Le Qatar offre une grande visibilité dans
les domaines de la communication et du sport. L’état qatari est également connu
pour ses capacités d’investissements commerciaux et industriels. Moins visibles
sont ses actions dans le financement de l’action politico-religieuse. Voici un
point sur les dernières informations dans ce domaine. Par Gérard Vespierre, chercheur associé à
la Fondation d’études pour le Moyen-Orient, la FEMO (*).
L’émirat du Qatar est souvent évoqué dans
l’organisation de la Coupe du Monde de Football 2022. Son nom revient aussi en
tant que propriétaire du Paris Saint-Germain (PSG) par l’intermédiaire de son
fonds, Qatar Investment Sports.
Cette organisation de la coupe du monde suscite débats
et controverse. Les mauvais traitements
infligés à la main d’œuvre ouvrière venue d’Asie du Sud-Est en sont
une illustration. Président du PSG, Nasser Al-Khelaifi, également
président de Bein Sport, a beaucoup surpris quand il a été mis en examen pour
corruption active, dans l’attribution des Mondiaux d’athlétisme de 2017…
L’enquête de Christian Chesnot et Georges Malbrunot
Mais il
y a des sujets, concernant le Qatar dont on parle moins. Celui par exemple de
son soutien, régulier et documenté, à des organisations islamiques européennes
très éloignées des valeurs de nos démocraties libérales. [C’est aussi le principal soutien politique et financier
des Frères Musulmans, dont Ennahdha est le prototype au Tunistan, ex Tunisie. Dès que celle-ci a eu le pouvoir
après le coup d’état impérialiste sioniste islamiste dénommé Printemps Arabe,
Ennahdha a vite fait de vendre les « joyaux de la couronne » au
Qatar. En contre-partie, le Qatar déverse tout l’argent nécessaire pour qu’Ennahdha
achète le vote des « déplorables », c'est-à-dire les malheureux qui,
pour un sandwich ou une cigarette, sont prêts à vendre leur âme aux « représentants
d’Allah et de son Prophète »].
Ce sujet
est l’objet d’un livre d’enquête de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, qui
appelle non pas à la condamnation de ces organisations mais à leur contrôle,
notamment l’alimentation des institutions musulmanes européennes en fonds
étrangers. Malgré cette mise en alerte, beaucoup de faits récents sont passés
sous silence.
L’étude du Times
On a
appris il y a quelques semaines qu’un attentat perpétré en Somalie, aurait été
commis par des
terroristes soutenus par le Qatar. The Times a publié le 5 août une
étude approfondie révélant que la banque Al Rayan, possédée à 70% par des institutions qataries,
finance des organisations islamiques anglaises peu fréquentables.
Cet article
indique qu’un certain nombre d’organisations sponsorisées par Al Rayan Bank
ont vu leurs comptes fermés par les banques traditionnelles telles que
Barclays, Lloyds, HSBC ou Natwest. Plus grave, certaines de ces organisations
sont maintenant bannies des États-Unis. C’est le cas d’Interparl, soupçonnée
d’entretenir d’étroits liens avec le Hamas. [Au
Tunistan, les faits infirment ce qui précède. Le premier ministre, Youssef
Chahed, a été mis en place conjointement par les États-Unis et par les Frères
Musulmans . Voir : Tunistan.
Un fonctionnaire américain devient Premier ministre ]
En fait,
ce journal anglais nous apprend que nombre de ces associations flirtent avec la
ligne rouge. Par exemple Le Islamic Forum Trust serait issu d’un
mouvement cherchant à imposer un ordre islamique politique et social en Europe
en renversant les « infrastructures sociétales, institutionnelles et
culturelles ».
La
Mosquée de Londres-Est accueille de sulfureux intervenants comme Haitham
al-Haddad, un universitaire salafiste connu pour ses vues homophobes,
racistes et suprémacistes. Quant à Peace TV, un autre client de
Al Rayan Bank, elle est dirigée par un prédicateur répandant la haine, interdit
de territoire au Royaume-Uni, pour avoir proclamé que « tous les musulmans doivent
être terroristes ».
L’ancien
directeur général de l’Islamic Forum Trust, Sultan Choudhury, n’était autre
que le directeur de la branche britannique d’un institut religieux dont les
porte-parole et professeurs défendent publiquement le mariage mineur, ou
la peine de mort pour adultère ou apostasie.
Ce que rapporte The Telegraph
Plus
récemment et toujours venant de Londres, le journal The Telegraph a révélé que la
commission de surveillance des associations caritatives avait épinglé dans son
rapport l’organisme Qatar Charity UK qui reçoit 98% de ses fonds de QCQ (Qatar
Charity Qatar) considérée par ses voisins du Golfe comme une organisation
terroriste.
Qatar
Charity UK distribue annuellement des millions de Livres Sterling aux mosquées
en Grande-Bretagne. Tous ses gestionnaires sont liés à QCQ et trois d’entre eux
sont directement payés par QCQ.
Qatar
Charity UK a changé de nom en 2017, mais a quand même reçu 28 millions de
Livres de QCQ en 2017 avant que ces versements baissent drastiquement.
Ce même
journal avait déjà révélé en 2017 que le dirigeant de l’association anglaise
était un officiel qatari créateur d’un site web appelant à la haine contre les
juifs et les chrétiens… ! QCQ fait partie d’une douzaine d’organisations
considérées par l’Arabie Saoudite et des alliés comme soutenant le terrorisme.
Surveiller les investissements du 7e pays le plus riche du monde
Les
liens historiques de la Grande-Bretagne avec tous les pays de la péninsule
arabique donnent à notre voisin une position privilégiée dans le recueil
d’informations sensibles issues de cette région.
Ces
révélations parues en Grande-Bretagne mettent en lumière un phénomène qui ne se
cantonne pas au territoire anglais, mais s’étend à l’Europe. Le Qatar, classé
en 2018 par le FMI le 7e pays le plus riche du monde en PIB par habitant,
investit directement ou indirectement dans des organisations islamiques dans de
nombreux pays européens. Loin des discours alarmistes qui tombent souvent dans
l’islamophobie, il est important de prendre connaissance de cette stratégie, et
de l’encadrer.
Veut-on
que des fonds venant du Maghreb ou du Golfe Persique affluent vers les mosquées
et associations islamiques européennes, et en écrivent le discours ? Cela n’est
pas souhaitable. Il est donc temps qu’un contrôle plus strict soit mis en
place, à l’échelle nationale et européenne. Il est nécessaire que les annonces
récentes du Président Macron soient suivies d’actions concrètes.
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L’AUTEUR
Gérard
Vespierre, est chercheur associé à la Fondation d’études
pour le Moyen-Orient (FEMO), président de Strategic Conseils, ainsi que
rédacteur du site www.le-monde-decrypte.com
Source :
La Tribune, Gérard Vespierre 25-08-2019
VOIR AUSSI :
Les notes dans cette couleur sont d'Hannibal Genséric
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