Le général de Brigade, Hossein
Salami, second personnage du Corps des gardiens de la révolution iranien, a
déclaré sur le ton de la confiance : « Nous annonçons que si Israël
engage une quelconque action débouchant sur une guerre contre nous, cela
amènera à son élimination définitive et à la libération des territoires
occupés. La stratégie de l’Iran est de supprimer le régime sioniste de la carte
politique, et que les Israéliens eux-mêmes prennent part à ce plan de par leurs
activités criminelles ».
Le général de Brigade Hossein Salami |
Il s’agissait évidemment d’une
réponse aux dernières frappes israéliennes lancées contre les positions
supposées du groupe paramilitaire en Syrie, et à la promesse de Netanyahou de
faire tout le nécessaire pour forcer leur retrait de la République arabe. Il
s’agissait bien entendu également d’une répétition des propos mal traduits
(mais fortement diffusés) de l’ancien président iranien Ahmadinejad au milieu
des années 2000, s’étant alors agi – dans l’interprétation de travers que
les médias dominants propagèrent – « éradiquer Israël de la
carte ».
Le lecteur devrait avoir à l’esprit
la remarque de Poutine lors d’une interview
pour RT qu’il donna en 2013, lorsqu’il déclara qu’« il n’est pas si
important qu’il s’agisse d’une citation exacte ou non. Retenons-en qu’il vaut
mieux éviter des propos qui peuvent être mal cités ou interprétés de plusieurs
manières. C’est pour cela que le focus sur l’Iran n’est pas fait sans
raison ». La Russie est donc fermement
opposée à la position officielle de l’Iran de mener un changement de régime
contre les alliés de Moscou à Tel-Aviv. Sergey Ryabkov, adjoint au Ministre des
affaires étrangères, lors d’une interview sur
CNN la semaine dernière, a pris ses distances avec la notion très
médiatisée qui veut que la Russie soit également « alliée » de
Téhéran. En réponse à une question qui s’enquérait de savoir si la Russie et
l’Iran étaient alliés en Syrie, il a secoué la tête et déclaré de manière univoque
: « Ce ne sont pas les mots que j’emploierais pour décrire ce que nous
sommes avec l’Iran. Nous ne sous-estimons en aucune manière l’importance des
mesures qui pourraient garantir une très grande sécurité à l’État
d’Israël ».
Considérés ensemble, les propos du
président Poutine et de l’adjoint au Ministre des affaires étrangères Ryabkov
portent la politique d’État officielle, catégoriquement opposée aux intentions
de changement de régime portées par l’Iran en Israël. Clarification est
également faite qu’aucune alliance n’est nouée entre les deux grandes
puissances, malgré leur coopération pragmatique anti-terroriste en Syrie. Il
s’agit d’un signal pour Israël : la Russie n’accourra pas au secours de l’Iran
dès que l’« État juif » auto-proclamé bombardera ses positions
supposées en Syrie, considérées par Tel-Aviv comme une menace à sa propre
existence. Mais la Russie tâchera de jouer les intermédiaires et de parvenir à
une « compréhension » entre les deux, comme elle l’a fait l’été
dernier, en encourageant l’Iran à reculer
de 140 kilomètres du plateau du Golan occupé. Tout le monde aura ici
compris que l’armée russe ne s’engagera en
faveur d’aucune des parties si elles en viennent aux coups.
Mais cela risque ce ne pas arriver
de sitôt, les déclarations iraniennes ne constituant rien de plus qu’une
ré-affirmation idéologique de sa position déjà exposée, en réponse à la
rhétorique pré-électorale de Netanyahou contre le rôle du Corps des gardiens de
la révolution iranienne en Syrie ces dernières semaines, et non à la soi-disant
« menace » qu’il plaît à certains de décrire. Si les mots en soi sont
effectivement menaçants à l’égard de la sécurité d’Israël, ces mots ne
suffisent pas en soi à établir la volonté d’action imminente de la part de
l’Iran – si tel était le cas, ces actions auraient déjà été lancées. La
déclaration du Corps des gardiens de la révolution s’apparente plutôt à une
action de se frapper le thorax, pour rallier ses alliés en Syrie contre les
dernières attaques subies là-bas menées par Israël, et pas le début d’une guerre
conventionnelle entre l’Iran et Israël.
Traduit par Vincent pour le Saker
Francophone
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