Avant le lancement de l’opération
militaire de libération de la région sud, la Russie et quelques
responsables sionistes avaient annoncé qu’ils étaient parvenus à un
accord qui lui épargnerait la bataille actuellement en cours. Un
arrangement comprenant le déploiement de l’Armée arabe syrienne dans
cette région, le règlement de la situation des miliciens armés qui le
souhaiteraient ou, dans le cas contraire, leur transfert vers la région
d’Idlib.
Mais interrogé sur le
sujet lors de sa dernière conférence de presse [1], le ministre syrien
des Affaires étrangères, Walid al-Mouallem, avait répondu : « Ne croyez
rien de ce qui se dit à ce propos avant de voir la base d’Al-Tanf
démantelée ».
Territoire DAECH de 2015 à 2018 |
Suite à cette
prise de position, les déclarations optimistes concernant un tel
arrangement ont reculé laissant place aux mises en garde et aux défis de
part et d’autre ; Washington menaçant l’Armée syrienne et Moscou ;
l’Armée syrienne déclarant sa détermination à mener la bataille et à
mobiliser les forces nécessaires en prenant en compte une intervention
militaire américaine ou israélienne.
Il
est clair que les États-Unis ont accepté cet arrangement tant qu’il
n’impliquait pas le démantèlement de leur base militaire à Al-Tanf ; une
base jouant un rôle majeur dans l’interruption d’une voie de
communication terrestre essentielle entre la Syrie et l’Irak tout en
fournissant un refuge sécurisé aux groupes terroristes, y compris Daech,
lesquels ne cessent d’attaquer les forces syriennes pour faire pression
sur l’État syrien et l’amener à accepter les dictats américains.
Il
est probable que c’est en partant du principe « entre deux maux, il
faut choisir le moindre » que les États-Unis ont bloqué l’accord et, par
conséquent, ont accepté le déploiement des forces syriennes dans la
région sud :
- le pire étant que l’Armée syrienne se déploie sans combattre et que leur base militaire d’Al-Tanf soit démantelée, alors qu’elle est essentielle pour la poursuite de leur politique en Syrie, en Irak et dans toute la région ;
- le moindre étant que l’Armée syrienne contrôle la région sud et qu’ils conservent leur base.
Il
est tout aussi probable que ce même calcul explique pourquoi les
États-Unis ne sont pas intervenus en faveur des milices armées dans la
région sud, allant jusqu’à leur conseiller par écrit [2] de ne pas
compter sur leur soutien militaire direct face à l’Armée syrienne,
réduisant le combat de l’Armée américaine à la défense de la base
d’Al-Tanf au cas où l’Armée syrienne s’en approcherait.
Hmeidi al-Abdallah
Chercheur et chroniqueur politique syrien (Damas)
Notes :
[1] Damas : une désescalade dans le Sud syrien n’est pas possible sans retrait des troupes américaines
[2] Washington aurait averti les rebelles syriens de ne pas compter sur son aide militaire dans le sud
La source originale de cet article est New Orient News
Deraa reprise : les médias occidentaux en étouffent de dépit (LGS)
Devant l’inexorable
avancée des forces gouvernementales syriennes en direction de Deraa, les
représentants des rebelles de la prétendue « armée syrienne libre »
(ASL) ont négocié par l’intermédiaire de la Russie un accord qui a acté le
retour de la ville et de sa région sous l’autorité de Damas.
Les rebelles n’ont
pas eu d’autre choix que celui de négocier car ayant été lâchés par les
Etats-Unis et la Jordanie voisine qui contrairement à ce qu’ils en ont espéré
se sont abstenus de voler à leur secours.
Présentée par les
médias mainstreams occidentaux comme paniquée et fuyant en masse devant
l’avancée des forces loyalistes, la population de la région de Deraa a au
contraire célébré leur arrivée, soulagée qu’elle s’est dit être de ne plus
avoir à subir l’abjecte férule de la soi-disant rébellion. Ce que ces mêmes
médias qui n’ont eu de cesse d’inonder l’opinion internationale en scènes de
combat ont totalement zappé la vue d’une population accueillant avec
démonstration de liesse les soldats de l’armée arabe syrienne ne cadre pas avec
la présentation qu’ils font du conflit syrien depuis qu’il a commencé. Force
leur est cependant d’admettre que la prétendue « armée syrienne libre »
qu’ils se sont échinés à présenter comme le bras armé d’une rébellion
« modérée » alternative crédible au régime « sanguinaire »
de Bachar El Assad s’est volatilisée depuis longtemps et que ce qui en reste
s’est mis sous le parapluie de la Turquie ou a fait alliance avec les groupes
terroristes affiliés à Al Qaïda ou ayant fait allégeance à Daech et à son
autoproclamé khalifat islamique.
La reconquête du
sud de la Syrie par les forces loyalistes désormais pratiquement parachevée a
fait entrevoir que la coalition étrangère anti-Bachar El Assad a fait une croix
sur l’objectif qu’elle s’était fixé de renverser celui-ci. N’ayant pu
l’atteindre, elle émet désormais des signaux en direction du pouvoir légal
syrien et de son principal allié la Russie leur donnant à comprendre qu’elle
est désormais disposée à prendre part au processus de pourparlers sur la
solution politique du conflit syrien. La contrepartie cruciale que cette
coalition entend obtenir pour le revirement stratégique qu’elle a opéré en
lâchant les rebelles qu’elle soutenait dans le Sud et le Sud-Ouest syrien est
que Damas prenne ses distances avec l’Iran, son autre allié dans le conflit, ou
du moins n’autorise pas son implantation militaire dans cette région hautement
névralgique car frontalière autant avec la Jordanie qu’avec Israël.
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