Les choses
qui plaisent sont celles que l’on demande encore et encore
Horace
Bombarder,
bombarder, bombarder, bombarder, bombarder l’Iran
John McCain
Le président
Poutine, la Russie et l’Iran sont responsables de soutenir cet animal d’Assad.
Grosse mise à prix…
Donald Trump
Il est
difficile de dialoguer avec des gens qui confondent l’Autriche et l’Australie
Vladimir
Poutine
Bis repetita
Il semble
que nous ayons accompli un tour complet : les Anglosionistes se préparent
à nouveau, apparemment, à utiliser les mêmes Casques blancs (donc les « bons
terroristes ») pour exécuter une nouvelle attaque chimique sous faux
drapeau en Syrie et de nouveau en accuser les forces gouvernementales. De
nouveau, les Russes avertissent
le monde à l’avance et, comme la dernière fois, (presque) tout le monde s’en
fout. Il y a même des rapports selon lesquels les États-Unis envisagent, une
fois de plus, d’imposer une
zone d’exclusion aérienne (totalement illégale) au-dessus de la Syrie. Et,
exactement comme la dernière fois, il semble que le but des États-Unis soit de
sauver les « bons terroristes » d’une victoire gouvernementale
majeure.
Il semble
malheureusement que ma prédiction que « chaque
« clic » nous rapproche d’un pas du « bang »
se réalise et alors que l’Empire semble avoir abandonné l’idée d’une reconquête
totale de la Syrie, les néocons poussent clairement à ce qui pourrait se
révéler une frappe de missiles majeure sur la Syrie. Tirer un grand nombre de
missiles près des/sur les forces russes pourrait déclencher une contre-attaque
russe qui, à son tour, pourrait mener à une guerre majeure, peut-être
nucléaire, mais ce fait ne semble pas pris en compte dans les calculs des
néocons. Il est vrai qu’ils sont pour la plupart des gens assez stupides (comme
« focalisés sur le court-terme »), avec un fort sentiment de
supériorité et une vision messianique de notre monde. Pourtant, cela me
déconcerte que si peu de gens aux États-Unis et dans l’Union européenne s’en
soucient. D’une certaine manière, une guerre nucléaire est devenue si
inconcevable que beaucoup ont conclu qu’elle ne pourra jamais se produire.
L’autre
chose que les néocons semblent oublier est qu’on ne peut pas changer la
situation sur le terrain en Syrie au moyen de frappes de missiles ou de bombes.
D’une part, la dernière attaque américaine a définitivement montré que les
Tomahawks sont une cible facile pour les défenses aériennes syriennes (pour la
plupart désuètes). Bien sûr, les Américains pourraient compter sur plus d’AGM-158 JASSM, beaucoup
plus difficiles à intercepter, mais peu importe les missiles utilisés, ils
n’affecteront pas efficacement les capacités militaires syriennes tout
simplement parce que ce sont des cibles peu lucratives pour des frappes de
missiles de croisière. Si on considère que les Étasuniens savent fort bien
qu’il n’y aura pas d’attaque chimique (ni même qu’elle pourrait se produire, d’ailleurs,
puisque même les États-Unis ont déclaré que la Syrie n’avait pas d’armes
chimiques en 2013), la Maison Blanche pourrait décider de faire sauter
quelques bâtiments vides et déclarer que « l’animal Assad » a
été puni, je suppose. Mais même totalement sans opposition, une attaque
de missile n’aurait aucun sens militaire. Cela pose donc la question de savoir
à quoi servirait une attaque contre la Syrie. Malheureusement, la réponse
évidente est que la frappe de missiles à venir a moins à voir avec la guerre en Syrie
qu’avec la politique intérieure américaine.
Les options russes et syriennes
Il y a aussi
quelques différences. La plus grande est que cette fois-ci, la force
d’intervention navale russe en Méditerranée orientale est beaucoup plus grande
que la dernière fois : 15 navires y compris deux frégates de pointe, l’Amiral
Grigorovitch et l’Admiral Essen (ici, un article
détaillé) et deux sous-marins d’attaque diesel évolués de classe 636.3.
Cela représente beaucoup de puissance de feu anti-navire, anti-aérienne
et anti-sous-marine et, plus important encore, beaucoup de capacités avancées
d’alerte rapide. Comme les réseaux de défense aérienne russes et syriens ont
été intégrés par un seul système de feu automatisé, cela signifie que les
Syriens « verront » très précisément ce qui se passe dans
l’espace aérien syrien et autour (c’est particulièrement vrai avec les Russes
dont les Iliouchines
A-50U patrouillent 24 h sur 24).
Ce qui
m’inquiète le plus, ce sont les différents rapports (comme celui-ci)
qui affirment que le secrétaire d’État Mike Pompeo a dit la semaine
dernière au ministre russe des Affaires étrangères Serguei Lavrov que « Moscou
serait tenu pour responsable » si une attaque chimique avait
lieu. Si, par « Moscou sera responsable », les fous à
Washington DC veulent dire « moralement responsable », ce
n’est que le non-sens habituel. Mais je crains qu’avec des cinglés certifiés comme Bolton
et Pompeo aux commandes, les Américains puissent envisager d’attaquer le
personnel russe en Syrie (pas nécessairement dans les bases bien
défendues de Khmeimin ou Tartous). Ces types pourraient facilement viser
diverses installations ou des unités militaires syriennes où on sait que du
personnel russe est déployé et déclarer qu’ils ne visaient pas délibérément les
Russes et que les Russes touchés étaient « clairement impliqués »
avec les forces syriennes maniant les armes chimiques. Les États-Unis ont déjà
pris pour cible des
ressortissants russes pour les enlever et les mettre en détention,
ils pourraient commencer à tuer bientôt des Russes puis faire porter la
responsabilité de ces morts au Kremlin. Vous n’y croyez pas ? Pensez
seulement « Skripal » et vous verrez que cette idée n’est pas
si farfelue.
Les Russes
ont des possibilités de choix, soit dit en passant. Une chose qu’ils pourraient faire est de placer 6
MiG-31 (modernisés) en alerte rapide dans le sud de la Russie (ou, mieux
encore, en Iran) et en garder une paire en patrouille aérienne de combat
au-dessus de la Syrie (ou de l’Iran). Combinée avec les « yeux »
des A-50U, ces MiG-31 pourraient procurer aux Russes une
formidable capacité d’action en Syrie, spécialement contre les
B-1B étasuniens basés au Qatar ou à Diego Garcia. Jusqu’à maintenant, on a
vu peu de MiG-31 en action en Syrie mais si l’interception d’un grand nombre de
missiles de croisière devenait leur mission, ils offriraient une force beaucoup
plus souple et efficace que la très petite quantité de Su-35 et de Su-30
actuellement basée à Khmeimim.
Mais la clé
pour protéger la Syrie est de renforcer les défenses aériennes syriennes et
leurs capacités d’alerte précoce, en particulier avec des systèmes mobiles de
défense aérienne, notamment beaucoup de systèmes à courte et moyenne portée
comme le Tor-M2 et le Pantsir-S2. Jusqu’à ce que cet objectif soit
atteint, les États-Unis et la Russie resteront dans une très dangereuse « impasse mexicaine »
où les deux parties sont engagées dans ce que j’appelle un « jeu de la poule mouillée nucléaire », chaque
partie menaçant l’autre tout en comptant sur ses propres capacités nucléaires
pour dissuader une contre-attaque significative ou des représailles. C’est
extrêmement dangereux, mais il y a très peu que la Russie puisse faire pour
arrêter les dirigeants étasuniens de revenir encore et encore à cette même
stratégie. Jusqu’à
présent, les Russes ont manifesté un degré de retenue vraiment remarquable,[1] mais s’ils sont poussés trop loin, la
prochaine étape pour eux sera de riposter aux Américains d’une manière qui leur
fournisse ce que la CIA appelle « un déni plausible »
(j’ai analysé cette option il y a plus d’un an dans cet
article). S’ils sont attaqués directement et ouvertement, les
Russes n’auront évidemment pas d’autre choix que de frapper en retour. Et s’il
est vrai que les forces russes en Syrie et à proximité sont largement
inférieures en nombre par rapport aux forces US/OTAN/CENTCOM, les Russes ont un
avantage massif sur les États-Unis en termes de missiles de croisière à longue
portée (voir l’analyse d’Andrei Martyanov « Russia’s
Stand-Off Capability: The 800 Pound Gorilla in Syria » pour
une analyse détaillée à ce sujet).
Rien de ce
qui précède n’est nouveau, le monde est bloqué dans cette situation depuis
plus d’un an maintenant, et il ne semble toujours pas y avoir de fin en vue.
Malheureusement, je ne peux qu’être
d’accord avec Rouslan Ostachko : seule une défaite militaire massive ou un effondrement économique non moins
massif arrêtera les gens qui « confondent l’Autriche et
l’Australie » dans leur quête démente d’hégémonie mondiale par la
violence.
Le 31 août
2018 – Source The
Saker
Traduit par
Diane, vérifié par Wayan, relu par Diane pour le Saker francophone
L’ambassadrice (ou ambassadeur ?) des États-Unis auprès des Nations unies Haley montre des photos de victimes de l’attaque sous faux drapeau au gaz lors de son intervention au Conseil de sécurité de l’ONU en avril 2017. |
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