Invité par
l’Institut français de Jérusalem pour donner une série de conférences,
l’annonce de ma venue a vite suscité de véhémentes protestations. Comment
osait-il inviter un antisémite animé par la haine d’Israël dans ce pays ?
Plusieurs
sources m’ont mis en garde. Deux solutions étaient évoquées : le refus des
autorités de me laisser rentrer ou un comité d’accueil musclé. Résolu à ne pas
céder au chantage, je m’y rendais comme prévu [1].
À la douane,
les formalités furent rapides. C’est après que je fus interpellé par quelques
individus plus que vindicatifs. J’ai assez vite réalisé que la discussion était
absolument vaine face à leur incapacité d’avoir un échange. Avec le courage que
procure le fait d’être deux fois plus jeune et six fois plus nombreux, ils ont
proféré les insultes les plus délirantes et grossières (où se mêlaient
homophobie et islamophobie)[2].
Les yeux injectés de haine, promettant de me régler mon compte, ils ont
commencé à vouloir m’entraîner de force en dehors de l’aéroport.
Je
commençais à rebrousser chemin vers la douane, la vue d’un garde de sécurité ne
décourageant pas ma si peu aimable escorte. Au bout de quelques minutes, des
policiers sont intervenus et m’ont ramené au poste de douane. Après
vérification, ils m’ont accompagné afin de m’exfiltrer, néanmoins toujours
suivis par trois excités vociférant. Aucun d’entre eux ne fut interpellé.
Cette
affaire illustre au plus haut point ce que je dénonce dans l’ouvrage Antisémite
[3].
Je suis diabolisé par certains, alors que je n’ai jamais tenu le moindre propos
antisémite, du fait de l’importation malsaine du conflit au Proche-Orient. Mes
agresseurs sont intimement persuadés que je suis antisémite. Pourtant, ils
n’ont rien lu de moi. Ils ont juste « entendu dire ».
Comment des
individus peuvent-ils arriver à de telles violences ? À être persuadé que je
mérite d’avoir les yeux crevés ? Tout simplement parce qu’ils sont chauffés à
blanc par la campagne de dénigrement et de calomnie que je subis depuis 17 ans.
Ceux qui ont
mis en ligne mon agression s’en sont félicités :
« De
jeunes Juifs de cœur et de conscience juive l’apercevant ont décidé de
l’accueillir comme il se doit. À ce titre, il est bon de rappeler que des
personnalités juives pourtant favorables à la solution de deux États comme Frédéric
Encel ou le journaliste Frédéric Haziza ou des signataires de JCall
comme Bernard-Henri Lévy ne laissent point la place au doute sur le fait
que la motivation de Pascal est tout simplement antisémite. »
Une semaine
après mon agression, Pascal Bruckner me mettait encore en cause sur
France inter, concernant la montée de l’antisémitisme.
Pour
beaucoup, critiquer le gouvernement israélien
équivaut à être antisioniste et donc antisémite. Depuis 17 ans,
un mauvais procès m’est dressé alors que j’ai toujours combattu toute forme de
racisme et d’antisémitisme. Mais, ceux qui ont répandu cette haine sont les
mêmes qui privilégient depuis 2001 la sanctuarisation du gouvernement israélien
sur la lutte contre l’antisémitisme. Le passage à la violence pour délit
d’opinion est un dérapage inacceptable. Cette agression a été condamnée par le
Consulat de France à Jérusalem. L’ambassade de France en Israël et le quai
d’Orsay sont restés muets. Quelques médias français ont depuis évoqué
l’affaire.
On peut penser que si un intellectuel français était
pris à partie par certains individus mécontents de ses positions sur le
Proche-Orient dans un pays du Maghreb, les réactions auraient été beaucoup plus
vives.
De même, si un intellectuel israélien était pris à partie à
Roissy, ses agresseurs auraient été interpellés et l’ambassade d’Israël en
France réclamerait des comptes à l’État français.
Mais l’inverse
n’est pas vrai. Mes agresseurs ont pu tranquillement rentrer chez eux, en toute
impunité. Ils n’hésiteront pas à recommencer.
Pour ma
part, je ne céderai pas, ni sur la liberté d’expression ni sur ma volonté de
dialogue. L’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) est
certainement la seule institution universitaire où sont venues s’exprimer cette
année devant nos étudiants, Aliza Bin-Noun, ambassadrice d’Israël en
France, et Leïla Shahid, ancienne déléguée de l’Autorité palestinienne
en France et ambassadrice de la Palestine auprès de l’Union européenne.
Je
continuerai à lutter contre l’antisémitisme et le racisme antimusulman, sans jamais
privilégier un combat sur l’autre.
[2]
Ceux qui parlent de l’antisémitisme des musulmans devraient également
s’interroger sur la montée du racisme anti-arabe bien présent chez une minorité
de juifs.
[3]
Max Milo, 2018.
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Hannibal GENSÉRIC
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