Normalement cette nouvelle devrait aller dans une des
rubriques générales du site, du fait que toute l’affaire de l’attaque contre
Aramco a été prise en charge de cette façon. Mais le dérisoire commande,
et l’humour
involontaire règne. Je veux parler de la “riposte”
américaniste à l’attaque, décidée dans le cours de la consultation de Leurs
Majestés golfiques et saoudiennes diverses par le diplomate hors-pair qu’est
Mike Pompeo.
« Le 19 septembre, le WSJ a rapporté que le
Pentagone, et en particulier le Général Kenneth Mackenzie, Commandant en chef
du CENTCOM, avait demandé le déploiement de trois autres batteries Patriot en
Arabie Saoudite, en plus des avions de combat F-22 Raptor supplémentaires [déjà
annoncés avant l’attaque].
» Parce que les
batteries de missiles Patriot actuelles font un merveilleux ‘job’.
» Le déploiement comprend également
d'éventuelles capacités de surveillance supplémentaires dans la région.
» Pour sa part, Fox News a largement rapporté
les mêmes nouvelles, citant en outre une source anonyme qui affirmait que si
plus de personnel était déployé, ce ne serait que “quelques centaines”, puisque
le Moyen-Orient accueille déjà environ 70.000 soldats américains, de toutes les
façons. »
La chose a été prise au sérieux dans la presseSystème
US, dans une atmosphère de complète zombification de toute appréciation
critique. Les monarchies golfiques, par contre, ont montré beaucoup moins
d’enthousiasme et même, dans certains cas, une franche hostilité.
En témoigne indirectement cette présentation de SouthFront.org, qui reprend sur un
ton moqueur et acerbe la présentation générale des événements, où l’on
voit Pompeo adopter soudainement un ton beaucoup plus, et même incroyablement
plus conciliant, presque sur le ton d’une brebis nullement galeuse mais
devenue pacifiste, après avoir bouclé ses visites de la région par celle qu’il
a rendue au cheikh et Prince héritier MbZ (Mohammed bin Zayed) d’Abou
Dhabi.
Tous ses interlocuteurs royaux, devant l’énormité
gargantuesque de l’engagement US à les défendre après le succès pantagruélique
des défenses contre l’attaque d’Aramco, demandent sèchement et fermement aux émissaires US de n’agacer en
rien désormais les Iraniens contre lesquels ils (les USA) ne semblent
vraiment pas pouvoir ni vouloir grand’chose. La coalition anti-Iran que Pompeo
annonce depuis plusieurs mois ne ferait pas de mal à une mouche saoudienne, et
il s’agit désormais quasi-officiellement d’une complète fiction trumpiste qui n’intéresse plus
personne. Il ne
semble pas que l’administration Trump se soit fait beaucoup d’amis dans les monarchies golfiques
après l’attaque d’Aramco.
« Le ton a changé après avoir rencontré le
prince héritier d'Abu Dhabi, Mohammed bin Zayed Al Nahyan. Interrogé sur les
commentaires que le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif a
faits plus tôt dans la journée, Pompeo a cherché à minimiser la gravité de la
situation.
» “Je suis venu ici pour une mission
diplomatique. Alors que le ministre des Affaires étrangères de l'Iran menace de
mener une guerre totale et de se battre jusqu'au dernier Américain, nous sommes
ici pour mettre sur pied une coalition visant à parvenir à la paix et à un
règlement pacifique de la question”, a dit la secrétaire d'État. “C'est
ma mission, ce que le Président Trump veut certainement que je m'efforce d'accomplir,
et j'espère que la République islamique d'Iran voit les choses de la même
façon. Il n'y a aucune preuve de cela dans sa déclaration, mais j'espère que
c'est le cas.”
» “Le président nous a ordonné de continuer à
les empêcher d'avoir la capacité de soutenir le Hezbollah, les milices chiites
en Irak, leur propre programme de missiles, tout ce qu'ils ont fait pour
représenter une menace pour le monde, c'est la mission que nous nous sommes
fixée avec nos sanctions économiques,” a-t-il dit.
Il est vrai que, malgré notre cuir tanné par des
années sinon des décennies de montages et de mensonges américanistes, je me
trouve encore une fois pris de court par la stupéfaction avec cette affaire,
sur ce point particulier, qui n’est rien de moins qu’un nouveau sommet plus
haut que tous les précédents d’inconscience et
d’inconséquence américanistes. La
seule explication qui vaille, à mon sens, est celle de la plus complète indifférence de
Trump à ces affaires du Moyen-Orient, et celles de politique
étrangère en général, mis à part les $milliards
qu’il peut extorquer des Saoudiens, des Sud-Coréens, des Polonais, etc.,
en leur refilant la camelote de Raytheon et la
quincaillerie de Lockheed-Martin. Le fait de présenter un Pompeo avec
trois batteries de Patriot dans sa besace comme principale
“riposte” à l’attaque du 14 septembre serait perçu, dans un autre monde que le
postmoderne trumpiste, comme une insulte
jetée à la face de MbS et de toute sa bande. Peut-être même
l’a-t-il été effectivement comme tel en même temps que la démonstration ultime
et catastrophique de l’impuissance US, et peut-être même que les éminences des
royaumes font marcher le téléphone arabe de la diplomatie secrète à destination
de Téhéran, pour tenter de trouver quelque chose comme un terrain d’entente.
Il faut absolument revenir et insister, encore et
encore, pour sembler y comprendre quelque chose, sur l’extraordinaire
impuissance psychologique de l’américanisme. Je parle ici de l’absence
totale d’empathie, qui concerne d’ailleurs (pour prolonger la citation
ci-dessous) aussi bien l’impuissance à se mettre à la place de ses
“alliés” qu’à celle de ses “ennemis” ; ce manque, ce vide, ce “trou”
même comme une déchirure et une béance mortelle dans la psychologie est sans
aucun doute le fondement de ce en quoi la psychologie de l’américanisme est une
chose catastrophique, de sa cruauté extrême, de son inhumanité foncière, de sa
capacité de triompher injustement lorsque les dieux en fer-blanc ont été
suffisamment corrompues, et de s’engager vers un effondrement suicidaire
lorsque les dieux ont décidé qu’ils en avaient marre, – comme les monarques du
Golfe pour le coup :
« Le plus dramatique dans ce constat est
évidemment ce qui se dit de plus en plus, et qui constitue l’élément
fondamental de la psychologie de l’américanisme, cette impuissance totale de
l’américanisme pour l’empathie, y compris et surtout cette absence complète
d’empathie objective (se mettre à la place de l’autre pour mieux le
comprendre) pour comprendre ce qui se passe dans “l’esprit” de l’adversaire.
Crooke/Porther le disent précisément : “ ...la capacité de Washington
de comprendre, ou de ‘bien lire’ dans ‘l’esprit’ de ses ennemis semble avoir
été en quelque sorte perdue, – par impuissance de Washington à éprouver quelque
empathie que ce soit pour “l’altérité” (iranienne, chinoise ou russe). ”
Nous serions tentés de proposer une nuance, de taille au demeurant : cette
capacité n’a pas été ‘perdue’, parce que, selon ce que nous croyons de la
psychologie de l’américanisme faite d’inculpabilité
et d’indéfectibilité et ainsi si parfaitement spécifique, cette
capacité n’a jamais existé dans cette psychologie ; la raison étant
simplement que, pour la psychologie américaniste et donc exceptionnaliste, l’‘autre’
ne peut exister sinon bien entendu à être aussitôt gobé et digéré subito
presto par l'américanisme. »
Cette situation est extrêmement sérieuse et
préoccupante, et cette chute des zombies américanistes l’est encore bien plus,
bien réelle, bien considérable, emportée dans un tourbillon
(“tourbillon crisique” dirais-je) qu’elle a elle-même créé. Ces gens sont
désormais dans un autre monde, dans une simulation d’un autre monde,
dans leur simulacre crevé de toutes parts, réparé par du sparadrap usagé,
du chewing-gum pré-mâché, des rames collantes de billets de
banques fraîchement imprimés et même pas massicotés tant plus personne n’y
croit. La puissance américaniste ressemble à un champ de fauteuils-transat
glissant n’importe comment sur le pont du Titanic à mesure de
l’inclinaison de la chose, et où plus personne ne daigne poser son séant.
J’écrirais bien “Gone with the Wind” pour
terminer sur un bon mot mais même le vent n’en veut plus. Alors, qu’ils aillent
au Diable ? Le Diable n’en rit même plus et son accueil sera plutôt frais…
Commentaire
Six jours après l’attaque
terriblement efficace contre les installations de l’Aramco le 14 septembre et
l’absence de riposte du Système qui aurait dû immédiatement sanctionner ce
crime de lèse-majesté, le paysage commence à s’éclaircir. Il s’agit d’une défaite majeure pour le
Système ; peut-être pas encore Waterloo mais au moins la
Bérézina qui ouvre irrésistiblement la voie la voie à Waterloo, tout cela très
rapide parce que le temps historique devenu métahistorique pourrait être, dans
certaines circonstances, bien plus rapide qu’en 1813-1815.
Ce qui est caractéristique de notre
époque complètement encalminée dans les illusions technologiques de la
postmodernité est ce fait remarquable : ce que nous classons comme une
grande date métahistorique, l’attaque contre Aramco, est complètement dépendant des performances et
contre-performances de la ferraille technologique dont le
Système et son serviteur américaniste sont si complètement férus, et s’avèrent
pourtant si complètement les prisonniers à vie et jusqu’à la mort. En effet,
l’attaque d’Aramco tend désormais à être unanimement appréciée en termes de
ferraille technologique ; en d’autres mots : pourquoi le Parrain américaniste, en termes mafieux s’entend,
n’a-t-il rien fait pour prévenir et contrer décisivement l’attaque, et ainsi
sauver son valet saoudien ?
Réponse du ministère de la défense russe,
d’habitude très peu expansif mais qui , cette fois, sort
de sa réserve : « Après
l'attaque contre Saudi Aramco, un responsable du ministère russe de la Défense
a déclaré que le système Patriot n'était pas conforme aux caractéristiques
déclarées.
DeDefensa.org
Regardez cette vidéo sympa qui explique ce qui se passe dans la têtes de nos chers cousins américains complètement psychotiques.
RépondreSupprimerhttps://youtu.be/etvPGe22Cfg