Samedi 17
novembre, lors d'une réunion de son parti à l'Assemblée, le président
d'Ennahdha a qualifié certains ministres limogés lors du dernier remaniement de
« corrompus et incompétents ». Trois d'entre eux ont d'ores et déjà
annoncé leur intention de porter plainte.
Dure matinée
pour le
chef du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi. Trois ministres
limogés lors du dernier remaniement, Ghazi
Jeribi (Justice), Majdouline Cherni (Sports) et Mabrouk Korchid (domaines
de l’État et des affaires foncières) ont annoncé qu’ils allaient porter plainte
contre lui pour « injures » et « diffamation ». En cause : son discours annuel
prononcé samedi 17 novembre lors de l’assemblée générale du bloc du parti à
l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).
Le vieux malfaisant des Frères Musulmans |
En effet, le
dirigeant de la
formation de la colombe n’y est pas allé de main morte. À propos du
remaniement gouvernemental, il a estimé que le « parti n’a pas cherché à ce que
sa représentativité au sein du gouvernement reflète son nouveau poids politique
». Au contraire, il a déclaré qu’ « il s’est contenté de renforcer sa
présence au sein de l’exécutif ainsi que d’imposer son veto à la reconduction
de certains ministres corrompus et incompétents ».
Plaintes
en série
Des propos
qui n’ont pas tardé à faire réagir les anciens du gouvernement. Dans une
déclaration lundi matin à la radio Shems FM, Ghazi Jeribi a même affirmé
avoir donné à Ennahdha un délai pour se rétracter. Le parti n’ayant pas
répondu, l’ex-ministre a chargé son avocat de porter plainte contre son
président. Selon lui, Rached Ghannouchi doit dévoiler la liste des « ministres
corrompus » et fournir des preuves pour appuyer ses allégations.
Quelques
heures plus tard, interviewée sur les ondes de Mosaïque FM, l’ancienne
titulaire du portefeuille des Sports, Majdouline Cherfi, a dit avoir porté
plainte contre Rached Ghannouchi. Elle a notamment ajouté que le
chef du gouvernement, Youssef Chahed, n’a accusé aucun membre de son équipe
de corruption au moment du remaniement, qu’il « a effectué pour des raisons
politiques ». Même son de cloche chez Mabrouk Korchid, également interviewé par
la radio.
Le
gouvernement et Ennahdha jouent l’apaisement
Cité par le
journal Akher Kahbar Online daté du lundi 19 novembre, le
porte-parole du gouvernement, Iyed Dahmani, a affirmé que le récent
remplacement de certains membres du gouvernement n’a aucun lien avec des
soupçons de corruption. Il a également affirmé que Youssef Chahed n’a subi
aucune pression d’une quelconque nature.
« Le
gouvernement ne tolérera aucune atteinte portée aux membres sortants du
gouvernement, car celle-ci pourrait perturber le début de la nouvelle phase de
l’action gouvernementale », a-t-il avancé. Une manière de réponse à ceux qui
dénoncent un gouvernement aux ordres d’Ennahdha. Sur
les 18 nouvelles nominations – sur un total de 29 ministres et 5 secrétaires
d’État –, les islamistes ont obtenu neuf portefeuilles, dont
celui de la Justice.
Ennahdha
affirme que Ghannouchi n’a accusé personne de corruption, mais parlait
uniquement du barème choisi pour évaluer les candidatures
Dans un
communiqué publié lundi, le parti islamiste a lancé un message d’apaisement.
Ennahdha affirme que Rached Ghannouchi n’a accusé personne de « corruption »,
mais parlait uniquement « du barème choisi pour évaluer les candidatures en
collaboration avec le chef du gouvernement, qui a ensuite choisi seul son
équipe dont il sera l’unique responsable ».
La formation
assure se « désoler des interprétations hâtives des propos du chef du parti »,
qui n’a « aucunement voulu offenser, que ce soit de manière directe ou
indirecte, les ex-membres du gouvernement ».
19 novembre 2018 | Par Syrine
Attia
Jeune Afrique
Jeune Afrique
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