… Comment les industriels de la
défense ont fait pression pour la guerre au Yémen et ont récolté les
bénéfices de la mort et de la destruction.
Les firmes de lobbying comme le groupe McKeon, dirigé par
le lobbyiste Buck McKeon, qui était l’ancien président de la commission
de Défense de la Chambre des représentants au Congrès américain,
représentent à la fois des entrepreneurs de défense américains et des
pays comme l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, qui bombardent
impitoyablement le Yémen avec des armes de fabrication américaine.
Grâce à des sociétés de lobbying comme le groupe McKeon et American Defense International, des entreprises de défense comme Raytheon et Lockheed Martin
ont dépensé des millions pour faire pression sur les membres du
Congrès. Les efforts de lobbying se concentrent sur les
membres influents des commissions, telles que la commission de Défense
mentionnée ci-dessus. Cela incite le Congrès à approuver une législation
visant à vendre des armes à des pays comme l’Arabie saoudite et à
bloquer toute législation qui conteste les ventes d’armes contraires à
l’éthique.
Le 9 août 2018, l’Arabie saoudite a utilisé
une bombe MK-82 à guidage laser, fabriquée par le principal
entrepreneur américain en matière de défense, Lockheed Martin,
pour faire exploser intentionnellement un bus scolaire au Yémen.
L’attentat a tué 44 enfants yéménites. Les bombes MK-82 sont des
bombes d’usage commun, mais elles ont été vendues à l’Arabie saoudite en
conjonction avec une technologie de guidage par laser qui a fait de la
bombe MK-82 une munition à guidage de précision (PGM).
L’administration Obama a interdit la vente de PGM à l’Arabie saoudite en mars 2016 après que l’Arabie saoudite a bombardé
un marché en plein air au Yémen et tué 97 civils. Pour ce bombardement,
les Saoudiens ont utilisé une bombe MK-84 à guidage de précision,
fabriqué par General Dynamics, un autre grand entrepreneur
américain de la défense. Malheureusement, les précédentes ventes de PGM
de l’administration Obama à l’Arabie saoudite ont conduit à d’autres
incidents la même année, comme le bombardement
d’octobre 2016 contre un funérarium à Sanaa. 155 personnes sont mortes,
toutes des civils. Une bombe MK-82, similaire au modèle utilisé dans
l’attentat de 2018 contre un bus, a été utilisée dans cet attentat.
Cette bombe à guidage laser a également été fabriquée par Lockheed Martin.
En passant, l’administration Obama ne doit pas être félicitée pour
avoir simplement interdit la vente de PGM à l’Arabie saoudite. Elle a
aussi continué à vendre à l’Arabie saoudite d’autres armes qui ont été
utilisées pour massacrer des Yéménites, ils ont ravitaillé les bombardiers saoudiens deux fois par jour [via
les avions ravitailleurs KC-135 ou KC-10 opérant depuis l’espace aérien
international, au détriment des Airbus A330-MRTT de la RSAF, NdT], et ils ont fourni un soutien logistique et des renseignements aux Saoudiens via la Cellule de planification conjointe.
Ces réserves mises à part, l’administration Obama a interdit la vente
de PGM à l’Arabie saoudite en mars 2016. Alors, pourquoi
l’administration Trump a-t-elle annulé l’interdiction des ventes de PGM à l’Arabie saoudite en 2017 ? Selon The Nation, rien qu’en 2018, les entreprises de défense ont réalisé plus de 5 milliards de dollars de ventes d’armes à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU). Dans son article, The Nation
a identifié que l’Arabie saoudite a utilisé une bombe planante GBU-12
Paveway II – qui est une bombe à guidage laser – fabriquée par un autre
grand entrepreneur de défense américain, Raytheon, pour faire exploser une cérémonie de mariage.
Ce sont maintenant trois entrepreneurs de défense distincts, General Dynamics, Raytheon et Lockheed Martin,
qui ont gagné des milliards en vendant des munitions aux Saoudiens, y
compris des PGM de haute technologie, qui ont été utilisés pour cibler
intentionnellement des zones civiles.
Frapper des cibles avec des PGM n’est pas comme larguer des munitions
ordinaires. Il est rare que des zones civiles soient prises pour cible
involontairement. Ce n’est pas un accident lorsqu’un bus scolaire, un
mariage ou un funérarium explosent avec une PGM. Si un allié utilise
intentionnellement des PGM pour cibler de manière répétée des zones
civiles, la vente de ces armes à l’acheteur rend le vendeur coupable de
crimes de guerre.
Le journal The Nation a rendu compte des conclusions de la loi sur la divulgation des activités de lobbying. Ils ont découvert qu’en 2018, « Boeing a dépensé 15 millions de dollars pour des lobbyistes, Lockheed Martin 13,2 millions de dollars, General Dynamics 11,9 millions de dollars et Raytheon 4,4 millions de dollars ». Pour comprendre comment fonctionne le tourniquet entre
les membres du Congrès et les entrepreneurs de la défense, il suffit de
regarder le cas de Buck McKeon mentionné plus haut. Selon Open Secrets, pendant son mandat au Congrès, McKeon a reçu des contributions de campagne de 192 900$ de Lockheed Martin, 190 200$ de Northrop Grumman, 103 050$ de General Dynamics et 94 400$ de Boeing.
Ils ont été ses principaux contributeurs pendant toute la durée de
son mandat au Congrès. Les entreprises de défense ont soudoyé le
Président de la commission de Défense de la Chambre des représentants
pour s’assurer que personne ne bloque les ventes d’armes contraire à
l’éthique aux théocraties fondamentalistes, comme l’Arabie saoudite,
qui perpétuent des massacres à l’étranger. McKeon représente
actuellement Lockheed Martin et General Dynamics par l’intermédiaire de son cabinet de lobbying.
Tout en travaillant pour General Dynamics et Lockheed Martin, le groupe McKeon a également représenté l’Arabie saoudite. En 2018, McKeon a reçu 920 148$ du Royaume d’Arabie saoudite pour bloquer des lois qui auraient interdit les ventes d’armes à l’Arabie saoudite.
En 2018, le groupe McKeon a fait pression sur le Président de la
commission de Défense du Sénat, Jim Inhofe, pour qu’il vote contre un
projet de loi qui aurait mis fin aux ventes d’armes à l’Arabie saoudite.
Les entrepreneurs d’armement travaillent main dans la main avec les
dictatures théocratiques à l’étranger. Ils utilisent les mêmes sociétés
de lobbying pour faire pression sur le Congrès afin qu’il vote contre
les projets de loi visant à mettre fin aux génocides dans des endroits
comme le Yémen, le pays le plus pauvre du Moyen-Orient.
American Defense International (ADI) fait du lobbying au nom des EAU et de l’Arabie saoudite. Selon The American Conservative, ADI représente également General Dynamics, Northrop Grumman, Raytheon, L3 Technologies et General Atomics. ADI a été chargée de faire pression sur les votes de revirement concernant les ventes de PGM « Paveway » aux EAU. Un entrepreneur de la défense, Raytheon, a versé 120 000$ à ADI en 2018 pour ses efforts de lobbying. ADI a rencontré
spécifiquement Steve Scalise, le chef de file de la majorité de la
Chambre à l’époque. ADI a fait pression sur lui pour qu’il vote contre
la H.Con.Res 138, un projet de loi qui a été rédigé pour retirer les
États-Unis de la guerre au Yémen.
Faire exploser des enfants dans les pays pauvres est un business model
qui marche bien. C’est une dure réalité dont on parle rarement. C’est
une raison de plus pour que les États-Unis bannissent l’argent de la
politique. Tant qu’il y aura un tourniquet entre les membres du Congrès
et les sociétés de lobbying, la politique étrangère américaine
continuera à refléter les intérêts des riches actionnaires des sociétés
d’armement.
Pour une meilleure compréhension du tourniquet dans les relations
entre le Congrès, le ministère de la Défense et les lobbyistes des
entreprises de défense, je vous recommande de lire le chapitre 16 du
livre « The Separation of Business and State« . Il donne un aperçu global du problème, du Vietnam à l’Irak.
Par Ben Harbour − Le 25 mars 2020 − Source Global ResearchBen Barbour est un analyste géopolitique américain.Traduit par Michel, relu par Marcel pour le Saker Francophone
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