« C’est
Vladimir Poutine qui avait la haute main lors de sa rencontre avec Donald Trump
à Helsinki. Il ne semble pas qu’il soit prêt à se soumettre aux
exigences d’Israël et des États-Unis et qu’il veuille lâcher ses
alliés régionaux », indique Rai al-Youm.
Le rédacteur en chef du quotidien Rai al-Youm,
Abdel Bari Atwan, a réaffirmé, dans un article, qu’il était peu probable que le
président russe Vladimir Poutine tourne le dos à ses alliés
régionaux, dont l’Iran, pour la simple raison de plaire à Donald Trump et
à Benyamin Netanyahu, car c’est la Russie qui tient le haut du pavé dans la
région et elle ne se voit pas obligée de reculer devant Israël et les
États-Unis.
« Deux sujets ont été évoqués lors de la
conférence de presse Poutine-Trump : assurer la sécurité d’Israël en
réglant la crise autour des hauteurs du Golan dans le cadre d’un accord, signé
en 1974, et la coopération entre la Russie et les États-Unis en Syrie ainsi que
la présence de l’Iran dans ce pays », a indiqué Rai al-Youm.
Et d’ajouter : « Bien que les dirigeants
russes et américains ne se sont pas explicitement exprimés là-dessus et qu’ils
n’aient rien dit à propos des exigences d’Israël et de ses inquiétudes quant à
la présence de l’Iran en Syrie, cela ne signifie pourtant pas qu’ils n’en ont
pas parlé pendant leur tête-à-tête. »
Abdel Bari Atwan a ajouté qu’on ne pouvait pas encore
s’exprimer avec certitude à propos des accords auxquels auraient pu parvenir
Donald Trump et Vladimir Poutine pendant leur rencontre :
« Il faut attendre une fuite d’infos ou les
résultats de la prochaine réunion tripartite Iran-Russie-Turquie, prévue pour
la fin juillet à Téhéran. »
Atwan a précisé que la rencontre Trump-Poutine à
Helsinki avait eu lieu à la demande du président américain qui se sentait sous
la pression des lobbys pro-israéliens, paniqués par la présence de l’Iran et de
ses alliés, dont et surtout le Hezbollah, en Syrie.
« Il faut voir si les tentatives de Benyamin
Netanyahu, à Moscou et à Washington, pour convaincre Trump et Poutine de
bloquer la vente du pétrole iranien aboutiront ou non », a-t-il
conclu.
"L'armée syrienne devra contrôler la frontière Israël/Golan"
L'heure est à la
consternation en Israël : même avec toute la meilleure volonté du monde,
il est impossible de commenter "les remerciements de Netanyahu" à
l'adresse des présidents Trump et Poutine comme étant autre chose qu'une
tentative malhabile destinée à "sauver les meubles". Car, au sommet
d'Helsinki, Israël a perdu gros. La question la plus épineuse pour
lui aura été la mise sur pied d'une "zone tampon" au sud de la Syrie,
plus précisément à Quneitra de façon à ce que l'armée syrienne, et ses
alliés de la Résistance ne s'approchent pas du Golan occupé.
Après tout, la guerre par procuration que Tel-Aviv mène depuis 2011
contre l'État syrien avait pour objectif, entre autres, d'annexer ces
hauteurs stratégiques à la fois fertiles et pétrogazières. On se
rappelle même du spectacle savamment animé par le cabinet sécuritaire
israélien qui en 2015 a choisi d'y tenir sa réunion hebdomadaire.
Israël misait tout sur les liens Trump Poutine pour asseoir
son emprise sur le Golan. C'est désormais un vœu pieux : à Helsinki, le
non russe a été retentissant quand le président Poutine a renvoyé le
règlement définitif de la question du Golan à l'après-défaite du
terrorisme dans le sud syrien et qui plus est, en a bien défini le
cadre : Israël devrait se replier derrière la ligne tracée en 1974
laissant l'armée syrienne reprendre ses quartiers. Pire, l'armée
syrienne contrôlera le point de passage frontalier Ein Zivan-Quneitra,
le seul qui existe entre la Syrie et Israël. Les sources militaires
consultées par Mashregh News affirment que le président russe
aurait même insisté pour que l'armée syrienne reprenne le contrôle du
poste frontalier en question, comme elle a repris le contrôle de Nassib,
qui relie le sol jordanien à la Syrie.
Mais, Israël avait-il réellement d'autres choix que de jouer le jeu,
et de dire "oui" au président Poutine? Pas vraiment. Quelques heures
avant la tenue du sommet d'Helsinki, l'armée syrienne, secondée par des
unités d'artillerie, libérait "Tal Hara", située près des frontières
administratives de Quneitra avec le Golan. Alors que les terroristes ont
refusé, sous l'impulsion israélienne, l'offre de réconciliation, il a
suffi à peine de quelques heures pour que leurs lignes de défense
s'effondrent. La libération de la colline "Hara" est un gain stratégique
de premier plan au nord-ouest de Deraa puisqu'il s'agit d'une localité
située à 20 kilomètres des frontières du Golan. Dotée de plusieurs sites
de télécommunication et de contrôle, la colline servira de poste de
surveillance rapproché des agissements israéliens.
Source : Press.tv
Hannibal GENSERIC
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