Dmitri Sergueïevitch Peskov
est l’un des plus proches collaborateurs de Vladimir Poutine. Il travaille à
ses côtés depuis l’accession de celui-ci au pouvoir, en 2000. Aujourd’hui
secrétaire de presse ‒ porte-parole ‒ du Kremlin, il a accepté,
au lendemain de la réélection du président
russe, de recevoir Le Courrier de Russie pour faire un point
sur la situation politique internationale.
Le Courrier de Russie : Comment
jugez-vous l’atmosphère politique internationale qui a entouré cette élection
présidentielle en Russie, par rapport à celle de 2012 ? Est-elle pire ou
équivalente ?
Dmitri Peskov : La tension va croissant, avec,
cette fois, une agressivité vraiment sans précédent de la part de certains
États. Je parle évidemment du scandale de la Grande-Bretagne
accusant la Russie d’une chose à laquelle notre pays n’est aucunement lié. Et
cela sans aucune preuve, sans aucune raison… excepté l’affirmation :
« La Russie est coupable ».
C’est vraiment difficile à expliquer ou à comprendre. Il y a aussi de très
profondes contradictions entre les déclarations de certains pays et leur
attitude en Syrie, qui ne nous aident
pas dans la recherche d’un règlement politique et diplomatique et mettent en
danger l’intégrité territoriale de ce pays, faisant toujours craindre sa
désintégration. Sans parler de bien d’autres problèmes. Donc, notre estimation
générale est que l’atmosphère internationale est très tendue et,
malheureusement, nous observons tous un processus de démantèlement du droit
international et de l’ancien système des relations internationales.
« Il
faut être deux pour danser le tango »
La Russie
fait tout son possible pour normaliser ses relations avec les pays européens et
les États-Unis. Mais il faut
être deux pour danser le tango… S’il n’y a aucune réciprocité, on ne peut y
parvenir. Toutefois, nous restons globalement optimistes et pensons que, tôt ou
tard, s’imposera l’idée que de bonnes relations sont bénéfiques pour chacun et
pour tous. Il faut être patient. Nous sommes essentiellement concentrés sur des objectifs de réformes
intérieures autour du programme de développement économique
très ambitieux du président Poutine, et nous avons beaucoup à faire
pour les mettre en œuvre. Mais nous serons très heureux de constater
l’existence, chez nos interlocuteurs, d’une volonté politique de normalisation
des relations avec nous.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, sur scène avec le président Vladimir Poutine lors de la conférence de presse annuelle. |
« Pourquoi
devrions-nous avoir à prouver quoi que ce soit ? »
LCDR : Les Occidentaux
dénoncent les ambitions politiques de la Russie. Ils la soupçonnent de vouloir
casser le système politique international à son profit. Comment réagissez-vous
à ces accusations et à ces soupçons ?
D.P. : Nous ne réagissons pas. Pourquoi
devrions-nous avoir à prouver quoi que ce soit ? Ce n’est pas nécessaire.
Nous montrons notre volonté d’entretenir, à l’avenir, des relations justes et
équilibrées, nous souhaitons coopérer dans le domaine commercial et économique,
dans le domaine des investissements russes à
l’étranger, notamment en Europe. Nous recevons aussi de nombreux investisseurs
européens et faisons beaucoup pour leur offrir un contexte d’opérations stable
et fiable. Il est d’ailleurs remarquable qu’en dépit de cette atmosphère de
tension globale, un grand nombre d’entreprises étrangères
restent et se développent en Russie et n’ont nullement l’intention de quitter
le pays. Il existe en fait une contradiction manifeste : les tensions
diplomatiques et politiques entre certains États et nous ne correspondent pas à
l’intérêt manifeste de leurs hommes d’affaires pour la Russie et ne se
traduisent pas par des tensions commerciales réelles.
LCDR : La France peut-elle
jouer un rôle particulier dans l’amélioration de ce dialogue ?
D.P. : Nos présidents se parlent. Ils vont avoir aujourd’hui un entretien téléphonique.
Cela ne signifie pas qu’ils soient d’accord sur tout. Ils ont de nombreux
points de divergence, néanmoins la volonté d’échanger, le désir de trouver des
solutions aux problèmes actuels, de régler nos différends par le dialogue et
non par la confrontation, existent. C’est une chose à laquelle nous accordons
une très grande valeur. Et c’est une excellente base pour le développement de
nos relations et de diverses formes de coopération futures.
LCDR : Le récent boycott,
par le président Macron, du stand russe au Salon du Livre de Paris où la Russie
était l’invitée d’honneur, peut-il affecter cette relation ?
D.P. : Nous comprenons très bien qu’il
existe une solidarité transatlantique et que la Grande-Bretagne cherche des
soutiens parmi ses alliés. Cela dit, tôt ou tard, ils [les Britanniques, ndlr]
vont devoir prouver leurs accusations, et nous
espérons que, s’ils échouent dans cette tentative ‒ ce dont nous ne doutons pas
‒, de nombreux alliés comprendront qu’ils doivent repenser leur position envers
eux.
« Les
relations entre Moscou et Pékin sont fondées sur la non-ingérence et la
non-interférence dans les affaires de politique intérieure »
LCDR : Le président chinois
Xi Jinping, dans le message de félicitations qu’il a adressé à
Vladimir Poutine pour sa réélection, estime que les relations sino-russes sont
exemplaires et qu’elles constituent un « exemple pour l’édification d’un
nouveau type de relations internationales ». De quel nouveau type de
relations s’agit-il ?
D.P. : Ce n’est pas un nouveau système. En
fait, c’est le retour à l’ancien système, à celui, traditionnel, des relations
intergouvernementales, le seul valable et durable dans le contexte actuel.
Cette approche entre Moscou et Pékin est fondée sur la
non-ingérence dans les affaires intérieures, la non-interférence dans les
questions relevant de la souveraineté nationale et le respect mutuel des
traditions et du système politique de chacun. Cette approche nous permet de
trouver de multiples points de convergence, bénéfiques à nos interactions. Nous
avons de nombreux projets communs, la Chine est l’un de nos principaux partenaires commerciaux.
Nous sommes très satisfaits du niveau de relations entre nos deux pays et du
dialogue franc et ouvert entre nos deux leaders.
« Vous
ne pouvez prétendre être un médiateur utile en Syrie en prenant le parti d’un
camp »
LCDR. : Pour revenir à la Syrie, comment la France peut-elle se rendre utile dans le
processus de règlement politique ?
D.P. : Vous savez, pour participer à un
processus de sortie de crise et de règlement politique, vous devez vous situer
dans une position médiane. Vous ne pouvez pas prendre parti pour un camp ou un
autre et prétendre, en même temps, être un médiateur utile. Pour jouer un rôle,
il faut aussi être attendu et accepté par les parties en conflit. Nous pensons
qu’il est important que la France joue un rôle dans le règlement de la question
syrienne, mais la France est partie de la coalition internationale dirigée par
les Américains. Elle doit donc se déterminer. La Russie fait beaucoup en Syrie.
Elle essaie de jouer un rôle important pour sauver ce pays des attaques
massives du terrorisme international
qui sont très largement sous-estimées. Cela prendra du temps, beaucoup de
temps, et nécessitera des efforts. Il est, je le répète, essentiel d’empêcher
la désintégration politique et territoriale de la Syrie, faute de quoi les
conséquences pour la région toute entière sont imprévisibles.
Des sapeurs russes dans la ville syrienne d’Alep. |
«Les
Occidentaux ont soutenu un coup d’État au cœur de l’Europe »
LCDR : En Europe et en
France, on ne comprend pas toujours la manière russe, jugée assez lapidaire,
voire elliptique, de communiquer, d’expliquer quelles sont les positions
politiques du pays. Ne pensez-vous pas qu’il serait utile pour Moscou
d’améliorer sa communication, pour une meilleure compréhension mutuelle ?
D.P. : Nous avons le même problème avec
les Européens, parce qu’ils ne peuvent plus être
considérés comme des partenaires fiables pour nous. Ils sont tout à
fait imprévisibles. Concernant la récente affaire en Grande-Bretagne par
exemple, l’attitude de Londres ne peut être sérieusement analysée. Assez
fréquemment, nous ne comprenons pas la logique de différentes capitales
européennes, leur langage, leurs objectifs réels. Ainsi, pourquoi prennent-ils des
décisions contraires à leurs intérêts économiques ? Pourquoi
adoptez-vous des sanctions contre la Russie en prenant pour prétexte la
situation en Ukraine ? Pourquoi déclarez-vous que la Crimée est occupée par la
Russie, en fermant les yeux sur le fait que presque 100% de la population de ce
territoire veut Poutine comme président et
vote pour lui ? Est-ce que cela pourrait se produire dans un territoire
occupé ? Évidemment non. En refusant de voir cette évidence, vous prenez
des sanctions et mettez du même coup en péril les intérêts de vos
entreprises. Incompréhensible… Nous sommes prêts à nous montrer très patients
et à expliquer encore et encore notre point de vue à nos homologues européens,
mais nous n’observons pas de disposition comparable chez eux, nous constatons
même un manque de bonne volonté en la matière…
LCDR : S’agissant de la
Crimée, il est difficile d’invoquer la volonté des peuples à disposer
d’eux-mêmes, si par ailleurs vous souhaitez des relations internationales
fondées sur le respect de la souveraineté nationale…
D.P. : Ce qui s’est passé en Crimée doit
être bien compris : il y a eu en Ukraine, au cœur de
l’Europe, un véritable coup d’État, soutenu par les États-Unis et par des
puissances européennes, visant à faire basculer le pays dans l’orbite de l’OTAN
et de l’Union européenne.
Propos
recueillis par Caroline Galacteros
il y des moments où l'on se demande que le monde est à l'envers ou c'est nous qui y sont...
RépondreSupprimerles usa tiennent quasiment tous les états sous leur joug et on trouve ça naturel ...et non pas du tout hégémonique et les états (arabes) qui aiment être en si bonnes "mains" se disputent cette "faveur" de l'oncle sem (poison)
mais si les russes ou les chinois pointent leur nez pour coopérer avec certains états (arabes) qui essaient de soustraire à la fonction de canasson on crie au scandale au viol etc...
pauvre de nous
القابلية للاستعمار ... للركوب
Bonjour à tous . aujourd'hui encore je suis heureux de savoir que de nombreux européens prennent déjà conscience du plan diabolique dont les puissances sionistes ont prévu contre le monde. Une fois encore vigilance
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