 et 2013. L'Agence américaine possédait des serveurs de communication "cachés" sur Internet. Les services iraniens et chinois avaient trouvé la "formule magique" pour récupérer leurs adresses. Explications
L'information
n'est révélée qu'aujourd'hui par deux journalistes de Yahoo News, Zach
Dorfman and Jenna McLaughlin, mais elle reste énorme par ses conséquences.
L'affaire s'est déroulée entre 2009 et 2013 : un système de communication par
serveur Internet de la CIA, utilisé par des agents infiltrés à l'étranger, a
été compromis durant toute cette période par les renseignements iraniens, puis
chinois. Des dizaines d'agents et de sources ont été démasqués en Iran et
enfermés, 30 autres ont été exécutés en Chine. Le système pour permettre les échanges
via Internet était basé sur le principe du "web caché", ce qui pour
une agence de renseignement frise l'amateurisme le plus complet.
Une
requête Google pour faire "apparaître" l'adresse du serveur
Le principe que la CIA avait décidé d'appliquer pour permettre à
des agents en Iran ou en Chine d'échanger des informations était le suivant :
des serveurs web étaient activés de façon temporaire, et pas indexés pour
n'être affichables par le moteur de recherche Google qu'avec une certaine
méthode et certains mots clés dans la recherche avancée. Ce que le spécialiste
en cybersécurité Philippe Laquet résume par la sentence suivante : "C'était
une sorte de "formule magique" dans la barre de recherche google, ce
qu'on appelle un "dork", pour pouvoir rechercher les serveurs non
indexés".
Ces serveurs permettaient à des sources à l'étranger d'échanger
avec la CIA après avoir tapé la requête avancée Google leur donnant un lien url
(adresse du serveur web) sur lequel ils venaient se connecter. Une fois les
échanges effectués, le serveur était désactivé et d'autres pouvaient s'activer
temporairement dont l'adresse différente était néanmoins toujours récupérable
via cette fameuse méthode de recherche avancée sur le moteur Google. "Quiconque
utilisait la "formule magique" de recherche pouvait retrouver les
dits serveurs", précise le cyberspécialiste.
En 2009, un agent double iranien a utilisé l'un de ces sites
web temporaire. Les services dont il dépendait en Iran ont très vite compris la
méthode utilisée, ce qui leur a permis de trouver d'autres sites web d'échanges
entre la CIA et ses sources…
Et C'est ainsi que la plupart des sources de la CIA en Iran
ont été identifiées et arrêtées en 2011.
Des
serveurs utilisés par la Chine
Ces
accès aux serveurs de communication avec les sources de la CIA à l'étranger
n'ont pas seulement permis les arrestations iraniennes, bien que les services
iraniens les aient utilisé aussi pour se rapprocher d'agents américains afin de
les recruter comme agents double. Entre 2011 et 2012, la Chine a elle aussi
accédé à ces serveurs web temporaires afin d'identifier les sources ou agents
américains utilisant ce système, ce qui a mené — selon les confidences reçues
par les journalistes de Yahoo news — à l'exécution de 30 personnes par le
gouvernement. Il est possible que les services iraniens aient partagé des
informations avec les services chinois, que ce soit sur l'identité de sources
en Chine ou en leur donnant la méthode utilisée pour trouver les adresses de
serveurs. Les 11 anciens responsables de l'agence américaine de
renseignement (et d'anciens proches du gouvernement américain) qui ont parlé
aux journalistes de Yahoo news estiment qu'il est possible que la compromission
ait été mondiale. La CIA aurait probablement été forcée de retirer ses agents
présents dans le monde entier.
Comment
la CIA a-t-elle pu imaginer permettre à des agents exposés à l'étranger de
communiquer par des serveurs web repérables grâce à une simple recherche
avancée dans Google ? Le mystère à ce niveau là reste entier…
04.11.2018
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