Pour mieux appréhender
les derniers développements entre la Russie et Israël après
la destruction de l’Il-20 dans les conditions qu’on sait, ce
texte (ci-dessous) de E.J. Magnier nous paraît intéressant. Il y a d’abord
la compétence, l’expérience et les sources du commentateur, que nous
connaissons bien ; mais il y a aussi et surtout son point de vue, qui nous
permet de mieux éclairer la situation en Syrie.
Magnier, en effet,
perçoit la position de Poutine et l’intervention russe en Syrie d’une manière
qui est assez peu habituelle aux commentateurs occidentaux, et notamment aux
antiSystème pro-Poutine, et notamment à ceux que nous avons nommés
affectueusement “hyper-antiSystème”.
Pour lui, Poutine est beaucoup moins un allié de la Syrie qu’un
“arbitre” dans ce conflit, – ou bien, ou mieux, disons “était” car
c’est justement sur ce point que les choses sont en train de changer à une très
grande rapidité... Et l’“arrogance israélienne”, héritage commun à tous les
serviteurs du Système, n’y est pas pour rien.
La
Russie a décidé, Poutine s’exécute
Magnier justifie et même éclaire à notre insu cette
remarque que nous avions faite dans un
texte précédent, justement sur la réaction très ambiguë de Poutine [ Voir : Poutine
face à ses juifs. Osera-t-il fermer l’espace syrien aux attaques israéliennes], ambiguë jusqu’à paraître contradictoire à
première vue, – mais qui a déjà un début d’explication avec le titre du texte
de Magnier, – les Israéliens, par leur arrogance d’une stupidité sans bornes
relevant de l’“idéal
de puissance”, c’est-à-dire de l’hybris, ayant “forcé la main
de Poutine”... Dans ce cas, en effet, le président russe s’incline complètement devant les
intérêts russes, dont il a laissé le soin aux militaires de les
déterminer en fonction de leurs capacités d’analyse et
d’évaluation :
« Ayant eu la
curiosité d’écouter sa conférence de presse où il finit par parler de la chose
à l’insistance d’un journaliste (à partir de
18’20” sur la vidéo), j’ai tout de même été frappé par
le contraste saisissant entre la modération de son propos, assez piètre et
conventionnel jusqu’à paraître obscène aux plus fortes sensibilités, et
d’autre part son insistance à citer la réaction officielle du
ministre/ministère de la défense, qui accuse avec une extrême fermeté Israël
(avec coup de téléphone du ministre russe au ministre israélien), en précisant
que cette réaction avait été « validée » par lui-même. Je vois
beaucoup plus dans cette pseudo-contradiction une tactique
de Poutine qu’une contrainte subie par Poutine ; une
façon de dire, habile mais éventuellement pathétique :
“Je veux absolument que les choses s’arrangent mais sachez également que la
Russie n’acceptera peut-être pas que l’on agisse de cette façon, en faisant
mourir ses soldats, et que je m’exécuterais dans ce cas.” »
La
Russie, de l’“arbitrage” au “parti-pris”
Pour Magnier, il y a
d’abord ceci : la Russie n’est pas intervenue en Syrie en
2015 pour se placer au côté de la Syrie et de ses alliés, contre les
terroristes, mais aussi contre Israël, contre l’Arabie éventuellement, contre
la Turquie éventuellement, contre les USA et la clique de leurs porte-flingue
zélés (dont la France glorieuse) éventuellement. La Russie est intervenue en
2015 en Syrie, contre les terroristes et pour protéger le principe de souveraineté
en soutenant l’État syrien et en sauvegardant une alliance russe ; et
aussi pour établir un nouvel équilibre de stabilisation satisfaisant
pour toutes les parties parce que l’intérêt de la Russie, qui craint le
terrorisme islamiste (les tchétchènes) et veut conserver la seule base russe en
Méditerranée, est qu’un tel équilibre s’établisse.
Magnier ne laisse place
à aucune ambiguïté, lui, lorsqu’il analyse la position de la Russie. (Il ne
faut pas oublier que les sources de Magnier sont essentiellement arabes,
surtout syriennes, éventuellement iraniennes, et qu’il tend à privilégier
l’analyse de ces sources, qu’il partage objectivement.) Ainsi, au contraire de
notre perception en général, il situe la Russie comme un “arbitre”
entre les différentes parties lorsqu’il écrit que les militaires russes ont
exprimé une très grande colère en dénonçant l’“ingratitude” des Israéliens :
« Il semble
bien que la Russie a énormément aidé Israël pendant toutes les années de sa
présence en Syrie (depuis 2015), au détriment de “l’Axe de la résistance”, dont
la Syrie. L’objectif de la
Russie a toujours été de maintenir un équilibre entre cet axe et ses relations
avec Israël... »
Ainsi Poutine a-t-il
réagi comme nous l’avons décrit : d’abord avec des paroles qui préservaient
les perspectives d’entente (avec Israël) pour conserver cette position
d’“arbitre”, mais en avertissant qu’il s’exécuterait et durcirait sa position
en conséquence, si la Russie (en l’espèce, les militaires, invités à prononcer
un jugement technique et tactique sur l’événement) le décidait ; et ce fut
bien le cas, après quelques jours d’intense analyse des militaires russes,
– “la Russie n’accepte pas que l’on agisse de cette façon, en faisant
mourir ses soldats”, et Poutine agit en conséquence. De ce point de vue, il
s’agit d’un basculement considérable, parce que la Russie a décidé
de “prendre parti” devant l’attitude israélienne, forcée à cela par le
comportement israélien et aussi par ce que Magnier nomme “l’arrogance
israélienne”.
Militaires
et civils israéliens
Cette question de
“l’arrogance israélienne” est également intéressante à considérer. Magnier nous
indique une piste qu’il nous est déjà arrivé d’évoquer, et pour ce cas de la
destruction de l’Il-20 lorsque nous avons noté que « les circonstances
de l’“incident” du côté israélien sont loin d’être claires ». La
question concerne les positions respectives des militaires israéliens et du
pouvoir civil, question que Magnier effleure lorsqu’il parle de « l’État
militaire assorti d’un gouvernement qu’est Tel-Aviv » et du « leadership
politico-miliaire en Israël ».
Ce n’est pas une
question nouvelle, celle des relations entre militaires et civils israéliens.
Un documentaire passant actuellement sur la chaîne Histoire,
« Six
jours en juin », évoque les circonstances précédant la “Guerre
des Six-Jours“ de juin 1967 et l’extraordinaire solitude où se trouvait le
premier ministre et ministre de la défense Levi Eshkol, tentant d’éviter
la guerre, face aux généraux israéliens tout-puissants, qui voulaient
absolument “leur” attaque préventive contre l’Égypte avec la guerre à suivre,
– et qui eurent l’une et l’autre. Depuis, la situation n’a fait qu’empirer
pour ce qui est de cette
influence des militaires en raison de leur proximité
quasiment incestueuse avec le Pentagone, particulièrement au niveau
des forces aériennes et de l’USAF.
On pourrait ainsi
considérer qu’il y a une “arrogance israélienne” vis-à-vis de
l’extérieur, mais aussi une “arrogance” des militaires israéliens
vis-à-vis de leur direction civile, qui peut les avoir amenés
vis-à-vis des Russes, au cours de cette opération du 17 septembre, un peu trop,
ou décisivement trop loin par rapport à ce que voulait cette
direction civile.
Le Krashuka-4
arrive
Ces diverses conditions
donnent effectivement toute son importance à l’“incident” de la destruction de
l’Il-20, qui marquerait le début d’une phase complètement nouvelle de la crise
syrienne, où l’on passerait véritablement d’une sorte de “guerre asymétrique”
comme variante de la G4G (“Guerre de Quatrième Génération”) à la possibilité d’une situation de
conflit plus ouverte et plus conventionnelle, avec comme acteurs potentiels les
plus importants la Russie et Israël. Il n’est pas assuré que les
dirigeants israéliens, et même les généraux, aient souhaité cette sorte de
prolongement. A cet égard, les commentaires et les prises de position sont très
divers, et l’on remarque par exemple les observations implicitement très
alarmistes du site DEBKAFiles, dont on a déjà recensé
souvent les liens de proximité avec les services de sécurité israéliens
(surtout les services de renseignement, Mossad éventuellement,
qui est loin d’être toujours en accord avec les militaires israéliens).
D’une façon
générale, DEBKAFiles estime que la
mesure la
plus importante décidée par les Russes est la livraison vers la Syrie de
matériels de guerre électronique, notamment les stations Krashuka-4
qui, dans l’architecture électronique que les Russes ont mis en place en
Syrie, pourraient se révéler comme un élément déterminant en
réduisant considérablement sinon radicalement les capacités d’action
israéliennes (le Saker-US parle d’une “no-fly-zone” de
facto). Le site assortit cette considération de l’annonce que Netanyahou,
qui rencontre Trump aujourd’hui à New York, va sans doute lui demander que les
USA offrent des concessions à Poutine pour que la Russie retire ses Krashuka-4
qui ont d’ores et déjà commencé à être déployés en Syrie...
« Les militaires israéliens insistent surtout sur
les huit batteries de S-300 promises aux Syriens[par la
Russie]. On fait très peu mention du duel de guerre
électronique avec la Russie qui attend l’armée israélienne. Les militaires
israéliens et notamment la force aérienne, connaissent le
système Krasukha-4 mais ne l’ont jamais affronté. Par contre, les
Américains ont expérimenté ses capacités [Voir :
Un
Général américain: les Russes bloquent nos hélicoptères de combat, et détruisent
nos communications en Syrie ] . Il est probable que le premier ministre
Netanyahou demandera au président Trump, lors de leur rencontre [aujourd’hui] aux
Nations-Unies qu’il [les USA] offre certains avantages à Vladimir Poutine en
échange du retrait de cette menace de guerre électronique. Il y a fort peu de
chance qu’un résultat soit obtenu. Nos sources estiment que Poutine ne lâchera
rien du tout à moins d’obtenir le retrait des forces US de Syrie, ce
que le président Trump n’acceptera pas. » (DEBKAFiles,
le 25
septembre 2018.)
Netanyahou espère toujours...
On notera qu’en quittant
hier matin un conseil national de défense de son gouvernement sur cette
affaire, avant son embarquement pour New York, Netanyahou a tenu à préciser
d’un air à la fois guerrier et guilleret, en faisant un magnifique grand écart
sémantique pour tenter de rassurer ses troupes :
• qu’Israël
continuerait à lutter contre les tentatives d’installations des Iraniens en
Syrie avec les missions aériennes qui vont avec d’une part ;
• qu’Israël
continuerait d’autre part à se coordonner avec les Russes comme cela s’est fait
avec tant de succès (voir le Il-20) depuis trois ans, cette dernière
affirmation accompagnée de la précision d’une conversation téléphonique récente
avec Poutine, qu’un Netanyahou plein d’entrain forcé décrirait volontiers comme
chaleureuse, avec arrangement pour un prochain rendez-vous entre militaires
russes et militaires israéliens.
Il est vrai que les
Israéliens ne sont pas vraiment à l’aise dans cette situation qu’ils ont
eux-mêmes rendue assez confuse... Il est vrai que, malgré les moustachues
menaces de Bolton dont on pourrait être tenté de
faire grand cas, il n’est nullement assuré que les USA, et notamment les
militaires du Pentagone et des théâtres extérieurs, aient une
envie folle de se précipiter au secours des Israéliens, surtout compte tenu de
l’environnement électronique que décrit DEBKAFiles,
implicitement assez critique de la coinduite de cette opération par les
militaires israéliens.
La guerre électronique à-la-russe
... A ce sujet des
possibilités et des désirs d’intervention des forces militaires US, on
rappellera ce
qu’il était dit récemment, en mai 2018, des capacités de guerre
électronique des Russes telles que les forces US les ont expérimentées et les
expérimentent en Syrie, – et cela comme conclusion temporaire d’une situation
qui n’a pas fini d’évoluer et qui se trouve désormais à un très haut niveau
d’intensité et d’enjeu :
« On a
déjà noté l’importance de l’intervention du général Thomas, qui assure le
commandement des Special Operations des forces armées US. Cet
officier général parlait devant une audience de connaisseurs du domaine du
renseignement, essentiellement dans le domaine de l’électronique
(reconnaissance, identification, surveillance, guerre électronique par
brouillage, etc.). Dans sa rubrique Tourbillon crisique du 27 avril
2018 de son Journal-dde.crisique, PhG notait après avoir cité le
passage désormais fameux pour les spécialistes de l’intervention de
Thomas :
» “‘Actuellement,
en Syrie, nous nous nous trouvons, du fait de nos
adversaires, dans l’environnement de guerre électronique le plus agressif que
l’on puisse trouver dans le monde. Ils nous attaquent chaque
jour, interrompant nos communications, désactivant nos AC [EC ?]-130,
etc...’ [...]
» ”... l’infériorité
sévère des forces US dans le domaine de la guerre électronique.
[...] Un débat essentiel est en train de s’ouvrir, concernant les
capacités électroniques des forces armées US dans un conflit de haute
intensité, face essentiellement à la Russie dont les progrès considérables sont
désormais actés. Ce débat, avec les propos du général Thomas, sonnent, dix
jours après, comme une confirmation implicite de la
version russe de l’attaque du 13-14 avril, et des
interprétations qui ont donné un rôle essentiel dans l’interception des Cruise
missiles aux capacités de guerre électronique des Russes, soit pour repérer
et informer les batteries syriennes, soit pour interférer directement dans le
vol des missiles.” »
» D’autres
interprétations assorties de commentaires annexes insistent dans le même sens
du constat de cette faiblesse considérable des forces armées US dans un domaine
si essentiel. Sur son site Dance with Bears, John Helmet ajoute, le
28 avril 2018, donc toujours à propos des déclarations du général Thomas et
autour :
» “ En
outre, le général Thomas a souligné que pour le moment, les capacités de guerre
électronique de la Russie ne fonctionnent pas à pleine capacité en Syrie. Si la Russie décidait de le
faire, les États-Unis perdraient toutes leurs capacités de communication dans
la région. L'ancienne chef de la guerre électronique pour l’US Army,
Laurie Buckhout, confirme que les États-Unis n'ont pas de capacités de guerre
électronique aussi étendues que la Russie. “Nous avons une très bonne capacité
de renseignement par écoute-radio et nous pouvons tout écouter. Mais
nous n’avons pas le dixième de leurs capacités offensives [des
Russes], notamment pour désactiver le fonctionnement de l’équipement
électronique adverse”. »
Le texte de E.J. Magnier
On trouve donc ci-après
le texte de Elijah J. Magnier, du 25
septembre 2018, sous le titre complet de « L’arrogance israélienne
force la main de Poutine sous l’œil attentif de l’Iran » (traduction
sur le site de Daniel G.)
dedefensa.org
_________________________
L’arrogance israélienne force la main de Poutine
La Russie a décidé
d’expédier son système S-300 VM en Syrie et a déjà commencé à livrer des
Krasukha 4 qui brouillent les radars et d’autre équipement connexe. Ces
installations témoignent de l’état des relations entre Moscou et Tel-Aviv. La
capacité d’Israël de détruire le nouveau système russe en Syrie n’est pas en
cause. Israël pourrait toujours trouver un moyen d’y parvenir. Sauf que tout
geste en ce sens serait perçu comme une atteinte directe au statut de
superpuissance de la Russie.
La Russie a démontré sa
patience stratégique à maintes reprises : lorsque deux de ses avions ont été
abattus (le premier par la Turquie en 2015), lorsque les USA ont lancé 59
missiles de croisière au-dessus de sa tête et lorsque les USA ont bombardé des
positions syriennes et des volontaires russes à Deir Ezzor. Sauf que la
dernière des nombreuses provocations israéliennes risquait de faire paraître la
Russie plus faible qu’elle ne l’est. Ce faisant, Israël a ainsi forcé la Russie
à réagir fortement.
La décision russe de
livrer ces systèmes de missiles perfectionnés, capables de neutraliser toute
cible ennemie dans un rayon de 200 km, ne veut pas dire que la Syrie commencera
à s’en servir dès demain et qu’elle pourra ainsi abattre tout avion qui viole
son espace aérien et celui du Liban. La Russie est reconnue comme lente à
livrer la marchandise et voudra avoir le contrôle sur la gâchette en raison de
la présence de ses forces aériennes dans le ciel qu’elles partagent avec celles
de la coalition des USA.
L’arrogance israélienne
a poussé le président Vladimir Poutine à sortir de sa zone de confort en
prenant cette décision. Le commandement russe a exprimé sa colère sans ambages
en qualifiant Israël de « très ingrat ». Il semble bien que la Russie a
énormément aidé Israël pendant toutes les années de sa présence en Syrie
(depuis 2015), au détriment de “l’Axe de la résistance”, dont la Syrie.
L’objectif de la Russie a toujours été de maintenir un équilibre entre cet axe
et ses relations avec Israël.
Le dilemme de la Russie
réside en la difficulté d’assurer un tel équilibre dans ce conflit complexe.
Les USA ont pris une position claire en faveur d’Israël. La Russie tentait
aussi de s’aligner sur Israël, malgré le fait que l’État militaire assorti d’un
gouvernement qu’est Tel-Aviv ne porte aucun intérêt à ce genre d’équilibre. Le
comportement récent d’Israël n’est rien de moins qu’une tentative de rabaisser
et de ridiculiser la Russie en tant que superpuissance.
Le leadership
politico-miliaire en Israël ne s’est pas gêné pour informer la Russie une
minute seulement avant sa frappe visant l’entrepôt de Lattaquié où sont
fabriquées des pièces de rechange pour les M-600 syriens, l’équivalent des
missiles de haute précision à combustible solide Fateh-110. Tel-Aviv a en outre
mal informé le centre de coordination russe à Hmeimim, en prétendant que
l’attaque israélienne viendrait de l’est. Sur la foi de ces renseignements, le
commandement russe a ordonné au IL-20 de se diriger vers l’ouest et d’atterrir
à l’aéroport pour éviter d’être pris dans le feu croisé. Sauf que les F-16
israéliens sont arrivés non pas de l’est, mais de l’ouest, ce qui a causé la
perte du IL-20 et la mort de 15 militaires russes.
Les efforts de la
Russie en vue de parvenir à une position équilibrée se sont heurtés à l’abus de
confiance d’Israël. Lors de leur dernière conversation, le président Assad a
dit à son homologue russe qu’Israël, sous le prétexte de frapper des convois
d’armes du Hezbollah, détruit l’infrastructure de l’armée syrienne, l’empêchant
ainsi de se reconstituer. Le premier ministre Netanyahu décrédibilise Poutine
pour le punir de la neutralité que le président russe cherche à maintenir.
L’attitude agressive
d’Israël l’a amené à commettre une erreur tactique. Israël est aujourd’hui aux
prises avec une crise stratégique due à sa condescendance, qui pousse Poutine à
armer davantage la Syrie. Mais la décision la plus grave, ce n’est pas la
livraison longuement retardée du S-300 VM, mais celle de fermer l’espace aérien
syrien et d’empêcher tout avion hostile de le violer. À cet égard, la Russie
pourrait ne pas être en mesure d’éviter un affrontement direct avec les USA
dont les forces (avec celles du R.U. et de la France) occupent le passage
frontalier d’al-Tanf entre la Syrie et l’Irak, ainsi que la province d’Hassaké
et une partie de la province de Deir Ezzor.
Le S-300 VM peut
protéger la côte syrienne, y compris Alep, Homs et Damas, ce qui devrait
suffire à protéger aussi la présence iranienne au Levant. Cela amènera
inévitablement Israël à renchérir, et même à utiliser ses chasseurs furtifs
F-35 pour éviter toute interception par le système de défense antiaérienne
syrien. Mais ce serait là un autre défi ancé directement à la Russie.
« L’Axe de la
résistance » observe les choses de loin et a décidé de ne pas intervenir, pour
ne pas s’immiscer dans la décision de Poutine. Il voit celle-ci d’un œil
positif, comme une première étape l’écartant de sa neutralité. La décision est
également perçue comme malvenue par « l’ingrat » Israël.
La décision russe n’est
pas tombée des nues, mais résulte des effets cumulatifs des actions
israéliennes visant à paralyser la capacité de l’armée syrienne alors que la
Russie cherche à la reconstituer. La décision de Poutine va au-delà des
relations entre Israël et Moscou. Une guerre régionale et internationale se
joue au Levant. Toutes les armes sont utilisées sur le théâtre
syro-libano-iranien, hormis les bombes nucléaires.
« L’Axe de la
résistance » surveille les choses de près et récolte les fruits des erreurs des
USA et d’Israël. Mais le dernier chapitre de cette guerre n’a pas encore été
écrit. Un jour ou l’autre, il ne restera plus qu’Hassaké et al-Tanf à libérer,
que les forces américaines occupent. La guerre syrienne demeure une boîte à
surprises et les dangers risquent de se multiplier à tout moment.
Elijah
J. Magnier
26 septembre 2018 –
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Les actions "fausses, peu professionnelles et lâches"
d’Israël ont entraîné la chute du Il-20 russe en Syrie, a déclaré jeudi la
porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova. En sa
qualité de porte-parole, elle a réitéré la ligne du ministère des Affaires
étrangères selon laquelle Israël est en fin de compte responsable de cette
"tragédie".
Hannibal GENSERIC Les annotations dans cette couleur sont d'H. Genséric
Les yankees n'ont pas l'air d'avoir oublié leur débâcle à Saigon en 75! Tout ce joli monde non invité en Syrie, devrait la quitter au plus tôt...pour éviter beaucoup de déboires un peu à tout le monde
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