À notre époque, il existe sûrement peu d’organisations qui terrorisent
autant les Américains influents que la Ligue anti-diffamation (Anti-Defamation
League, ADL) du B’nai
B’rith, un organe central de la communauté juive organisée.
Mel Gibson était l’une
des stars les plus populaires à Hollywood et son film de 2004, La Passion du Christ,
l’un des plus rentables, quand l’ADL et ses alliés ont détruit sa carrière. Il
a par la suite fait
don de millions de dollars à des groupes juifs pour retrouver une partie de
son statut public. Rupert Murdoch est un titan de l’industrie médiatique, mais
lorsque l’ADL a critiqué une caricature parue dans l’un de ses journaux, il a
présenté ses excuses
personnelles à cette organisation.
Mary Phagan, la fille de 13 ans violée
et assassinée par Leo Frank, dont l’héroïsation est l’acte fondateur de l’ADL |
Les rédacteurs en chef de The Economist ont dû retirer une caricature
analogue lorsqu’elle tomba sous le feu de l’ADL. Le milliardaire Tom Perkins,
célèbre capital-risqueur de la Silicon Valley, a été
forcé de s’excuser du fond du cœur après avoir été critiqué par l’ADL pour
son vocabulaire dans une chronique du Wall Street Journal. Tous ces individus
fiers de leur puissance ont dû être profondément mécontents d’avoir été forcés
de demander un pardon aussi humiliant, mais ils l’ont fait. La liste des
pénitents de l’ADL est très longue.
Compte tenu de la réputation effrayante de l’ADL et de ses activistes
toujours sur le pied de guerre, beaucoup de mes lecteurs s’attendaient à ce que
mon petit webzine soit complètement anéanti lorsque j’ai lancé ma série
d’articles controversés au début du mois de juin de cette année, en commençant
par un éloge de l’historien David
Irving, depuis longtemps diabolisé par l’ADL. Pourtant, absolument rien ne
s’est passé.
Au cours des trois mois suivants, mes articles se sont attaqués à presque
tous les sujets défendus avec acharnement par l’ADL et ses laquais, à tel point
qu’un journaliste sympathique m’a rapidement surnommé le « Kamikaze
de Californie ». Pourtant, malgré mes 90 000 mots et les
13 000 commentaires qu’ils ont suscités, le silence persistant de l’ADL
restait assourdissant. Entre-temps, mes articles furent lus plus d’un demi
million de fois. Voici une liste des articles les plus provocants :
- « La Pravda américaine. Briser la barrière médiatique », 24 octobre 2016 (2 500 mots, 211 commentaires)
- « La Pravda américaine. Comment la CIA a créé le concept de théorie du complot », 5 septembre 2017 (2 016 mots, 485 commentaires)
- « The Remarkable Historiography of David Irving », 4 juin 2018 (1700 mots, 570 commentaires)
- « La pravda américaine : l’assassinat de JFK 1/2 – Que s’est-il passé ? », 18 juin 2018 (4 800 mots, 1219 commentaires)
- « La pravda américaine : l’assassinat de JFK 2/2 – Que s’est-il passé ? » , 25 juin 2018 (8 000 mots, 985 commentaires)
- « American Pravda: Oddities of the Jewish Religion », 16 juillet 2018 (7 800 mots, 1 637 commentaires)
- « La Pravda américaine. La révolution bolchévique et ses conséquences », 23 juillet 2018 (6 900 mots, 913 commentaires)
- « La Pravda américaine. La nature de l’antisémitisme », 30 juillet 2018 (5 500 mots, 666 commentaires)
- « La Pravda américaine. Les juifs et les nazis », 6 août 2018 (6 800 mots, 554 commentaires)
- « La Pravda américaine. Le déni de l’Holocauste », 27 août 2018 (17 600 mots, 2 323 commentaires)
- « American Pravda: 9/11 Conspiracy Theories », 10 septembre 2018 (11 000 mots, 2 355 commentaires)
Lorsque la colère divine oublie de frapper un hérétique et que les terribles gardiens de la bien-pensance semblent avoir soudain perdu le goût de la bataille, d’autres hérétiques ne tardent pas à en s’en apercevoir et à s’enhardir. Les principaux sites pro-russes et libertariens tels que Russia Insider et LewRockwell ont republié certains des articles les plus controversés de ma série « American Pravda », attirant ainsi l’attention d’un public plus large sur mes affirmations factuelles. Après la conclusion de ma série, j’ai commencé à ridiculiser la pusillanimité de l’ADL, en publiant une courte rubrique intitulée « L’ADL se cache-t-elle ? », qui a conduit l’intrépide Paul Craig Roberts à me qualifier de « l’homme le plus courageux que je connaisse ».
Apparemment, la combinaison de tous ces facteurs a fini par devenir trop
inquiétante pour l’ADL et, sortant de leur cachette secrète, ses militants ont
enfin publié une condamnation courte et plutôt molle de mes écrits, qui ne
m’impressionne guère. Il y a quelques jours, ils ont tweeté leur
déclaration, avec une photo de leur nouvel ennemi :
L’homme d’affaires californien Ron Unz finance depuis longtemps des
militants anti-israéliens. Il embrasse maintenant le #antiSemitism hardcore,
nie l’Holocauste et prétend que des Juifs dirigent les médias et vénèrent
Satan. En savoir plus auprès de nos experts: https://t.co/KnngID3YCh
— ADL (@ADL_National) October
8, 2018
L’ADL peut s’enorgueillir d’un budget annuel de 60 millions de dollars et
de plusieurs centaines d’employés à plein temps, mais ses compétences en
matière de recherche semblent faire cruellement défaut. Ils entament leur
réprimande en me dénonçant comme un « militant anti-immigrés »
notoire. Voilà qui est étrange, puisque j’ai publié environ un quart de million
de mots sur ce sujet controversé au cours des vingt-cinq dernières années −
tout cela entièrement consultable en ligne − et que mon point de vue n’a jamais
été caractérisé de cette façon.
Pour ne citer qu’un exemple, mon article intitulé « La
Californie et la fin de l’Amérique blanche » a été publié en 1999 dans
Commentary, la publication phare de l’American Jewish Committee, et quiconque
le lira sera extrêmement étonné par la description de l’ADL. Quelques années
auparavant, en octobre 1994, j’étais l’un des principaux
orateurs de la manifestation pro-immigrants au centre-ville de Los Angeles,
un rassemblement politique de 70 000 personnes qui reste à ce jour le plus
important de ce genre dans l’histoire américaine.
Au cours de ces années, mes activités politiques ont fait l’objet de plusieurs milliers d’articles dans les
médias grand public, dont une demi-douzaine d’articles en première page du New
York Times. Ces articles fourniraient un tableau similaire, à l’instar de celui
du New Republic
chroniquant mes succès en Californie. De plus, mes points de vue sur les
immigrés n’ont pas beaucoup changé au fil des ans, comme le montrent mes
articles plus récents tels que « Le mythe du crime
hispanique », « L’immigration,
les Républicains et la fin de l’Amérique blanche » et « Une
grande entente sur l’immigration ? ». Les intrépides enquêteurs
de l’ADL devraient peut-être se familiariser avec un nouvel outil technologique
puissant appelé « Google ».
Je ne suis pas davantage impressionné lorsqu’ils me reprochent de m’être
appuyé sur les écrits d’Israël Shahak, qu’ils qualifient vicieusement « d’antisémite ».
Comme je l’ai souvent souligné, mon incompétence totale en araméen et en hébreu
me contraint à m’appuyer sur la recherche des spécialistes, et le regretté
professeur Shahak, un universitaire israélien primé, est une excellente source.
Le célèbre linguiste Noam Chomsky avait loué ses travaux pour leur « érudition
exceptionnelle », et nombre d’autres intellectuels très en vue, comme
Christopher Hitchens, Edward Saïd et Gore Vidal, avaient été tout aussi
généreux dans leurs éloges. De plus, l’un des coauteurs de Shahak était Norton Mezvinsky, un
universitaire américain spécialisé dans l’histoire du Moyen-Orient, dont le
frère et la belle-sœur ont servi au Congrès et dont le neveu a épousé plus tard
Chelsea Clinton. Et autant que je sache, presque aucune des affirmations de
Shahak sur le Talmud ou le judaïsme traditionnel n’a été directement contestée,
alors que la disponibilité en ligne de son
premier livre permet à ceux qui sont intéressés de le lire facilement et de
décider par eux-mêmes.
L’ADL m’a également dénoncé pour avoir pris au sérieux les théories d’Ariel
Toaff, un autre universitaire israélien. Mais le professeur Toaff, fils du
grand rabbin de Rome, figure parmi les plus grandes autorités scientifiques au
monde dans le domaine de la communauté juive médiévale. Avec ses étudiants
doctorants et d’autres collègues, il a consacré de nombreuses années à étudier
ces questions, en s’appuyant sur une grande quantité de sources primaires et
secondaires produites dans huit langues différentes. J’ai trouvé son livre de
500 pages tout à fait convaincant, à l’instar du journaliste israélien Israel
Shamir, et je n’ai vu aucune réfutation crédible.
Il se peut que les conclusions de tous ces éminents universitaires et
intellectuels ne soit pas intégralement correctes, et que je me trompe en les
acceptant. Mais pour m’en convaincre, il me faudrait quelque chose de beaucoup
plus substantiel qu’une condamnation de principe en quelques paragraphes dans
un article anonyme de l’ADL, dont l’auteur, pour autant que je sache, n’est
peut-être qu’un jeune stagiaire ignorant.
Cela mis à part, le reste du catalogue de mes nombreuses positions
hérétiques dénoncées par l’ADL m’a semblé relativement exact, bien que présenté
de manière plutôt hostile et péjorative et sans renvois hypertextes à mes
écrits. Mais même cette énumération décousue de mes transgressions mortelles était
incomplète, car l’ADL a curieusement omis d’inclure la mention de certaines de
mes affirmations les plus controversées.
Par exemple, les auteurs ont exclu toute référence à ma discussion sur le
partenariat économique parfaitement documenté entre nazis
et sionistes dans les années 1930, qui a joué un rôle crucial pour jeter
les bases de l’État d’Israël. De même, l’ADL a évité de mentionner les près de
20 000 mots que j’ai consacrés aux preuves que le Mossad israélien avait
joué un rôle central dans l’assassinat
de JFK et dans les attentats
du 11 septembre. C’est bien l’une des rares fois où l’ADL a oublié de
lancer l’accusation de « théoricien du complot » à l’encontre d’un
adversaire qu’il aurait pu si facilement dénigrer de cette façon. Il a
peut-être estimé que les preuves que j’avais fournies étaient trop solides pour
pouvoir être contestées efficacement.
L’inquiétante incompétence des chercheurs de l’ADL devient particulièrement
alarmante lorsque l’on considère qu’au cours des deux dernières années, cette
organisation a été élevée au rang de censeur des plus grandes sociétés Internet
américaines, avec pouvoir de déterminer ce qui peut ou ne peut pas être dit sur
Facebook, YouTube ou Twitter.
Mon journal local, le San Jose Mercury News, a publié il y a quelques
semaines un
entretien avec Brittan Heller, chargée à l’ADL de la surveillance des « discours
de haine » dans la zone américaine d’Internet. Cette jeune femme d’une
trentaine d’années, diplômée de Stanford et de Yale, vit dans la Silicon Valley
avec son mari et ses deux chats, Luna et Stella. Elle souligne sa propre
expérience en tant que victime de cyber-harcèlement de la part d’un autre
étudiant dont elle a rejeté les avances, ainsi que l’expertise qu’elle a
acquise plus tard en tant que chasseuse de nazis pour le compte du gouvernement
américain. Mais ce curriculum vitae lui donne-t-il vraiment la connaissance
infuse lui permettant de déroger à notre Premier Amendement en déterminant
quels points de vue et quelles personnes devraient être autorisés à avoir accès
à quelque deux milliards de lecteurs dans le monde ?
La situation présente également un aspect beaucoup plus grave. Le choix de
l’ADL comme principal responsable de la surveillance idéologique de l’Internet
américain peut sembler naturel et approprié aux Américains ignorants sur le
plan politique, catégorie qui regroupe malheureusement les cadres supérieurs
qui dirigent les entreprises concernées. Mais cela reflète la lâcheté et la
malhonnêteté des médias américains dont tous ces individus tirent leur
connaissance de notre monde. La véritable histoire de l’ADL est remarquablement
sordide et peu recommandable.
En janvier 1993, le département de police de San Francisco (SFPD) a annoncé
qu’il avait effectué une descente au siège de l’ADL en Californie du Nord, sur
la base d’informations fournies par le FBI. Le SFPD a découvert que
l’organisation conservait des fichiers de renseignements sur plus de 600 organisations
civiques et 10 000 personnes, majoritairement de gauche. L’inspecteur
du SFPD estimait que 75% du matériel avait été obtenu de manière illégale,
essentiellement par des pots de vin à des fonctionnaires de police. Il ne
s’agissait que de la partie visible de l’iceberg de ce qui constituait
clairement la plus grande opération d’espionnage domestique menée par une
organisation privée dans l’histoire des États-Unis. Selon certaines sources,
des agents de l’ADL auraient pris pour cibles plus de 1 000 organisations
politiques, religieuses, syndicales et sociales, tandis que le siège de l’ADL à
New York conserve des dossiers actifs sur plus d’un million d’Américains.
Peu de temps après, un responsable de l’ACLU (American Civil Liberties
Union), qui occupait auparavant un poste de haut niveau au sein de l’ADL, a
révélé que cette organisation avait été à l’origine de la surveillance très
controversée de Martin Luther King, Jr. dans années 1960, et en avait fourni
les enregistrements au directeur du FBI, J. Edgar Hoover. Pendant des années,
Hoover a été furieusement dénoncé dans les médias nationaux pour son
utilisation de bandes magnétiques et d’autres informations secrètes sur les
activités de King, mais lorsqu’un journal de San Francisco révèle que ces
matériaux sordides provenaient des opérations d’espionnage illégales de l’ADL,
la nouvelle a été totalement ignorée par les médias nationaux et n’a été
rapportée que par des organisations
marginales, de sorte qu’aujourd’hui presque aucun Américain n’est au
courant.
À ma connaissance, aucune autre organisation, dans l’histoire américaine,
n’a été impliquée à une telle échelle dans l’espionnage domestique des groupes
et des personnalités − de gauche comme de droite − soupçonnés d’être
insuffisamment alignés sur les intérêts juifs et israéliens. Certaines des données
trouvées en possession illégale de l’ADL ont même fait naître le soupçon
qu’elle a pu jouer un rôle dans certaines attaques terroristes et des
assassinats politiques contre des dirigeants étrangers. Je ne suis pas un
expert juridique, mais compte tenu de l’ampleur des activités illégales de
l’ADL, je me demande si l’organisation n’aurait pas dû être poursuivie aux
termes de la loi fédérale du Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act,
et tous ses dirigeants condamnés à de longues peines de prison.
Au lieu de cela, les charges pesant contre l’ADL furent rapidement
abandonnées et elle s’en tira avec une simple amende et une réprimande de
principe, ce qui démontre parfaitement l’impunité quasi totale dont bénéficie
le pouvoir politique juif dans la société américaine moderne.
En réalité, l’ADL fonctionne depuis longtemps comme la police politique
secrète privatisée de notre pays, surveillant et imposant ses doctrines
idéologiques pour le compte de groupes juifs, un peu comme le faisait la Stasi
pour le compte des dirigeants communistes de l’Allemagne de l’Est. Compte tenu
de la longue histoire de ses activités criminelles, permettre à l’ADL d’étendre
son contrôle à nos plus grandes plate-formes de médias sociaux pourrait se
comparer à l’idée de confier à la mafia le soin de superviser le FBI et la NSA.
C’est faire un très grand pas dans la direction du « Ministère de la
Vérité » de George Orwell, au profit des intérêts juifs.
Dans ses mémoires publiées en 1981, le très conservateur professeur Revilo
P. Oliver a décrit l’ADL comme « la
formidable organisation de cow-boys juifs qui conduit le troupeau du bétail
américain ». Cela me semble une description assez juste.
Bien que je connaisse depuis longtemps le pouvoir et l’influence de l’ADL,
une organisation militante juive de premier plan dont les dirigeants sont
régulièrement cités dans mes journaux, je n’avais jusqu’à récemment qu’une
notion assez vague de son origine. Je suis sûr de l’avoir entendu mentionner
quelque part, mais le récit n’était pas resté dans ma mémoire.
Mais il y a peut-être un an ou deux, je suis tombé sur un article
concernant la célébration du centenaire de l’ADL en 2013, au cours de laquelle
les dirigeants ont réaffirmé les principes de sa fondation en 1913. L’impulsion
initiale, ai-je alors appris, avait été l’effort national visant à sauver
la vie de Leo Frank, un jeune Juif de l’État de Géorgie injustement accusé de
meurtre et finalement lynché par une foule antisémite. Peu de temps auparavant,
le nom de Leo Frank n’aurait évoqué qu’une vague idée dans mon esprit : je
me souvenais simplement que les manuels d’histoire le présentaient comme l’une
des victimes les plus remarquables des débuts du Ku Klux Klan dans le Sud
profond des États-Unis au début du vingtième siècle. Cependant, peu de temps
avant de lire cet article sur l’ADL, j’avais lu l’étude très respectée d’Albert
Lindemann, The
Jew Accused, et son court chapitre sur l’affaire tristement célèbre de
Frank avait commencé à ébranler mes idées préconçues.
Tout d’abord, Lindemann a démontré qu’il n’existait aucune indication que
l’arrestation et la condamnation de Frank étaient liées à un quelconque
antisémitisme. Les juifs formaient à l’époque une part très appréciée de la
riche société d’Atlanta, et aucune référence aux origines juives de Frank
n’était apparue dans les médias avant le procès, que ce soit négativement ou
positivement. Cinq des grands jurés qui ont voté pour déclarer Frank coupable
de meurtre étaient eux-mêmes juifs, et aucun d’entre eux n’a jamais regretté sa
décision. Ce sont surtout des juifs de New York et d’autres régions éloignées
d’Atlanta qui se sont mobilisés pour soutenir Frank, tandis que son soutien
parmi les juifs d’Atlanta, qui connaissaient la situation locale, était très
faible.
En outre, bien que Lindemann s’accorde avec ses sources secondaires pour
conclure que Frank était innocent des accusations de viol et de meurtre, les
faits qu’il relate m’ont conduit à la conclusion opposée ; ils concourent
selon moi à prouver la culpabilité de Frank. Lorsque j’ai lu beaucoup plus
récemment l’étude historique plus longue et plus complète de Lindemann sur
l’antisémitisme, Esau’s Tears, j’ai remarqué que son traitement abrégé de
l’affaire Frank ne contenait plus aucune affirmation de l’innocence de Frank,
ce qui suggère que l’auteur s’est mis à douter de son interprétation antérieure
du dossier.
Sur la base de ces informations, j’ai exprimé mes doutes sur ce cas célèbre
dans mon récent
article sur l’antisémitisme historique, mais mes conclusions étaient encore
incertaines et prudentes, car elles reposaient sur le résumé que Lindermann
faisait des éléments fournis dans les sources secondaires qu’il avait
utilisées, et j’avais l’impression que pratiquement tous ceux qui avaient
enquêté de près sur l’affaire Frank avaient conclu à l’innocence de l’inculpé.
Mais après la parution de mon article, quelqu’un m’a signalé un livre de 2016
qui plaidait pour la culpabilité de Frank. Maintenant que j’ai commandé et lu
ce volume, ma compréhension de l’affaire Frank et de sa signification
historique a été entièrement transformée.
Les éditeurs traditionnels rejettent souvent des manuscrits trop en
contradiction avec les dogmes en vigueur, et les faibles ventes qu’on peut
attendre d’un tel livre sont souvent insuffisantes pour encourager des
recherches approfondies. En outre, les auteurs et les éditeurs peuvent craindre
de subir une campagne de diffamation pour leurs positions. Pour ces raisons,
ceux qui publient de tels documents controversés sont généralement motivés par
des convictions idéologiques profondes plutôt que par la recherche d’un profit
professionnel ou d’un enrichissement personnel. À titre d’exemple, il a fallu
un gauchiste trotskyste zélé tel que Lenni Brunner pour affronter le risque
d’attaques féroces et investir le temps et les efforts nécessaires à la
réalisation de son étude remarquable sur le crucial
partenariat nazi-sioniste des années 1930. Pour des raisons similaires, il
n’est pas surprenant que le livre qui plaide pour la culpabilité de Leo Frank
soit paru dans une série consacrée aux aspects pernicieux des relations
historiques entre juifs et noirs, produite par la Nation of Islam (NOI) de
Louis Farrakhan, et que ce volume, comme les autres de la série, ne comportait
pas d’auteur identifié.
La lecture d’œuvres anonymes publiées par des mouvements politico-religieux
fortement diabolisés exige naturellement beaucoup de prudence, mais lorsque
j’ai commencé à lire les 500 pages de The Leo Frank Case : The Lynching of a
Guilty Man (« L’affaire Leo Frank. Le lynchage d’un homme
coupable »), j’ai été très impressionné par la qualité de l’analyse
historique. Je pense n’avoir que très rarement rencontré une monographie sur un
événement historique controversé qui fournissait une telle richesse d’analyses
si soigneusement argumentées, étayées par des preuves aussi nombreuses. Les
auteurs maîtrisent parfaitement la littérature secondaire majeure des cent
dernières années, tout en puisant abondamment dans les différentes sources
primaires, notamment les archives judiciaires, les correspondances personnelles
et les publications contemporaines de l’affaire. L’immense majorité des 1200
notes de bas de page fait référence à des articles de journaux et magazines de
cette époque. Les preuves qu’apportent les auteurs de la culpabilité de Frank
m’ont semblé absolument écrasantes.
Le déroulement des événements n’est pas sujet à débat. En 1913, Mary
Phagan, âgée de 13 ans, ouvrière dans une compagnie de crayons de couleur, a
été vue vivante pour la dernière fois lorsqu’elle se rendait au bureau du
directeur de l’usine, Leo Frank, un samedi matin, afin de récupérer son salaire
hebdomadaire. Son corps a été retrouvé tôt le lendemain matin dans le sous-sol
de l’usine, avec des traces de viol, et Frank a rapidement été arrêté pour le
crime. Homme fortuné, et jeune président de la loge du B’nai B’rith d’Atlanta,
Frank était l’un des hommes juifs les plus en vue de l’État de Géorgie. De
grandes ressources ont été déployées pour sa défense légale, mais après le
procès le plus long et le plus coûteux de histoire de l’État, il a été reconnu
coupable et condamné à mort.
Les faits relatifs à l’affaire Frank forment un enchevêtrement complexe
d’éléments de preuve et de témoignages souvent contradictoires, des
déclarations sous serment étant régulièrement rétractées puis
contre-rétractées. Mais pour démêler le vrai du faux, les auteurs de la Nation
of Islam (NOI) insistent à juste titre sur l’ampleur des ressources financières
déployées pour la défense de Frank, avant et après le procès, la quasi-totalité
des fonds provenant de sources juives. Le total des dépenses des partisans de
Frank pourrait atteindre l’équivalent actuel de 25 millions de dollars, ce qui
est certainement un record pour une affaire d’homicide, et qui est presque
inimaginable dans l’état de pauvreté du Sud des États-Unis à l’époque. Des années
plus tard, un important donateur a avoué en privé qu’une grande partie de cet
argent avait été consacrée à acheter des faux témoignages et autres
falsifications, ce qui est tout à fait évident pour quiconque étudie l’affaire
de près. Lorsque nous considérons cet océan de financement pro-Frank et les
moyens sordides pour lesquels il a été déployé, les convolutions de l’affaire
deviennent beaucoup moins mystérieuses.
On peut aisément identifier de très nombreux faux témoignages et de fausses
preuves fabriquées en faveur de Frank, tandis qu’on ne distingue aucun signe de
pratiques similaires dans l’autre camp.
La police a tout d’abord soupçonné le gardien de nuit noir qui avait
retrouvé le corps de la jeune fille. Il a été rapidement arrêté et interrogé
avec brutalité. Peu de temps après, une chemise ensanglantée a été trouvée à
son domicile et Frank a fait plusieurs déclarations qui jetaient les soupçons
sur son employé. Il s’en fallut de peu que ce suspect noir soit lynché
sommairement par une foule, ce qui aurait clos le dossier. Mais il a défendu
son innocence avec un calme remarquable, contrastant nettement avec le
comportement extrêmement nerveux de Frank, et la police se tourna bientôt vers
celui-ci. Tous les chercheurs reconnaissent maintenant que le veilleur de nuit
était totalement innocent et que les indices l’incriminant avait été plantés.
Les preuves contre Frank s’accumulèrent. Il était le dernier homme à avoir
vu la jeune victime et il a changé à plusieurs reprises sa version des faits
sur des points importants. De nombreuses anciennes employées ont signalé sa
longue histoire de harcèlement sexuel à leur égard, et envers la fille
assassinée elle-même. Frank a déclaré qu’au moment du meurtre, il travaillait
seul dans son bureau, mais un témoin qui s’y est rendu a rapporté ne pas l’y
avoir trouvé. Une foule de preuves indirectes se retournaient contre Frank.
Un domestique noir de la famille Frank a témoigné sous serment que Frank
avait avoué le meurtre à sa femme le lendemain matin de son acte. Cette
affirmation semblait confortée par le refus étrange de cette dernière de rendre
visite à son mari en prison durant les deux semaines suivant son arrestation.
Les partisans de Frank, qui semblaient bénéficier de fonds illimités, ont loué les services de deux cabinets de détectives privés expérimentés, dont les agents, malgré tous leurs efforts pour prouver le contraire, ont finalement conclu que Frank était coupable des faits reprochés.
Les partisans de Frank, qui semblaient bénéficier de fonds illimités, ont loué les services de deux cabinets de détectives privés expérimentés, dont les agents, malgré tous leurs efforts pour prouver le contraire, ont finalement conclu que Frank était coupable des faits reprochés.
Tandis que l’enquête avançait, un tournant majeur s’est produit lorsqu’un
certain Jim Conley, le concierge noir de Frank, a avoué l’avoir aidé à
dissimuler le crime. Lors du procès, il a déclaré que Frank l’avait souvent
recruté comme surveillant lors de ses nombreuses relations sexuelles avec ses
employées. Après l’assassinat de Phagan, Frank lui avait offert une énorme
somme d’argent pour l’aider à cacher le corps dans le sous-sol, afin que le
crime puisse être imputé à quelqu’un d’autre. Mais tandis que la corde semblait
se resserrer autour de Frank, Conley se mit à craindre que celui-ci fasse de
lui son nouveau bouc émissaire, et confessa sa complicité aux autorités pour
sauver sa peau. Malgré les accusations accablantes de Conley, Frank refusa à
plusieurs reprises de le confronter en présence de la police, ce qui fut considéré
comme une indication supplémentaire de la culpabilité de Frank.
Lors du procès, toutes les parties furent d’accord pour dire que le
meurtrier était soit Frank, le riche homme d’affaires juif, soit Conley, le
concierge noir à moitié analphabète et au passé d’ivresse publique et de petite
délinquance. Les avocats de Frank ont exploité au maximum le contraste entre
les deux hommes, soulignant les origines juives de Frank comme présomption de
son innocence et se livrant à la plus grossière invective raciale contre son
accusateur noir, qu’ils affirmaient être à l’évidence le violeur et meurtrier
sur la base de sa nature bestiale.
Les avocats de Frank étaient les meilleurs que l’argent puisse acheter et
l’avocat général était reconnu comme l’un des interrogateurs les plus qualifiés
dans les salles d’audience du Sud. Cependant, bien qu’il ait soumis Conley à
seize heures de contre-interrogatoires intenses pendant trois jours, ce dernier
n’a jamais varié sur les détails de son récit, ce qui a beaucoup impressionné
les médias locaux et le jury. Pendant ce temps, Frank a refusé d’assister à son
propre procès, évitant ainsi d’être questionné publiquement sur son propre
récit changeant.
Deux notes rédigées dans un jargon typiquement noir avaient été découvertes
à côté du corps de Phagan, et tout le monde s’accorda pour dire qu’elles
avaient été écrites par le meurtrier dans le but de détourner les soupçons vers
un autre. Elles avaient été écrites, soit par un Noir peu instruit tel que
Conley, soit par un Blanc instruit cherchant à imiter ce style. L’orthographe
et le choix des mots suggèrent plutôt cette seconde hypothèse, à mon avis.
À partir d’une connaissance globale du dossier, il est impossible d’adhérer
à la théorie avancée par la légion des défenseurs posthumes de Frank. Ces
journalistes et historiens soutiennent le récit suivant : Conley, un noir
subalterne sans éducation, a violé et assassiné une jeune fille blanche, mais
les autorités judiciaires ont conspiré pour l’innocenter et inculper à sa place
un homme d’affaires blanc respectable. Pouvons-nous vraiment croire que les
fonctionnaires de police et les procureurs d’une ville du Vieux Sud auraient
trahi leur serment de magistrat pour protéger sciemment un violeur et un
meurtrier noir et le relâcher dans les rues de leur ville, où il pourrait ainsi
récidiver sur d’autres jeunes filles blanches ? Cette reconstruction
invraisemblable est d’autant plus étrange que presque tous ceux qui l’ont
défendue ont été parmi les plus fervents défenseurs des Noirs et n’ont eu de
cesse de dénoncer le racisme des autorités du Sud de cette époque. Sur le cas
de Frank, ces Juifs libéraux vont mystérieusement à contre-courant de leur
propre théorie. Est-ce parce que Frank était juif ?
À bien des égards, l’épisode le plus important de l’affaire Frank a
commencé après sa condamnation à mort, lorsqu’un grand nombre de dirigeants
juifs parmi les plus riches et les plus influents d’Amérique ont commencé à se
mobiliser pour le sauver de la corde. C’est alors qu’ils ont fondé l’Anti-Defamation
League, qui contribua à faire de l’affaire Frank l’une des plus célèbres de
l’histoire américaine.
Le nouveau soutien le plus important de Frank était Albert Lasker de
Chicago, le roi incontesté de la publicité destinée aux consommateurs
américains, qui faisait vivre tous les journaux et magazines grand public. Son
rôle fût en grande partie dissimulé à l’époque, mais il n’a pas seulement
fourni la part la plus importante des fonds pour la défense de Frank ; il
a également joué de tout son poids pour influencer la couverture médiatique de
l’affaire. Étant donné son influence commerciale dominante dans ce secteur, il
n’est pas étonnant qu’une gigantesque vague de propagande en faveur de Frank ait
déferlé à travers le pays dans des publications locales et nationales,
entraînant la plupart des médias les plus populaires et les plus réputés
d’Amérique, où l’on avait peine à trouver un mot sur les preuves accablantes
contre Frank. Cette vague retourna même tous les principaux journaux d’Atlanta,
qui inversèrent soudainement leurs positions pour se montrer maintenant
convaincus de l’innocence de Frank.
Lasker a également enrôlé d’autres personnalités juives influentes dans la
cause de Frank, notamment Adolph
Ochs, propriétaire du New York Times, Louis Marshall,
président du Comité juif américain, et Jacob Schiff, l’un des
plus influents financiers de Wall Street. Le New York Times a commencé à
consacrer une énorme couverture à cette affaire de meurtre jusqu’alors peu
connue sur le plan national, et plusieurs de ses articles furent republiés par
d’autres journaux. Les auteurs du livre publié par la Nation of Islam
soulignent cette extraordinaire attention médiatique nationale : « Le
concierge noir, dont le témoignage est devenu essentiel à la condamnation de
Leo Frank, est devenu le Noir le plus mentionné de l’histoire des États-Unis.
Ses paroles ont été davantage citées dans le New York Times que celles de
W.E.B. Du Bois, Marcus
Garvey et Booker T. Washington réunis. »
Il y a un siècle, tout comme aujourd’hui, les médias créaient notre
réalité. L’innocence de Frank étant proclamée dans le pays presque à
l’unanimité, une longue liste de personnalités publiques se sont laissées
convaincre d’exiger un nouveau procès pour le meurtrier désigné, incluant
Thomas Edison, Henry Ford et Jane Addams.
Ironiquement, Lasker s’est engagé dans cette croisade malgré des sentiments
personnels apparemment très mitigés au sujet de l’homme dont il défendait la
cause. Sa biographie révèle que lors de sa première rencontre personnelle avec
Frank, il l’avait perçu comme un « pervers » et un « dégoûtant »,
à tel point qu’il espérait qu’après avoir été libéré grâce à ses efforts, Frank
périrait rapidement dans un accident. En outre, dans sa correspondance privée,
il a admis qu’une grande partie des fonds massifs versés par lui-même et de
nombreux autres Juifs américains fortunés avait servi à acheter des faux
témoignages. Il existe même des indications qu’il envisagea de corrompre des
juges. Cela signifie que Lasker et d’autres soutiens importants de Frank
auraient pu être condamnés à de lourdes peines de prison pour, au minimum,
entraves à la justice.
Avec le New York Times et le reste de la presse libérale du Nord maintenant
engagés dans l’affaire, les avocats de la défense de Frank ont été obligés
d’abandonner leur rhétorique raciste contre son accusateur noir, qui était
auparavant au centre de leur stratégie. À la place, ils ont inventé une
histoire d’anti-sémitisme local généralisé, un phénomène jusque-là passé
inaperçu de tous les observateurs. Ils ont voulu faire de l’affaire Frank une
nouvelle affaire Dreyfus, avec comme objectif de faire annuler le verdict.
Les méthodes juridiques des défenseurs de Frank sont bien illustrées par
l’exemple suivant. La loi de l’État de Géorgie exige normalement que l’accusé
soit présent au tribunal pour entendre la lecture du verdict, mais compte tenu
de l’hostilité populaire à son encontre, le juge avait suggéré que cette
disposition soit levée ; le procureur accepta sous la condition que les
avocats de la défense promettent de ne pas se servir de cette petite
irrégularité comme motif d’appel. Mais après la condamnation de Frank, le
président de l’American Jewish Committee, Louis Marshall, et d’autres partisans
de Frank orchestrèrent de nombreux appels infructueux portant précisément sur
ce petit détail technique, engageant simplement d’autres avocats pour déposer
la requête.
Pendant près de deux ans, les fonds pratiquement illimités déployés par les
partisans de Frank ont permis de financer treize appels interjetés aux
niveaux local et fédéral, y compris devant la Cour suprême des États-Unis,
tandis que les médias nationaux vilipendaient inlassablement le système
judiciaire de l’État de Géorgie. Naturellement, cela a rapidement provoqué une
réaction locale et, pendant cette période, des Géorgiens scandalisés se sont
mis à dénoncer les riches Juifs qui dépensaient des sommes énormes pour
renverser le système de justice pénale de leur État.
L’un des rares journalistes à s’opposer à la révision du procès de Frank
était l’éditeur Tom Watson, un populiste enflammé de Géorgie, qui déclara dans
un éditorial : « Nous ne pouvons pas avoir… une loi pour les Juifs et
une autre pour les Gentils ». Il s’indigna encore par la suite : « L’idée
que la loi est trop faible pour punir un homme qui a beaucoup d’argent est une
mauvaise chose. » Un ancien gouverneur de Géorgie demanda également :
« Faut-il comprendre que tout homme peut être puni pour un crime, à
l’exception d’un Juif ? » Les faits indiquent en effet qu’un énorme
dysfonctionnement de la justice était en train de se mettre en place, et
c’était en faveur de Frank.
Tous les appels furent finalement rejetés et la date d’exécution de Frank
pour le viol et le meurtre de la jeune fille approchait enfin. C’est alors que,
quelques jours avant la fin de son mandat, le gouverneur sortant de Géorgie a
commué la peine de mort prononcée contre Frank en prison à perpétuité. Cela
provoqua une tempête de protestations populaires, d’autant plus que ce
gouverneur était le partenaire du principal avocat de Frank, un conflit
d’intérêts manifeste. Compte tenu des énormes fonds que les partisans de Frank
avaient déployés et des nombreux faits avérés de corruption dans l’affaire,
il existait évidemment de sombres soupçons concernant ce qui avait motivé une
décision aussi impopulaire, ce qui a bientôt contraint l’ancien gouverneur à
s’exiler hors de son État. Quelques semaines plus tard, un groupe de citoyens
prit d’assaut la prison de Frank pour le kidnapper et le pendre. Frank est
ainsi devenu le premier et le seul juif lynché de l’histoire américaine.
Naturellement, le meurtre de Frank fut fermement dénoncé par les médias
nationaux qui avaient défendu sa cause. Pourtant, on peut noter une certaine
différence entre l’indignation affichée publiquement et les sentiments exprimés
en privé. Aucun journal dans le pays n’a mieux défendu l’innocence de Frank que
le New York Times d’Adolph Ochs. Pourtant, selon le journal personnel de l’un
des rédacteurs du Times, Ochs méprisait Frank en privé et a accueilli son
lynchage avec soulagement. Les riches partisans de Frank n’ont jamais tenté de
traduire en justice aucun des responsables du lynchage.
Bien que je considère maintenant le volume publié par la Nation of Islam
comme le livre le plus convaincant et le plus décisif sur l’affaire Frank, j’ai
naturellement pris connaissance des œuvres qui le contredisent, avant de me
ranger définitivement à cette conclusion.
Depuis presque un demi-siècle, le compte-rendu scientifique le plus cité
sur cette affaire est le livre de Leonard Dinnerstein, The Leo Frank Case,
publié pour la première fois en 1966. Dinnerstein, professeur à l’Université de
l’Arizona et spécialiste de l’histoire juive, soutient catégoriquement
l’innocence de Frank. Mais bien que son travail ait remporté un prix national,
qu’il reproduise dans les éditions récentes des éloges de plusieurs
personnalités et publications prestigieuses, et qu’il ait certainement figuré
sur de nombreuses listes de lecture obligatoire pour étudiants, je n’ai pas du
tout été impressionné. Pour commencer, le livre semble être la source
originelle de certaines des plus sordides histoires d’agressions antisémites
qui n’ont aucune base réelle ; étant donné l’absence de références, ces
histoires semblent avoir été purement et simplement inventées par l’auteur.
Elles ont été largement citées par des écrivains récents et ont fortement
contaminé notre mémoire historique. Comme le notent les auteurs de la NOI,
elles ont néanmoins été discrètement abandonnées par tous les chercheurs
récents. Indépendamment de cette preuve évidente de manque de crédibilité, j’ai
trouvé le petit livre de Dinnerstein plutôt dérisoire et même pitoyable par rapport
à celui de son homologue de la NOI.
Beaucoup plus substantiel est le livre de Steve Oney publié en 2003, And The Dead Shall
Rise, qui compte près de 750 pages. Il a remporté le prix de la National
Jewish Book Award, celui du Southern Book Critics Circle ainsi que le Silver
Gavel de l’American Bar Association, et s’est hissé au rang de texte canonique
sur l’affaire Frank. Oney est un journaliste de longue date à Atlanta et j’ai
été favorablement impressionné par son talent narratif, ainsi que par les
nombreuses et fascinantes vignettes qu’il fournies pour illustrer l’histoire du
Sud de cette époque. Il semble également être un chercheur prudent, faisant
largement appel aux sources primaires, évitant une grande partie de l’histoire
falsifiée du siècle dernier, et ne supprimant pas totalement les preuves
massives de corruption et de parjure employées par les partisans de Frank.
Mais si Oney mentionne une grande partie de ces informations, il ne va pas
jusqu’à les relier entre elles de façon cohérente. Par exemple, bien qu’il
mentionne parfois certains des fonds dépensés pour le compte de Frank, il ne se
donne jamais la peine de les convertir en équivalents actuels, laissant un
lecteur naïf présumer que des sommes aussi minimes n’auraient jamais pu être
utilisées pour pervertir le cours de la justice. De plus, tout son livre est
écrit sous forme narrative chronologique, sans notes de bas de page, et une
grande partie du contenu est totalement étrangère à toute tentative de
déterminer la culpabilité ou l’innocence de Frank, contrastant très fortement
avec le style plus érudit des auteurs de la NOI.
Selon moi, une donnée centrale et incontestable du dossier concerne les
énormes tentations financières offertes par les partisans juifs de Frank, et le
grand nombre de citoyens d’Atlanta, de tous niveau social, qui ont changé de
position sur la culpabilité de Frank pour recevoir une part de ces largesses.
Contrairement aux auteurs de la NOI qui ont fortement insisté sur ce thème,
Oney l’évite soigneusement, et l’on ne peut s’empêcher de se demander s’il
n’aurait pas une raison personnelle de le faire. Les publications imprimées ont
subi des réductions massives au cours des dernières années et j’ai lu sur la quatrième
de couverture qu’Oney, journaliste de longue date à Atlanta, s’était par la
suite installé à Los Angeles. J’ai ensuite appris son livre avait servi de base
pour un film intitulé The
People vs. Leo Frank, et je me demande si l’espoir de capturer un morceau
du vaste lucre de Hollywood n’a pas pu l’inciter à se ranger à la thèse de
l’innocence de Frank. Un récit dressant le portrait de Leo Frank comme violeur
et meurtrier serait-il susceptible d’atteindre le grand écran ?
L’influence silencieuse des considérations financières n’est pas différente
aujourd’hui de ce qu’elle était il y a un siècle, et ce facteur doit être pris
en compte dans l’évaluation critique des ouvrages publiés.
Les auteurs de la NOI présente leur analyse minutieuse de l’affaire Frank
sous une forme assez impartiale, mais le sentiment de leur indignation légitime
transparaît parfois. Dans les années qui ont précédé le meurtre de Frank, des
milliers de Noirs dans le Sud avaient été lynchés, souvent sur la base d’un
mince soupçon. Une infime partie de ces incidents ont fait l’objet d’articles
dans des journaux locaux. Des Blancs ont également péri dans des circonstances
similaires. Mais Frank a bénéficié du plus long procès de l’histoire du Sud
moderne, a été défendu par les meilleurs avocats possibles, et sa condamnation
à mort pour le viol et le meurtre d’une fille de 13 ans a été fondée sur des
preuves accablantes. Mais lorsque sa condamnation a finalement été exécutée par
des moyens extra-judiciaires, Frank est immédiatement devenu la plus célèbre
victime de lynchage de l’histoire américaine, attirant plus d’attention dans
les médias que les milliers d’autres affaires réunies. L’argent juif et les médias
juifs ont fait de lui un martyr juif, et il a ainsi usurpé le statut de victime
et de bouc émissaire qui revenait plutôt à un nombre considérable de Noirs
innocents tués avant et après lui, dont aucun n’a jamais été reconnu en tant
qu’individu.
Comme le professeur Israel Shahak l’a bien montré, le judaïsme talmudique
traditionnel considérait tous les non-juifs comme des sous-hommes, et leur vie
comme étant sans valeur. Étant donné que les partisans de Frank étaient plutôt
adeptes du judaïsme réformé, il semble assez improbable qu’ils aient adhéré à
cette doctrine talmudique. Mais des traditions religieuses de plus de mille ans
peuvent facilement s’inscrire dans une culture, et de tels sentiments, même non
assumés consciemment, peuvent avoir facilement façonné leur réaction aux
déboires juridiques de Frank.
Certains comptes rendus de l’affaire Frank évoquent une explosion
d’antisémitisme s’abattant sur la communauté juive d’Atlanta à la suite du
procès, affirmant même qu’une partie importante de la population juive avait
été forcée de fuir. Cependant, un examen attentif des sources premières,
incluant les articles de la presse d’époque, ne fournit absolument aucune
indication de cela, et il semble que ce soit entièrement fictif.
Les auteurs de la Nation of Islam notent qu’avant le procès de Frank, on ne
trouvait dans l’histoire des États-Unis pratiquement aucune trace d’acte
antisémite significatif, l’incident le plus notable étant le cas d’un très
riche financier juif qui s’était vu refuser une chambre dans un hôtel de luxe.
Mais en déformant totalement le cas de Frank et en concentrant une telle
couverture médiatique nationale sur son sort, les élites juives américaines ont
réussi à fabriquer un récit idéologique puissant bien que dénué de réalité,
peut-être en partie dans le but qu’un tel récit serve à renforcer la cohésion
de la communauté juive par un sentiment de victimisation. L’invention d’une
terreur antisémite prolongeant le lynchage de Frank s’inscrit dans le même but.
Nous avons un autre exemple d’histoire frauduleusement répandue par les
mêmes écrivains juifs qui dominent l’affaire Frank : ils ont souvent
affirmé que cette affaire avait provoqué la renaissance du Ku Klux Klan. Le groupe
de citoyens responsable du lynchage de Frank en 1915 aurait servi de source
d’inspiration pour le rétablissement de cette organisation par William Simmons
deux ans plus tard. Mais il semble n’y avoir aucune preuve d’un tel lien. Au
contraire, Simmons insistait fortement sur le caractère philosémite de sa
nouvelle organisation, qui attirait un nombre considérable de membres juifs.
Le principal facteur à l’origine de la renaissance du KKK était presque
certainement la sortie en 1917 du film extrêmement populaire de D.W. Griffith, Birth
of a Nation, qui glorifiait le KKK de l’ère de la Reconstruction. Étant donné
que l’industrie cinématographique américaine était à l’époque dominée par des
Juifs, et que les bailleurs de fonds du film et ses principaux distributeurs
venaient de cette même communauté, on peut raisonnablement affirmer que la
contribution juive à la création du Klan était cruciale. En fait, les revenus
tirés de la distribution du film dans les pays du Sud ont financé la création
par Samuel Goldwyn de la MGM, le plus puissant studio de Hollywood.
Dans leur introduction, les auteurs du livre The Leo Frank Case publié par
la NOI soulignent que la véritable signification historique de l’affaire Frank
dans l’histoire raciale américaine a été entièrement perdue. Avant ce procès,
il était sans précédent pour les tribunaux du Sud d’autoriser des témoignages
de Noirs contre un homme blanc, et encore moins contre un homme riche jugé sur
des accusations graves. Mais la nature horrible du viol et du meurtre de la petite
Phagan et le rôle de Conley en tant que témoin unique ont nécessité une rupture
avec cette tradition de longue date. Ainsi, les auteurs soutiennent qu’il n’est
pas déraisonnable que l’affaire Frank ait joué un rôle aussi important dans
l’histoire des progrès des droits civiques des Noirs en Amérique que des
verdicts historiques comme ceux des procès Plessy vs. Ferguson
ou Brown
vs. Board. Mais puisque que la quasi-totalité du récit historique a été
produite par de fervents défenseurs des Juifs, ces faits ont été complètement
occultés et l’affaire a été entièrement détournée comme un exemple de
persécution antisémite et de lynchage public d’un innocent.
Résumons ce qui semble être l’histoire factuelle solidement établie de
l’affaire Frank, très différente de la narration traditionnelle. Il n’y a pas
la moindre preuve que les origines juives de Frank aient été un facteur dans
son arrestation et sa condamnation, ni dans la peine de mort qu’il a reçue.
L’affaire a créé un précédent remarquable dans l’histoire de la salle
d’audience du Sud avec le témoignage d’un Noir jouant un rôle central dans la
condamnation d’un Blanc. Dès les premières étapes de l’enquête, Frank et ses
alliés ont sans cesse tenté de mettre en cause des Noirs innocents en
établissant de fausses preuves et en sollicitant des faux témoignages par des
pots-de-vin, tandis que la rhétorique raciale que Frank et ses avocats
dirigeaient contre ces Noirs visaient à provoquer leur lynchage public.
Pourtant, malgré toutes les tentatives des partisans de Frank pour jouer sur le
racisme notoires des Blancs du Sud de cette époque, ces derniers ne se sont pas
laissés influencés, et Frank a été condamné à la peine de mort pour avoir violé
et assassiné cette jeune fille.
Supposons maintenant que tous les faits de cette célèbre affaire soient
inchangés, à l’exception de la judéité de Frank. Supposons qu’il fût un Blanc
non juif. Il est certain que le procès serait considéré comme l’un des
tournants décisifs de l’histoire américaine dans la lutte contre le racisme,
peut-être même éclipsant l’arrêt Brown vs.
Board en raison de l’ampleur du sentiment populaire, et on lui aurait donné
une place centrale dans tous nos manuels modernes. Frank, ses avocats et ses
importants bailleurs de fonds seraient probablement considérés comme la plus
ignoble bande de méchants racistes de toute l’histoire américaine pour leurs
tentatives répétées de fomenter le lynchage de divers Noirs innocents pour
sauver la peau d’un riche violeur et meurtrier blanc. Mais parce que Frank
était juif et non chrétien, cette histoire remarquable a été complètement
inversée pendant plus de cent ans par nos médias et notre historiographie à
prédominance juive.
Ce sont là des conséquences importantes du contrôle de la narration des
faits et du flux d’informations, qui permettent que des meurtriers soient
transformés en martyrs, et des crapules en héros. L’Anti-Defamation League a
été fondée il y a un peu plus d’un siècle avec pour objectif principal
d’empêcher qu’un violeur et meurtrier juif soit tenu légalement
responsable de ses crimes. Au fil des décennies, elle s’est transformée en une
force de police politique secrète, peu différente dans ses méthodes de
l’ancienne Stasi d’Allemagne de l’Est, mais avec pour objectif central de
maintenir un contrôle juif écrasant dans une société non-juive à 98%.
Nous devrions nous demander s’il est approprié qu’une organisation ayant de
telles origines et un tel passé bénéficie d’une influence énorme sur la
diffusion de l’information sur notre Internet.
Par Ron Unz – Le 15 octobre 2018 – Source Unz
Review
Source en français : le Saker
francophone
Lectures complémentaires:
- American Pravda : Oddities of the Jewish Religion
- Jewish History, Jewish Religion : The Weight of Three Thousand Years par Israel Shahak
- The Bloody Passovers of Dr. Toaff par Israel Shamir
- The International Jew par Henry Ford
- American Pravda : The Nature of Anti-Semitism
- Ron
Unz : La narration dominante de l'Holocauste est "substantiellement, sinon
totalement, fausse"
- Ron
Unz – Pourquoi on cache aux Juifs les raisons de l'antisémitisme
Les dessous du B’nai B’rith, la loge maçonnique exclusivement juive
Hannibal Genséric
Ce dossier magistral & passionnant jette un éclairage bienvenu sur les origines de l’Anti-Defamation League, cette infâmie qui ruine depuis des décennies tant de vies et de réputations à coups de mensonges et de procès coûteux (pour leurs victimes).
RépondreSupprimerLe fait que Ron Unz est été si peu inquiété pour ses prises de position donne à penser que le pouvoir de la Ligue diminue. Bonne nouvelle..
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