Ca y est, l’opération Navalny tourne à plein régime. Merkel l’a déclaré : la Russie a empoisonné Navalny au novichok, il n’y a aucun doute. Et comme c’est la Russie, elle doit reconnaître les faits. Et comme il n’y a aucun doute, il n’est pas nécessaire de présenter les preuves. Quant à savoir pourquoi un produit si toxique et volatil a réussi à ne toucher absolument personne dans l’entourage de Navalny, ni dans l’avion, ni dans l’hôpital à Omsk, cela doit faire partie des mystères de la géopolitique. En attendant, la communauté internationale prépare sa "réponse", autrement dit continue son attaque contre la Russie.
Un laboratoire militaire allemand a enfin déclaré ce que
les politiciens allemands affirmaient déjà la semaine dernière :
Navalny a été empoisonné au Novichok. Immédiatement, Merkel donne le
ton, l’opération est lancée et frappe directement le Gouvernement
russe :
Alors, le "monde libre" entre dans la danse, une bonne
vieille petite guéguerre froide pour faire oublier la débâcle serait
bienvenue, même si une véritable guerre froide fait peur. Des deux
côtés. Aucun n’est réellement prêt à cela. La posture sera suffisante et
la mécanique des sanctions, bien rodée, fera l’affaire.
"Après les États-Unis et le Royaume-Uni,
c’est la France qui, par l’intermédiaire du ministre des Affaires
étrangères Jean-Yves Le Drian, a dénoncé "l’utilisation choquante et
irresponsable" de cette substance."
La déclaration de Le Drian montre à quel point la
mécanique est toujours la même : la Russie doit montrer dans quelles
circonstances le produit a été utilisé. Autrement dit, on vous affirme
qu’il y a du novichok, sans présenter aucun document
aux autorités officielles russes, et maintenant c’est à la Russie de
fournir l’explication de ce scénario fantasmagorique. C’est exactement
comme avec l’affaire du dopage : on vous assure qu’il y a eu implication
du FSB qui faisait soi-disant passer à travers les murs les
échantillons, maintenant vous devez reconnaître cette absurdité pour,
peut-être, que l’on vous pardonne. L’expérience a montré
que rien n’est jamais "pardonné", la mécanique ne fait que progresser.
Chaque conciliation est interprétée comme une faiblesse et donc une
raison pour faire monter graduellement la pression.
Ici nous avons droit à un laboratoire militaire, sans
qu’aucune analyse alternative indépendante ne soit ni envisagée, ni même
exigée. C’est vrai, c’est un laboratoire militaire ... allemand, ça
change tout.
Sur cette base, un chef d’Etat accuse officiellement un
Gouvernement d’empoisonnement d’un de ses citoyens. Sans lui fournir
aucun élément de preuve. Et l’enjoint à collaborer à l’enquête - qui l’a
déjà déclaré coupable. Alors qu’une enquête est bien ouverte en Russie
par le Comité d’enquête. Qui elle, à la différence de "l’enquête" menée
en Allemagne, doit être "ouverte", donc en violation du principe
universel de secret de l’enquête.
Rien ne vous dérange ?
On ne rappellera pas que Navalny n’est "le principal opposant" de Poutine que dans la fantasmagorie occidentale.
On ne reviendra même pas sur l’absurdité fondamentale de
cette version. Si la Russie avait empoisonné Navalny, à quoi bon
l’offrir à l’Allemagne pour que l’enchaînement des
accusations-sanctions, tant prévisibles, ait lieu ? Il est vrai que le
fait même que la Russie l’ait laissé se faire exfiltrer, sans avoir
prévu de parade, soulève des questions ...
On ne reviendra pas non plus sur cet étrange novichok,
substance extrêmement dangereuse, qui semble avoir beaucoup de mal à
tuer ... Certains, comme la fille Skripal, en ressortent même avec une
cure de jeunesse.
On oubliera aussi
de se demander comment est-il possible que personne parmi les centaines
de voyageurs, parmi les médecins, parmi les proches qui furent en
contact avec Navalny, dans des espaces clos, absolument personne n’ait
le moindre symptôme, qu’il n’y ait pas eu d’hécatombe est un véritable
miracle ... si c’est bien du novichok . A moins qu’il ne soit périmé ... En tout cas, c’est la question que se pose l’un des créateurs du novichok, en raison de la volatilité du produit à partir de +20°.
Pourquoi se poser tant de questions, c’est la Russie.
Pourquoi faire un effort, le novichok est bien suffisant, il faut juste
un prétexte. Le voici. L’OTAN n’aura finalement pas sa base en Biélorussie,
ça a un prix. Et peu importe que la Russie ait parfaitement joué le
rôle du Covid, qu’elle entre dans l’organisation internationale pour les
migrations, qu’elle suive les recommandations du FMI,
peu importe qu’elle ait docilement collaboré pour le scandale
parfaitement organisé des JO, peu importe qu’elle suive le culte
managerial qui tue toute dynamique dans les domaines où il s’implante,
peu importe qu’elle suive les recommandations de l’OCDE (sans en être
membre) conduisant à la destruction de l’enseignement et de la
recherche, etc etc etc. Peu importe, finalement, qu’elle
ait laissé exfiltrer Navalny. Et à cause de cela. Il y aura des
sanctions. Il y aura une diabolisation. Il y a une communication de
guerre. Car chaque concession est un signe de faiblesse.
Sauf à tomber dans la propagande
primaire, il est difficile de ne pas voir que la stratégie mise en œuvre par les groupes néolibéraux, devenus dominants dans la politique
russe, fragilise le pays et ouvre la voie à des attaques de plus en
plus frontales. Mais ce ne sont pas eux qui sont aptes à mener le
combat.
PS : Malgré la demande d’un sénateur
américain et de l’opposition verte en Allemagne d’interrompre la
construction du gazoduc Nord Stream 2 en réaction à l’empoisonnement de
Navalny, Merkel
a déclaré qu’il serait construit jusqu’au bout. En soi, c’est une bonne
nouvelle, mais ça ne peut conditionner la politique étrangère russe. La
diplomatie du gaz et du pétrole a déjà démontré son échec en Ukraine.
Karine Bechet-Golovko
jeudi 3 septembre 2020
jeudi 3 septembre 2020
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NOTES de H.
Genséric
Hannibal Genséric
Navalny a eu de la chance de ne pas avoir rencontré Ramon Mercader.
RépondreSupprimerRions un peu alors, Hannibal !
RépondreSupprimerhttps://nicolasbonnal.wordpress.com/2020/09/05/nicolas-bonnal-poutine-a-t-il-tue-navalny-oui-oui-sans-oublier-henri-iv-et-kennedy-on-naura-pas-ce-probleme-avec-biden-idole-de-nos-medias-idiots-et-mondiaux-et-qui-est-mort-de-rire/
Qu'il est gentil Poutine avec les Occidentaux pas comme Staline lui qui était dur. Sans vouloir une confrontation militaire le Tsar du Kremlin devrait être beaucoup plus ferme avec les adversaires de son pays. Comme les Juifs oeil pour oiel dent pour dent et cesser de vouloir faire comme Jésus-Christ de tendre la joue gauche après avoir reçu une gifle sur la droite.
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