Ce satané
« régime d’Assad » ne veut tout simplement pas disparaître. Selon la
dernière trouvaille de la propagande occidentale sur la Syrie, le régime est
sur le point de « massacrer » plus de 900.000 personnes fuyant les
zones encore en conflit de la campagne des provinces d’Idlib et d’Alep.
Le
contexte, comme toujours, est absent. Les foules de fuyards – essentiellement
des sunnites conservateurs – vivaient dans ces zones sous le joug de myriades
d’avatars d’Al-Qaïda en Syrie. Soit ils les ont soutenus, soit ils ont fait de
leur mieux pour survivre, soit ils savent maintenant avec certitude que
l’offensive de l’Armée arabe syrienne (AAS) est concrète et que tous les
refuges des djihadistes, protégés ou non par des boucliers humains, seront
bombardés.[1]
L’histoire
la plus pertinente, une fois de plus, tient à ce que le sultan Erdogan veut.
Ankara et Moscou – partenaires dans le processus d’Astana qui, théoriquement,
doit ouvrir la voie à la paix en Syrie – sont à la croisée des chemins. Il y a
eu de longues discussions en début de semaine, et un appel téléphonique
important entre Erdogan et Poutine dans la nuit de vendredi. Impasse – ils semblent
n’avoir accepté que d’« intensifier leurs contacts ».
Ankara
« n’accepte pas officiellement la carte de désescalade » proposée par
Moscou. Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov,
souligne que c’est la même carte [qui avait précédemment été acceptée par
Erdogan, NdT] : il n’y a pas eu de demandes supplémentaires. Mais Erdogan
menace, de manière impulsive, d’un remix du « Bouclier de
l’Euphrate » et du « Printemps de la paix », c’est-à-dire
d’envahir Idlib « à tout moment ».
Moscou,
au bord de l’exaspération, est à deux doigts de lui remonter les bretelles pour
de bon.
Idlib est la dernière carte d’Ankara, si
elle veut avoir quelque chose à négocier dans le cadre du processus de paix en
Syrie. Erdogan et ses conseillers devraient savoir, s’ils étaient réalistes,
que les parties nord et ouest d’Alep sont de nouveau fermement sous le contrôle
de Damas.
L’armée
turque se trouve principalement dans la campagne à l’est de la ville d’Idlib,
et dans une ville appelée Atarib. Les vrais combats sur le terrain à Idlib ne
sont pas menés par des soldats turcs – mais à plus de 80% par les nébuleuses de
milices jihadistes et proto-jihadistes que l’Occident aime à qualifier de
« rebelles » ; Hayat Tahrir al-Sham (HTS, alias Al-Qaida en Syrie),
le Parti islamique du Turkestan et d’autres formations plus réduites.
Ankara
voudrait faire croire que ces unités « rebelles » seront dissoutes
une fois qu’il y aura un règlement politique. Mais c’est absurde. Le
gouvernement turc s’attend à ce que les gens croient qu’un jour, ces dizaines
de milliers de « rebelles » sont armés et que le lendemain, ils vont
tout laisser tomber, rentrer chez eux et ouvrir un stand de kebabs ?
Un ‘aimant à terroristes’
Washington,
du moins officiellement, n’enverra pas de troupes américaines pour aider son
« allié de l’OTAN ». Pourtant, Ankara compte bien obtenir des
renseignements et des armes supplémentaires de sa part. Erdogan veut que des
missiles Patriot soient installés à Hatay, près de la frontière. Si cela devait
arriver, le Pentagone ne les livrerait pas directement : il passerait par des
membres de l’OTAN.
La
géopolitique qui sous-tend Idlib est claire comme de l’eau de roche. Cela va
bien au-delà d’Ankara contre Damas ; cela se dessine, de façon inquiétante, comme une énième guerre par
procuration entre l’OTAN et la Russie, avec Erdogan en figure de
proue. [2]
Même le
Pentagone a laissé échapper, par inadvertance, qu’Idlib est un « aimant à terroristes ».[1] Mais du point de vue de Washington, cela
reste une aubaine. Tout faux pas sérieux sera le bienvenu s’il fait échouer
l’entente turco-russe, qui a été minutieusement reconstruite par les deux
parties après qu’un avion
russe Sukhoï ait été abattu, fin 2015.
Moscou n’est pas dupe de la folie
d’Erdogan.
Les
Russes ont dit haut et fort qu’aucune aventure militaire turque ne sera
tolérée. C’est comme si Erdogan, noyé dans le désespoir, ignorait le fait que
cela lancerait tout le monde dans l’imprévisible territoire d’un conflit Russie
contre OTAN. Mais Erdogan, au moins, est en train de recevoir des alertes
rouges de la part d’experts en relations internationales, qui voient le danger
d’une guerre par
procuration menée par Ankara en Syrie au nom de Washington.
Les
motivations de l’OTAN sont, en fait, encore beaucoup plus confuses. Selon des
sources diplomatiques à Bruxelles, la nouvelle offensive de l’OTAN vise à
s’ingérer profondément en Irak et en Jordanie afin d’empêcher tout résolution
de la situation en Syrie.
Pour
compliquer les choses, un nouveau rapport de la RAND Corporation intitulé Turkey’s
Nationalist Course a caressé d’innombrables dos à rebrousse-poil à Ankara
et à Istanbul, en
suggérant la possibilité d’un nouveau coup d’État militaire en Turquie,
après l’aventure ratée de 2016.
Il peut
s’agir d’un vœu pieux, ou d’une « recommandation » de l’État profond.
Les deux scénarios sont plausibles. Il est facile d’imaginer les nuits d’insomnie en série
d’Erdogan, alors qu’il essaie de découvrir où sont ses vrais amis.
Comme si
tout cela n’était pas assez chaotique, les relations entre l’OTAN et la Russie
restent glaciales. Il y a une semaine, le ministre des affaires étrangères
Sergueï Lavrov a rencontré à Munich le secrétaire général de l’OTAN,
l’insignifiant Jens Stoltenberg. Au sein du Conseil Russie-OTAN, aucune
communication au niveau militaire n’est en vue, seulement politique. Moscou ne
cesse de souligner le manque presque total de confiance entre les deux parties
– ce qui ne peut que conduire à de dangereuses escalades, y compris en Syrie.
Il n’y a
pas d’autre solution possible pour Idlib que d’y tailler une sorte de sphère
d’influence pour la Turquie qui soit acceptable pour Erdogan, près de la
frontière. Mais la perdante serait alors Damas, qui est maintenant partie pour
récupérer sa souveraineté territoriale – quoi qu’il en coûte. Mais, encore une
fois, la clé est de savoir ce qu’il faudra à la Russie pour enfin mettre une
cagoule sur le faucon turc.
Par Pepe Escobar
Traduction Entelekheia
NOTES de H. Genséric
[1] Dans
IRAK. Les GI dans un trou à rats. Syrie : la vérité sur Idlib, nous avons écrit
Mais voici le colonel Caggins, de l’U.S. Army... :
« La chaîne britannique Sky News interviewait le
porte-parole de la coalition américaine, le colonel Myles Caggins, de
l’U.S. Army, dans le cadre de sa couverture des attaques
“aveugles” des forces syriennes et russes contre les civils et les
“bombardements d'hôpitaux”. Le colonel a brusquement donné une version
complètement différente, citant sans aucune ambiguïté les groupes djihadistes
dirigeant Idlib comme cause fondamentale de la souffrance des civils dans cette
région.
» [Myles] a
qualifié Idlib d'“aimant pour les groupes terroristes” qui sont “une
nuisance, une menace et un danger” pour des centaines de milliers de civils qui
“essaient simplement de survivre à l’hiver”.
» Il a essentiellement identifié “tous les groupes” opérant sur le
terrain comme des “terroristes” et une “menace” pour la population locale dans
ce commentaire d'une rare franchise :
» “Il y a une grande variété de groupes là-bas, – ils sont tous
une nuisance, un piège et une menace pour ... des centaines de milliers de
civils qui essaient simplement de survivre à l’hiver.”
» Ses propos sont d’autant plus intéressants qu'ils surviennent à un
moment où CNN et d'autres réseaux traditionnels ont “redécouvert” Idlib où,
selon eux, “le boucher Assad et la Russie tentent de “massacrer” des enfants et
des civils innocents.
» Le même jour, le réseau qui a interviewé le porte-parole de
l'Opération Inherent Resolve s’interrogeait à diverses occasions pour savoir
“si la communauté internationale en fait assez pour contenir le régime
d'Assad”. »
Hannibal GENSÉRIC
Trump ne va certainement pas déclencher une nouvelle guerre soit en Syrie ou en Iran vu qu'il doit préparer son élection en 2020. L'Allemagne pourrait livrer du matériel militaire à son allié de l'OTAN la Turquie vu que le BND le SR est d'origine Nazie fondé après la chute de Hitler par son fidèle R. Ghelen.
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