dimanche 8 septembre 2019

Qatar : liaisons dangereuses avec le financement islamiste.


Le Qatar offre une grande visibilité dans les domaines de la communication et du sport. L’état qatari est également connu pour ses capacités d’investissements commerciaux et industriels. Moins visibles sont ses actions dans le financement de l’action politico-religieuse. Voici un point sur les dernières informations dans ce domaine. Par Gérard Vespierre, chercheur associé à la Fondation d’études pour le Moyen-Orient, la FEMO (*).

L’émirat du Qatar est souvent évoqué dans l’organisation de la Coupe du Monde de Football 2022. Son nom revient aussi en tant que propriétaire du Paris Saint-Germain (PSG) par l’intermédiaire de son fonds, Qatar Investment Sports.
Cette organisation de la coupe du monde suscite débats et controverse. Les mauvais traitements infligés à la main d’œuvre ouvrière venue d’Asie du Sud-Est en sont une illustration. Président du PSG, Nasser Al-Khelaifi, également président de Bein Sport, a beaucoup surpris quand il a été mis en examen pour corruption active, dans l’attribution des Mondiaux d’athlétisme de 2017…
L’enquête de Christian Chesnot et Georges Malbrunot
Mais il y a des sujets, concernant le Qatar dont on parle moins. Celui par exemple de son soutien, régulier et documenté, à des organisations islamiques européennes très éloignées des valeurs de nos démocraties libérales. [C’est aussi le principal soutien politique et financier des Frères Musulmans, dont Ennahdha est le prototype au Tunistan, ex  Tunisie. Dès que celle-ci a eu le pouvoir après le coup d’état impérialiste sioniste islamiste dénommé Printemps Arabe, Ennahdha a vite fait de vendre les « joyaux de la couronne » au Qatar. En contre-partie, le Qatar déverse tout l’argent nécessaire pour qu’Ennahdha achète le vote des « déplorables », c'est-à-dire les malheureux qui, pour un sandwich ou une cigarette, sont prêts à vendre leur âme aux « représentants d’Allah et de son Prophète »].
Ce sujet est l’objet d’un livre d’enquête de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, qui appelle non pas à la condamnation de ces organisations mais à leur contrôle, notamment l’alimentation des institutions musulmanes européennes en fonds étrangers. Malgré cette mise en alerte, beaucoup de faits récents sont passés sous silence.
L’étude du Times
On a appris il y a quelques semaines qu’un attentat perpétré en Somalie, aurait été commis par des terroristes soutenus par le Qatar. The Times a publié le 5 août une étude approfondie révélant que la banque Al Rayan, possédée à 70% par des institutions qataries, finance des organisations islamiques anglaises peu fréquentables.
Cet article indique qu’un certain nombre d’organisations sponsorisées par Al Rayan Bank ont vu leurs comptes fermés par les banques traditionnelles telles que Barclays, Lloyds, HSBC ou Natwest. Plus grave, certaines de ces organisations sont maintenant bannies des États-Unis. C’est le cas d’Interparl, soupçonnée d’entretenir d’étroits liens avec le Hamas. [Au Tunistan, les faits infirment ce qui précède. Le premier ministre, Youssef Chahed, a été mis en place conjointement par les États-Unis et par les Frères Musulmans . Voir : Tunistan. Un fonctionnaire américain devient Premier ministre ]
En fait, ce journal anglais nous apprend que nombre de ces associations flirtent avec la ligne rouge. Par exemple Le Islamic Forum Trust serait issu d’un mouvement cherchant à imposer un ordre islamique politique et social en Europe en renversant les « infrastructures sociétales, institutionnelles et culturelles ».
La Mosquée de Londres-Est accueille de sulfureux intervenants comme Haitham al-Haddad, un universitaire salafiste connu pour ses vues homophobes, racistes et suprémacistes. Quant à Peace TV, un autre client de Al Rayan Bank, elle est dirigée par un prédicateur répandant la haine, interdit de territoire au Royaume-Uni, pour avoir proclamé que « tous les musulmans doivent être terroristes ».
L’ancien directeur général de l’Islamic Forum Trust, Sultan Choudhury, n’était autre que le directeur de la branche britannique d’un institut religieux dont les porte-parole et professeurs défendent publiquement le mariage mineur, ou la peine de mort pour adultère ou apostasie.
Ce que rapporte The Telegraph
Plus récemment et toujours venant de Londres, le journal The Telegraph a révélé que la commission de surveillance des associations caritatives avait épinglé dans son rapport l’organisme Qatar Charity UK qui reçoit 98% de ses fonds de QCQ (Qatar Charity Qatar) considérée par ses voisins du Golfe comme une organisation terroriste.
Qatar Charity UK distribue annuellement des millions de Livres Sterling aux mosquées en Grande-Bretagne. Tous ses gestionnaires sont liés à QCQ et trois d’entre eux sont directement payés par QCQ.
Qatar Charity UK a changé de nom en 2017, mais a quand même reçu 28 millions de Livres de QCQ en 2017 avant que ces versements baissent drastiquement.
Ce même journal avait déjà révélé en 2017 que le dirigeant de l’association anglaise était un officiel qatari créateur d’un site web appelant à la haine contre les juifs et les chrétiens… ! QCQ fait partie d’une douzaine d’organisations considérées par l’Arabie Saoudite et des alliés comme soutenant le terrorisme.
Surveiller les investissements du 7e pays le plus riche du monde
Les liens historiques de la Grande-Bretagne avec tous les pays de la péninsule arabique donnent à notre voisin une position privilégiée dans le recueil d’informations sensibles issues de cette région.
Ces révélations parues en Grande-Bretagne mettent en lumière un phénomène qui ne se cantonne pas au territoire anglais, mais s’étend à l’Europe. Le Qatar, classé en 2018 par le FMI le 7e pays le plus riche du monde en PIB par habitant, investit directement ou indirectement dans des organisations islamiques dans de nombreux pays européens. Loin des discours alarmistes qui tombent souvent dans l’islamophobie, il est important de prendre connaissance de cette stratégie, et de l’encadrer.
Veut-on que des fonds venant du Maghreb ou du Golfe Persique affluent vers les mosquées et associations islamiques européennes, et en écrivent le discours ? Cela n’est pas souhaitable. Il est donc temps qu’un contrôle plus strict soit mis en place, à l’échelle nationale et européenne. Il est nécessaire que les annonces récentes du Président Macron soient suivies d’actions concrètes.
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L’AUTEUR
Gérard Vespierre, est chercheur associé à la Fondation d’études pour le Moyen-Orient (FEMO), président de Strategic Conseils, ainsi que rédacteur du site www.le-monde-decrypte.com
Source : La Tribune, Gérard Vespierre 25-08-2019

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