Dans un article, publié le 19 septembre sur le site
web russe Russia Insider, Simon Watkins écrit :
« La semaine dernière, un événement ayant eu
lieu en Irak a été presque négligé par la presse mondiale : Stroytransgaz
a signé un contrat préliminaire avec le ministère irakien du Pétrole, un
contrat qui permet à la compagnie de mener des explorations pétrolières et
gazières dans la province d'al-Anbar, sous le nez des États-Unis, une
quasi-révolution qui n'aurait été possible sans la montée en puissance de la
Résistance. C'est un peu comme au Liban où l'entrée en scène politique du
Hezbollah a littéralement changé la donne gazière, en en éloignant la mainmise
américaine. »
Et l'article de poursuivre :
« La discrétion médiatique l'émergence du facteur
russe dans le secteur gazier irakien n’est pas surprenante puisque
Stroytransgaz est une société pétrolière et gazière russe presque inconnue -
sauf que l'Office of Foreign Assets Control américain l'a largement
sanctionnée en 2014. L'information est passée inaperçue par les médias aussi
parce qu’al-Anbar est presque une terre en friche en matière de pétrole et de
gaz.
Ceci dit, cette petite annonce est une manifestation
de la stratégie clé de la Russie - aux côtés de la Chine - visant à s’infiltrer
via le corridor iranien dans une grande partie du Moyen-Orient, et ce, au
moment où les États-Unis focalisent toute leur attention sur l’Iran.
Le potentiel en pétrole et en gaz du bloc 17
à al-Anbar ne s’imposerait pas en tête de la liste des perspectives de
développement du pays, des études préliminaires ayant montré qu'il disposait
d’une quantité de gaz équivalant à quatre milliards de barils de pétrole
au maximum, ou bien de deux milliards de barils ou encore, peut-être beaucoup
moins que cela.
En outre, tout le gaz (ou pétrole) de ce bloc
s’étend sur plus de 12 000 km² de terres rocheuses et arides ou
désertiques. Pire encore, cette friche généralement anarchique est la cible des
ingérences US qui poussent à des violences tribales. Le bloc 17 se situe
non loin de Ramadi, de Haditha et de Falloujah où les troupes US sont
toujours à la manœuvre. Ceci dit, les Américains ne s'en approchent pas.
Le bloc 17 se trouve en plein milieu de nulle part, la où personne ne
voudrait aller, en particulier les Américains - au centre de ce que l'armée
américaine appelle “la colonne vertébrale” de Daech où l'Euphrate se dirige
vers l'ouest en Syrie et vers l'est dans le golfe Persique, non loin de la
frontière iranienne, a déclaré à OilPrice.com une source proche du ministère
iranien du Pétrole. Mais c'est là ce qui fait sa richesse, sa particularité et
son attrait pour la Russie.
“Les villes historiques, ultranationalistes et
ultra-antioccidentales de Falloujah, de Ramadi, de Hit et de Haditha se situent
le long de cette ‘colonne vertébrale’, qui va droit vers la Syrie en
passant par les principaux ports stratégiques syriens à savoir Banias et
Tartous, lesquels sont extrêmement importants pour les Russes. Et bien là,
il y a un signe bien clair et à ne pas renier. En dépit des agissements de ces
dernières semaines des Américains et des Israéliens, le système d'oléoduc et
de gazoduc Iran-Irak-Syrie est en train de se mettre en place. C'est ce
qui a été décidé, en juillet dernier, juste après le retrait des États-Unis du
PGAC [accord nucléaire de 2015]. Or, c'est l'Iran qui a agi en élément
moteur et ce qui l'a poussé à agir ainsi, c'est qu’il ne pouvait pas faire
confiance aux États-Unis, étant donné les caprices apparents de ses
personnalités politiques. Ce faisant, l'Iran s'est offert une voie alternative
de transit de son pétrole, si le détroit d'Hormuz venait à être bloqué et il en
fait bénéficier ses alliés irakien et syrien, mais aussi la Russie et la
Chine.”
Et l'article d'ajouter : “L’Iran ne croyait pas
vraiment qu’un nouveau président [américain] révoquerait tous les efforts
effectués par son prédécesseur sur le PGAC, quelle que soit l’animosité
personnelle en cause, jusqu’à ce que cet événement ait eu finalement lieu. Là,
l’Iran s’est décidé à ne plus prendre aucun risque : on a donc avancé
l’idée d’un nouvel itinéraire qui contournera le détroit d’Hormuz et qui pourra
aller directement au sud de l’Europe ou ailleurs”, a déclaré la source à
OilPrice.com.
L’Irak a une motivation similaire pour permettre au
pipeline de traverser son territoire. En effet, l’Irak reste méfiant vis-à-vis
des États-Unis non seulement en raison des deux invasions américaines en 1991
et en 2003 et de l’occupation de ses terres par les forces US, mais aussi en
raison de la manière dont les Américains traitent le dossier des Kurdes dans le
Nord.
“Tout le monde sait que les États-Unis ont promis au
gouvernement de la région semi-autonome du Kurdistan une indépendance complète
en échange de son armée de Peshmerga qui a combattu sur le terrain contre
Daech. C’est précisément ce qui fait peur au gouvernement de Bagdad d'autant
plus que plus de 90 % de ces Kurdes ont voté pour l'indépendance du
Kurdistan d'Irak en septembre 2017”, a déclaré la source iranienne.
Pour la Russie, les choses ne pourraient pas aller
mieux, les États-Unis s'étant éloignés de l'Iran et de l'Irak, à la fois par
l'occupation de l'Irak et par les sanctions imposées à l'Iran. Aux dernières
nouvelles, le Premier ministre irakien, Adel Abdel al-Mahdi vient de
donner son feu vert officiel à l'ouverture du point de passage Qaem/Abou-Kamal.
Les frappes US/Israël contre les positions des Hachd al-Chaabi n'ayant pas
visiblement fait grand-chose, le PM a donné un ordre explicité pour que ce
point de passage, prélude à la mise en place du pipeline de la “Résistance”,
soit rouvert, après sept ans de fermeture. Al-Sumaria, évoque le
transit de passage et des marchandises, mais tout le monde sait que cette
stratégique voie de transit vaut beaucoup plus...
Lattaquié/Tartous: la
Russie harcelée
Que passe-t-il à Tartous, port stratégique syrien qui
abrite la base navale russe ?
Le 25 septembre, le journal en ligne libanais, al-Masdar
News faisait état du vol d'un avion-espion israélien qui s'était
approché de la base en question. L'engin aurait été un Nahshon-Eitam de
l'armée de l'air israélienne, équipé du système de radar multibande AESA, soit
un système spécialisé dans la cyberguerre. L'avion sert aussi d'appareil
de surveillance. Après avoir déclenché une longue cyber bataille contre la base
aérienne russe à Lattaquié dans le strict objectif de contrer
les batteries de missiles antimissiles S-300 et S-400, les USA, Israël et l'OTAN
s'aventurent non loin de la base navale russe. S'il est vrai que la
réaction russe ne s'est pas fait attendre, on tend à se demander pourquoi ces
assauts récurrents contre les bases russes.
Deux sous-marins et deux navires de la marine
russe viennent d'arriver cette
semaine à leur base navale à Tartous comme pour consolider les positions russes
dans un contexte jusqu'ici inédit, les USA ayant relativement préservé les
sites russes de leurs opérations. Selon l'agence de presse russe Interfax
qui cite le capitaine Sergei Tronev, un commandant de la
marine russe, "vendredi un sous-marin russe en mission depuis trois
semaines, a accosté à Tartous alors qu'au moins six autres navires et
sous-marins sont déjà présents sur la base navale".
Pour les observateurs, les agissements
anti-russes autour de la base navale de Tartous ou la base aérienne de Hmeimim
à Lattaquié ne sont pas étrangers au projet américano-otanien dans le nord
de la Syrie. Ce vendredi, et alors que ces derniers jours les terroristes
actifs à Lattaquié qui sont à l'origine des frappes au drone et au missile
fréquentes contre Hmeimim, sont violemment frappés par l'armée syrienne et la
Russie, Washington et Paris ont accusé Damas d'avoir eu recours à des
armes chimiques. Cette énième accusation non fondée contre l'armée syrienne est
formulée sur fond d'un retrait significatif des terroristes du Parti du
Turkestan (PIT) et de ceux de Hayat Tahrir al-Cham, à Kabani situé à
Lattaquié, et ce, sous les frappes intenses syro-russes. C'est
effectivement à partir de ces hauteurs que ces terroristes qaïdistes lancent
leurs frappes au drone contre les positions de l'armée syrienne, mais aussi
contre la base aérienne russe.
Dans le sud d'Idlib, les forces syriennes ont mis la
main mercredi sur un impressionnant stock d'armes terroristes avec entre autres
des dizaines de drones de
fabrication américaine. Si les USA accusent à nouveau l'armée syrienne,
c'est qu'ils s'inquiètent de voir Lattaquié et par conséquent le littoral
syrien être définitivement sécurisés, ce qui signifierait une totale ouverture
des ports syriens au monde extérieur. Mais il y a plus : depuis que les USA ont
réussi à implanter à l'aide de la Turquie des dizaines de bases militaires au
Nord-Est syrien et à créer une zone tampon au Nord-Ouest, le gros de leurs efforts
consiste à couper l'herbe sous les pieds des Russes. Vendredi, des
dizaines de véhicules US entraient depuis l'Irak en Syrie, bourrés d'armes et
de munitions...
Source : Pars Today
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires hors sujet, ou comportant des attaques personnelles ou des insultes seront supprimés. Les auteurs des écrits publiés en sont les seuls responsables. Leur contenu n'engage pas la responsabilité de ce blog ou de Hannibal Genséric.