L’Iran est le principal rival régional d’Israël - mais ne
représente aucune menace pour l’État juif ni pour aucun autre pays.
Pendant des décennies, les régimes israéliens ont exhorté
Washington à faire la guerre à l'Iran, voulant que son principal rival régional
soit éliminé.
L’infâme document d’Oded Yinon de 1982 intitulé «Une
stratégie pour Israël dans les années 1980» expliquait le programme
d’action d’Israël de manière claire et sans équivoque. C’est une stratégie
régionale de division et de conquête nécessitant la participation active des
États-Unis. [1]
Le schéma a probablement été mis à jour plusieurs fois, l'objectif
étant inchangé, y compris un Israël plus grand au travers d'une carte
redessinée du Moyen-Orient.
Pour survivre, l'État juif estime qu'il doit dominer la région et
devenir une puissance mondiale.
Pour atteindre son objectif, il faut diviser les nations arabes en
plus petites nations selon des critères ethniques et sectaires en tant qu'États
clients satellites d'Israël, à l’image des
taïfas andalouses [2]
La guerre des Six jours d’Israël en 1967, la saisie de la
Cisjordanie, de Jérusalem-Est, du Golan syrien et du territoire libanais ont suivi
le plan.
Il en a été de même de son agression contre le Liban en 1978, 1982,
1993, 1996 et 2006, ainsi que de l’occupation du sud du pays jusqu’au fleuve
Litani, qui a duré 18 ans jusqu’au retrait en mai 2000.
Il détient toujours illégalement le village libanais
Ghajar-frontière avec le Golan, ainsi que Sheba Farms, une zone riche en eau de
12 km2 située à proximité du Golan syrien.
Le regretté Israël Shahak a déclaré que les plans israéliens
de contrôle régional suivaient les "idées géopolitiques (de)
1890-1933" allemandes, qui ont été développées par Hitler et le mouvement
nazi et qui ont déterminé leurs objectifs pour l'Europe de l'Est. " [3]
Yinon a qualifié tous les États arabes à l'est d'Israël "de
conflits internes" suggérant ainsi que tous ces états appartiennent à
Israël (Liban, Syrie, Irak, Jordanie). Il qualifie, sans d’ailleurs se tromper,
les Saoudiens et d'autres États du Golfe sont "construits sur une
délicate maison de sable dans laquelle il n'y a que du pétrole".
La Jordanie est en réalité la Palestine, Amman est identique à
Naplouse, ainsi que d’autres États arabes de la région, a-t-il déclaré.
Depuis sa révolution de 1979, l’Iran, est devenue la priorité (au
dessus de tous les autres États de la région), c'est-à-dire la principale cible
à éliminer.
Voir : Washington Urged by Israel to Bomb Iran. John
Kerry (Washington a exhorté Israël à bombarder l'Iran. John Kerry)
Aujourd’hui, une alliance israélo-saoudienne douteuse veut la
destruction de la République islamique, décrivant faussement le pays comme une
menace régionale.
Netanyahu ment à plusieurs reprises au sujet d'un programme
nucléaire iranien. Aucun n'existe. L’État
juif est la seule puissance nucléaire régionale armée et dangereuse, c’est
aussi le seul pays détenant des armes chimiques, biologiques et d’autres armes
terroristes interdites.
En novembre 2017, l'ancien secrétaire d'État du régime Obama, John
Kerry, avait déclaré qu'Israël, les Saoudiens et l'Égypte avaient poussé Obama
à bombarder l'Iran avant la conclusion de l'accord sur le nucléaire de JCPOA.
Netanyahu était «véritablement excité pour cette action», a
souligné Kerry, mais Israël souhaitait l'aide des États-Unis pour faire avancer
son programme hégémonique.
Après qu’Israël ait éliminé l'Irak (grâce à l’aide américaine) en
tant que rival régional, la Syrie était censée être la suivante, afin d’isoler
l'Iran, suivie d'un plan similaire aux révolutions de couleur et au Printemps
arabe visant à renverser le gouvernement iranien.
Les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. L’intervention
de la Russie pour aider Damas à lutter contre le terrorisme islamo-sunnite
(Frères Musulmans) soutenu par les États-Unis a transformé une défaite
quasi-certaine en un éventuel triomphe.
C’est peut-être pour cette raison que Trump (qui est sous une influence
juive extrémiste [4]) s’est retiré du JCPOA et a imposé à l’Iran les sanctions les plus sévères à l’égard de
son régime - il est peu probable qu’il réussisse comme prévu en raison de
l’opposition de la communauté mondiale.
Les extrémistes israéliens et américains recherchent des moyens de
provoquer l’Iran qui pourrait le conduire à un affrontement direct, un moyen de
reprocher ensuite à la République islamique d’avoir pris des mesures « terroristes ».
Les faux drapeaux et autres provocations similaires sont depuis
longtemps un moyen utilisé par les États-Unis, la France, la GB et Israël pour
déclencher des guerres.
Dimanche, le NYT a déclaré que «des officiers des renseignements
saoudiens proches du prince héritier, Mohammad bin Salman» étaient impliqués
dans un complot visant à assassiner des ennemis du royaume en 2017, dont le
commandant de la Force Qods iranienne, le général Qassem Soleimani.
Vouloir le tuer ou tenter de le tuer provoquerait sans aucun doute
des représailles de la part de l’Iran, qui serviraient peut-être de prétexte à
une confrontation militaire - possibilité d’une guerre à grande échelle, ce qu’Israël
et l’Arabie saoudite désiraient de longue date.
Si l’Iran ripostait militairement contre l’un ou l’autre pays,
Washington serait probablement amené à protéger ses alliés, les régimes de Ryadh
et de Tel-Aviv atteignant leurs objectifs longtemps recherchés.
Israël, les Saoudiens et Washington veulent que l’économie de
l’Iran soit sabotée - les sanctions les plus sévères jamais imposées par les
États-Unis.
Soleïmani est fortement impliqué dans l'aide à la Syrie et à l'Irak
pour lutter contre l'Etat islamique soutenu par les États-Unis et d'autres états
voyous européens.
Le « groupe d’action iranien » du régime Trump
s’attache à préparer un changement de régime.
Si les sanctions et autres efforts de déstabilisation échouent
comme chaque fois depuis près de 40 ans, c’est l’agression américaine qui suivra
- Israël réalisant ce qu’il cherchait depuis longtemps, indifférent au fait que
la guerre contre l’Iran pourrait affecter toute la région.
Si la Russie intervient comme en Syrie, une confrontation directe
avec Washington pourrait s'ensuivre, risquant ainsi une éventuelle guerre
mondiale avec des armes nucléaires, le scénario ultime du cauchemar.
Source : Israel’s Strategy for War on Iran. The “Greater Israel” Project. The
Dangers of an All Out Middle East War?
November 13,
2018
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NOTES
[2] Diviser pour régner
L'idée maîtresse du plan, qui est de balkaniser le Monde
Arabo-musulman « utile » est aujourd'hui ouvertement admise par des
membres ou des conseillers importants des gouvernements américain et israélien.
Cette politique du « diviser pour régner » nous rappelle une autre
période noire de notre histoire : c’est l’époque des taïfas andalouses
(1031 à 1492), qui annonçait l’élimination totale des arabo-berbères
d’Andalousie. Une taïfa (mot arabe) est un petit royaume andalou. Durant les périodes d'instabilité politique et
de décadence, l’Andalousie a été, sous les coups de boutoir des rois
catholiques espagnols, morcelée en plusieurs taïfas, sortes de micros émirats.
Le roitelet d’une taïfa est généralement faible et dépend de la protection d’un
suzerain catholique. Il est aussi souvent concurrent, voire ennemi, de ses
voisins musulmans. Les armées chrétiennes y
effectuent périodiquement des razzias pour
tirer butin, otages,
esclaves et imposer aux taïfas de payer un paria (tribut).
C'est ce que font les États-Unis avec les taïfas actuelles que sont les pays arabes du Golfe : ils les rançonnent en leur vendant chaque année, pour des milliards de dollars, des armes obsolètes qui vont soit pourrir dans le désert, soit utilisées pour tuer d'autres Arabes et d'autres musulmans. De cette manière, les États-Unis (donc Israël) gagnent sur tous les tableaux. Seuls la Syrie, l'Irak et l'Iran résistent.
Nous avions cité Israël Shahak :
L’article d’Oded
Yinon présente, me semble-t-il, de façon exacte et détaillée, le projet qui
est celui du régime sioniste actuel – le régime de Sharon
et Eytan – concernant le Moyen-Orient, à savoir la
division de la région en petits États, et le démantèlement de tous les États
arabes. Je voudrais, en guise de préambule, attirer l’attention du lecteur sur
quelques points :
1. L’idée
que tous les États arabes doivent être fragmentés en petites unités, par
l’œuvre d’Israël, est une idée récurrente dans la pensée stratégique
israélienne.
2. On
perçoit très clairement le lien étroit qui
existe entre ce projet et la pensée néo-conservatrice américaine,
particulièrement dans les notes de l’auteur pour son propre article. Mais, en
dépit d’une référence de pure forme à la « défense de l’Occident »
face au pouvoir soviétique, l’objectif réel de l’auteur, et du régime israélien
actuel, est bien clair : faire d’un
Israël impérialiste une puissance mondiale. En d’autres termes,
Sharon se propose de tromper les Américains après avoir joué le monde entier.
3. évidemment,
beaucoup de faits, dans les notes comme dans le texte même, sont falsifiés ou
omis, comme par exemple l’aide financière des États-Unis à Israël. D’autres
prétendus faits sont de pures inventions. Mais il ne faudrait pas pour autant
regarder ce projet comme dénué de toute portée pratique, ou irréalisable, au
moins à court terme. Le projet reproduit
fidèlement les théories « géopolitiques » qui avaient cours en
Allemagne dans les années 1890-1933, qui furent adoptées telles quelles
par Hitler et le nazisme, et qui guidèrent leur politique en Europe
de l’Est. Les objectifs fixés par ces théories, en particulier le démantèlement
des États existants, reçurent un début de réalisation
de 1939 à 1941, et seule une coalition à l’échelle mondiale en empêcha
l’application à long terme,
Par Israël Shahak,
13 juin 1982
Traduction et annotations/notes par Hannibal GENSERIC
C'est bien beau tout cela, mais les Iraniens ne sont pas des kons d'Arabes ,a la façon des Libyens ?
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