Un fort courant de changement affecte la scène politique internationale.
C'est le début d'une révolution provoquée par le passage d'un ordre
mondial unipolaire à un ordre multipolaire. En pratique, nous
sommes confrontés à la combinaison de plusieurs facteurs, notamment :
-
l’application par Washington de forts droits de douane sur les exportations
chinoises et européennes,
-
les sanctions imposées à l’Iran,
-
l’autosuffisance énergétique des États-Unis,
-
la vulnérabilité des installations industrielles saoudiennes ;
- la capacité de l’Iran à résister aux attaques américaines. ainsi que ses
capacités d’exportation de grandes quantités de gaz et de pétrole vers la
Chine.
Tout cela converge vers le même un facteur, à savoir la baisse imminente du dollar américain en
tant que monnaie de réserve mondiale.
Nous avons récemment assisté, presque quotidiennement, à des
événements d'une importance considérable au Moyen-Orient,. Les tensions entre
Washington et Téhéran sont principalement alimentées par le besoin du
gouvernement Trump d’apaiser une grande partie de l’État profond américain, fortement
lié aux néocons, qui exécutent les ordres que leur donnent les juifs sionistes qui
financent Trump, ainsi que les ordres
venant des crypto-juifs wahhabites d’Arabie saoudite. Tout ce monde ne roule
que pour l’extrême droite sioniste israélienne.
La politique agressive à l'égard de Téhéran, qui consiste en des
provocations et des faux drapeaux, n’a fait que précipiter le désastre pour les
relations publiques et pour le complexe militaro-industriel des États-Unis, comme
je l’avais prévu depuis des années.
L’attaque par les Houthis Yéménites de deux installations
pétrolières majeures du Royaume d’Arabie saoudite, a révélé les faiblesses des
très coûteux systèmes américains Patriot de défense aérienne.
Cette attaque a profondément choqué les décideurs du monde entier
en démontrant à quel point les moyens de guerre asymétriques à faible coût
pouvaient être efficaces au-delà de toutes les attentes, leur permettant
d'infliger des milliards de dollars de dégâts en dépensant quelques milliers de
dollars seulement. L'ampleur réelle des dégâts causés par l'attaque contre les
Houthis reste inconnue, avec une Aramco s'efforçant de fournir des informations
officielles plus ou moins crédibles.
L'attaque a interrompu plus de 50% de la production pétrolière, et des
informations non confirmées suggèrent que Riyad aurait peut-être besoin
d'importer des quantités considérables de pétrole d'Irak.
Comme si ce scénario ne suffisait pas à compliquer les plans de
survie de la dynastie saoudienne, Israël, le lobby juif et les néoconservateurs
font le forcing pour une attaque américaine armée contre Téhéran, avec l’Arabie saoudite supportant la plus grande
partie du coût. Mais la famille des Saoud,
consciente des capacités militaires iraniennes, et de la faiblesse de ses
défenses, semble avoir adouci son ton belligérant contre l'Iran.
Dans cette situation déjà instable au Moyen-Orient et qui risque de
provoquer une conflagration incontrôlable, les risques pour les Saoudiens sont
bien clairs et peut-être aussi trop bien connus de ceux-ci. Le royaume saoudien
existe dans des conditions précaires, sachant qu’il ne tient sa population que
dans la mesure où il lui assure le bien-être. Si une guerre aboutissait à des
morts, à la destruction et à l'appauvrissement, combien de temps la Maison de
Saoud pourrait-elle durer avant d'être renversée dans une insurrection du type « printemps
arabe » guidée par Washington et exécuté par ses proxies islamistes
sionistes? L'importance de l'Arabie saoudite, il faut le comprendre, ne dépend
pas tant de celui qui la gouverne que de sa capacité à contrôler l'OPEP et à imposer la
vente de pétrole en dollars américains, garantissant ainsi le rôle
central de Washington dans l'économie mondiale grâce au concept de devise de réserve
mondiale.
La récente
décision de Pékin d’accorder une ligne de crédit de 280 à 400
milliards de dollars à la République islamique d’Iran fait partie d’une
stratégie à large spectre orientée vers un avenir lointain et pas seulement
immédiat.
L’Iran bénéficiera certainement de cette aide économique qui
compensera le manque de recettes de la vente de pétrole en raison des sanctions
imposées par les États-Unis. Pékin entend entrer sur le marché iranien du gaz
et du pétrole, en aidant les entreprises iraniennes à développer leurs champs,
leurs usines, leur logistique, leurs ports et leurs pôles énergétiques,
garantissant ainsi un futur approvisionnement en pétrole et en gaz pour un pays
en forte croissance économique et démographique.
Si nous développons le raisonnement derrière les intentions de la
Chine et que nous le rapportons aux intérêts du Moyen-Orient et des États-Unis,
nous obtenons une image intéressante qui doit être soigneusement évaluée.
Nous savons que Washington se vante d'avoir atteint
l'autosuffisance énergétique grâce à la fracturation et au gaz de schiste, ce
qui en fait un exportateur net. Bien que des doutes subsistent quant à la
durabilité des puits en question, la situation actuelle semble confirmer que les États-Unis sont beaucoup
moins dépendants du pétrole saoudien et du Moyen-Orient pour satisfaire la
demande intérieure.
En conséquence, de nombreux responsables politiques, y compris les
généraux Dunford et Mattis, récemment interrogés, ont expliqué en
quoi le changement de stratégie de défense nationale confirmait que l’attention
s’était éloignée du cadre bien connu des 4 + 1 (Chine, Russie, Iran, RPDC
+). Terrorisme islamiste) à un 2 + 3 plus équilibré (Chine, Russie
+ RPDC, Iran et terrorisme), en reconnaissance du retour de la
politique des grandes puissances.
Sur le plan géographique, cela implique un déplacement futur des forces militaires
du golfe Persique, du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord vers
l'Extrême-Orient. Il s’agit de contenir
et d’entourer (sur le plan militaire, économique et technologique) le principal concurrent de Washington, à savoir la Chine.
Pékin, en réponse à cet encerclement, a une carte dans sa manche.
Il peut chercher à remplacer le statut de monnaie de réserve du
dollar américain en apportant non seulement l'aide de l'Iran, essentielle à son
initiative Belt and Road (BRI), mais aussi, à un stade ultérieur, en cherchant
à convaincre l'Arabie saoudite (et OPEP) de ne plus vendre
du pétrole exclusivement en dollars américains. Avec le développement de l'OPEP +, Moscou peut aider son allié chinois en
façonnant le marché du GNL avec des prix libellés dans des devises autres que
le dollar américain. Actuellement,
Pékin et Moscou négocient des hydrocarbures en contournant complètement le
système de paiement SWIFT ainsi que le dollar américain.
Les Chinois ont à l’esprit une opération bien planifiée qui
pourrait changer tout le paysage économique du monde. La Chine aidera d’abord
l’Iran à développer ses exportations tout en garantissant ses propres approvisionnements
futurs, permettant
ainsi aux deux pays de se protéger du terrorisme économique américain.
Naturellement, la vente de pétrole par l’Iran à la Chine se fait en dehors du
système SWIFT, et donc en dehors du champ de compétence du combinat pétrodollar
américain.
Pékin cherche ainsi à sécuriser la vente future d’hydrocarbures
pour son économie en forte croissance, en assurant le développement continu du
pays et en complétant les investissements déjà réalisés en Afrique du Nord
(minéraux et matières premières) et à l’Est de la Russie (agriculture).
Le véritable danger pour
l'hégémonie économique américaine que représente la Chine se trouve en Arabie
saoudite. Si Washington continue à compter de moins en moins sur les
Saoudiens pour les importations de pétrole, en se tournant de plus en plus vers
l’Asie du Sud-Est, les États-Unis auront de moins en moins de raisons de
s'opposer à la montée de l’Iran en tant qu’hégémonie régionale. Riyad sera donc
obligé de commencer à regarder autour de lui et à réévaluer sa place sur la
carte régionale.
Confirmant que cette stratégie est déjà en jeu, la Chine cherche
également à protéger ses lignes de communication maritimes en cas de guerre. Pékin
comprend à quel point il est impératif de disposer de capacités
navales fortes et a donc beaucoup investi dans ce but.
Dans un tel contexte géopolitique, il est difficile d’imaginer que
l’Arabie saoudite continue à accommoder de manière aussi inconditionnelle les
intérêts américains - vendant du pétrole exclusivement en dollars américains,
sans bénéficier d’une protection militaire suffisante ni d’avantages
économiques en retour.
Washington a sérieusement
mal calculé s'il pensait pouvoir maintenir le dollar américain en vie comme
réserve mondiale tout en continuant à déstabiliser le monde économiquement, en
continuant à négliger la protection militaire de ses alliés régionaux, et
ce, malgré la montée en puissance des relations russo-sino-iraniennes à la vue
de tous.
Avec Obama
et Trump, les États-Unis ont conduit et exécuté le sinistre Printemps arabe, les
menaces de guerres, et des guerres effectives, une déstabilisation économique,
un terrorisme financier, des menaces contre des alliés (U.E. Turquie), la vente
au prix fort de matériel militaire obsolète aux grassouillets rois et émirs golfiques,
et un changement de stratégie («pivot vers l'Asie») occasionné par la
transition d'un ordre unipolaire à un ordre multipolaire.
Dans un monde en mutation, le dollar américain sera inévitablement
remplacé par un panier de monnaies, ce qui anéantira le pouvoir d'achat
illimité qui a permis à Washington de devenir la superpuissance actuelle.
Pékin a compris ce mécanisme il y a plusieurs années et considère
maintenant que l'Iran est le catalyseur d'un
changement d'époque. L’Iran est utile non seulement parce que la
BRI (Route de la Soie) transite sur son territoire, mais aussi parce qu’il
offre également un "échec et mat" économique à l’hégémonie du pétrodollar
américain, en s’offrant comme un cheval de chasse pour se rapprocher de
l’Arabie saoudite et amener ce royaume dans le giron multipolaire.
Les ouvertures économiques et morales de Pékin à Riyad
rencontreront des problèmes, et les États-Unis, reconnaissant l’importance de
l’Arabie saoudite pour maintenir son hégémonie des pétrodollars, vont
naturellement résister à cela. La Russie contribue à cette transition géopolitique en proposant de
vendre des armes défensives efficaces au Royaume.
Les efforts d’Obama et de Trump visant à saccager, coûte que coûte,
la montée de Pékin n’ont que fait qu’affaiblir la capacité de Washington à
maintenir le dollar américain en tant que monnaie de réserve mondiale, qui a
toujours été un arrangement privilégié et contre nature.
Rédacteur
indépendant spécialisé dans les affaires internationales, les conflits, la
politique et les stratégies.
Strategic
Culture Foundation 3 October
2019
Traduction: Hannibal GENSERIC
Hannibal GENSERIC
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Haaretz:
l'Iran a vaincu les sanctions US
Un an et demi après que Trump se
soit retiré de l’accord nucléaire, le président américain courtise Rohani ;
Netanyahu est empêtré dans ses ennuis
juridiques et le prince bouffon MBS saoudien
mène une politique faible.
Les
trois dirigeants qui ont mené la ligne anti-Iran ces dernières années ont tous
été absorbés par une crise intérieure cette semaine. Le président américain, Donald
Trump, fait face à une enquête de mise en accusation pour avoir ordonné une
enquête sur le fils de son rival à la présidentielle de 2020, Joe Biden. Les
avocats du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se sont
présentés mercredi à la première réunion d’une audience préalable à
l’inculpation dans trois affaires de corruption distinctes. Le prince héritier
saoudien Mohammed ben Salmane, a quant à lui, été embarrassé par la mort
mystérieuse du garde du corps personnel du roi Salmane, son père. L’Arabie
saoudite fait également face à de nouvelles critiques mondiales à l’occasion de
l’anniversaire de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, a écrit
le journal israélien Haaretz dans un article signé Amos Harel publié
le 3 octobre 2019.
L’auteur
fait noter qu’en comparaison, les dirigeants iraniens ont connu une semaine de
détente. Quelques jours seulement après l’attaque de Saudi Aramco, le président
iranien Hassan Rohani a
reçu un accueil enthousiaste à l’Assemblée générale des Nations Unies à New
York.
Entre-temps,
des rapports ont fait état d’une défaite subie par les Saoudiens et leurs
alliés face aux combattants d’Ansarallah dans la guerre au Yémen, peu après que
les Émirats arabes unis eurent décidé de réduire leur participation dans la
région. Et lundi, un poste frontière important entre l’Irak et la Syrie a été
rouvert. Il renforcera le contrôle iranien du « pont terrestre »
reliant l’Iran au Liban, résultat supplémentaire de la victoire (avec l’aide de
l’Iran) de Bachar al-Assad dans la guerre en Syrie, rappelle Harel.
Presque
un an et demi après le retrait de Washington de l’accord sur le nucléaire
iranien, les choses se présentent un peu différemment: Trump a évité une action
militaire contre l’Iran, craignant d’être pris dans une guerre régionale au
Moyen-Orient, et cherche avidement à rencontrer le président iranien dans
l’espoir d’aboutir à un accord nucléaire renégocié. À cette confusion
américaine s’ajoutent la faiblesse européenne ainsi que la faiblesse saoudienne.
Dans une interview accordée à la chaîne américaine CBS, le prince héritier
Mohammed Ben Salmane a mis en garde contre une nouvelle hausse des prix du
pétrole, justifiant l’incapacité de Riyad à se défendre contre les attaques sur
ses installations pétrolières et exprimant son soutien à une réunion
Trump-Rohani, a analysé Harel.
Harel
évoque qu’après le retrait de Trump de l’accord nucléaire, Netanyahu s’est
souvent vanté de ses relations étroites avec le président américain, laissant à
ses fans, célébrer son influence sur ce dernier. Ils ont même été émus de ses
vaines rencontres avec le président russe Vladimir Poutine visant à contraindre
Moscou de tenir l’Iran à l’écart des frontières entre la Syrie et les
territoires occupés.
Or,
le président syrien Bachar al-Assad a fini par reprendre le contrôle du sud de
la Syrie.
« Loin
de s’avérer efficaces, les attaques israéliennes contre la Syrie n’ont pas non
plus empêché les forces du Corps des gardiens de la Révolution islamique de
s’établir militairement partout en Syrie », a affirmé Amos Harel.
En
outre, le Hezbollah renforce son influence sur la partie syrienne du plateau du
Golan, a indiqué Amos Harel.
Faisant
allusion à de nombreuses interviews que des officiers de l’armée israélienne
ont données pendant l’été, Harel estime que celle du général de brigade Dror
Shalom, commandant de la division de recherche du renseignement militaire
israélien au journal Israel Hayoum a tout pour inquiéter, le général
mettant en garde que la décision de l’Iran de cibler Israël avec un missile est
plus probable que jamais et que l’attaque pourrait être lancée depuis l’Ouest
irakien.
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