mardi 18 septembre 2018

Gilad Atzmon – La fin de Sion


La meilleure façon de contrôler l’opposition est de la mener nous-mêmes" disait déjà Lénine dans sa vision politique subversive et , dans "1984", Orwell en a fourni un exemple fictif, celui d’un appareil politique dans lequel cette vision est mise en pratique… Dans "1984", la tyrannie du politiquement correct restreint le discours et arrête net les gens de voir qu’Emmanuel Goldstein n’est pas vraiment un ‘ennemi de l’État’, mais que lui-même, n’est qu’un symptôme de la maladie. Et n’est-ce pas aussi le politiquement correct pur et simple, qui nous empêche de jamais mentionner le fait que le protagoniste, le personnage de Goldstein, est lui-même, juif ?…”
Gilad Atzmon, “Being in Time”, 2017

La fin de Sion
Avant la nouvelle année juive, Rosh Hashana, les Hébreux sont ordonnés de faire une évaluation de leur position vis à vis du monde. Haaretz, le journal des soi-disant “Israéliens qui pensent”, a suivi cette Mitzvah, sondant les juifs israéliens sur leurs attitudes vis à vis du fait d’être juif, du judaïsme, de dieu et du “juif”.
Le dieu juif
Le dieu juif est, sans l’ombre d’un doute, une spectaculaire invention. Il ou elle a été inventé(e) par les juifs pour les aimer tout particulièrement. Le dieu juif est un personnage jaloux et vengeur. Il prend part à des projets génocidaires, utilisant des armes de destruction massive chimiques et biologiques comme pourrait en témoigner les anciens égyptiens. Il est évident que le dieu juif n’aurait aucune chance devant le TPI de La Haye, mais les juifs semblent aimer leur dieu et, plus sûrement, ont peur de leur propre invention.
On pourrait bien entendu se demander pourquoi les juifs ont-ils inventé une déité si antipathique ; ne pouvaient-ils pas au contraire, contempler un père magnanime et sympathique ? Initialement, le sionisme était un mouvement nationaliste séculier juif qui essaya de séparer les juifs de leur méchant dieu, d’en faire un peuple sage. Ceci présent à l’esprit, il est fascinant d’examiner ce qui manquait à la “promesse” séculière sioniste.
Pas grand chose apparemment.
D’après le sondage de Haaretz “54% des juifs israéliens croient en dieu et un autre 21 % acceptent l’existence d’une puissance supérieure indéfinie autre que dieu”. Un sondage publié par Pew Research il y a quelques mois trouva que 56% des Américains croient au dieu original de la bible et 23% de plus croient en une force supérieure. Notons quand même qu’à l’encontre du dieu juif, le dieu américain est en majorité chrétien, gentil et miséricordieux.
Le sondage d’Haaretz révèle la relation très étroite entre la politique de droite et le judaïsme. 78% des Israéliens de droite croient en dieu. Seulement 15% des Israéliens de gauche croient en dieu. Ceci veut dire qu’alors qu’Israël devient de plus en plus religieuse, la destinée de la gauche israélienne est scellée. Ceci n’est pas du tout surprenant. La “gauche” est une attitude universelle. Le judaïsme est un concept tribal, le tribal et l’universel sont comme l’huile et l’eau, ils ne se mélangent pas. La gauche israélienne est destinée à mourir en assumant qu’elle n’est pas déjà morte.
L’exclusivité juive
Le sondage révèle qu’”un peu plus de la moitié des juifs israéliens croient que leur droit à la terre d’Israël provient de l’accord divin avec dieu dans la bible.” Je pense que ça ne laisse pas beaucoup d’espoir pour la paix. “56% croient que le peuple juif est le peuple élu de dieu.” Ce qui laisse encore moins d’espoir pour la paix. Et pour bien retirer tout espoir de paix et de possibilité d’une résolution paisible dans un futur proche, Haaretz révèle que “79% des israéliens de droite croient que dieu a choisi les juifs… 74% des gens de droite croient qu’Israël a reçu de dieu un titre de propriété sur la terre d’Israël.
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La vaste majorité des Israéliens semblent adhérer à une notion judaïque très rigide du fait “d’être choisis” qui se traduit par la légitimité sur la terre de quelqu’un d’autre. (NdT: notons au passage ici que cette notion est très vivace chez les Yankees et qu’elle a aussi été gravée dans le marbre de la loi au moyen de la décision de la Cour Suprême des États-Unis dans l’affaire de Johnson c. McIntosh de 1823L’exceptionnalisme et la destinée manifeste de son peule élu de dieu ne fait pas non plus de doute outre-Atlantique)
Je me demande ce que les 13% d’Israéliens “de gauche” qui se voient également “choisis de dieu”, pensent ce qu’est réellement l’idéologie de gauche ?… La justice sociale est-elle “seulement pour les juifs et non pas pour le grand nombre” ?
La déité juive
Dans mon dernier livre “Being in Time”, j’argumente qu’une étude culturelle des juifs et de leurs nombreux préceptes religieux (judaï-sme, athé-isme, sion-isme, holocaust-isme, interventionn-isme moral, tout-isme etc…) révèle que les religions juives peuvent être caractérisées comme un ensemble d’idées facilitant la justification de la propriété sur la terre.
L’holocauste, que quelques érudits et universitaires juifs pensent être la plus populaire des religions juives, est attaché à une liste de faits acquis d’ordre culturel, politique et bien entendu financier. Le sionisme, une autre religion très populaire juive, tient pour acquis que ce fut le “dieu d’Israël” qui a promis la Palestine au peuple choisi, élu.
Mais le droit juif à la terre n’est pas juste une attitude israélienne ou sioniste. Quand les juifs anti-sionistes font valoir leurs positions politiques, ils déclarent d’abord leur unique “droit de propriété” avec leurs croyances.
“En tant que juifs, nous sommes ici pour kosheriser le mouvement de solidarité aux Palestiniens.” Bon nombre des mêmes juifs qui ont “légitimé” la plaidoirie palestinienne, sont très occupés de nos jours à donner une validation kosher à Jeremy Corbyn (NdT: leader du parti travailliste/socialiste britannique). De manière générale, le droit de la gauche juive a été exercé en distribuant des “coups de tampon kosher” à ceux qui dépeignent les “juifs” sous une lumière humaine et positive.
Israël semble être divisée sur des affaires religieuses mais l’affaire est pourtant assez simple et directe. Avec 51% des personnes sondées croyant que le droit juif à la terre d’Israël a ses racines dans a promesse de dieu, la réconciliation régionale n’est probablement pas le prochain projet émergeant du “pipeline”.
Darwin n’a pas fait son Aliya
Le sondage suggère qu’Israël est séparée géographiquement et culturellement: “85% des Jérusalémites croient en dieu, comparé à seulement 44% à Tel-Aviv et dans la région centrale. Seulement un quart des juifs israéliens observent le Shabbat, mais 66% le maintiennent à Jérusalem comparé à seulement 15% à Tel-Aviv ou Haïfa. 37% ne croient pas que les humains et les primates ont un ancêtre commun, résultat troublant, mais à Jérusalem les anti-darwiniens jouissent d’une majorité absolue à 81% tandis qu’à Tel-Aviv ils sont une minorité à “seulement” 27%.
Israël devient “plus juive”
Haaretz note que “les différences les plus notoires sont générationnelles. En Israël en 2018, les plus jeunes juifs auront tendance à être plus religieux, plus conservateurs et à vouloir imposer plus leurs croyances aux autres. 65% de la population laisseraient les supermarchés et commerces ouverts le jour du Shabbat, mais cette position n’est soutenue que par seulement 51% des gens entre 18 et 24 ans, en comparaison avec 84% pour les 65 ans et plus…
Haaretz fait remarquer que le glissement religieux vers les jeunes israéliens “se tient en contraste marqué avec ce qu’il se passe aux États-Unis et en Europe occidentale où les jeunes de ce millénaire larguent la religion en grand nombre.” En Israël, “les jeunes juifs vont à shul deux fois plus que leurs parents et grands-parents, tandis qu’aux États-Unis et en Europe c’est l’inverse qui est vrai.” En d’autres termes, “Israël devient plus juive, du moins à l’heure actuelle”.
Ces résultats indiquent qu’Israël s’écarte de la sagesse. Le sionisme a promis de moderniser et de civiliser les juifs au moyen du “retour à la terre promise”, mais l’état juif a réalisé exactement l’inverse. Alors qu’Israël s’est transformée en un ghetto obscurantiste et oppresseur entouré d’énormes murs de béton, c’est en fait les jeunes juifs de la diaspora qui creusent ce ghetto et le renforcent.
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Traduit de l’anglais par Résistance 71
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