La Russie n'a pas de bonnes options ici. Des
représailles militaires russes mettraient en jeu l’opinion publique américaine
absurdement pro-israélienne et l’establishment ultra sioniste de Washington. Ne
rien faire signale la faiblesse et invite à plus de provocations.
Il est techniquement possible que l'avion de surveillance russe
Il-20 n'ait été abattu que par stupidité et incompétence côté israélien et
syrien, et sans un plan israélien sournois pour le mettre en place. Les
militaires sont presque toujours parmi les plus stupides et les plus
incompétents de toutes les bureaucraties gouvernementales.
Néanmoins, le fait qu’Israël n’ait pas averti la Russie cette
fois-ci de son attaque (contrairement à son habitude) est un indicateur fort que l’armée israélienne a au moins voulu utiliser
l’avion russe pour couvrir ses combattants, ce qui le
mettrait à un certain niveau de risque.
Si oui, je pense qu’Israël l’a peut-être fait en sachant que si un
avion russe est abattu par les Syriens - même si Tsahal est en fin
de compte responsable - c’est une situation gagnant-gagnant pour Israël.
Penses-y.
Quelques
heures à peine après avoir annoncé l’annulation de l'offensive d'Idlib dans une
concession massive à Erdogan et indirectement à l'Ouest, Poutine est remboursé
par un avion militaire russe abattu à la suite d'une attaque israélienne en
Syrie.
Poutine est ridiculisé.
Lorsque la Turquie a tendu une embuscade et abattu un Su-24 russe à
la frontière syro-turque en novembre 2015, Moscou a limité sa réponse aux
sanctions économiques. Cela
a finalement contribué à modérer l'étendue de l'ambition turque en Syrie. La
fin des importations de tomates juives ne fera pas grand chose pour
impressionner Israël.
Si Poutine s'en tient aux seuls moyens économiques et diplomatiques
de représailles, la Russie sera considérée comme relativement faible. Cela
encouragera les faucons à Washington (et à Tel-Aviv), qui auront plus de
facilité à vendre l'idée que matraquer la Russie en Syrie et frapper Assad ne risque pas de mener à la Troisième Guerre
mondiale. Ce qui augmente ainsi les chances de ce que veut vraiment Israël en
Syrie; plus
de chaos et que la guerre ne finisse jamais.
Dans le même temps, si la Russie opte plutôt pour des représailles
militaires, cela - grâce à la maîtrise par Israël de tous les leviers de
commande aux États-Unis - renforce également la probabilité de ce que veut
Israël. Imaginons,
par exemple, que la Russie déclare que ses forces en Syrie participeront
désormais, sous certaines conditions, à la défense du pays hôte (la Syrie) contre
les frappes aériennes israéliennes et qu’elles tireraient sur les agresseurs la
prochaine fois. Quel
effet cela aurait-il?
Le résultat probable serait une fièvre guerrière aux États-Unis.
Il
y aurait une union sacrée entre les protestants évangéliques farfelus, les
libéraux haïssant la Russie et les lobbies juifs tenant Trump et la quasi totalité des élus par les joyeuses (corruption, chantage),
afin de se mettre sous la bannière de la
« protection d’un Israël minuscule, libre et démocratique »
contre l’ours russe menaçant.
Pour la Russie, ses relations avec les États-Unis se détérioreraient encore
plus, il y aurait plus de sanctions financières (c'est déjà le cas, mais le
rythme serait accéléré), et les risques de conflit entre les États-Unis et la
Russie dans la région monterait encore. Pendant ce temps, pour Israël, le
résultat serait une vague de soutien populaire et diplomatique de la part des
Américains avec une possible aide militaire et de l’argent à gogo. Pas mal du
tout, hein?
Inévitablement, quoi qu’il arrive, certains finiront par critiquer Poutine
pour ne pas faire assez pour restaurer l’honneur militaire de la Russie.
D'autres remettront en question sa sagesse de s'installer en Syrie en 2015,
alors que les Israéliens et les Américains étaient déjà profondément impliqués
dans le conflit sur le plan militaire.
Il est juste aussi de dire que l'intervention de la Russie a sauvé de la
mort des milliers de civils innocents en
Syrie et que la Russie a apporté beaucoup de bien, mais que ni la Russie ni la
Syrie ne sont assez puissantes et qu'il est parfois plus sage de ravaler votre
fierté et de garder les yeux sur la ligne d'arrivée.
Bien sûr, d'autres diront qu'avec l'offensive d'Idlib remise à plus tard et
potentiellement annulée, Poutine pourrait déjà montrer des signes de fatigue,
et qu'il pourrait être heureux, ou penser plus sage, de ne laisser que des
choses à moitié terminées.
Source: Setting
up the Russian Il-20 to Be Shot Down Is a Win-Win for Israel,
Retour sur l'attaque israélo-française
Quatre F16 ont, depuis les eaux
internationales, lancé des missiles sur une installation de l'armée
syrienne près de Lattakié, d'où des systèmes entrant dans la fabrication
d'armes de précision étaient en passe d'être livrés pour le compte de
l'Iran au Hezbollah. Ils se trouvaient près de la frégate française
Auvergne, ce qui a sans doute créé une certaine confusion sur le fait
qu'elle a participé ou non à l'opération - les Russes ont d'abord affirmé que le navire avait tiré des missiles, Paris a démenti.
Surtout,
les jets israéliens se sont abrités derrière l'IL-20 russe en
patrouille, le faisant prendre pour cible par la défense anti-aérienne
syrienne et provoquant la mort de 15 soldats russes.
Ce
n'est pas un acte de guerre à proprement parler mais une malveillance
évidente des Israéliens, dont l'état-major n'avait d'ailleurs prévenu
son homologue russe qu'une minute auparavant via le canal de
communication.
C'est comme ça que l'a pris Moscou et Choigu s'est lâché :
«
Les avions israéliens ont délibérément créé une situation dangereuse
pour les navires de surface et les aéronefs dans la région. En utilisant
l’avion russe comme bouclier, les pilotes israéliens l’ont exposé au
feu des systèmes de défense aérienne syriens. Nous considérons cette
action provocatrice de la part d'Israël comme hostile. Quinze membres de
l'armée russe sont morts à cause des actes irresponsables d'Israël.
Cela contrevient absolument au partenariat russo-israélien. Nous nous
réservons le droit à une réplique adéquate. »
Interrogé
à son tour, Poutine s'est d'abord lamenté de la "chaîne de
circonstances tragiques" - son ton précautionneux est parfois irritant -
avant de renvoyer à ce qu'avait dit son ministre de la Défense, donc de
le reprendre à son compte.
Une partie de la presse et les réseaux sociaux russes sont très critiques
vis-à-vis de la "mollesse" de Vladimirovitch et réclament des
représailles conséquentes contre Israël. Tous les yeux sont maintenant
fixés sur la réaction du Kremlin.
Comme de coutume en ces cas, l'ambassadeur d'Israël à Moscou a été convoqué.
Et après ? Il semble hors de question que Moscou engage des
représailles directes contre Israël, mais un certain nombre d'options
sont sur la table.
Mettre en activité
réelle les S-400 et interdire dorénavant le ciel syrien aux
avions/missiles israéliens, autrement dit mettre en place la bulle de déni que craignent tant les atlantistes.
Une autre option consiste à livrer enfin les S-300 à la Syrie, ce qui est "presque inévitable" maintenant
d'après Serguey Balmasov, analyste à l'Institut du Moyen-Orient à
Moscou. nt de franchir.
A
cet égard, on ne peut s'empêcher de revenir sur l'incongruité consistant à
vendre des S-400 au vrai-faux ami turc et avoir reporté sine die la livraison de S-300 à l'allié syrien.
La Russie lance une procédure pénale contre Israël
Il est à noter que des enquêteurs et des criminologues travaillent
sur place avec des représentants du ministère russe de la Défense.
Macron et Netanyahu, sujet de l'enquête criminelle russe |
MOSCOU, le 18 septembre. / TASS /. Le
principal service d’enquête militaire de la Fédération de Russie a ouvert une
enquête pénale sur le crash de l’appareil russe Il-20 au-dessus de la mer
Méditerranée. Svetlana
Petrenko, représentante officielle du SC de la Fédération de Russie, l’a
annoncé mardi.
«Le principal Service militaire d’enquête criminelle de
Russie a ouvert une enquête pénale sur le crash de l’appareil Il-20 au-dessus
de la mer Méditerranée et les enquêteurs et criminologues du SC de Russie
collaborent avec des représentants du ministère russe de la Défense. », A déclaré Petrenko.
Toutes les circonstances et causes de l'événement sont établies.
Auparavant, le ministère de la Défense de la Fédération de Russie a
rapporté que le 17 septembre vers 11h00 heure de Moscou, en revenant à la base
aérienne de Khmeimim sur la mer Méditerranée, à 35 kilomètres des côtes
syriennes, toute communication avec l'équipage russe du Il-20 ont disparu.
Selon le département militaire, l'IL-20 a disparu du radar de
contrôle de l'aviation lors de l'attaque de quatre F-16 israéliens sur des
cibles syriennes dans la province de Lattaquié.
Plus tard, le ministère de la Défense de la Fédération de Russie a
signalé que l’avion avait été abattu par le système de défense aérienne syrien.
Selon
le ministère, sous le couvert de l'IL-20, les pilotes israéliens l'ont placé
sous le feu du complexe S-200.
Il a été noté que les moyens israéliens de contrôle de l’aviation
et les pilotes des F-16 «ne pouvaient s’empêcher de voir l’avion russe, car il
devait atterrir d’une altitude de 5 km».
Dans le même temps, ils se sont intentionnellement rendus à cette
provocation, a déclaré le représentant officiel du ministère russe de la
Défense, le général Igor Konashenkov, notant que la Russie considérait les
actions d’Israël comme hostiles.
Le facteur interne : la 5e colonne (le Saker)
Vladimir Poutine doit également affronter une 5e
colonne pro-occidentale et pro-sioniste au sein du Kremlin et, plus
généralement, au sein de l’appareil d’État. J’appelle cette 5e
colonne les intégrationnistes atlantiques (par opposition au souverainistes
eurasiatiques), mais nous pourrions aussi les appeler le Consensus de
Washington/FMI/OMC/Banque mondiale/etc. Ou suivre l’exemple de
Gary Littlejohn et les appeler les « agents des institutions
financières internationales ». Mais quel que soit le terme que nous
choisissons d’utiliser, il est essentiel de toujours garder à l’esprit que cette
5e colonne reste la plus grande menace à laquelle Poutine et la
Russie sont confrontés et que Poutine doit le garder à l’esprit dans chaque
décision qu’il prend. Jusqu’à présent, ces membres de la 5e
colonne se sont focalisés principalement sur ce qui est cher à leurs cœurs –
les questions d’argent et la politique intérieure – et ont laissé les services
militaires et de sécurité s’occuper de ce qui leur est moins cher : la
protection de la souveraineté russe et la politique étrangère. Mais vous pouvez
être sûr que si Poutine fait une erreur (ou même s’il n’en fait pas mais paraît
seulement en commettre une), ils fondront sur lui et feront tout ce qu’ils
pourront pour le chasser ou, au moins, le forcer, lui et ses partisans, à
approuver leur programme perfide : revenir au cauchemar des années 1990 et
brader la Russie aux Anglosionistes.
Conclusion :
des perceptions simples contre une réalité complexe
Donc la Russie agit-elle comme une brute (comme le
disent les États-Unis/UE) ou répond-elle de manière adéquate lorsque c’est
nécessaire, (comme le pensent la plupart des partisans de Poutine) ou tend-elle
humblement l’autre joue (comme le conclut Paul Craig Roberts) ? Je dirais
qu’aucune de ces caractérisations n’est correcte et que la réalité est beaucoup
plus complexe.
D’une part, les exemples de l’Ossétie du Sud
et de la Crimée montrent que Poutine est prêt, si besoin, à prendre des mesures
militaires énergiques. Mais dans d’autres cas, il préfère retarder
toute confrontation. Dans le cas de la Syrie, c’est logique. Dans le cas de
l’Ukraine, ça l’est moins. En outre, la Russie n’est encore qu’un pays
partiellement souverain et le pouvoir des membres de la 5e colonne influence toujours
fortement les prises de décision russes, en particulier dans les cas
non-urgents (l’Ossétie du Sud et la Crimée étant des exemples parfaits de
situations urgentes). C’est pourquoi les actions russes semblent souvent être
des zig-zags contradictoires (même si elles n’en sont pas). Les Russes ont
également une capacité assez faible en matière de relations publiques. (pour
des exemples, voir ici,
ici
et ici).
Ce problème de perception est aggravé par le fait
regrettable qu’une grande partie de la blogosphère en anglais centrée sur la
Russie a été divisée :
- D’une part, des majorettes sans cervelle mêlées à des dénégations catégoriques qu’il y ait un quelconque problème.
- D’autre part, le genre de commentaire défaitiste « tout est perdu » ou « Poutine est vendu » qui ne font qu’embrouiller encore le sujet.
Tous se trompent. Pire, les deux font du tort à la
Russie en général et à Poutine en particulier (malheureusement, la plupart
d’entre eux sont vendus à leurs soutiens financiers et sont plus intéressés à
plaire à tel ou tel oligarque qu’à être honnêtes).
Les politiques russes devraient être considérées de
manière dialectique : comme des processus évolutifs qui contiennent
souvent les germes de leur propre contradiction, mais qui finissent toujours
par être extrêmement fructueuses à la fin, du moins jusqu’à présent. Plutôt que d’espérer la perfection ou l’infaillibilité de
Poutine, nous devrions lui offrir notre soutien conditionnel et critique.
En fait, je dirais même que Poutine et les souverainistes eurasiatiques peuvent
grandement bénéficier d’un soutien critique car cela leur donne une
justification pour prendre des mesures correctrices (par exemple, Poutine a
déjà amendé, quoique de façon minimale, le projet de réforme des retraites
proposé, résultat direct de protestations publiques massives).
Suivons donc l’exemple de Paul Craig Roberts et
continuons à poser les questions difficiles et à rester critiques à l’égard des
politiques russes.
Hannibal GENSÉRIC
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