MASSACRE DU MOSSAD ISRAÉLIEN AU LIBAN, EN SYRIE. Des bippers transformés en bombes télécommandées

18 morts, 4 000 blessés, dont au moins 200 grièvement. C’est le bilan d’un massacre soigneusement planifié contre le Hezbollah libanais et attribué par divers médias grand public au tristement célèbre contre-espionnage israélien Mossad.

Des dizaines de bippers de dernière génération, fournis aux miliciens chiites pro-iraniens tout récemment, ont été sabotés avec de petites charges explosives et ont explosé d’un seul coup, provoquant le chaos et la terreur partout.

L’attaque a été condamnée par toutes les autorités du monde arabe car elle a provoqué un massacre de civils innocents comme le fait Israël depuis près d’un an dans la bande de Gaza, où il massacre chaque jour des enfants et des dizaines de Palestiniens pour frapper l’un des terroristes du Hamas qui, le 7 octobre 2023, a laissé agir sans être dérangé malgré les avertissements reçus des services de renseignements égyptiens concernant l’attaque imminente.

Ce qui s’est passé au Liban rappelle le massacre impuni du 4 août 2020 dans le port de Beyrouth lorsqu’un missile, probablement doté d’une petite charge nucléaire, a fait exploser un entrepôt contenant des tonnes de nitrate d’ammonium.

Dans ce cas aussi, les soupçons se sont portés sur Israël et le Mossad, déjà considérés comme complices de la « démolition contrôlée » des bâtiments du World Trade Center le 11 septembre à New York qui ont provoqué l’effondrement des Twin Towers mais aussi de l’immeuble 7 qui n’avait pas été le moins du monde touché. De même, Israël et le Mossad ont  aussi été pointés du doigt comme parmi les acteurs de la chute du DC9-Itavia dans le ciel d’Ustica le 27 juin 1980.

Le nouveau massacre de civils devrait inquiéter tout le monde sur la planète car il met en évidence à quel point Tel-Aviv, pour atteindre ses objectifs, ne se soucie pas du tout des « dommages collatéraux » de ses opérations militaires. Au contraire.

Comme dans le génocide de Gaza, ils servent de propagande terroriste pour réaffirmer leur puissance géopolitique qui dérive essentiellement de l’impunité totale qui leur est garantie par les USA et les politiciens qui les représentent : il suffit de rappeler que l’administration actuelle Biden-Harris soutient le régime sioniste en continuant à le critiquer en paroles mais en l’aidant dans la pratique en lui fournissant de l’argent et des armes. Il en est de même de leurs rivaux pour les élections présidentielles de novembre prochain, Trump, Vance et même leur partisan RFK Jr., qui se sont toujours déclarés des soutiens inconditionnels d’Israël.

Israël en alerte par crainte de représailles

L’attaque qui a eu lieu vers 15 heures mardi 17 septembre a fait 7 morts confirmés dans la capitale syrienne et 11 au Liban. Dont une fillette de 9 ans, fille d’un membre du Hezbollah qui se trouvait chez elle dans le village de Saraain lorsque l’explosion l’a frappée.

Parmi les victimes figurent également le fils d’un adjoint du groupe de Hassan Nasrallah, ainsi que des dirigeants et des commandants de haut rang du groupe islamiste. L’ambassadeur iranien au Liban, Mojtaba Amani, a également été blessé.

Alors que l’opération venait d’être menée, sans que personne ne revendique l’attaque mais qu’elle soit immédiatement attribuée à Israël par le monde entier, l’aviation de l’État sioniste lançait des raids meurtriers dans la zone d’Ayita al-Sha’ab et d’al-Khyam, au sud du Liban, et à l’intérieur du pays, à 100 kilomètres de la frontière.

Depuis, plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs vols réguliers vers Tel-Aviv et Beyrouth, craignant les inévitables représailles du Hezbollah et de ses alliés houthis, qui ont lancé l’autre jour contre Israël un puissant missile balistique intercontinental hypersonique qui n’a pas été intercepté.

Selon les experts, ceux qui ont planifié et développé l’attaque l’ont préparée à l’avance, en introduisant des mini charges explosives à l’intérieur des bippers tout en développant la capacité de faire exploser simultanément les engins avec une seule commande.

Le porte-parole du gouvernement libanais a déclaré que l’exécutif tenait Israël pour responsable de l’attaque coordonnée et la considérait comme une violation de la souveraineté du pays. Le conseiller de Nasrallah, Hossein Khalil, a déclaré que désormais « l’ennemi devra s’attendre à tout du Liban après les crimes qu’il a commis ».

Le bureau du Premier ministre israélien, en revanche, a pris ses distances avec un porte-parole qui, sur les réseaux sociaux, a mis en doute la responsabilité de Jérusalem. Quelques minutes plus tard, Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Gallant se sont réunis dans la fosse Kyria, le bunker du ministère à Tel-Aviv, pour une réunion d’urgence entre le gouvernement et les dirigeants de la sécurité.

L’ONU, le Liban et la Jordanie condamnent l’escalade

L’ONU a déclaré dans la soirée que « les développements au Liban sont extrêmement préoccupants, compte tenu du contexte très volatile » et a déploré les victimes civiles.

Le Premier ministre libanais Najib Mikati a tenu une réunion du cabinet après les explosions simultanées survenues dans le pays. Le gouvernement a « condamné à l’unanimité cette agression criminelle israélienne, qui viole de manière flagrante la souveraineté du Liban », a indiqué le bureau de presse à l’issue de la réunion.

La Jordanie a annoncé qu’elle était prête à fournir « toute l’assistance médicale nécessaire au secteur de la santé libanais pour soigner des milliers de citoyens libanais blessés », suite aux explosions de bippers qui ont fait 11 morts et 4 000 blessés dans le pays.

Dans un appel téléphonique avec le Premier ministre libanais Najib Mikati, le ministre jordanien des Affaires étrangères Ayman Safadi a réitéré « le soutien de la Jordanie à la sécurité, à la souveraineté et à la stabilité du Liban ». Safadi a également souligné la nécessité de « mettre fin à l’escalade dangereuse à laquelle nous assistons dans la région, par un arrêt immédiat de l’agression israélienne à Gaza ».

Sky News : « Le Mossad a saboté les bippers »

Sky News Arabia cite des sources affirmant que l’attaque à grande échelle des bippers au Liban a été possible parce que l’agence d’espionnage israélienne, le Mossad, a obtenu les appareils de communication avant qu’ils ne soient livrés au Hezbollah. Selon la source, une quantité de PETN, un matériau hautement explosif, a été placée sur les batteries des appareils. L'explosion a été déclenchée à distance par l'augmentation de la température des batteries.

Le Wall Street Journal avait précédemment rapporté que certains membres du Hezbollah avaient senti leurs bipers surchauffer et les avaient jetés avant les explosions. Al Jazeera cite une source de sécurité libanaise qui a déclaré que le poids des explosifs contenus dans chaque appareil était inférieur à 20 grammes et que les bipers explosés avaient été importés il y a cinq mois.

Israël a mené ses attaques contre le Hezbollah en cachant des explosifs à l'intérieur d'un nouveau lot de bipers de fabrication taïwanaise importés au Liban, a rapporté le New York Times, citant des responsables des États-Unis et d'autres pays.

Selon ces sources, les bippers que le Hezbollah avait commandés à la société taïwanaise Gold Apollo ont été trafiqués avant leur arrivée au Liban. Selon le journal new-yorkais, des explosifs ont été placés à côté de la batterie de chaque appareil et un mécanisme a été inséré pour provoquer les explosions à distance. Les bippers ont explosé simultanément avec un message. CNN rapporte également que les explosions étaient le résultat d'une opération du Mossad et de l'armée israélienne.

L'entreprise taïwanaise Gold Apollo a nié avoir fabriqué des bippers destinés au Hezbollah, qu'Israël aurait détournés, selon le New York Times, pour provoquer les explosions au Liban. « Ce ne sont pas nos produits », a déclaré le directeur de l'entreprise Hsu Chin-kuang aux journalistes à Taipei.

Par Fabio G. C. Carisio

17 septembre 2024

------------------------------------------

ANNEXE

Qu’est-ce qu’un bipper et pourquoi le Hezbollah utilise-t-il cet appareil?

Le bipper est un système de communication généralement unilatérale: il peut recevoir des messages textuels ou des notifications. Utilisé dans les années 90 et 2000, il est toujours employé dans certains domaines spécialisés, tels que les hôpitaux et les établissements de soins de santé, étant donné qu’il permet une transmission rapide de notifications.
Dans n’importe quel théâtre de guerre, c’est toujours intelligent d’utiliser des méthodes anciennes, surtout au niveau de la communication, afin de contourner les réseaux de surveillance moderne. Sa spécificité réside dans le fait qu’il n’utilise pas le réseau internet.
En outre, les systèmes de communication traditionnels ne sont pas surveillés. C’est comme si on choisissait d’envoyer un message avec un pigeon voyageur. Personne ne va soupçonner cela.

Comment est-il possible d’infiltrer un bipper?

Tout d’abord, il faut avoir découvert son utilisation. Un espion pourrait avoir repéré un appareil sur l’un des membres du Hezbollah.
À partir de là, plusieurs hypothèses se présentent.
Connaissant le modèle du bipper, on peut envoyer un message chargé d’activer une fonction qui provoque une surcharge de l’appareil. Ceci entraîne une surchauffe de la batterie qui explose.
Cela ressemble au phénomène observé il y a quelques années dans les appareils Samsung qui voyaient leur batterie exploser.
Une autre possibilité serait de manipuler les appareils en amont, avant la livraison.
Selon les informations disponibles jusqu’à l’heure, les appareils qui ont explosé pourraient tous provenir d’un même lot récemment acquis.
Dans ce cas, il est possible qu’on ait intégré une vulnérabilité au système informatique. Celle-ci aurait été activée ensuite par le message envoyé au bipper, ce qui aurait pu causer la surchauffe.
Par ailleurs, les experts en explosifs, ayant observé la nature des explosions et les dégâts occasionnés, ont avancé la possibilité de la présence d’un certain grammage d’explosif à l’intérieur de l’appareil.
On soupçonne donc que ces matières aient été placées en amont de la vente.

Hannibal Genséric